Les couloirs du bonheur
168 pages
Français

Les couloirs du bonheur , livre ebook

168 pages
Français

Description

Maximilien est un jeune orphelin obligé de quitter la maison familiale pour se rapprocher de l'école. Au hasard d'une rencontre, il se lie d'amitié avec Mayiha, un jeune analphabète choyé par sa grand-mère. Chacun d'eux voit en l'autre un enfant heureux. Commence alors pour les deux paysans désormais inséparables un combat acharné contre la misère. Une aide inespérée conduit Maximilien en France où il doit poursuivre ses études supérieures. Cette séparation bouleverse la vie des deux amis.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296513488
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

16,50ISBN : 978-2-336-00901-8
Sophie Françoise Bapambe Yap Libock
Les couloirs du bonheur
Femmes & Savoirs
Roman
Les couloirs du bonheur
FEMMES ET SAVOIRS Collection dirigée par Alice Delphine TANG  La collection « Femmes et savoirs » intègre tous les ouvrages qui contiennent des savoirs diffusés par les femmes, des savoirs diffusés pour les femmes et des savoirs diffusés sur les femmes. Dans ces rubriques se retrouvent aussi bien les œuvres de fiction (roman, nouvelle, poésie, théâtre, épopée, conte, etc.) que les essais littéraires, philosophiques, ethnologiques, anthropologiques, sociologiques et mythologiques. La collection « Femmes et savoirs » est un espace scientifique dont le but est de donner une grande lisibilité des écrits réalisés par les femmes ou portant sur les femmes. Déjà parus Alice Delphine TANG et Marie-Rose ABOMO-MAURIN (éds), Jacques Fame Ndongo. Esthétique littéraire, 2012. Charles LE GRAND TCHAGNÉNO TÉNÉ,Demain l’Afrique. Poèmes, 2012. Fidoline NGO NONGA,Économie de l’environnement. Outils de gestion économique de la biodiversité, 2012. Ben MAGE, Les marguerites. Poésie, 2012. Serge Cyrile NWAWEL,Reflets. Poésie, 2012. André Marie AWOUMOU MANGA,Le coupable. Pièce de théâtre en cinq actes, 2012. François A. NTSAMA,Partage. Poésie, 2012. Stéphane DE MÉGAHSHI,des siècles. Le trône du L’héritage pacte sacré. Théâtre, 2012. Antoine Didier MBANGO,Mabola, la fille des douleurs ou le parfum maudit, 2012. Laël LONBON,Les mues : entre us et usure. Poèmes, 2012. Olivier G. H. NGAH,Une épine dans le cœur. Roman, 2012. Olivier G. H. NGAH,Il y a un soir en 1973… Théâtre, 2012. Arie Serge EMOSSI de BEGNI,Tribulations. Nouvelles, 2012. Arie Serge EMOSSI de BEGNI,Ma plus belle lettre est pour vous. Roman épistolaire, 2012. Jean-Claude FOUTH,Femme émancipée, 2012.
Sophie Françoise Bapambe Yap LibockLes couloirs du bonheur
Roman
Du même auteur Ouvrages didactiques, co-auteur de : La langue française au second cycle classe de Seconde,Afrédit, 2006La langue française au second cycle classe de Première,Afrédit, 2009La langue française au second cycle classe de Terminale,Afrédit, 2009Romans : Le Trouble en héritage,Clé 2007Le Dévoilement du silence,Harmattan 2010© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00901-8 EAN : 9782336009018
A TOUS CEUX QUI PRÉSERVENT LES VALEURS AUTHENTIQUES DE L’AFRIQUE ANCESTRALE…
A Lo wem é é (Mon mari !) - Madjo ! (littéralement Grand-mère !) - Kôba le u nke i nyunga cacao i Songmbengue ! (Apprête-toi à aller vendre le cacao à Songmbengue). - Hala ! (c’est ça !) Mayiha fila à la rivière. Il se lava aussi rapidement qu’il le put. De retour à la maison, il chaussa ses « Ekambi », 1 chaussures en plastique transparent, enfila son hap kaki ainsi qu’un boubou fait de l’ancien tissu appelé Aaka libado. Madjo lui donna à manger. Du poisson cuit à l’étouffée, accompagné du manioc réchauffé sur des braises. C’était les restes du repas de la veille. Elle l’aida ensuite à soulever l’énorme sac de cacao et à le poser sur sa tête. Et l’enfant s’en alla.
Songmbengue était à plus de vingt kilomètres de Bondjock. L’enfant s’engagea seul sur la piste, sans argent ni provision. Si tout se passait bien, il pourrait être de retour dans deux jours. Personne ne s’inquiétait. Il n’y avait aucun danger à cheminer seul au village. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter pour la route. La nourriture ? Il en trouvera bien dès qu’il aura faim. Le problème de bonbonne d’eau ne se posait pas non plus. Il ne savait certes pas où il allait dormir, mais cela ne constituait pas un souci ! Combien de fois avait-il vu Madjo loger des étrangers ! Elle leur donnait à manger et à boire alors qu’elle ne les connaissait même pas ! Dans la région N’saa, ainsi se recevaient les étrangers. Dans certaines cases, il y avait même une chambre pour les passants qui voulaient se reposer. Mayiha prit donc le chemin de Songmbengue sans se soucier de quoi que ce soit.
