Les broderies de la Cour
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Les broderies de la Cour , livre ebook

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Description

1500. En ce début de Renaissance, dans l’atelier de broderie de la reine Anne, la jeune Alix rêve de devenir lissière pour tisser les tentures de la Cour. Sa rencontre avec Jacquou, que maître Coëtivy a formé dans l’art de la haute-lisse, sera décisive. Mais bien des années devront s’écouler avant qu’ils ne réalisent ensemble le projet d’ouvrir leur propre atelier pour tisser les merveilles qui ornent les châteaux des rois et des seigneurs.


Annexée à la France, la Bretagne est en paix, mais pour épouser Anne de Bretagne, veuve du roi Charles VIII, Louis d’Orléans devenu Louis XII roi de France doit répudier son épouse la douce Jeanne.


Ayant épousé secrètement Jacquou dont elle est séparée, Alix se retrouve sur les routes croisant des personnages qu’elle côtoiera souvent avant qu’elle ne devienne lissière : la duchesse Louise d’Angoulême, persuadée que son fils François sera un jour roi de France, Constance, courtisane qui n’aspire qu’à vivre libre et indépendante, Florine qui fuit l’homme qu’on veut lui faire épouser, dame Bertrande qui ne connaît point tout à fait son époux, le maître Coëtivy.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2018
Nombre de lectures 63
EAN13 9782374535906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
1500. En ce début de Renaissance, dans l’atelier de broderie de la reine Anne, la jeune Alix rêve de devenir lissière pour tisser les tentures de la Cour. Sa rencontre avec Jacquou, que maître Coëtivy a formé dans l’art de la haute-lisse, sera décisive. Mais bien des années devront s’écouler avant qu’ils ne réalisent ensemble le projet d’ouvrir leur propre atelier pour tisser les merveilles qui ornent les châteaux des rois et des seigneurs.
Annexée à la France, la Bretagne est en paix, mais pour épouser Anne de Bretagne, veuve du roi Charles VIII, Louis d’Orléans devenu Louis XII roi de France doit répudier son épouse la douce Jeanne.
Ayant épousé secrètement Jacquou dont elle est séparée, Alix se retrouve sur les routes croisant des personnages qu’elle côtoiera souvent avant qu’elle ne devienne lissière : la duchesse Louise d’Angoulême, persuadée que son fils François sera un jour roi de France, Constance, courtisane qui n’aspire qu’à vivre libre et indépendante, Florine qui fuit l’homme qu’on veut lui faire épouser, dame Bertrande qui ne connaît point tout à fait son époux, le maître Coëtivy.

Les Ateliers de Dame Alix
Les Ateliers de Dame Alix font revivre ces femmes dont François 1er n’a pu se passer ! Louise d’Angoulême, Marguerite de Navarre, Claude de France, Françoise de Chateaubriand, Anne d’Étampes, Éléonore d’Autriche, Diane de Poitiers et même la lissière Dame Alix et ses filles…

Tome 2, Les Vierges du Vatican
Tome 3, Les rencontres de Rome
Tome 4, Le temps des galanteries
Tome 5, Echec et Gloire
Tome 6, Les triomphes






