Le grand frère
26 pages
Français

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Le grand frère , livre ebook

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Description

Quand ils montent tous les deux à Paname, pour des petits larcins, des vols à la tir, des cambriolages, le Grand Frère se met alors à causer. Le plus souvent, il cause de religion, de philosophie, de littérature... Il raconte des histoires auxquelles Rachid ne comprend pas un traître mot, mais de toutes façons, Rachid n’a jamais rien compris au Grand Frère. Il sait juste qu’il a fait la guerre en Tchétchénie et que depuis, ce n’est plus le même homme. Mais Rachid ne pose aucune question. Il préfère écouter. Écouter et apprendre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mars 2011
Nombre de lectures 30
EAN13 9782918602033
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Grand frère
Salim Bachi
ISBN 978-2-36315-231-2

Février 2011
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Biographie
Dans la m me collection
Chapitre 1
— Ça daube, cousin.
La station du RER Saint-Michel puait. Des effluves aigres parcouraient les couloirs à la recherche de leurs proies.
— Sortons !
Ils étaient moches, mal fagotés, mais s’en foutaient, ou du moins le laissaient croire. Fallait passer inaperçu, se fondre dans la masse grise des immeubles de leur cité. Ils ne se changeaient pas pour descendre à Paname. Ils étaient en habits de guerre, le style urgence psychiatrique. Attention armoire à haut voltage ! Nike blanches, survêtements Sergio Tacchini, la classe internationale. Des intouchables, voilà !
— Vos papiers !
Pas si intouchables. Les flics les alignèrent contre le mur de faïence et commencèrent à leur faire les poches. Puis ils ouvrirent leurs sacs à dos. Dedans des chaussures neuves.
— Vous les avez volées !
— Non, monsieur l’agent. Ce sont les nôtres.
Le plus jeune sortit même un ticket de caisse. Les flics reniflèrent le papier comme s’ils s’étaient torchés avec le matin.
— Oui, c’est ça, vous êtes tous des voleurs, sales ratons.
Les rongeurs ne mouftèrent pas. Rien. Au point que les flics se demandaient comment les chauffer un peu plus, histoire de rigoler. Dommage, dommage qu’on ne soit plus en pleine guerre d’Algérie, quand on pouvait balancer les crouilles dans la Seine, juste à côté, vraiment tout près. Pour ces policiers, le 17 octobre 1961 était sans doute un jour heureux : quatre cents bicots dans la Seine, quelle merveille ! Bon, les temps changent, certaines méthodes aussi. Mais on peut toujours sonner le rappel des souvenirs, accentuer le côté psychologique. Mais là, rien. Ils se laissaient tripoter comme des moutons, les melons.
— Laisse ces femmes tranquilles, Robert. Tu vois bien, elles sont toutes timides.
Les flics rigolèrent et s’en allèrent, se dandinant sur leurs grosses pattes comme des danseuses du ventre.
— Les femmes, c’étaient elles, en fait, dit le Grand frère.
Les deux lascars refermèrent leurs sacs et se dirigèrent vers la sortie, côté Seine. Dehors, il pleuvait. Ils longèrent un peu le quai Montebello, face à Notre-Dame. Le plus vieux s’adressa au plus jeune en ces termes :
— Tu vois, Rachid, ne rentre jamais dans leur jeu à ces cons.
— Les keufs ?
— Exact. Ça les flingue des gars comme nous ! Gandhi avait tout compris.
— Gandhi ?
— Dans quelle école es-tu allé ?
— Dans la tienne.
— Gandhi pensait que la force ne pouvait rien. Elle ne faisait que légitimer la violence des occupants. Les flics, ce sont nos Anglais, pigé ? Nous, nous sommes les Hindous.

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