Le silence a toujours le dernier mot
206 pages
Français

Le silence a toujours le dernier mot , livre ebook

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206 pages
Français

Description

Si la plupart des nouvelles rassemblées dans ce livre relèvent de la fiction, voire du fantastique, d'autres, en revanche, s'inspirent d'expériences vécues par des proches. La dernière, enfin, est autobiographique : elle a donné son titre à l'ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140132278
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Martine De Salvatore
Le silence a toujours le dernier mot
/ Littérature
Rue des Écoles
Nouvelles
LE SILENCE A TOUJOURS LE DERNIER MOT
Rue des Écoles
La collection « Rue des Écoles » est dédiée à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Elle accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques.
Déjà parus
Gioanni-Chicaud (Brigitte),Gens de Saorge. Ceux que j’ai aimés, 2019. Henri (Michel),L’île des rêves éveillés, 2019. Forrest (Axel),Un consul sous les tropiques, 2019. Aulas (Perrine),Marie de Bruyères,roman, 2019. Cassan (Emmanuelle Eve),Sous les ormes de Grabow, A la recherche de mon grand-père, déporté en 1944, 2019.
Beauverger (Hélène),Les Poules Imbéciles,roman, 2019.
Bonnave-Marrat (Bernard),Un pied sur chaque rive, 2019. Mazziotta (Robert),Les mémoires réconciliées, récit, 2019. Duval (Christian),Le parc de Santeuil, roman, 2019. Lamy (Laurya),Clara et le président, roman, 2019. Moisan (Dominique),Moi, migrant, Récit de l’odyssée de Mitterand Mardoché Momo Donaya, 2019. Firth (Alan),La femme en vert, roman, 2019

Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Martine De Salvatore
Le silence a toujours le dernier mot
Nouvelles
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18624-5 EAN : 9782343186245
Clarté Il me tarde d’arriver. Je roule seul depuis cinq heures maintenant, sans m’être accordé le moindre répit. Je sais bien que ce n’est pas raisonnable, mais il y a peu de temps en fait que je sens la fatigue me gagner et je ne me vois pas m’arrêter sur une aire de cette autoroute pour piquer un somme, ce ne serait pas prudent non plus : non seulement ma voiture est toute neuve et d’un modèle très convoité, mais elle est chargée ; je n’ai pas envie de l’exposer aux regards malveillants, surtout dans cette province d’Italie réputée peu sûre. Encore une petite centaine de kilomètres et je serai arrivé, allez courage ! Je m’engouffre dans un énième tunnel. J’en ai vraiment * assez : cette chaîne des Apennins n’en finit donc jamais ! Les commentaires élogieux que j’avais entendus sur ce pays me préparaient plus à l’omniprésence de la mer qu’à celle des montagnes. C’est sans nul doute de passer ainsi constamment de l’éblouissement du soleil à l’obscurité qui m’a épuisé et irrité les yeux. Je n’éteins même plus mes phares entre deux tunnels. Mais dans celui-ci, pour la première fois, les feux de croisement ne suffisent pas, je suis obligé d’allumer les feux de route. Et pour cause : le tunnel n’est pas éclairé du tout ! Une panne ? L’absence de voitures venant en face m’évite au moins d’être agressé par leurs phares. La camionnette qui roule maintenant derrière moi, en revanche, et que je n’ai pas vue approcher, me serre de trop près, je dois accélérer pour augmenter l’écart entre nos véhicules et empêcher ainsi ses feux de se refléter dans mon rétroviseur, d’autant plus incommodants que nous avançons dans l’obscurité complète. À cette allure, j’ai tôt fait de rattraper la voiture qui me précédait.
* Chaîne montagneuse qui s’étend du nord au sud de l’Italie.
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Au sol, la ligne blanche continue séparant les voies contraires est estompée, mais elle reste visible. Voilà bien cinq minutes que j’ai franchi l’entrée de ce gouffre. J’aurais dû regarder le kilométrage à mon compteur à ce moment-là pour pouvoir, arrivé au bout, en connaître la longueur. À ce propos, comment se fait-il qu’aucun panneau ne l’annonçait quelques dizaines de mètres avant, comme pour toutes lesgallerie précédentes ? Aucun panneau non plus ne jalonne ce tronçon de route obscure. La limitation de vitesse est pourtant habituellement rappelée à espaces réguliers dans les tunnels. Il est vrai qu’il n’y a aucun éclairage. Mais non c’est ridicule, s’ils existaient, nos phares les illumineraient : il n’y en a donc vraiment pas. Cette situation insolite commence à vraiment m’inquiéter. Si encore on en voyait le bout ! Et toujours pas de voitures en sens inverse ! Vers quoi nous dirigeons-nous qui aurait pu les arrêter ? Un incendie, un grave accident ? Dans ce cas, il y aura bientôt un service d’ordre pour nous prévenir. Le conducteur qui me précède et celui qui me suit, à nouveau de très près, sont-ils aussi inquiets que moi, ou au moins intrigués ? Cet itinéraire leur est-il familier ? Je ne peux imaginer qu’ils l’aient emprunté en connaissance de cause. Alors que je m’apprête à tenter de communiquer avec eux par des appels de phares ou en utilisant mon klaxon – seuls moyens à ma disposition, quoique pouvant être interprétés comme une réprimande plutôt qu’un appel au secours –, j’aperçois enfin un panneau devant moi. Annoncerait-il l’issue ? Fol espoir, hélas : c’est la signalisation d’une descente dangereuse : de 15 % en l’occurrence. En effet, elle s’amorce aussitôt. Je suis effaré. Les battements de mon cœur s’accélèrent. Jamais je n’ai vu ou entendu parler d’une déclivité dans un tunnel ! Heureusement, la route s’aplanit à nouveau au bout de six cents mètres environ. Il faut continuer ; plusieurs voitures
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me précèdent et me suivent maintenant, elles m’emportent dans leur courant que rien ne semble devoir arrêter, à une vitesse bien trop élevée sur un tel parcours. Mon compteur indique 100 km/h ; si je ralentis, la camionnette me heurtera et nous provoquerons une collision en chaîne aux conséquences désastreuses dans un endroit pareil. Ni mes coups de klaxon incessants, ni mes appels de phares ne sont suivis d’effets. Ou plutôt si, ils déclenchent une réaction inattendue des autres automobilistes : tous actionnent leur avertisseur et font clignoter leurs phares, comme si, à l’instar du jeu du téléphone arabe, l’appel au secours s’était répercuté d’une voiture à l’autre jusqu’à… Eh bien jusqu’où justement, lequel d’entre eux le sait ? Le vacarme est assourdissant. Même si la radio avait fonctionné, je n’aurais plus entendu les informations sur l’état des routes, comme je le fais souvent sur les longs trajets. Quant aux niches d’ordinaire aménagées dans les parois des tunnels pour abriter un téléphone de secours, il va sans dire que je n’en vois pas, d’issue piétonne pas davantage. La panique s’empare de moi. Je regarde mes mains, elles tremblent sur le volant ; les gaz qui se dégagent des pots d’échappement gênent ma respiration. Ma gorge est sèche : j’ai très soif. Ma bouteille d’eau, que j’ai tout à l’heure négligemment jetée sur la banquette arrière, ne m’est pas accessible. Puisque aucun véhicule ne circule sur la voie opposée, pourquoi ne me risquerais-je pas à faire demi-tour, quitte à me coltiner la route déjà parcourue, mais qu’au moins je connais ? Bonne idée ! Mais je réalise en même temps que je serais incapable d’opérer une volte-face dans ce flux rapide de robots, téléguidés, semble-t-il, par un pouvoir invisible ? Je suis tombé dans un guet-apens. C’est bien ça ! J’ignore si les autres sont piégés aussi ou au contraire tous ligués contre moi.
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