Le Phare de San Nicolò

Jean-François Dupont

Description

C'est au Lido de Venise, dans cette enclave d'un autre temps, que Vincent s'est un jour arrêté. Les années ont trop vite passé. Un jour, tout se fissure et son passé français le rattrape. Il retourne dans sa ville natale, y erre comme un étranger, même s'il finit par revoir ses anciens amis. Lui ont-ils vraiment pardonné ? Que savent-ils ? Et cette Camille qui le trouble un peu trop... Vincent repart en Italie, revient. Allers-retours entre un Lido immobile et une ville méconnaissable dans laquelle il cherche les traces de sa jeunesse. Il se sait observé. Il sait que tout risque de recommencer, comme autrefois.

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 octobre 2017
• Nombre de lectures: 5
• EAN13: 9782140048562
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Jean-François Dupont
C’est au Lido de Venise, dans cette enclave d’un autre
temps, que Vincent s’est un jour arrêté. Les années ont trop
vite passé. Un jour, tout se fissure. Sa compagne le quitte
et son passé français le rattrape. Il retourne dans sa ville Le phare
natale, y erre comme un étranger, même s’il finit par revoir
ses anciens amis. Lui ont-ils vraiment pardonné ? Que
savent-ils ? Et cette Camille qui le trouble un peu trop… de San Nicolò
Vincent repart en Italie, revient. Allers-retours entre un
Lido immobile et une ville méconnaissable dans laquelle il
cherche les traces de sa jeunesse. Il se sait observé. Il sait
que tout risque de recommencer, comme autrefois. Roman
Jean-François Dupont est l’auteur d’une
douzaine de romans, récits et nouvelles.
Il enseigne le français et le cinéma sur les bords
de l’Ain.
ISBN : 978-2-343-12989-1
20,50 €
Rue des Écoles / Littérature
Le phare de San Nicolò
Jean-François Dupont
Rue des Écoles / LittératureRue des Écoles

Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux
personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique,
politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction
(romans) et des textes autobiographiques.


Déjà parus
Francès-Vanson (Pascal), Corps étranger, roman, 2017.
Dalstein (Joseph), Faites entrer le coupable
Duhamel (Philippe), Des fleurs sur une tombe, roman, 2017.
Diaz (Claude), Les blessures de l’absence
Berchmans (Nijimbere), L’école anormale de Kiremba, récit, 2017.
Bélard (Paul), La course des érables, roman, 2017.
Victor (Michèle), Nous, les enfants de Diogène, roman, 2017.
Lauze (Frédéric), Téchouva, roman, 2017.
Fouque (Philippe), Je viendrai tôt demain matin, roman, 2017.
De Ridder (Guido), Les poches pleines d’enfance, récit, 2017.
Perriard (Franck), Le retour des Brûleurs de loups, roman, 2017
Paton (Laurence), Quitter les lieux, récit, 2017.



Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre
chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation
du contenu des ouvrages, peut être consultée
sur le site www.harmattan.fr





LE PHARE DE SAN NICOLÒ



















































© L’Harmattan, 2017

5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-12989-1
EAN : 9782343129891 Jean-François Dupont





Le phare de San Nicolò



Roman





















Du même auteur
Par temps de neige (éditions Nykta)
Age limite (éditions Jacques André)
La prison du peuple (éditions Morelière)
J'ai empaillé mes amis (éditions Jacques André)
Avenue Salengro (éditions Jacques André)
Ma puce (éditions Jacques André)
Sparring-partner (éditions Jacques André)
Passé la frontière (éditions Jacques André)
Via Dante et autres issues (éditions Jacques André)
Souvent, je pense à Jack (éditions La Passe du vent)
Effets personnels (éditions Jacques André) “ L’idéal, évidemment, mais ça paraissait compliqué,
ç’aurait été de renaître.”
Christian Oster
“ Il faro è la vita, il paradiso può attendere. ”
Anonyme 24-7-85
(Lisible sur l’un des monolithes qui enserrent le
phare de San Nicolò)



