Le songe du fou
175 pages
Français

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Le songe du fou , livre ebook

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175 pages
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Description

Le Songe du fou raconte l'histoire d'un lutteur traditionnel, Salomon Ngomba qui, abandonné et trompé par son épouse Martine, sombre dans la folie. Constamment tourné en dérision par les habitants du village Ndutu, Ngomba révèle un jour qu'il a eu un songe...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 158
EAN13 9782296715790
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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LE SONGE DU FOU
 
Écrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
 
Dernières parutions
 
Bernard N'KALOULOU, La Ronde des polygames , 2010.
Réjean CÔTE, La réconciliation des mondes, A la source du Nil, 2010.
Thomas TCHATCHOUA, Voyage au pays de l'horreur, 2010.
Eric-Christian MOTA, Une Afrique entre parenthèses. L'impasse Saint-Bernard (théâtre), 2010.
Mamady KOULIBALY, Mystère Sankolo , 2010.
Maxime YANTEKWA, Survivre avec des bourreaux , 2010.
Aboubacar Eros SISSOKO, Moriba-Yassa. Une incroyable histoire d'amour , 2010.
Naïma BOUDA et Eric ROZET, Impressions et paroles d'Afriques. Le regard des Africains sur leur diaspora , 2010.
Félix GNAYORO GRAH, Une main divine sur mon épaule , 2010.
Philippe HEMERY, Cinquante ans d'amour de l'Afrique (1955-2005) , 2010.
Narcisse Tiburce ATSAIN, Le triomphe des sans voix , 2010.
Hygin Didace AMBOULOU, Nostalgite. Roman , 2010.
Mame Pierre KAMARA, Le festival des humeurs , 2010.
Alex ONDO ELLA, Hawa... ou l'Afrique au quotidien , 2010.
Arthur SCAMARI, Chroniques d’un pays improbable , 2010.
Gilbert GBESSAYA, Voyage dans la société de Bougeotte, 2010.
Gaston LOTITO, Ciels brûlants. Sahel – 1985 , 2010.
Marouf Moudachirou, Une si éprouvante marche. Récit , 2010.
Appolinaire ONANA AMBASSA, Les exilés de Miang-Bitola, 2010.
Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu , 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord , 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d'une traversée du Congo à la Suisse , 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes , 2010.
Anne PIETTE, La septième vague , 2010.
 
Raymond EPOTÉ
 
 
LE SONGE DU FOU
 
 
 
 
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@w.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
ISBN : 978-2-296-13820-9
EAN : 9782296138209
 
DEDICACE
 
J’aimerais dédier cet ouvrage à tous ceux qui m’ont aidé et encouragé dans le long et difficile chemin de sa finalisation.
Il s’agit de:
Madeleine EPOTÉ, ma chère épouse, Denise EPOTÉ, Ezéchiel EPOTÉ, Gaston EPOTÉ, Madame OESCHNER De CONINCK née Marguerite EPOTÉ et Madame Danièle ELOM.
 
"Quelqu’un demandait à un fou de compter tous les fous. Il répondit que c’était un travail difficile, mais, ajouta-t-il, si vous voulez, je peux facilement compter les hommes sains."
D’après Sheik BAHAI cité in Z.A. RAHNEMA L’humour dans la littérature persane . 37e Congrès du P.E.N.
 
" Dieu seul sait comment les fous auraient pu ne pas l’être."
Charles BAUDELAIRE Le Spleen de Paris (1864).
 
PREMIERE PARTIE
"Un fou peut sembler insensible, alors qu’il est peut-être plus enclin que n’importe qui à souffrir du ridicule et du mépris que suscite son état."
John Th. PERCEVAL Perceval le Fou.
Tr. M. Manin; Payot.
 
