Le savant inutile
166 pages
Français

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Le savant inutile , livre ebook

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Description

Le sous-développement est-il génétique, fatal ou fortuit ? La science aide-t-elle à le combattre ? Qu'est-ce qu'un intellectuel à Bilabaville ? A quoi peut-il servir ? Par ces questions surréalistes et révoltantes Yéno conclut son odyssée sur le "morceau de terre" où le destin l'a envoyé naître. Fresque comique par ses intrigues, grave par le pathétique des valeurs désacralisées, ce roman nous plonge dans une spirale de scènes ubuesques où les intellos de Balabaville, pour échapper au néant, deviennent des clients politiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2007
Nombre de lectures 53
EAN13 9782336253350
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
N°296, Ali ZADA, La marche de l’esclave , 2007.
N°295, Honorine NGOU, Féminin interdit, 2007.
N°294, Bégong-Bodoli BEHNA, Mama Africa , 2007.
N°293, Simon MOUGNOL, Cette soirée que la pluie avait rendue silencieuse, 2007.
N°292, Tchicaya U Tam’si, Arc musical, 2007.
N°291, Rachid HACHNI, L’enfant de Balbala, 2007.
N°290, AICHETOU, Elles sont parties , 2007
N°289, Donatien BAKA, Ne brûlez pas les sorciers ..., 2007.
N°288, Aurore COSTA, Nika l’Africaine, 2007.
N°287, Yamoussa SIDIBE, Saatè, la parole en pleurs, 2007.
N°286, Ousmane PARAYA BALDE, Basamba ou les ombres d’un rêve, 2006.
N°285, Abibatou TRAORÉ KEMGNÉ, Samba le fou , 2006.
N°284, Bourahima OUATTARA, Le cimetière sénégalais, 2006.
N°283, Hélène KAZIENDÉ, Aydia, 2006.
N°282, DIBAKANA MANKESSI, On m’appelait Ascension Férié , 2006.
N°281, ABANDA à Djèm, Á contre-courant, 2006.
N°280, Semou MaMa DIOP, Le dépositaire ,2006.
N°279, Jacques SOM, Diké, 2006.
N°278, Marie Ange EVINDISSI, Les exilés de Douma, 2006.
N°277, Assitou NDINGA, Les marchands du développement durable, 2006.
N°276, Dominique M’FOUILOU, Le mythe d’Ange , 2006.
N°275, Guy V. AMOU, L’hyène et l’orfraie, 2006.
N°274, Bona MANGANGU, Kinshasa . Carnets nomades, 2006.
N°273, Eric Joël BEKALE, Le cheminement de Ngniamoto, 2006.
N°272, Justin Kpakpo AKUE, Les canons de Siku Mimondjan, 2006.
N°271, N’DO CISSE, Boomerang pour les exorcistes, 2006.
N°270, François BIKINDOU, Des rires sur une larme, 2005.
N°269, Bali De Yeimbérein, le « Baya », 2005.
N°268, Benoît KONGBO, Sous les tropiques du pays bafoué , 2005.
N°267, Frédéric FENKAM, Safari au paradis noir, 2005.
N°266, Frieda EKOTTO, Chuchote pas trop, 2005.
N°265, Eric Joël BEKALE, Le mystère de Nguema. Nouvelles , 2005.
N°264, Bathie Ngoye THIAM, Nouvelles fantastiques sénégalaises , 2005.
N°263, Marcel KEMADJOU NJANKE, La chambre de Crayonne, 2005.
N°262, Bathie NGOYE THIAM, Le parricide, 2005.
Le savant inutile

Jean-René Ovono
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296032248
EAN : 9782296032248
Sommaire
Encres Noires - Collection dirigée par Maguy Albet Page de titre Page de Copyright Dedicace Malade de l’ occidentalite Le mal des origines Le mal de la culture Histoire d’un retour au pays natal Dans le trou noir Les marchés Tchap-tchap L’art du meurtre Comme une lueur d’espoir Kulu Le compte rendu de mission L’utopie ? Le forum des affaires Le débat Les petits malheurs d’Ékarbo L’ultime chance ? La fin du rêve ? Dans la mare aux “crocos” À Loko Dzesso et l’huile de palme La diplômalgie ou les confessions de Yéno, Glossaire
À mon père Mendame David.
Malade de l’ occidentalite
« Quand nous serons tous des paysans [...] Nous serons tous frères et sœurs Et nous partagerons tout ».
Osofisan Femi.

