La tristesse des moineaux

Seydi Sow

Description

"Voici les résultats de vos analyses. Prenez-les et lisez." D'une main tremblante, Guily se saisit des feuilles. Elle se mit à lire leur contenu. Docteur Sanokho n'eut guère le temps d'analyser les réactions de Guily. Celle-ci avait déjà lâché les papiers comme si elle eût tenu entre les mains des braises incandescentes. "Quoi, docteur ? Qu'est-ce que je lis ?" cria-t-elle dans un désarroi total. "Séropositif. Oui madame. Je regrette de devoir vous l'annoncer, mais vous êtes frappée par le destin. Vous avez, hélas, dans le sang, le virus du SIDA..."

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 22 mai 2018
• Nombre de lectures: 61
• EAN13: 9782140090837
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Seydi SowLa tristesse des moineaux
« Voici les résultats de vos analyses. Prenez-les et lisez.
D’une main tremblotante, Guily se saisit des feuillets. Elle se mit
à parcourir leur contenu. Docteur Sanokho l’observait, guettant
sur son visage les réactions devant l’épreuve du choc de la
révélation. C’était l’instant tant redouté par tous les praticiens : la La tristesse communication de la vérité au malade. Nul ne pouvait prédire ce
qui se passerait après. On pouvait prendre toutes les précautions,
sonder la force mentale du patient afn d’évaluer ses possibilités
d’acceptation ou de refus, face à la dureté d’un destin, emprunter
la meilleure approche psychologique, et obtenir un résultat des moineauxdésastreux. Et se retrouver avec un malade prostré, glissant
lentement dans le désespoir, se laissant abattre et mourir peu à Romanpeu, à petit feu, sans aucune volonté de lutte, parce que refusant
d’avance tout combat.
Docteur Sanokho n’eut guère le temps d’analyser les réactions
de Guily. Celle-ci avait déjà lâché les papiers comme si elle eût tenu
entre les mains des braises incandescentes.
– Quoi, docteur ? Qu’est-ce que je lis ? cria-t-elle dans un désarroi
total.
– Séropositif. Oui madame. Je regrette de devoir vous l’annoncer,
mais vous êtes frappée par le destin. Vous avez, hélas, dans le sang,
le virus du SIDA… »
Seydi Sow est Cadre Supérieur de Santé. Directeur des Éditions
Salamata (Édisal), Seydi Sow est également Grand Prix du Président
de la République pour les Lettres, Grand Prix pour la Promotion de
l’Edition au Sénégal, Chevalier des Arts et Lettres du Sénégal.
Illustration de couverture : © Hanna Lystopad - 123rf.com
ISBN : 978-2-343-14577-8
9 782343 145778
22 €
Seydi Sow
La tristesse des moineaux










LA TRISTESSE DES MOINEAUX
roman




Seydi Sow







LA TRISTESSE DES MOINEAUX
roman























































© L’HARMATTAN-SÉNÉGAL, 2018
« Villa rose », rue de Diourbel, Point E, DAKAR

http://www.harmattansenegal.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-343-14577-8
EAN : 9782343145778




À la mémoire des victimes du Sida,
À mon père et ma mère qui m’ont tout donné,
À tous ceux qui dans l’ombre luttent inlassablement contre le Sida,
particulièrement au professeur Souleymane Mboup et à monsieur Abdou
Latif Guèye qui hélas, nous a quittés.
Aux ONG, aux hommes religieux qui ont finalement compris la
nécessité d’unir les efforts pour réussir à vaincre le Sida.
À Saliou Diallo, l’un des meilleurs gestionnaires d’hôpital du Sénégal. Je
n'oublierai jamais le passé parce que vous avez été un exemple de
générosité.
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Certains des événements relatés dans ce roman sont rigoureusement
exacts, cependant, toute l’histoire n’est que pure fiction. La fin n’est pas
aussi vraie que le début. De même, aucun des personnages n’a existé dans
la réalité.
Toute coïncidence n’est que pur hasard. Gardons tout de même la
folle espérance de ces pages.
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C’est ici que le Piège me tient, ici que s’arrête le compte de mes pas.
Mes yeux ne connaîtront plus d’autres visages, mes oreilles n’entendront
plus d’autres voix.
CHEIKH HAMIDOU KANE, Les Gardiens du Temple