1 Short
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Les premiers rayons de soleil commençaient à filtrer entre les feuilles touffues des arbres sous lesquels se trouvait la piste que Mayiha avait empruntée. Après près de cinq kilomètres de marche, son cou commença à s’enfoncer sous le poids de la charge. Sa chemise en Aaka devint complètement trempée de sueur. Mayiha avait faim. Il se sentait fatigué. Le prochain village n’est pas loin, pensa-t-il. Je pourrais soulager mes petites jambes et mon cou !
Quelques centaines de mètres plus loin, Mayiha entendit des poules caqueter. Assurément, les maisons étaient proches ! La piste céda soudain sa place à une rue soigneusement sarclée à la houe. A quelques mètres seulement de la lisière de cette piste, il y avait une étagère recouverte de feuilles de bananiers. En dessous, bien calée entre deux pierres, une calebasse d’eau bien fraîche avec une écuelle posée sur le couvercle. Accroché à des lianes, un régime de bananes mûrissant. Mayiha connaissait bien cette pratique. Il accompagnait souvent Madjo attacher un régime de banane dans « la cabane du passant », changer l’eau à boire ou remplir le récipient. Il cueillit deux doigts de bananes qu’il dégusta gloutonnement. Il avait plutôt bon appétit ce matin-là. Il aurait bien pu en consommer deux autres ! Mais Madjo lui avait toujours dit qu’il fallait penser aux autres, surtout lorsqu’il s’agissait d’un repas collectif. Si des dizaines de personnes arrivaient après lui, il faudrait bien qu’elles aient de quoi manger elles aussi.
Mayiha tenait toujours sur la tête son sac de cacao. Il n’arriverait jamais à le porter tout seul s’il se déchargeait. Il espérait bien prendre une pause au village prochain. Il se courba péniblement pour boire. Sa charge était bien lourde. L’eau fraîche le désaltéra. Il la sentit parcourir son corps entier et les forces lui revinrent. Ce petit ravitaillement lui redonna du courage. Mayiha reprit sa route plus sereinement. La faim est une mauvaise chose, pensa-t-il. Il
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marchait les yeux fixés sur le sol, en espérant que le village n’était plus loin. En levant les yeux, il aperçut une grand-mère qui séchait des arachides dans sa cour. 2 - Bonjour Mbombo ! dit-il à l’adresse de la vieille dame. 3 - Bonjour « Ta man » ! répondit-elle. Viens donc te reposer un peu ici avant de poursuivre ton chemin. Tu dois être très fatigué ! Mayiha ne se le fit pas dire deux fois. Il pencha sa tête et son fardeau se posa sur l’étagère qui sert d’ordinaire à sécher le cacao. Elle était vide. Le cacao avait déjà été séché, c’était le moment de la vente. Mayiha tourna son cou à droite, puis à gauche. Ses os craquèrent. Ses muscles se détendirent. Il se sentit soulagé. La vieille dame lui demanda de s’asseoir sur le banc placé à la véranda.
Après avoir soigneusement étalé ses arachides sur une vieille feuille de tôle, elle pénétra dans la maison. Elle en sortit quelques minutes après avec une assiette fermée et un plat. Dans l’assiette, du manioc cuit et trempé à la rivière pendant deux ou trois jours : « Mbóñ lép » et dans le plat, des arachides grillées. Mayiha mangea avec appétit. Il ne pouvait terminer tout ce manioc ! Pour la vieille dame, il n’y avait aucun souci. Celle-ci lui conseilla toutefois de verser les arachides dans la poche de son short, cela lui permettrait de grignoter en chemin.
Après cette pause d’une trentaine de minutes, Mayiha voulut prendre congé de l’adorable Mbombo. Celle-ci l’aida, avec les petites forces qui lui restaient, à recharger son fardeau. Fort heureusement, il avait été déposé sur une étagère. C’eût été assez pénible pour cette grand-mère de devoir le soulever à partir du sol. Il était vraiment pesant.
2 Mot utilisé pour désigner les grand-mères.3 Petit papa.
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