- Je vais écrire. Je dois écrire. Il faut que j’écrive !
- Écrire? Tu veux écrire ? Sur quoi? Qu’est-ce que c’est qu’écrire, délire ou folie ? Écrire à Bilabaville ? Le lettrisme ne vaut pas un pouce sur le morceau de terre. C’est la culture des nuls.
- Justement pour cette raison je vais écrire. Dire quand personne n’ose le faire. Dire que personne n’ose faire.
- Rien que pour ça ? Sauras-tu mieux dire que tout le monde ? Tu écrirais pour rien.
- Ton art divinatoire est hallucinant. Quand elle dit le réel la fiction est imprévisible. Elle agit comme un explosif.
- Alors tu veux décimer le monde ? Devenir assassin à la baïonnette de la plume ? Au poison de l’encre ? Faire le lâche qui, caché derrière l’imprimerie, fait parler des papiers ?
- Justement ils savent mieux amplifier nos voix aphones. L’écrit prolongera mes mains rabougries. Il démultipliera l’excroissance de mes misères. Il faut agir avec des mots contre les maux de Bilabaville.
- On écrit pour informer. Éduquer. Instruire. Critiquer. Rien de tout cela n’a cours ici. Tout y est au mieux. Écoute les discours officiels. Ils sont bons. Éloquents. Oser critiquer à Bilabaville expose au ridicule. De grâce, ne le fais pas ! Écrire pour ne pas être lu ou, pire encore, pour l’être à l’envers, ne vaut pas plus que se taire. M’enfin ! Où vis-tu ? T’es vraiment malade.
- Malade ? Faute de vouloir réfléchir, cogiter ?
- Tu veux parler sous le règne du silence ? Faire le magicien qui crée la nuit en plein jour ? Les Bilabanais ont perdu la mémoire et l’âme. Cette victoire leur rend la paix. Les hommes puissants, les riches d’en haut en haut, se moquent éperdument des penseurs. Ils pissent sur les intellos. Les savants. Les docteurs en ceci, en cela, en toutes choses. Ces attributs flatteurs, disent-ils, ne sont que des carapaces. Des coquilles vides. Les soi-disant intellos ou savants ne savent rien. Bien lire et écrire, énoncer des citations et des théories ne font pas un savant. Abé Victor, un des puissants des cimes du pouvoir ne sait rien de la science. Pourtant, il fabrique les grandes théories du système. Un artisan de slogans. Un faiseur de stratégies. Un maître d’énigmes qui n’a jamais eu de maître. Sans trêve, il pompe du souffle à Biyeyem, la télévision du pays. Écoute-le :
- « Les Bilabanais qui rentrent des pays des Blancs nous prennent pour des cons et des ignorants. Mais ils oublient deux choses : D’abord, ils sont eux-mêmes tout ça à la fois. Ensuite, nous faisons pipi sur leurs diplômes poubelles. Ces malades de l’occidentalite ne sont que ce que nous voulons qu’ils deviennent, hommes ou chiens, mais plutôt chiens qu’hommes ».
- Eh bien !
- Tu comprends? Alors, qui dit mieux? Abé Victor est d’un charisme à nul autre pareil. Un orateur de talent qui crée des émules. Sa langue aiguisée coupe au laser. En un flot volubile de mots, elle soulève des images, des psychodrames qui agressent la conscience. Une langue scarifiée qui crache du venin. Des mots flèches qui percent le cœur. Au cours de ses infatigables meetings, il crie, gesticule, affiche des airs dignes d’un fanatique totalitaire. Quand Abé Victor a parlé, personne ne déparle. La divinité humaine, Grand Quelqu’un, « créateur » du ciel et de la terre de Bilabaville le tient en haute estime. Il en fait son « forge-parole » plénipotentiaire. Poste majeur qui ne va pas au quidam. Abé Victor est un dur à cuire. Ses discours sur la race psychiatrique des savants poubelles ont convaincu tout le monde. Des gens formés pour bavarder et cogiter, Bilabaville n’en a cure. Vivre c’est s’oublier. Se taire. S’ignorer. Serais-tu alors « malade » de l’ occidentalite comme tous les intellos au chômage ?
- C’est quoi l’ occidentalite ?
- Abé Victor n’a pas inventé le mot. Il lui a simplement donné un contenu. Grand Quelqu’un, l’omniscient, le sapientissime est un inventeur de lexique. C’est lui qui, le premier, en a parlé. Il explique que l’ occidentatite est une pathologie causée par le virus du long séjour en Occident. Un virus pire que la névrose.
- Un virus que provoquerait le crime de penser ? dit Yéno. Il faut être à Bilabaville pour entendre de si belles choses...
- Selon les grands d’en haut en haut, l’ occidentalite, poursuit Ékarbo, est une maladie névrotique incurable. Ils expliquent à la manière des médecins établissant un diagnostic que ceux qui en souffrent frôlent la démence. Quand il extorque à Afiri - kara * sa progéniture pour soi-disant la civiliser, l’Occident la lui rendrait plutôt abêtie, stupidifiée, imbécilisée.


Les discussions durent toujours des heures entre Yéno et Ékarbo, deux amis d’enfance. Des discussions souvent politiques.
De retour sur son morceau de terre, Yéno est confronté à la dure réalité. La pauvreté et son cortège de misères. Mais surtout la gabegie et l’indifférence des magnats. Il projette alors de dénoncer les maux de son pays par l’écriture. Sous le ciel hivernal où il a été formé, l’écrit jouit d’une autorité qu’il croit

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