C’est au premier choc que la véritable résignation se révèle, car au-delà,
elle a le secours du temps…
Le Prophète MOUHAMAD (Paix et Salut soient sur Lui.)
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LE VER EST DANS LA POMME

On croit que cela n’arrive qu’aux autres jusqu’au jour où…
MAGIC JOHNSON
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I
Suspendues à l’arbre, les mangues pourrissaient par grappes. Pourtant
elles avaient atteint la maturité. Elles étaient devenues grosses, toutes
gorgées de succulence. Et au moment où elles suscitaient l’envie, la
gourmandise, le mal les avait gâtées…
Couché dans son lit, Abdoulaye regardait, par-delà la fenêtre, aux
persiennes ouvertes, le manguier qui lui offrait ce triste spectacle : des
fruits ratatinés, des feuilles jaunissant sous le soleil, des branches
filiformes, cassantes au moindre coup de vent. Aucun de ceux qu’il avait
interrogés n’avait connaissance des origines du fléau qui frappait, ainsi
qu’une malédiction, l’unique arbre fruitier de la concession, dont les
mangues avaient toujours été succulentes, savoureuses.
C’était un de ses oncles qui avait planté, peu de temps après l’achat de
la maison, ce manguier qui paraissait centenaire, du fait de son gros tronc,
à l’écorce forte et rugueuse, mais qui avait le même nombre d’hivernages
que lui. Que de corrections reçues dans sa petite enfance, chaque fois qu’il
avait été surpris en train de chaparder les fruits verts du manguier ! De
temps en temps, sous l’effet du vent, une des mangues se détachait et
tombait avec un bruit singulier au pied de l’arbre. Aussitôt, les mouches
l’entouraient, bourdonnant autour ; puis la recouvraient de leur masse
noirâtre jusqu’à l’arrivée de la bonne qui la ramassait…
Abdoulaye jeta un coup d’œil sur sa montre, les aiguilles indiquaient
dix-sept heures et demie. Comme d’habitude, Guily était en retard. Quelle
excuse allait-elle lui fournir encore ? Abdoulaye soupira et s’allongea un
peu plus sur le lit, les deux mains en oreiller. Incapable de contenir son
envie pressante de revoir Guily. Depuis bientôt cinq ans, cette fille
incarnait l’idéal de ses rêves. Il n’a jamais su aimer une autre qu’elle.
Revenu de Suisse où il était parti achever des études de comptabilité
financière et gestion des entreprises, il sentait brûler en lui le formidable
désir de se retrouver seul, en tête à tête avec Guily. Durant tout son séjour
à l’étranger, il n’avait cessé de penser à elle. Consacrant des heures, parfois
une journée entière, à l’évocation de son image. Et au plus fort de ses
moments de solitude, il relisait les lettres de Guily, afin d’oublier cette
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grande morosité où le plongeait l’absence de l’être aimé. Souvent, il lui
arrivait qu’en pleine classe, il n’entende plus la voix du professeur ; et mû
par une déraisonnable impulsion, il sortait de sous ses classeurs les photos
de Guily et s’abîmait dans l’inlassable contemplation de son visage chéri,
de ce sourire d’ange qu’elle lui envoyait, par-delà les océans, par-delà les
distances.
Un matin, il avait enfin bouclé ses valises, son diplôme de fin d’études
en poche. Par téléphone, il avait demandé à un taxi de venir le prendre à
son domicile pour le conduire à l’aéroport. Le chauffeur avait été intrigué
par l’empressement qu’il mettait à quitter la modeste maison qui l’avait
accueilli pendant trois ans. Une fois les formalités administratives de
l’embarquement achevées, Abdoulaye avait éprouvé le besoin d’entrer en
contact avec Guily.
Il n’y avait qu’une seule cabine téléphonique dans le coin. Mais elle était
occupée par une vieille qui n’arrêtait pas de gesticuler. On voyait bien
qu’elle était en colère contre son interlocuteur, à l’autre bout du fil.
Abdoulaye s’arma de patience et attendit. La communication de la
grandmère dura une bonne quinzaine de minutes, puis, sans un mot à l’endroit
d’Abdoulaye, elle abandonna la cabine. Il s’y glissa non sans joie et
composa le numéro de Guily.
On avait décroché à la troisième sonnerie. Une voix avai