Le Dragmalion
317 pages
Français

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Le Dragmalion , livre ebook

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317 pages
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Description

Sa rencontre avec Agathe laissait présager des jours agréables pour Martial Langlois, de retour à Arzéac après des années d'absence. Mais voilà qu'à peine arrivé, il est soupçonné du meurtre de sa tante, veuve de longue date d'un écrivain de renom, et harcelé par le lieutenant Dambert, un policier au profil très particulier. Martial redoute de tout perdre, de la belle Agathe à la garde de son fils. Il ne sait pas encore que c'est tout un pan de l'histoire familiale qu'il va découvrir... La narration oscille entre roman policier et récit fantastique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296927766
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Dragmalion
 
Du même auteur
 
 
Roman
Zanimarre, éditions Amalthée, Nantes, 2005
 
 
 
Jean-Paul Renoux
 
 
Le Dragmalion
 
 
Roman
 
 
 
 
L'Harmattan
 
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-08958-7
EAN : 9782296089587
 
Pour mon Audrey Hepburn
 
Le début du voyage
 
Chapitre 1
 
Il n'y a vraiment plus que Cary Grant pour penser que la vie est un voyage
 
À peine assis dans l'avion, Martial s'était endormi. Il s'était levé très tôt pour prendre un taxi, puis un train, puis un autre taxi. Ensuite, il lui avait fallu patienter dans l'aérogare, engoncé dans un manteau qu'il ne pouvait quitter parce qu'il n'avait nulle part où le poser et qu'il se coltinait déjà son sac de voyage. Debout, en sueur, Martial avait attendu. Attendu pour échanger sa réservation contre un billet d'avion, attendu pour enregistrer son bagage, attendu pour embarquer. Et, tout en attendant, il lui fallait guetter les resquilleurs, et surtout, surtout, éviter les valises à roulettes qui leur ouvraient la voie tels des brise-tibias fendant la foule.
 
Bref, en casant tant bien que mal son grand corps dans le petit espace qu'il avait si durement mérité, Martial était épuisé. Il s'assoupit. Les genoux enfoncés dans le dossier du siège de l'infortuné passager assis devant lui, il rêva de sardines nageant en banc très serré. Certaines tentaient de s'écarter un instant du groupe, pour frétiller à leur aise. Aussitôt, les autres leur bloquaient la route avec des valises à roulettes, et les dissidentes devaient rentrer dans le rang, éperdues de liberté, l'œil rendu vitreux par la résignation.
 
Martial s'éveilla en sursaut. Il avait la nuque et les rotules douloureuses. Il aurait voulu s'étirer, faire jouer ses articulations, mais il ne pouvait étendre les bras sans heurter le hublot, le crâne chauve du type du rang devant ou la jeune femme assise dans le fauteuil voisin du sien. Abandonnée à la lecture, celle-ci tournait les pages avec impatience, ne semblant pas remarquer que leurs coudes se frôlaient à chaque fois. Martial en oublia tous les inconforts que les compagnies aériennes réservaient aux passagers trop grands : on pouvait s'endormir frustré et hagard pour découvrir à son réveil qu'une femme-oiseau avait fait son nid au creux de votre épaule.
 
L'avion avait amorcé sa descente. Il survolait maintenant les montagnes qui dominaient le lac et la ville d'Azéarc. Le regard de Martial allait de la femme-oiseau au paysage. Elle avait de longs cheveux noirs, ramenés en queue de cheval sur la nuque et coupés en frange soyeuse sur le front. Avec son petit menton pointu et ses pommettes un peu trop saillantes, avec ses yeux très noirs et son corps enfoui dans un large chandail, elle avait l'air d'une mésange qui gonfle ses plumes pour résister aux frimas.
 
Martial se sentait libre et dépaysé ; s'en rendant compte, il se fustigea. Il devait se reprendre. Il était né à Azéarc. Il y revenait pour demander de l'aide à sa tante, non pour se lancer dans des roucoulades sans lendemain. Cette ville était le décor de son enfance. Il connaissait chaque nuance des escarpements boisés dominant le lac et la cité quadrillée de canaux. Il pouvait même refaire le cycle des saisons : quelques semaines plus tôt, il y avait du gris à la place des touches vert tendre, puis, les bourgeons des arbres à feuilles caduques s'étaient ouverts, les couleurs des résineux s'étaient attendries, passant du gris au bleu, et le paysage sombre de l'hiver était devenu le doux camaïeu printanier que l'avion survolait. Il en allait de même chaque année. Pas la peine de faire jouer les violons.
 