I
 
Le coq venait de chanter pour la troisième fois et le Chef Ngando ne s’était toujours pas décidé à descendre du lit.
Odile Ekosso, sa dernière épouse, continuait comme à son accoutumée, à tirer le maximum de plaisir des délices d’un sommeil matinal qu’elle affectionnait particulièrement.
Nous étions au mois d’août et la pluie poursuivait imperturbablement sa mélopée commencée la veille.
La veille précisément, tout le petit village de Ndutu avait fêté la victoire d’Ewanè au grand tournoi intercommunautaire de messing {1} organisé à Ekoré, à quelques cinq kilomètres de là, par la grande société des Brasseries MEDIB.
L’exploit du jeune Marc-Antoine Ewanè était d’autant plus significatif que depuis au moins trente ans, aucun fils du village Ndutu n’avait remporté le moindre trophée. Et les moqueries des populations des villages voisins, mêlées parfois aux quolibets des jeunes femmes se rendant à Essaa, la petite rivière du village, ne faisaient vraiment la fierté de personne ici.
L’on comprend donc aisément pourquoi Ngando, le chef, d’habitude très sobre et réservé, avait pris la liberté de se joindre à la fête et de boire le délicieux vin de raphia plus que de raison.
Lorsqu’il parvint enfin à vaincre la torpeur et la lassitude qu’il ressentait dans le moindre repli de son corps, et à mettre pied à terre, il était déjà dix heures.
Pas de veine pour le chef. Le lendemain de la fête coïncidait avec le jour des audiences et il avait déjà accusé un retard de deux heures par rapport à l’heure habituelle.
Le temps pour lui d’avaler rapidement quelques bouchées du koki de maïs {2} que lui avait préparé Dorette Ngadi, la deuxième épouse, il s’était déjà retrouvé dans la cour de la chefferie.
Ses assesseurs l’attendaient avec anxiété, à la fois soulagés et embarrassés, car ils avaient déjà essuyé quelques éraflures des commentaires désobligeants que les villageois distillaient depuis près de deux heures.
François Ngando ne s’était vraiment jamais senti à l’aise dans son costume de chef de village.
La soixantaine bien sonnée, de taille plutôt moyenne, avec un visage quelconque, il était à mille lieues du physique d’un Apollon. Et c’est sans doute ce qui expliquait sa timidité et son manque d’autorité.
Aîné de la nombreuse progéniture de son père, Chef Ewala, mort il y a deux ans, Ngando avait naturellement hérité du trône avec les quatre femmes restées veuves.
Même s’il est vrai que son père les épousait très jeunes et qu’en vérité elles avaient encore quelque charme, l’idée même de prendre les femmes de son père en héritage lui donnait des boutons.
Aussi, une fois intronisé, n’avait-il pas hésité un seul instant à convoler en justes noces avec Ekosso, l’élue de son cœur, avec laquelle il prenait un malin plaisir à fouler allègrement aux pieds les règles protocolaires de la vie conjugale à la cour.
Quant à sa propre mère, elle était morte pendant qu’il se trouvait encore en France.
Ngando peut être considéré comme le pionnier des aventuriers du village. Après obtention de son Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), il s’était arrangé avec son père pour aller tenter sa chance en France.
Jouant de ses nombreuses relations, celui-ci avait réussi à glisser son fils dans un bateau qui, après trois semaines de traversée, avait jeté l’ancre à Marseille, en France.
Agé à l’époque d’à peine vingt ans, Ngando venait ainsi d’entamer une véritable course d’obstacles qui allait à jamais marquer sa pauvre vie.
Qu’espérait-il donc ?
Avec un niveau d’étude aussi bas, ne connaissant personne en France et disposant d’un argent de poche qui suffisait à le nourrir quelques jours à peine, il n’avait d’autre alternative que de se « débrouiller ».
Travail de manutention au port de Marseille, plonge dans les restaurants, petits trafics par-ci, par-là et nuits d’inconfort dans les couloirs du métro, étaient autant d’épreuves qui façonnaient en coupes réglées la vie de ce garçon.
Et le temps, peu soucieux des malheurs d’autrui, poursuivait inexorablement sa marche royale.
C’est ainsi que Ngando, quarante ans plus tard, s’était surpris en train de continuer à faire petits boulots après petits boulots, avec la fausse illusion que donnent les maigres sous qu’on en tire.
Il est vrai, au fil des années, il avait réussi à quelque peu améliorer son niveau de vie. Petit studio en location, télévision en couleur et quelques fringues, lui donnaient l’impression qu’après tout, la vie n’était pas si mal en France.
Mais une fois rentré le soir, quand le silence de la nuit commence à peser de tout son poids sur la conscience, il ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur les quarante ans de son existence qu’il avait déjà passés ici.
Ah Ngando ! Qu’as-tu donc fait ? Que vas-tu dire aux tiens ? Qu’as-tu ramené de France ? se demandait-il intérieurement . La vive douleur qu’il ressentait dans les tréfonds de son cœur à chacune de ces interrogations l’amenait parfois à pousser un cri si déchirant qu’il redoutait la réaction éventuelle de ses voisins.
Lorsque, quelques mois plus tard, il apprit le décès de son pè

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