Le festival des humeurs
230 pages
Français

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Le festival des humeurs , livre ebook

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230 pages
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Description

Profitant des préparatifs du 60ème anniversaire de l'indépendance de leur pays, des chômeurs invitent leurs concitoyens à crier leur ras-le-bol en lançant le projet "Pays à vendre". Vendre leur pays en échange d'un bien-être que six décennies d'indépendance ne leur ont pas fourni. Ils préconisent d'unir l'Afrique en une seule République. D'un pays à un autre, les opinions publiques se rallient joyeusement à la cause : unir l'Afrique vaille que vaille malgré les craintes et les peurs. A travers ce roman, Mame Pierre Kamara nous entraine dans un univers d'humeurs où chaque citoyen livre selon sa foi du moment ses déceptions et ses rêves.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 368
EAN13 9782296700543
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE FESTIVAL DES HUMEURS
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions

Alex ONDO ELLA, Hawa… ou l’Afrique au quotidien , 2010.
Arthur SCAMARI, Chroniques d’un pays improbable , 2010.
Gilbert GBESSAYA, Voyage dans la société de Bougeotte , 2010.
Gaston LOTITO, Ciels brûlants. Sahel – 1985 , 2010.
Marouf Moudachirou, Une si éprouvante marche. Récit , 2010.
Appolinaire ONANA AMBASSA, Les exilés de Miang-Bitola , 2010.
Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu , 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord , 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d’une traversée du Congo à la Suisse , 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes , 2010.
Anne PIETTE, La septième vague , 2010.
Mamadou SOW, Mineur , étranger , isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonais , 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être , 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines , 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette , ou l’impossible mariage , 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala , 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure , 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain , 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire , 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste , 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous ! , 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines , 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola , 2009.
Mame Pierre Kamara


LE FESTIVAL DES HUMEURS

Roman


L’Harmattan
Du même auteur


Espérances et Plénitude (recueil de poèmes),
Éditions le Nègre International, 2002.

Les appétits féroces (roman),
Éditions l’Harmattan, septembre 2007.


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12011-2
EAN : 9782296120112

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
à feu Chérif Ousseynou Lahi