Lorsque l'avion se posa lourdement, certains passagers applaudirent. Martial se renfrogna encore. Est-ce que l'on applaudit le chauffeur de bus qui vous dépose au bon arrêt ?
 
 
La femme-oiseau était encore à ses côtés lorsqu'ils présentèrent leur passeport à la police des frontières. On les libéra au même instant. Ils continuèrent de cheminer ensemble, marchant du même pas. Alors qu'elle rangeait son passeport dans son sac, la femme-oiseau laissa tomber le livre qu'elle lisait dans l'avion. Martial le ramassa. Avant de le lui tendre, il en lut le titre :
 
« Vous vous intéressez à l'ébénisterie ? s'étonna-t-il.
 
- Pourquoi cet air étonné : c'est un domaine auquel les femmes ne pourraient rien comprendre, en raison de leur nature profonde ?
 
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire...
 
- Et que vouliez-vous dire, alors ? »
 
Elle souriait. Elle le taquinait.
 
« Je suis ébéniste. Je restaure des meubles anciens. Voilà tout ce que je voulais vous dire.
 
- Ha, parfait, vous allez pouvoir m'aider alors.
 
- Pourquoi pas ?
 
- J'aimerais que vous m'expliquiez à quoi sert un martyr. »
 
Martial marqua un temps d'arrêt.
 
« Heu... c'est une pièce de bois qui protège le meuble lorsque l'on serre très fort avec un serre-joint pour remettre en place une baguette décollée, ou un montant déformé.
 
- Ah, très bien, merci. »
 
La conversation avait l'air de s'arrêter là. Martial ne put s'empêcher de la relancer :
 
« Vous vous intéressez à l'ébénisterie depuis longtemps ?
 
- Non, c'est très récent... et je ne peux pas dire que je m'y intéresse vraiment, d'ailleurs.
 
- Et pourtant, vous lisez un livre sur le sujet...
 
- Je ne vois pas le rapport.
 
- Il devrait quand même y en avoir un, non ?
 
- C'est que je suis libraire.
 
- Heu... je n'ai pas vraiment compris le lien entre votre métier et la lecture de ce livre, insista Martial.
 
- Ce livre est un invendu.
 
- Oui ?
 
- Et bien, je voudrais comprendre pourquoi.
 
- Et alors ?
 
- Quoi ?
 
- Vous avez compris ? demanda Martial
 
- Non, pas encore, mais je commence à en avoir une vague idée.
 
- C'est peut-être à cause des explications sur la fonction d'un martyr ? hasarda-t-il.
 
- Oui, ça et d'autres choses. »
 
Ils étaient arrivés devant le tapis roulant circulaire sur lequel sacs et valises débarqueraient bientôt.
 
« Oh, il n'y a plus de chariot à bagages, dit la femme oiseau.
 
- Et c'est ennuyeux ?
 
- C'est que je n'ai qu'une valise, mais qu'elle est très lourde.
 
- C'est une valise à roulettes ? S'inquiéta Martial.
 
- Certainement pas. »
 
La note de mépris dans sa voix le ravit.
 
« Je peux vous aider, si vous le souhaitez, proposa-t-il.
 
- Vous feriez cela ?
 
- Avec plaisir », dit Martial.
 
Des choses drôles lui traversaient l'esprit. Des scènes de films ou de romans lui revenaient. Elles auraient pu servir de point de départ à des tirades désopilantes. Il savait si bien créer, par les sourires échangés, un lien de connivence. Ensuite, venaient les effleurements de rigueur. Puis, on entrait dans le vif du sujet, et là aussi, Martial se défendait bien. Pourtant, il n'ajouta rien.
 
« Je m'appelle Agathe Laval, dit la femme-oiseau en lui tentant la main.
 
- Martial Langlois. »
 
Il prit sa main dans la sienne. Elle était chaude et sèche. Une réplique sur le bon usage des crèmes hydratantes par les dames au cœur trop chaud lui vint. Il se contenta d'ouvrir la main et de laisser celle d'Agathe

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