Le Sein
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Textes et nouvelles

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Date de parution 03 septembre 2018
Nombre de lectures 8
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Le monde arabe au féminin,3° éd., L’Harmattan, Paris, 1988 Le Maghreb des femmes, Eddif, Casablanca, 1992 Le somptueux Maroc des femmes, Dedico, Salé, 1994 Une psychiatrie moderne pour le Maghreb, coll. « Santé et Cultures », L’Harmattan, Paris, 1994 Les sept jardins»,Écritures Arabes , nouvelles, coll. « L’Harmattan, Paris, 1995 Les livre des prénoms, Eddif, Casablanca, 1996 La folie. El Hank. Casablanca,Eddif, Casablanca, 2000Le désenfantement,éd. Aïni Bennaï,Casablanca, 2002
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À PARAÎTRE
La liaison, roman L’ Œil du Paon, poèmes Les Arabes riches de Marbella, roman
RÉ ÉDITÉS :
Le Maghreb des Femmes, Marsam, Rabat, mars 2001 Le Somptueux Maroc des Femmes, Marsam Rabat, 2002
Gouache : Aïni Bennaï
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EDITIONS AÏNI BENNAÏ 131, boulevard d’Anfa Casablanca – Maroc Dépôt légal 2002/1637 ISBN : 9954-8153-2-5
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rita el khayat
le sein
textes et nouvelles
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La femme aux yeux d’ambre et de cannelle rousse  Les cent et un os pourris et la tête du chien sur le couscous La jeune morte de Hawata Le prunier bleu Maternités Faits ordinaires de la vie des femmes L’homme-femme Le déjeuner rose
Nouvelles
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LE SEIN
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Entre îction et réalité
Textes et poème
Le sein La Dame Blanche Destructions Le matrimoine Le vieux monsieur de Saint-Maixent-L’École La solitude Ulysse et Pénélope The Rose
Entre îction et réalité
Toute catastrophe prévue peut être prévenue
Aïni Bennaï
J’ai écrit de façon absolument disparate et sans préméditation ces textes et nouvelles. Ils ont tous pour motif le féminin. Et ils soulèvent apparemment sans suite les affres vécues par les femmes. Il ne faut pas s’y tromper. C’est d’abord de la littérature. Les uns sont des œuvres anciennes dans le temps. Les autres datent de périodes où tout se vivait par rafales et sont traces et palimpsestes de l’innommable et de l’indicible.
Celui qui intitule ce recueil est un hommage à toutes les femmes dans le monde qui ont été persécutées par la police ou par les forces aveugles de la répression pour leurs opinions politiques ou humanitaires, leurs conduites ou leurs prises de position radicalement différentes de celles qui sont permises. Ce texte est arrivé quand j’ai cessé d’être traquée sans traces par laD.S.T., laP.J. ou le « Commissariat Central », et ce texte est d’abord apparu sous forme de cauchemar effroyable qui m’a réveillée le cœur battant sauvagement dans ma poitrine, ma fille dormant dans la chambre attenante à la mienne. Dans ces conditions, il est impossible qu’elle ait pu être sereine et en sécurité, un orage de terreur ravageant sa mère à quelques pas d’elle. La persécution des femmes est silencieuse et insidieuse le plus souvent. C’est une torture morale qui ne laisse pas de marques visibles sur le corps. Elle balafre l’âme à jamais. Elle est infamante car la force de répression ne croit pas essentiellement menaçante la révolte des femmes et leur inconduite est vite ramenée pour être déconsidérée à la folie et à la putasserie pour parler comme un flic. Mon drame principal dans cette persécution injuste, qui faisait remonter mon cœur à ma gorge, était cette
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peur sauvage et entière de ce qui adviendrait à mon enfant si j’étais arrêtée. Je laissais une liste de personnes à appeler qu’elle ne restât pas devant la porte de l’école seule après la classe. C’était terrifiant et brutal car cette occurrence possible n’était pas exclue : il eut juste fallu que je sois moins contrôlée dans ma réserve et ma politesse et que je dise par exemple au commissaire. « Je suis comme çà, j’ai fait çà, je l’assume et je vous défie dans votre tâche monstrueuse d’en faire autant si vous étiez un être humain véritable. Il y a d’autres manières de gagner la vie de vos enfants… »
