La réunion de famille
74 pages
Français

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La réunion de famille , livre ebook

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74 pages
Français

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Description

Hassan vit un état d'attente, celle d'un rendez-vous qu'il ne souhaite pas mais qu'il sait imminent. Il erre dans les rues d'une presqu'île avec pour seul repère un phare. Yasmine est en attente d'un vol d'avion dans un aéroport désert. Habib panique à la vue d'une fumée au premier wagon de son train. Il est le témoin impuissant d'un génocide. A travers ce recueil, l'auteur dresse le portrait de personnages dans des situations d'attente sur le sens de la vie, de l'amour et de la mort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 208
EAN13 9782296641723
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La réunion de Famille
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris


http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr


ISBN : 978-2-296-03833-2
EAN : 9782296038332

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Raja SAKKA


La réunion de Famille


Nouvelles


L’Harmattan
Ecritures Arabes
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

N°221 Evelyne ACCAD, Coquelicot du massacre, Poppy from the massacre , édition bilingue, 2006.
N° 220 Said GUEROUI, La mort des chiens , 2006.
N° 219 Salah MOUHOUBI, L’honnête homme , 2006.
N° 218 Dounia CHARAF, Mbark et Juliette, le mystère des colons allemands , 2006.
N° 217 Michel SAAD, La Noria ne tourne plus, 2006.
N° 216 Saïd LAQABI, Les gens d’ici , suivi de Parchemins hébraïques de Hassan RIAD, 2006
N° 215 Youssef AMGHAR, Le vieux palmier , 2006.
N° 214 Mustapha EL HACHEMI, Mémoires des portes fermées , 2005.
N° 213 Rachid El HAMRI, Le néant bleu, 2005.
N° 212 Ali GUERROUI, Vers la colline : itinéraires , 2005.
N° 211 Leila ABOUZEID, Année de l’éléphant , 2005.
N° 210 Mohamed BABA, Bilal , 2005.
N° 209 Ahmed TALEB, Le silence des poètes , 2005.
N° 208 Mamoun LAHBABI, Les chemins de l’amertume , 2005.
N° 207 NORA-ADEL, Le Candidat , 2005.
N°206 Ghazali Mahamat Idriss, Aïda , 2005.
N°204 Farouk BENBRAHIM, Les enfants du salon vert , 2005.
N°203 Mahmoud Turki KHEDHER, Le soupir des djinns-Rohbanes , 2005.
N°202 Abderrahman BEGGAR, Le chant de Goubi , 2005.
RENCONTRES TARDIVES
Le téléphone sonna dans la chambre d’hôtel. Yasmine quitta rapidement la salle de bains attenante à sa chambre et prit le combiné.
Allô.
Oui.
C’est le chauffeur, je vous rappelle que c’est aujourd’hui que vous devez quitter l’hôtel.
Ceci, elle le savait très bien.
Quand est-ce que vous voulez partir pour l’aéroport ? ajouta-t-il.
J’ai pensé y aller à vingt heures puisque l’avion ne décolle qu’à vingt-deux heures.
Impossible, j’ai d’autres clients à accompagner à cette heure-là. Je ne pourrai vous y emmener qu’à dix-huit heures trente.
C’était trop tôt pour elle, mais puisqu’elle n’avait pas le choix, elle accepta.

Ceci faisait maintenant une semaine qu’elle occupait cette chambre d’hôtel dans cette belle ville. Elle avait voyagé sous une formule qui fixait la durée du voyage, la date de départ et celle du retour. Tout était réglé et payé d’avance y compris les transferts de l’aéroport à l’hôtel et de l’hôtel à l’aéroport. Il fallait donc se dépêcher. Elle se dirigea vers le coin où elle avait entassé les sacs contenant les différentes robes, ensembles, manteaux… Elle avait profité des soldes pendant son séjour. En fait, elle n’était pas venue là pour le shopping. La vraie raison de son voyage était le fait qu’elle traversait une période de vide. Elle était incapable de définir la nature du vide qu’elle ressentait, mais avait fini par le décrire comme un vide affectif et émotionnel. Elle s’était attelée un moment à la recherche de la cause de ce vide alors que tout son entourage semblait actif. Son esprit s’était alors perdu dans des labyrinthes où elle n’était pas prête de trouver l’issue.

