Le Fils de l Apothicaire
136 pages
Français

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Le Fils de l'Apothicaire , livre ebook

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Description

Vienne, fin du XV° siècle. Le Habsbourg Maximilien, archiduc d'Autriche et future grand-père de Charles Quint, désire se remarier et choisit pour future compagne une duchesse de sang capétien, la très jeune Anne de Bretagne. Une ambassade peu commune part faire une proposition à la nouvelle maîtresse de la lointaine presqu'île. C'est l'occasion pour le très prometteur Benjamin Ratsch, fils de l'ambitieux apothicaire officiel de l'archiduc d'Autriche, de partir sur les chemins d'une Europe balbutiante. Tourmenté par un drame dont il croit connaître le coupable, l'adolescent tentera à travers ce voyage dans une contrée où il rencontrera son grand amour, d'expier la faute qu'il n'a pas commise, mais dont il profite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 173
EAN13 9782296929432
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Fils de l’Apothicaire
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09864-0
EAN : 9782296098640

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Élodie Leboyer


Le Fils de l’Apothicaire


roman


L’Harmattan
Aux fleurs de l’enfance
Introduction
Les plantes, souvent agréables à regarder, ne servent pas qu’à décorer, éloigner du potager des insectes indésirables, parfumer nos armoires.

Elles ont également des vertus curatives, … ou mortelles.

Petits bijoux de la nature, l’homme s’est employé à les tailler, les infuser, les réduire en poudre afin d’en extraire tous les secrets.

Au fil des siècles, apothicaires, herboristes ou encore guérisseurs, sont parvenus à maîtriser l’art des plantes, et se sont attribué ce pouvoir conféré autrefois exclusivement aux dieux de l’Antiquité et aux seigneurs, celui de jouer avec la vie des hommes.

Ce pouvoir fascinant, mais terrible, Christoph Ratsch, apothicaire de l’archiduc d’Autriche Maximilien, élu empereur du Saint-Empire romain germanique sous le nom de Maximilien Ier et grand-père de Charles Quint, illustre rival du roi de France François 1er, sut le mettre à profit à un moment qui lui parut vraisemblablement opportun.

Un pouvoir terrible, dont son fils, Benjamin Ratsch, narrateur de cet épisode qui bouleversa sa vie sera, bien malgré lui, la victime.


« Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »
Ronsard
« … même si elles sont pourries. » Christoph Ratsch
Chapitre I Le Fils de l’Apothicaire
P ère a toujours voulu mon bien. C’est du moins ce qu’il n’a cessé de me répéter. Avec l’âge, je me suis pourtant rendu compte que je n’étais qu’un jouet entre ses mains. Un objet soumis à sa volonté. Je crois pourtant qu’il m’aimait. Comme un père aime son fils. Mais l’envie de me voir, ou plutôt, de voir son nom honoré par notre archiduc a dissous au fil des ans l’amour que moi, je ressentais pour lui, sans qu’il ne semblât jamais en être conscient. Je crois même que, parfois, une remarque subtilement acide le laissait perplexe. Il lui était inimaginable que moi, son petit Benjamin, je conçoive pour lui un sentiment proche de la haine, ou pire encore, de l’indifférence. Nous nous connaissions depuis si longtemps. Il m’avait pour ainsi dire formé. Quand je repense à ces jours heureux, où tout était encore facile, où je n’étais qu’un petit garçon insouciant, je me dis que, pour mon bien-être, j’ai eu de la chance de ressembler physiquement à ma mère. Sinon, je crois que je me serais persuadé tôt ou tard que j’étais un simple prolongement de mon père, je me serais totalement identifié à lui. À cette idée, je ne puis empêcher un frisson de parcourir ma vieille échine qui commence à se courber sous le poids des ans. Pourtant, je me dois d’être juste. Mon père, Christoph Ratsch, était un homme cultivé, qui s’intéressait à beaucoup de choses. Pharmacien de formation et de métier, il était passionné par le pouvoir des plantes et des herbes. Je me souviens encore que, petit, je tombais souvent. Chaque semaine, j’avais une nouvelle plaie. Bien que je fusse son unique rejeton, son héritier, et surtout l’héritier de son nom, il profitait de chaque blessure pour expérimenter un nouveau cataplasme de son invention. Heureusement pour moi, il était doué ! Je crois que, parvenu à cinquante ans, plus aucune plante connue n’avait de secret pour lui. Il en connaissait les dangers et les vertus. C’était là une arme redoutable. Et je le soupçonne de l’avoir utilisée une fois, une seule fois dans sa vie. Mais cette unique fois marqua le commencement de mes malheurs, tandis que lui y voyait celui de la renommée des Ratsch.


