Le sang de l obéissance
124 pages
Français

Le sang de l'obéissance , livre ebook

-

124 pages
Français

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1996
Nombre de lectures 382
EAN13 9782296318359
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Lf£ S.9l9lq 'IYE L'OBf£ISS!Jl9{ÇECollection "Encres Noires"
Dirigée par Gérard da Silva
Dernières parutions
N°115 Cheick Oumar Kanté, Après les nuits les années blanches.
Gaston-Paul Effa, Quand le ciel se retire.N°116
Sydia Cissé, Le crépuscule des damnés.N°117
Edilo Makélé, Long sera le chemin du retour.N°118
Moudjib Djinadou, Mais que font donc les dieux de la neige?N°119
Boubacar Boris Diop, Les traces de la meute.N°120
Philippe Camara, Discopolis.N°115
Pabé Mongo, Nos ancêtres les baobabs.N°122
Vincent Ouattara, Aurore des accusés et des accusateurs.N°123
Abdourahmane Ndiaye, Terreur en Casamance. (Polars Noirs).N°124
Kama Kamanda, Lointaines sont les rives du destin.N°125
Ken Bugul, Cendres et braises.N°126
Jean-Jacques Nkollo, Le paysan de Tombouctou (Théâtre).N°127
El Ghassem OuId Ahmedou, Le dernier des nomades.N°128
Mamadou Seck, Survivre à Ndumbélaan.N° 129
N°130 Georges Ngal, Une saison de symphonie.
N°131 Pius Ngandu Nkashama, Le Doyen Marri.
N°132 Moussa Ould Ebnou, Barzakh.
Olympe Bhely-Quenum, Les appels du Vodou.N°134
N°135 El Hadj Kassé, Les mamelles de Thiendella.
Dominique M'Fouilou, Le quidam.N° 136
Nocky Djedanoun, Yana.N°137
Albert Thierry Nkili Abou, Carton rouge.N°138
Pius Ngandu Nkashama, Yakouta.N° 139
Maria Nsue Angüe, EkomoN°140
Alex I-Lemon, Kockidj, L'étrangefilletteN°141
Essomba, Les lanceurs defoudreN°142
Thérèse Kuoh Moukoury, Rencontres essentielles.N°143
N°l44 Mamadou Gayé, Lait caillé.
Denis Oussou-Essui, Rendez-vous manqués.N° 145
Auguy Makey, Sur les pas d'Emmanuel.N°146
N°147 Ruben Nwahba, L'Accouchement
N°148 Charles Carrère, Mémoires d'un balayeur, suivi de contes et
nouvelles.
(Ç)L'Harmattan, 1996
ISBN: 2-7384-4199-8Salim HATUBOU
L'E SM(Jj tJJtEL'O'HÉLSSM(CE
Éditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 PARISPour toute ma famille et ma rose brune d'El-Harrouch.
Aux ennemis que ces pages vont me créer.
Je remercie MM Gresy-Aveline et Jacques Broda, l'un m'a
appris les règles grammaticales à l'université et l'autre, la
Iutte.« J'ai eu mon premier mari à seize ou dix-sept ans. Je ne
le connaissais pas, parce qu'il habitait à Madagascar. Un
matin, mon père est venu me voir avec un homme et m'a dit:
"H., serre la main de ton mari" Et nous nous sommes
mariés.»
Témoignage d'une fille comorienne
«Tout commence par la femme, nous le savons depuis
longtemps. »
Rachid MIMOUNI
(L'Honneur de la tribu)
«Je m'empresserai d'ajouter que l'Histoire ne nous
enseigne pas des leçons, mais des images qu'il nous faut
réapprendre sans cesse et transmettre. »
Lewis NKOSI
(Le sable des Blancs)e te vis cette nuit-là, perdu dans la pénombre de ta
mémoire. Je te tendis la main et te dis: «Viens me.1 parler des tiens! Viens me dire ce que tu sais!
Raconte-moi les paroles des innocents! » Tu étais accroupi
dans l'exil qui déchirait ton cœur et tes entrailles. Jeune et
beau. Tu tournas la tête comme si tu ne comprenais pas ma
langue, mon langage. Mais tu savais très bien ce que je te
demandais. Tu le savais.
Aujourd'hui, les larmes aux yeux, tu viens vers moi. Tu
pleures ton pays saigné et, comme l'aveugle que j'ai mille
fois aperçu à la plage des ténèbres, tu tâtonnes et cherches le