Née dans la Sarthe, Jocelyne Godard a longtemps vécu à Paris. Depuis quelques années, elle vit dans le Val de Loire. Les sagas et biographies romancées qu’elle a publiées au fil du temps ont toujours donné la priorité à l’Histoire et aux femmes célèbres des siècles passés. Ces femmes qui ont marqué leur temps, souvent oubliées ou méconnues, et qui, par leurs écrits, leurs œuvres, leurs engagements, leurs talents, leurs amours, ont signé l’Histoire de leur présence qu’elle n’a cessé de remettre en lumière. L’Égypte ancienne et le Japon médiéval l’ont fortement influencée. Puis elle s’est tournée vers l’époque carolingienne, le Moyen-Âge et la Renaissance. Et, plus récemment, elle a mis en scène, avec l’éclairage qui leur revient, une longue saga sur l’investissement des femmes durant la Grande Guerre. Lorsque ses héroïnes sont fictives, elles ont toujours un lien étroit avec les femmes qui ont fait la Grande Histoire. Dans ses plus jeunes années, elle s’est laissé guider par la poésie et elle a publié quelques recueils. Puis elle s’est tournée vers le journalisme d’entreprise auquel elle a consacré sa carrière tout en écrivant ses romans. Depuis son jeune âge, l’écriture a toujours tenu une grande place dans son quotidien. Un choix qui se poursuit.
Jocelyne GODARD
Les Ateliers de Dame Alix
Tome 1 Les broderies de la cour
Les Éditions du 38
Quand on excelle dans son art, et qu'on lui donne toute la perfection dont il est capable, on s'égale à ce qu'il y a de plus noble et de plus relevé. La véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire ; elle se laisse toucher et manier, elle ne perd rien à être vue de près ; plus on la connaît, plus on l'admire. Elle se courbe par bonté vers ses inférieurs et revient sans effort dans son naturel ; elle s'abandonne quelquefois, se néglige, relâche ses avantages toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir ; elle rit, joue et badine, mais avec dignité. On l'approche avec retenue. Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance. (extrait des Caractères de la Bruyère)
I
Jacquou et maître de Coëtivy quittèrent Angers sous une petite pluie tenace qui traversait la pelisse enveloppant leur corps et mouillait leur visage enfoui dans la capuche. Le maître lissier avait pris l’adolescent en croupe. Accroché derrière lui, solidement campé sur les reins du cheval, il s’agrippait à son dos, les yeux fixés au loin pour tenter de discerner les abords de la ville.
Partis dès l’aube, comme ils le faisaient chaque mois, ils arrivèrent à Nantes en début de matinée. La pluie n’avait pas cessé de tomber et le ciel menaçant charriait d’énormes et lourds nuages venant en perturber la grisaille qui, depuis quelques semaines, s’était installée.
La ville répercutait les premiers bruits du matin. Déjà attachés aux chariots, les chevaux piaffaient, hennissaient, secouant leurs volumineuses crinières. Le claquement des sabots heurtait les pavés et, le long des remparts dans le quartier des commerçants, les échoppes commençaient à s’ouvrir et les cris des métiers à se répandre sur les places et dans les ruelles.
L’atelier de maître Yann, le brodeur de la reine Anne — elle l’avait toujours gardé et soutenu, même quand elle avait quitté Nantes lors de son mariage avec le roi de France — était un vaste local à deux étages qui jouxtait les remparts du château. Certes, l’espace n’était pas encombré de volumineuses machines dites de haute et de basse lisse comme celles des ateliers de tapisserie, mais l’endroit grouillait de la même agitation et le sol restait tout pareillement jonché de fils multicolores dont l’ensemble formait une immense et chatoyante vague.
Quand Jacquou entra dans l’atelier, il vit les ouvrières travailler en silence. Elles tiraient les fils de soie et les fils d’or.
Opération très délicate qui exigeait une grande minutie et un soin attentif. L’adolescent les connaissait toutes. Aussi, dès son entrée, elles levèrent le visage et lui sourirent d’un commun accord.
Mais, aujourd’hui, une fillette qu’il n’avait jamais vue attira particulièrement son attention et leurs regards se croisèrent longuement. Elle n’avait pas plus de dix ans, mais elle était grande, élancée et son joli visage plaisait à Jacquou.