Je comptais quinze ans. Fils de l’apothicaire attitré de l’archiduc Maximilien d’Autriche, roi des Romains depuis quatre ans à cette époque, j’avais droit à une éducation fort convenable dont je profitais pleinement, ayant un goût prononcé pour les livres. Ma soif d’apprendre ne semblait ne vouloir jamais tarir. La rhétorique m’ennuyait mais je comprenais fort bien l’utilité que j’en aurais plus tard. En outre, je me devais d’avoir un langage soigné car, destiné à suivre la voie de mon père, j’allais fréquenter les malades de la cour.
Fait susceptible de se produire de plus en plus souvent d’ailleurs, puisque j’aidais mon père à l’apothèque. Les matinées étaient réservées à l’étude, les après-midi à la livraison de pommades et autres potions chez nos nobles clients, lorsqu’ils l’exigeaient. Mais je restais à l’écart du cercle des courtisans. La plupart du temps, je n’avais qu’à préparer des onguents que des domestiques venaient chercher.
Chaque matin, mon père me demandait de réciter ce que je savais d’une plante ou d’une herbe : ses bienfaits, ses dangers, le moment de la cueillette, ce qui était à utiliser, ce qui ne l’était pas, sous quelle forme se présentait le remède concocté. Il prit cette habitude à partir de mon huitième anniversaire. Et gare à moi si je n’avais rien à raconter, ou si je disais des bêtises. Sous prétexte de m’inciter à apprendre et de me faire comprendre que la moindre erreur pouvait éventuellement être fatale à mon patient, père jouait du fouet comme d’autres du luth. Les premières fois, je pleurais amèrement dans le giron protecteur d’Anne, ma nourrice. Je pensais même m’enfuir incognito, à la faveur d’une nuit sans lune, juste pour ne plus avoir à recevoir de correction paternelle ; je redoutai même qu’il ne prenne goût à ce mode d’éducation. Deux solutions s’offraient donc à moi : partir ou apprendre sur le bout des doigts ce que mon père avait mis des décennies à rentrer dans sa cervelle. Mon début de haine, en particulier envers le fouet, ne m’empêchait pas d’admirer le savoir et le savoir-faire de Ratsch senior. Aussi, partagé entre l’appréhension de mal faire et l’attirance pour cet art, et finalement revenu de mes plans d’évasion (qui me nourrirait avec une aussi bonne cuisine que celle d’Anne ?), je résolus de devenir le meilleur apprenti que mon père aurait jamais. Il en fut très satisfait et délaissa peu à peu le fouet, qui finit au placard quelques mois plus tard, à mon grand soulagement.


La théorie s’accompagnait de l’observation du travail à l’apothèque, que je ne devais déranger sous aucun prétexte. Dès que j’eus dix ans, je fus affecté en outre à la comptabilité. Je n’avais pas grand-chose à faire ; juste indiquer dans un grand livre la date à laquelle tel client avait acheté tel produit, et la quantité. Mon père, qui gardait le livre des dépenses pour lui, avait tracé au préalable les colonnes et les lignes, je n’avais plus qu’à remplir les cases. Me sentant investi d’une haute mission, je remplissais ma tâche avec un sérieux digne d’un avoué.
Quand j’y repense, c’était ridicule. Mais à dix ans, quand on ne veut rien d’autre qu’un peu de reconnaissance paternelle et que celle-ci prend la forme d’une promotion, on est très fier. Et, croyez-moi, dans mon cas, c’était pas rien de le dire !
Pourtant, c’est à treize ou quatorze ans qu’arriva la consécration : mon père m’intronisa « mesureur » de l’apothèque. Maître des balances, je pesais les quantités précises de pétales, racines, feuilles, etc. nécessaires à la préparation de tel remède. C’était une responsabilité importante, j’en étais bien conscient. C’est pourquoi je m’appliquais d’autant plus à bien respecter les recettes rédigées des années plus tôt par mon père sur des feuilles qui avaient jauni depuis.
Des remèdes bien particuliers ne requéraient pas une quantité extraordinaire de produits divers et je pouvais moi-même les réaliser. La plupart était destinée à être conservée dans des bocaux en terre que l’on n’ouvrirait que pour les besoins individuels des malades. L’onguent à l’arnica, par exemple, connaissait un vif succ&#

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