chemin de l'avenir. L'avenir des tiens. Mais pourquoi cette
aphasie mon fils? Pourquoi le silence te condense-t-il le
flanc à l'instar d'un étau? Tu regardes à droite et à gauche.
Non, tu n'es pas suivi, mon fils. La peur est un venin, je le
sais. Tu n'oses pas dire ce que ceux de ton âge voudraient
rugir, mais qui, les lèvres appesanties, ne peuvent pas le
faire. Ils sont - vous l'êtes tous d'ailleurs - opprimés par je
ne sais quel pouvoir sibyllin. Tu te lèves. Tu me regardes. Tu
es toujours jeune et beau. Tu me dis que tes mots sont blessés,
ta parole, ankylosée, ton Verbe, agonisant. Alors tu cherches
refuge dans la réticence.
Ecoute-moi, mon fils: tes mots sont-ils réellement
blessés? Tu préfères te taire, me dis-tu, alors pourquoi as-tu
cherché à acquérir le savoir et à découvrir les secrets des
livres? Hein? Pourquoi n'es-tu pas resté là-bas, au pays
contusionné, pour guerroyer la terre sèche et conduire les
bœufs décharnés à l'abreuvoir? L'amnésie, taciturne
hirondelle, t'aurait-elle pris sur ses ailes pour un sanglant
voyage? Dieu, que tu es triste! Seigneur, que tu es beau!12 Le sang ae {'obéissanc.e
Tu penses à la jeunesse comorienne et tu pleures. Laisse
couler tes larmes!
Un chemin vous est tracé, jeunes Comoriens, et vous le
suivez. Innocemment. Vous l'empruntez, parce que d'autres
l'ont pris. Mais ceux-là sont perdus. Vous avez clairement vu
leur navire s'échouer sur les sables de la désolation. Mais
vous fermez les yeux et vous forcez à croire qu'en ne suivant
pas ce layon de la perdition, vous serez égarés.
Incompréhensible, je l'avoue. Vous continuez à vous plier à
des consignes et des chartes, qui n'ont d'ailleurs aucune
raison d'être, que vos aînés ont minutieusement imposées. La
couverture de plomb concasse les tiens. Soulève-la mon fils!
Mon enfant, réfléchis. Médite. Laisse ton esprit voyager
sur le dos de mes mots. Le temps, vêtu d'une longue robe de
mousseline noire, passa et, calmement, s'abreuva de vos
réelles traditions. Assieds-toi là, mon fils. Je vais te raconter
l' histoire que personne n'a jamais voulu dire parce qu'elle
triture la conscience des tiens. Laisse-moi passer ma main sur
ton visage et ouvrir ainsi tes yeux.
Qui suis-je, me demandes-tu. Je l'ignore, parce que,
franchement, je ne me suis jamais posé cette question (sans
doute faudra-t-il que j'y songe un jour! J. Depuis des siècles,
j'assiste aux traditions de tes vaillants ancêtres. Mais voilà,
aujourd' hui, je ne comprends plus rien parce qu'à chaque
pas de la vie, les hommes distordent ce bel héritage. Et je
pleure. Hier, j'ai interrogé les étoiles: je leur ai demandé de
me montrer le chaînon qui manque ou celui qui est venu
s'intercaler parmi les autres pour que la quintessence du
patrimoine comorien se soit évaporée. Les astres ont réuni le
conseil des Sages. Mais aucun n'a su me donner une réponse
bien précise. Désespéré et désorienté, je pose la question au
vent qui passe, à la mer qui gronde sa rage, au soleil qui se
lève, à tout le peuple comorien. Oui, pourquoi avez-vous
défiguré vos riches traditions?
Arrête de gesticuler, mon fils, et ouvre ton cœur à mon
histoire, celle qui commença le jour où la nouvelle
amphigourique tomba... Mais, en y réfléchissant bien, le
début ne se situe pas ici! Non... Ou bien que... Mais peu
importe. Peu importe.
Alors...

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