LES Blessures du silence
190 pages
Français

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LES Blessures du silence , livre ebook

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Description

Albertine, sa fille Nicole et sa petite fille Laura, ont en commun une vie amoureuse remplie de soubresauts. Carmen Robertson, dont la plume est bouleversante et efficace, nous plonge habilement au cœur des épreuves et des joies de ces trois femmes pour mettre en lumière la complexité des relations mère-fille.
 
La grand-mère, Albertine, est mariée au maire du village, un homme méprisant et redoutable ayant commis des gestes abominables. Nicole, issue de cette union malheureuse, refuse de dépendre d’un homme et se jette à corps perdu dans une carrière exigeante dont sa fille, Laura, conçue avec un amant de passage, souffrira. En effet, celle-ci devenue jeune adulte, tentera de comprendre les liens du passé et ses conséquences sur sa propre vie. Elle s’attache à sa grand-mère qui lui laissera en héritage son journal, ses souvenirs, desquels elle essaiera de se bâtir un avenir. Arrivera-t-elle à dénouer la trame de cette histoire ayant eu des répercussions sur sa mère tout comme sur elle-même?
Avec doigté et beaucoup de sensibilité, l’auteure nous plonge dans trois époques différentes aux atmosphères bien rendues.

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782894559567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DE LA MÊME AUTEURE :




La fugueuse , 2012

Vous pouvez suivre le blogue de l’auteure au
www.carmenrobertson.com

Guy Saint-Jean Éditeur
3440, boul. Industriel
Laval (Québec) Canada H7L 4R9
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
www.saint-jeanediteur.com

••••••••••••

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Robertson, Carmen, 1951-
Les blessures du silence
ISBN 978-2-89455-955-0
I. Titre.
PS8585.O319B53 2015  C843'.54  C2015-940280-8
PS9585.O319B53 2015

••••••••••••

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l'aide accordée à notre programme de publication.


Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2015

Édition : Isabelle Longpré
Mise en pages : Olivier Lasser
Conception graphique de la page couverture : Christiane Séguin
Photo de la page couverture : © iStockphoto.com/czarny_bez
Révision : Diane Robertson
Correction d’épreuves : Lydia Dufresne

Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2015
ISBN : 978-2-89455-955-0
ISBN ePub : 978-2-89455-956-7
ISBN PDF : 978-2-89455-957-4