Tu aurais pu avoir une autre vie.
Dans le flot de ses reproches, cette phrase avait
discrètement filé au milieu des autres. Sonores, musicales,
grandiloquentes.
Tout elle.
Tu sais ce que tu es ? Tu es dé-sin-volte.
To-ta-le-ment désinvolte.
Et ça, pour moi, tu vois, c’est plus possible.
Je me demande vraiment comment j’ai pu croire en
toi. Croire à…
Oui, je sais. À un type de cinquante ans qui est en
short toute l’année… Un petit garçon.
Ambiance de théâtre vide. Flavia venait de
rallumer sa cigarette pour la combientième fois ? Elle était
partie sur le balcon, revenue, repartie. Après avoir chaque
fois largué sa cargaison de phrases. Chaque fois, il avait
cru que c’était bon. Qu'elle s'était libérée.
Tu es un mur, Vincent. Je ne sais pas comment ils
t’ont fait, tes parents.
Et sa voix chantait, chantait, chantait. Avec cet
accent. Sa voix pouvait débiter les pires horreurs en
chantant.
Même ton appart...
Son accent enrobait son français dans la même
pâte.
Quoi, mon appart?
Elle avait laissé tomber ses bras comme si elle le
portait depuis toujours. Ses yeux au plafond.
Non, mais regarde. Au moins quinze ans que tu
habites ici. Et quoi ? Une table, deux chaises, un lit...
9
Non, trois chaises. Un fauteuil à peu près
confortable et des livres. Et puis tout le reste... Tu sais
bien...
TOUT le reste.
Encore ses yeux balancés en l'air à prendre le lustre
à témoin.
Son beau cul dans son jean sur la terrasse. Sa
mousse de cheveux blonds de Vénitienne. Et la fumée
qu'elle exhalait bruyamment.
Tu aurais pu avoir une autre vie.
Un silence.
C'est fini, Vincent. Vraiment fini. Je ne peux plus.
Elle revient au salon. Le fixe une bonne fois pour toutes.
Une prof avec un élève. Combat des yeux.
À quoi bon ?
Son départ avait été le plus irréel. Quelqu'un se
lève. Vous dit c'est fini. D’une voix lasse, aplatie. Flavia
récupère son paquet de Vogue sur la table. En extrait une.
La coince entre ses lèvres. Vincent est surpris par son
visage lisse, absolument dénué de toute tristesse. Ses yeux
ne croiseront plus les siens. Ils balaient la pièce une
dernière fois. Se posent sur sa paire de tongs dans un
angle.
Flavia prend encore le temps. On dirait qu’elle
cherche un objet, un truc qui aurait encore un sens pour
elle. Ça ne dure pas. Elle va finalement aux toilettes. La
chasse geint dans le silence de l'appartement. Jamais, il n'a
entendu le bruit de ses talons comme ça. Elle le fait exprès
ou quoi.
Elle est là, clope au bec, regard nulle part. Elle
cueille son sac. Un geste vif. En extrait un trousseau de
clés qu’elle jette sur la table basse. Kling !
Et voilà. Pas un mot. Exit Flavia.
Elle quitte la scène, l’histoire commence.
10




On s’enfonçait dans l’hiver. La lagune ressemblait
à un vieux baquet d’eau sale. Parfois, il n’y avait même
plus de lagune, qu’un rideau de brouillard qui masquait
Venise du matin jusqu’en milieu d’après-midi et après,
c’était la nuit.
Des mois avaient passé. À tenter de comprendre.
Des mois que ça lui pendait au nez. Il ne pouvait rien faire
d’autre que d’attendre la sentence. Laquelle avait fini par
tomber quand il ne s’y attendait plus.
La veille encore, il l’avait vue apparaître sur sa
vespa. Un instant, son cœur avait cogné fort. Les doigts
accrochés au rideau. Et puis non, elle n’avait fait que
passer.
Pendant douze ans, il avait vécu des moments forts
avec quelqu’un. Il avait fait l’amour, parlé, bu des coups,
souri, rigolé, marché avec une personne qui s’accrochait si
tendrement à son bras. Mais les choses n’avaient jamais
vraiment sonné juste. C’est elle qui avait nourri des projets
pour eux deux, elle qui avait donné à leur vie commune
une forme de cohérence. Même s’ils n’avaient jamais vécu
ensemble.
Vivre sa vie sur une fausse note. Si longtemps.
Depuis trois jours, il s’était remis à courir. Il ne
pouvait plus se voir dans la glace et n’osait même plus se
peser. À force, il allait mal finir avec des yeux jaunâtres,
un nez d’ivrogne et un