La fillette triait minutieusement les fils défectueux pour les entasser dans un petit coin que, déjà, son sens de l’organisation avait repéré, là juste entre ses deux pieds chaussés de souliers inconfortables.
Au centre de la pièce principale, trois autres femmes installées devant leur cadran de bois, reportaient des motifs en piquant leur carton de trous menus pour y faire pénétrer la poudre de craie. Elles effectuaient ce geste tranquille et sûr montrant qu’elles connaissaient parfaitement leur besogne.
Enfin deux autres s’appliquaient à tendre des fils sur un cadre rectangulaire, plus mince et plus petit, qu’elles avaient posé sur leurs genoux.
À cette époque encore médiévale, les ateliers de broderie engageaient plus volontiers les hommes que les femmes.Mais la reine Anne qui, dans sa confortable galiote, se déplaçait souvent d’Amboise à Nantes en suivant tranquillement la Loire, aimait à visiter ses ateliers de broderie pour y trouver des jeunes femmes talentueuses qu’elle faisait venir à sa cour.
C’est ainsi qu’à l’atelier de maître Yann, contrairement à beaucoup d’autres, on remarquait autant de femmes que d’hommes. La reine y veillait farouchement et déléguait parfois deux ou trois de ses suivantes, lesquelles avaient été formées dans l’atelier de maître Yann, pour ramener en Val de Loire celles qui maîtrisaient parfaitement le métier des brodeurs.
En ce début d’automne, deux suivantes de la reine avaient été envoyées chez le brodeur nantais pour y détecter quelques jeunes filles compétentes.
Blanche de Montbron et Louise de Chatillon aperçurent tout de suite les trois ouvrières qui travaillaient sur les cadrans de bois, Annette, Eloïse et Gaëlle. Elles étaient ouvrières et se perfection-naient d’année en année, promettant de devenir un jour expertes dans la profession. Il fallait dire qu’elles savaient déjà maîtriser le point plat couché sur fond de fils d’or et le point fendu en doubles fils de soie. Gaëlle savait même manier avec une dextérité peu commune le fil métallique doré et tressé qui rendait les chapes d’église et les bourses à sceaux plus rigides et plus solides.
— Votre travail est superbe, dit Blanche de Montberon à Gaëlle qui terminait une chape d’évêque en y fixant ses fils métalliques.
— Le mien aussi, jeta gaiement sa compagne Eloïse en tendant son ouvrage travaillé à l’or fin. Tenez, regardez-moi ce travail et dites-moi qu’il n’est pas moins beau que celui de Gaëlle !
— C’est vrai, admit Louise de Chatillon. Vous êtes toutes deux des artistes.
— Ah ! demoiselle Blanche, jeta Eloïse, voici plusieurs fois que la reine vous envoie chez maître Yann et que vous faites des louanges sur notre travail. Notre plus cher désir, à Gaëlle et à moi, serait que nous puissions vous suivre en Val de Loire. Croyez-vous que cela soit possible ?
— Moi, je préfère rester à Nantes, lança Annette qui n’avait d’ailleurs point proposé que Louise ou Blanche se préoccupassent de son ouvrage.
— Oui ! Qu’en pensez-vous ? s’écria Gaëlle.
Louise tourna la tête à droite, puis à gauche afin de s’assurer qu’on ne l’entendait pas, et reprit d’un ton plus bas :
— La reine réclame plusieurs brodeuses, précisa-t-elle. Je pense que la place est assurée pour vous trois.
Elles virent tout à coup déambuler la fillette qui semblait fascinée par la silhouette de Jacquou depuis son arrivée dans l’atelier.
— Oh ! Que vais-je devenir, si vous partez toutes les trois ?
Elle avait des larmes aux yeux et paraissait si triste qu’Annette la prit dans ses bras.
— Je resterai, fit-elle. Tu sais bien que je ne veux pas quitter Nantes.
— Qui est cette fillette ? demanda Louise de Chatillon.
— C’est Alix, une orpheline dont nous nous occupons chacune à tour de rôle. Son père est mort pratiquement à sa naissance pendant la peste dernière, et sa mère est décédée l’an-née passée. Ils travaillaient tous deux ici comme brodeurs.
C’est pourquoi maître Yann l’a prise à l’atelier malgré son jeune âge. Elle trie les fils défectueux. C’est une tâche facile à effectuer pour une enfant de son âge.
— Quel âge as-tu ? fit Blanche.
— J’ai huit ans.
— Tu parais plus âgée. C’est sans doute

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