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Guy Saint-Jean Éditeur est membre de
l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).
À Maurice, mon tendre époux
1
Août 2011
L’hydravion effectue un virage et le chalet apparaît enfin, tout juste un point blanc à la jonction du lac et des vagues d’épinettes noires. Quelques minutes plus tard, les flotteurs mordent dans le plan d’eau, faisant gicler l’écume, tandis que le chalet grossit à vue d’œil. Le pilote coupe les moteurs et l’appareil glisse en douce jusqu’à la plage.
Dans le silence incongru qui fait suite au vacarme assourdissant de l’engin, les trois femmes se taisent encore, sans doute à l’affût des souvenirs rameutés par cet instant : douceur, nostalgie, appréhension, un mélange de tout cela, peut-être.
Pour Albertine, l’émotion de ce retour ne pourrait se résumer par un mot. Son cœur bat des ailes. Bien sûr, faiblement, ce ne sont plus les grandes ailes de sa jeunesse. Peu importe, ça palpite en elle, ça bat la vie. Elle est émue, oui, touchée plus qu’elle ne l’aurait cru par ce lieu où elle sait venir pour la dernière fois. Des éclats de rire lointains, des cris diffus, émanant d’une époque à la fois proche et révolue, couvrent momentanément les bruits de la manœuvre d’accostage.
Bon ! Trêve de rêvasserie. Albertine doit se déloger de sa position incommode. Elle déboucle la ceinture de sécurité et s’emploie à rassembler ses forces pour parvenir à se lever du siège, s’extirper de la carlingue, atteindre le flotteur, se glisser jusqu’à l’avant sans perdre l’équilibre et enfin toucher terre. Prouver à ces jeunettes que, malgré ses quatre-vingt-onze ans tout frais sonnés, elle n’est pas trop vieille pour ce genre d’expédition ! Nicole, déjà à l’extérieur, l’attend pour lui prêter main-forte. Laura tente de calmer sa surexcitation tout en assurant les arrières. Ainsi encadrée et fouettée par l’orgueil, Albertine pose finalement le pied sur le sable blond. Elle se masse un moment les reins tandis que Nicole et Laura s’activent à attraper des mains du pilote les monceaux de bagages et de provisions que nécessite une semaine de séjour dans un coin aussi reculé.
Consciente de son inutilité, Albertine remonte le court sentier bordé de quenouilles, gravit lentement les trois marches du perron en s’agrippant à la rampe et déverrouille la porte avec une certaine appréhension. On ne sait jamais dans quel état on va retrouver les lieux. Les fils de Rose, qui sont venus y chasser l’automne dernier, ont sans doute remis les lieux en ordre, mais l’hiver est propice aux visiteurs inopportuns – cambrioleurs, vandales ou rongeurs –, qui peuvent faire de sacrés dégâts. Tout semble pourtant normal, même la poussière que ses pas soulèvent dans un rayon de soleil. Quel silence ! À peine entamé par un chant d’oiseau, une branche que le vent agite contre le toit et, au loin, le rire de Laura. Le fantôme de Rose traverse la pièce, lui sourit... Un bruit de moteur crève soudain cette bulle de paix, emporte l’image de l’amie disparue.
Le débardage est terminé. Les filles vont bientôt faire irruption. Albertine soupire et commence à rouler avec précaution les draps poudreux qui couvrent les meubles.
— Mamie, assois-toi, on va faire ça ! lance Laura, une pile de boîtes appuyée contre la poitrine, et dont ne dépasse que sa belle tête aux grands yeux bruns.
— Parce que, toi aussi, tu crois que ta pauvre grand-mère est une vieille finie qui aurait mieux fait de rester chez elle plutôt que de venir vous encombrer dans ce chalet !
— Mamie ! s’exclame Laura, l’air désolé.
Laura laisse tomber sa charge, soulevant un grand nuage, sans perdre de vue sa grand-mère, dont elle ignore pour l’instant si elle blague ou si elle est réellement irritée.
Le sourire moqueur qui pointe au coin des lèvres d’Albertine la rassure à moitié.
— Bon, d’accord, tu ne penses pas que je suis mûre pour les oubliettes. Mais si tu ne veux pas que cette fatalité me tombe dessus, laisse-moi bouger. Je connais mes limites, tu sais. Elles sont bien assez nombreuses comme ça, d’ailleurs, conclut-elle d’un ton grognon en reprenant sa tâche.
L’entrée fracassante de Nicole qui, d’un solide coup de hanche, envoie valser la porte contre le comptoir de la cuisine, les fait sursauter toutes deux. La femme athlétique lourdement chargée remarque elle aussi les draps en boule dans les mains de sa mère.
— Laisse faire, maman, je verrai à ça tout à l’heure.
La vieille et sa petite-fille pouffent de rire. Nicole, perplexe, observe un instant ces deux complices qui semblent se foutre joyeusement de sa gueule. Elle ne va pas se froisser pour si peu. Elle hausse les épaules et se remet au boulot. Il y a tous ces effets encore à rentrer. C’est inimaginable ce qu’une simple petite semaine à la pêche peut requérir comme matériel pour satisfaire les besoins de trois femmes... Et puis, c’est elle qui devra s’occuper de brancher le système solaire et les bonbonnes de gaz, allumer les pilotes des appareils ménagers, actionner le treuil pour glisser les chaloupes à l’eau, installer les moteurs, sans compter les inévitables surprises auxquelles elle devra faire face. Son barda jeté en vrac sur le plancher de bois, elle sort dans un claquement de porte.
— Ne laisse pas superwoman toute seule avec les bagages, ma grande, ironise Albertine.
— J’y vais, dit Laura tout en fronçant les sourcils, une fois de plus agacée par l’attitude grinçante de sa grand-mère à l’égard de sa mère.
Albertine regarde s’éloigner la jeune femme. Cette petite est vraiment le grand amour de ses vieux jours. D’une vie qui tire à sa fin. Ou plus exactement dont elle appelle la fin. Avant que la déchéance l’accule à la dépendance des services publics, aux couches, aux ordres, au manger mou et à la compagnie de pires qu’elle. Pour écourter l’ennui qui gangrène ses jours depuis le départ de Rose. Parce qu’elle a fait son temps, voilà tout ! Il y a néanmoins cette petite, qui l’adore. Il faudra pourtant qu’elles se séparent, un jour ou l’autre. Pourquoi pas maintenant, pendant qu’elle arrive encore à entretenir sa maison et à tenir une conversation ? Bon, pour le moment, vaut mieux s’activer.
La grande femme, que les ans n’ont pas réussi à courber, se redresse un peu, remue ses épau

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