à ceux qui rêvent d’une Afrique unie

à ma descendance…
1
Depuis quelques mois, on ne parlait que de ça ! Pas un jour où la presse n’évoquait la préparation du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays. Dans les lieux de culte et les écoles, lors des cérémonies ethno-familiales, on discutait de cet événement que rien n’autorisait à être exceptionnel. Ni le taux de croissance en pleine détresse économique, ni le chômage que nulle statistique n’osait révéler. Sans la comparer à l’euphorie d’une victoire de coupe d’Afrique ou du monde de football, celle dont faisait l’objet cet anniversaire rappelait une cause à défendre. Mais laquelle ?
Le quotidien officiel Les Eclats , que la rue appelait la Voix de son maître , laissait inlassablement paraître, en première page, le message d’une grande personnalité du régime invitant le peuple à célébrer de manière éclatante ce grand événement élevé au rang de destinée finale. Sur le même ton, des communiqués fréquemment diffusés à la radio et à la télévision d’Etat ainsi que sur tous les sites officiels répondaient à un curieux modèle d’annonce : « La famille Mbolo, parents et alliés font part du décès d’Ernest Saint Gabriel MBolo, leur fils, frère, cousin, ami, connaissance et surtout voisin. La levée de corps aura lieu au site Grégoire, après le cérémonial d’intérêt au soixantième anniversaire de l’indépendance du pays. » Lassés de cet enthousiasme exagéré laissant dire tout et n’importe quoi, les religieux exprimèrent leur agacement et rappelèrent que la destinée finale évoquée dans les saintes écritures ne se fêtait pas par des discours emballés et pleins de mensonges.
Certains, classés parmi les mauvaises langues, demandaient ce que cet anniversaire avait de plus que les autres, célébrés chaque année depuis ce jour prétendument historique de la proclamation de l’indépendance de notre pays. Même la chefferie traditionnelle, souvent réservée, s’en donnait à cœur joie en usant de superlatifs comme elle ne l’avait jamais fait. On devinait sa motivation que personne n’osait révéler, sans doute par peur de représailles. En certains milieux, cependant, se chuchotait son goût immodéré des délices terrestres, même si elle ne s’interdisait pas tant d’autres.
Makoukou, l’humoriste doué pour doper le moral des citoyens après une hausse du coût de la vie, disait que si les superlatifs étaient à manger, une odeur pestilentielle causée par une diarrhée nationale envahirait le pays. Bien sûr qu’il faisait son travail grâce auquel il nourrissait sa famille même si, comme la plupart des artistes, il ne savait pas de quoi demain sera fait. Il ferait quoi, s’il le savait ? Rien, évidemment. Car, quand un hiver rude gelait la terre des principaux pays exportateurs de blé, l’envolée du prix de ce dernier l’empêchait d’acheter suffisamment de pain pour nourrir sa famille. Un autre jour, quand un bombardement à forte odeur de pétrole privait de vie tant d’innocents, il renonçait très souvent à l’usage du transport en commun dont le prix n’en finissait plus d’augmenter parce qu’au Proche-Orient, des gens s’entretuaient pour préserver la sécurité de citoyens grand standing en installant l’insécurité dans tous les pays. Il avait d’ailleurs arrêté de participer aux marches contre la hausse des prix, parce qu’il jugeait le peuple tellement poltron et conciliant qu’il le comparait à l’escargot dans le caleçon masculin : « Pourquoi l’escargot peut-il séjourner dans le caleçon du garçon ? C’est… C’est parce qu’il est inoffensif ! », plaisantait-il.
Makoukou était l’un de nos grands artistes. Pendant longtemps, il avait cherché à financer la production d’un téléfilm, d’un court métrage par la coopération internationale. Sans succès. Pourtant, rappelait-il, durant des décennies, chaque gouvernement eut un ministre de la Culture passant assez de temps dans les festivals, les colloques et les nombreuses cérémonies du donner-et-du-recevoir. Il qualifiait cette politique de mélancolie culturelle, et railla sa douleur lors d’un colloque sur l’exception culturelle auquel il fut convié dans le chantre du cinéma africain à Ouagadougou, capitale du pays des hommes intègres. Il y avait apprécié différents cinémas frappés de la même maladie, des mêmes psychoses, et financés par ceux qui continuaient de percevoir l’Afrique comme l’espace des cultures primitives et sauvages. Par contre, il avait fait la différence entre tous les cinéastes, et s’était interrogé sur la culture qui devrait être l’exception. Quand on l’invita à s’armer contre l’hégémonie du cinéma yankee, il s’en était amusé en demandant s’il n’y avait pas une autre hégémonie à préserver à tout prix. Ah ! Celui-là et ses moqueries sur l’exception culturelle ! C’était un homme que l’on respectait, juste avec le cœur et les sentiments.
Partout, s’affichaient les symboles de l’indépendance : devant les sièges du Gouvernement, du Parlement et du Sénat ; dans le hall de la Chambre des conseillers ; devant le bâtiment du Conseil des érudits, des protecteurs et gardiens des traditions ; à l’entrée de l’Académie des langues nationales ; dans la cour de l’Institut de conservation des épopées Africaines ; et au sommet du monument commémorant le sacrifice des fils du pays trônait un grand drapeau arborant un chiffre 60. Était-ce le drapeau tel qu’on le connaissait au siège des différentes organisations sous-régionales, régionales et internationales dans lesquelles le pays était membre, tel qu’il fut appris dans les écoles, en cours d’instruction civique ? Toutes ces questions que posait la presse qualifiée de non-patriote paraissaient peu utiles. Car il n’y avait rien de plus important que la prochaine fête de l’indépendance. D’ailleurs, une personnalité du régime claironna : « Cet anniversaire que nous préparons dignement est celui du peuple. Or, tout n’est pas peuple. Le peuple, c’est la partie saine de la population ! »
Des réseaux de soutien s’organisèrent sous la houlette du parti au pouvoir après le discours de lancement de Major-président qui avait, en substance, dit ceci : « Quand notre pays fêtera ses soixante années d’existence, vous vivrez un moment historique : celui du sursaut patriotique, de la nouvelle espérance, de la ren

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