Parfois « ils » arrivaient à deux et je n’avais pas été prévenue. Ils étaient remarquablement informés et travaillaient mieux que les médecins, les instituteurs et les juges. Mais peut-être est-ce pour cette raison que tous ceux-ci ne travaillaient pas comme il aurait fallu ? Ma secrétaire, une femme à l’époque, sortirait la liste des téléphones à appeler en cas de malheur. Mes activités étaient suspendues ; on n’avait pas et forcément aucun respect pour mon travail. Mes malades attendaient et s’en allaient car on n’avait aucun motif à leur proposer sur l’attente interminable d’autant plus que j’étais là. Simplement tenue en laisse, il ne fallait pas que je coure trop vite ou sur des terrains défendus. On tirait alors sur la laisse ; cette intimidation me terrorisait et j’avais honte d’avoir fait ce que j’avais fait. La violence de leur inquisition me plaçait en situation de délit par rapport à moi-même qui redevenais l’enfant martyrisée par les diktats oppressants de sa famille bien pensante. Je n’ai jamais dit pendant de très longues années ce que j’ai vécu pendant quatre ans aux alentours de la Guerre du Golfe. C’était un tabou de plus. Moi, encore en vie et apte à déclarer ce que je n’ai pas supporté et qui m’a rendu mon existence odieuse, précaire et difficile, tient dans ces contes, ces rêves et ces mots qui tracent la difficulté d’être quand on est une femme, et que l’on est née dans un système hyper conventionnel dont on peut dire avant tout qu’il est étouffant et réducteur. Ces conditions d’aliénation croisées et subtiles, larges et de proximité, la
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famille et la société ne tenant pas compte de mon exigence absolue de la Vérité, m’ont désignée au martyre des vies et existences ratées. Je n’ai désiré que la paix et une qualité de quotidien en rapport avec mes désirs de gentillesse, de tendresse et d’affabilité ; la courtoisie m’est nécessaire et je restais ulcérée par la violence impolie de parentes de prisonniers politiques au cours de l’une de mes interventions publiques à Rabat, en mars 2000. Leurs remises en question de ce que je défendais étaient précisées dans une agressivité verbale hystérique : je les ai prévenues que j’écrirais sur leur véhémence et que je leur donnerai à lire ce qui, de nouveau, allait les mettre en colère. Je ne comprenais pas que les épreuves qu’elles avaient traversées les maintiennent dans cet état étriqué de la pensée et de l’intelligence. Pour moi la souffrance élargissait l’appréhension du monde. Elles étaient restées conventionnelles malgré ce qu’elles avaient subi en leur mari, leurs frères, ou leur père. J’aime les gens mais ne les conçois que civils et urbains, restes de mon éducation. Il est infiniment plus grave que j’aie cru tous les êtres sincères et bons en même temps qu’honnêtes et loyaux, doutant toujours de mes propres capacités. Dans ma société, hélas, ils sont devenus, ou étaient dès l’origine, agressifs et malhonnêtes, ce qui a expliqué leur évolution. Hypocrites, peu scrupuleux, voire cruels : que l’on n’y voit pas de généralisation abusive. Au contraire un grand courage et une grande témérité me sont nécessaires pour
l’écrire. Les conditions pour la civilité, l’urbanité, la courtoisie et l’affabilité n’étaient pas réunies dans le Maroc de ma vie de jeune femme et de femme. J’assume cette déclaration. Il n’y a rien que je hais autant que le mensonge. Il a fallu en convenir d’énormes pour rester en vie. Mais que vaut alors la vie ? Les années de plomb et la terreur, le plus souvent et généralement la peur, excluaient fondamentalement dans les mailles du tissu social la sincérité et la loyauté, tout le monde se défiant de tout le monde et tout le monde mentant à tout le
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monde. Cela s’est constitué autour de 1965 et a duré jusqu’en 1999. On ne respirait pas. Les analphabètes et les troufions, les corrompus et les puissants détruisaient le ciment réel des peuples. L’effort, l’acquisition normale de connaissances et de biens, la création libre et l’exercice de la liberté et des libertés étaient impossibles, chaque élément du puzzle ne pouvant s’emboîter avec l’autre car les pièces étaient fausses, mal fabriquées et disjointes. Le système avait produit des tocards, des compradores et la majeure partie des gens grenouillait pour tirer simplement leur épingle du jeu et vivre, élever leurs enfants et assurer leur avenir. Mais quel avenir ! L’ennuyeux est qu’il faut offrir d’autres conditions à tous en l’absence de quoi on s’ouvre sur le pernicieux et la médiocrité dans tous ses états.
En écrivant, j’ai mis des miroirs déformants car tous grossissants le peu de cas que je fais de la misère humaine avide d’argent, de la fausseté répugnante et de la méchanceté de ceux en même temps desquels j’ai vécu. Dans ces contes, rêves et textes.
Ils sont l’impitoyable vérité du Royaume aux mille visages…
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