Par ailleurs Yasmine n’avait pas d’amis, pas d’amoureux ou de prétendants. Elle se levait tous les matins pour aller à son bureau dans une société bien connue dans la ville. À midi, elle prenait son déjeuner dans un restaurant près de son travail. À quatorze heures, elle reprenait son travail jusqu’à dix-sept heures et demie. Sa journée était réglée comme une horloge. Le soir, elle rentrait à son appartement, regardait des émissions insipides à la télévision puis finissait par se coucher. Sa famille habitait à deux cents kilomètres de son lieu de travail.

Après le voyage par avion, l’arrivée dans cette magnifique ville, le choc d’une autre civilisation, d’une nouvelle langue, d’un nouvel accent et de nouveaux visages eut le mérite, l’espace d’une journée, de combler son vide intérieur. La deuxième journée, elle sentit le besoin frénétique de parcourir les magasins pour faire du shopping. Les courses et les essayages occupèrent totalement son esprit.

À l’instant du départ, les différents achats étaient entassés dans des sacs d’emballage sur deux mètres carrés de la chambre d’hôtel. Chaque sac était différent des autres du point de vue couleur et qualité. Les noms des boutiques y figuraient en caractères gras ; noirs ou de différentes couleurs. Elle prit un carnet qu’elle avait acheté à cet effet et en extirpant chaque vêtement du sac correspondant notait la nature de l’objet acheté et sa valeur. Cette activité qui aurait dû la remplir d’aise se résuma à un simple inventaire. Ensuite, elle demanda au garçon d’étage de descendre les bagages emballés dans les valises. Il fallut bien deux voyages au brave garçon pour s’acquitter de sa tâche. Elle remit ensuite la clef de la chambre à la réception, elle monta dans le 4x4 appartenant à l’hôtel et qui allait la conduire à l’aéroport.
Le chauffeur la jeta à la porte de l’aéroport. Vu sa mine renfrognée, elle sut qu’il était déçu parce qu’elle ne lui a pas donné d’argent. C’était à croire qu’il ne fonctionnait qu’à coups de pourboires ! Maintenant, elle était devant la porte d’un aéroport inconnu avec à ses pieds six valises bourrées de vêtements. Elle alla chercher un chariot pour transporter sa cargaison. Les valises étaient entassées les unes sur les autres. Elle dut chercher une allure lente et précise pour sauvegarder le point d’équilibre des bagages.

Bon gré, mal gré, elle arriva au comptoir d’enregistrement. Son vol n’était pas encore ouvert. De plus, le tableau des arrivées et des départs annonçait un retard d’une heure sur l’horaire prévu précédemment. Elle n’avait sur elle que cent dollars et bien sûr le billet du retour ainsi que son passeport.

Il n’était que dix-neuf heures. Où aller dans une ville inconnue, quand on ne connaissait personne sinon le chauffeur de l’hôtel qui venait de déguerpir plus rapide que l’éclair. Elle ne pouvait quand même pas lui donner les cent dollars qui lui restaient et qui lui permettraient de faire face aux aléas possibles !

Elle se rappela que le dernier repas qu’elle avait pris datait de midi. C’était un sandwich acheté dans le coin de la rue où se situait l’hôtel. C’était un self service qui portait le prestigieux nom de « roi des frites ». Ce nom lui avait donné matière à réflexion toutes les fois qu’elle se trouva installée à une de ses tables placées les unes derrière les autres comme les bancs d’une salle de classe. Le self servait toutes sortes de sandwichs, mais aucun d’eux ne contenait de frites.
Elle émettait son jugement en connaissance de cause, car elle s’était permise de commander tous les sandwichs figurant au menu pour meubler ses repas solitaires. Le sandwich pris à midi a dû être digéré depuis longtemps, car il laissait la place à un creux qui s’approfondissait à mesure qu’elle poussait son chariot. Bientôt une évidence s’imposa à elle, il lui fallait se restaurer quitte à entamer les cent dollars.

Aucune enseigne n’indiquait l’emplacement des restaurants ou des cafés, alors elle se décida à poser la question à un employé de l’aéroport. Installé à un comptoir, l’employé en question lui répondit par un large sourire.

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