Les Emigrants
131 pages
Français

Les Emigrants , livre ebook

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131 pages
Français

Description

Alima, rêve d'abandonner son mari et ses deux enfants pour rejoindre sa copine qui a épousé son correspondant sur le net, en Suisse. Ce roman dépeint les réalités africaines de l'heure à travers les mésaventures incroyables d'une bande de jeunes assoiffés d'émigration.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 9
EAN13 9782296232495
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jimmy LoveLes Émigrants
Alima, l’épouse de l’inspecteur Makossa, rêve d’abandonner son mari
et ses deux enfants pour rejoindre sa copine qui a épousé son
correspondant rencontré sur le net, en Suisse.
Diplômés d’université et au chômage depuis une dizaine d’années,
Tetkap qui est mototaximan et Talla, le gérant de l’Emigrer bar, misent sur
l’Agence de l’émigration qui exige pourtant un million d’africas par
personne, pour le voyage européen – il s’agit de la monnaie unique
adoptée par tous les États africains. Un euro vaut trois cent trente-six
africas. Moussa, qui refuse les boulots dégradants, compte sur la loterie Les Émigrants
américaine. Les conseils de Bisseck, fraîchement rapatrié de France, et
assurant Moussa, Tektap et Talla que l’avenir des jeunes Africains se
trouve en Afrique, ne les dissuadent pas. Enfin, Magapgouet est
amoureuse de Tetkap, mais son père jure de la marier de force à Siga qui
vit et travaille à Paris, pour qu’il favorise l’émigration de ses deux fils roman
aînés.
Les Émigrants est un roman qui dépeint les réalités africaines de
l’heure à travers les mésaventures incroyables d’une bande de jeunes
assoiffés d’émigration. L’amour passion, la trahison, l’arnaque, l’alerte à
la bombe, ainsi que les soupçons de tentative de coup d’État en Guinée
équatoriale, constituent le cocktail explosif qui alimente un suspense à
couper le souffle.
Jimmy Love est docteur en Économie et enseignant à l’université de
Yaoundé II. Il a publié son premier roman intitulé « Le bonheur immédiat » aux
éditions CLE, au Cameroun. Il est aussi musicien et prépare un album sur le
même thème.
ISBN : 978-2-296-09426-0™xHSMCTGy094260z 13€
Jimmy Love
Les ÉmigrantsChapitreI
C’était un après-midi du mois de juillet, en plein été,
l’été camerounais dont la région de Yaoundé détenait seule le
secret. En effet, un peu partout sur l’étendue du territoire
national, on ne comptait que deux saisons: huit mois de saison
des pluies, de la mi-mars à la mi-novembre, et quatre mois de
saison sèche.Parcontre,àYaoundé, il yavaitbel etbien quatre
saisons, dont une petite saison sèche, de juinà finaoût, que nous
pouvons qualifier d’étécamerounais.
Ce soir-là, il faisait moins chaud et la clarté du ciel ne
présageait point l’imminence d’une averse. C’était un temps
idéal pour les vacanciers en mal de farniente qui, accompagnés
ou pas, se prélassaient dans des jardins publics devenus
abondants dans lacapitalecamerounaise.
En effet, dans un pays où lever lecoude était devenu un
sport national, l’endroit le plus prisé pour passer le temps était
fatalement le bar. Finie l’époque où le président Ahidjo, l’ex,
exigeait la distance de plusieurs centaines de mètres entre deux
bars, ou bien, interdisait l’ouverture d’un débit de boissons à
proximité d’une école ou d’un établissement public. En ce
temps-là, la vente de l’alcool était strictement réglementée. La
procédure d’obtention d’un agrément pour ouvrir un débit de
boisson relevait d’un parcours decombattant.Depuis, leschoses
avaient changéet la bière devenait la chose la mieux distribuée
au pays. Iln’était pas surprenant quece petitEtat pauvre et très
endetté, ravît une fois de plus, le maillot jaune parmi les pays
africains les plus grands consommateurs de champagne. Triste
record !
Dans une ville éloignée de la mer, où le ministre de la
Villeavait lancé des travaux pour l’aménagement des plagesau
bord de laSeine, que dis-je, du lac municipal, les jardins publics
5étaient pris d’assaut par des vacanciers, principalement les non
alcooliques qui,accompagnés ou non, passaient dubon tempsà
la manière des romantiques. Le plus bel endroit était sans
conteste le jardin public de l’hôtel de ville.
Parmi ces paresseux qui voulaient imiter les
Occidentaux, il y avait Tetkap, un jeune garçon trentenaire, de
taille moyenne, à la barbe mal rasée, qui était assis sur un banc
public, les jambescroisés, le regard rivé sur un recueil decontes
qui défrayait lachroniqueàce moment-là, dans le pays.
Scotché sur le banc immaculé, Tetkap faisait semblant
de dévorer avec avidité les histoires hilarantes du «Poisson
parlant ». Et pourtant, la mélancolie de son visage, le regard
immobile et la page qu’il regardait depuis une demi-heure,
attestaient sans nul doute, quece faux lecteur dormait.Drôle de
sommeil !
Ildormait les yeux ouverts, les jambescroisés, les mains
posées sur sa cuisse droite et le livre ouvert, bien calé dans les
mains. En réalité, il ne dormait pas, mais il pensait. Il
réfléchissait, il calculait, il analysait. Mais qu’est-ce qui
préoccupait à ce point, ce jeune garçon à la fleur de l’âge ?
Comment donc le savoir ? Il fallait entrer dans sa conscience
pour explorer ses pensées.
Ce jour-là, il y avait du monde dans le jardin public,
mais Tetkap ne voyait personne. Derrière lui, un couple
d’apprentisamoureux étaitassis sur un pagne fleuri, déployé par
la fille. Ils se caressaient amoureusement du regard. Par
moment, ils se racontaient des âneries et riaient comme le maïs
grillé. La timidité de l’un et de l’autre paralysait le spectacle.
Quel gâchis !
Subitement, le portable de Tetkap sonna et il sursauta
avant de le sortir de la poche de sachemise.Puis, il s’empressa
de regarder l’écran. Mais son visage qui en quelques secondes
s’illuminait, secrispaà nouveau.
-Allô !...
-Où es-tu ? demanda une voix d’hommeau téléphone.
-Dans le jardin public de l’hôtel de ville.
-J’arrive.
6Un peu déconcentré par le coup de fil, le regard de
Tetkap ne se plongea pas directement dans le livre, mais se
balada autour de lui, sans s’attarder sur le couple de débutants
qui tremblait d’amour et de timidité.Imperturbable, il replongea
son regard dans le recueil en attendant l’arrivée de son ami
Moussa.
***
Moussa se trouvait encore chez lui, je voulais direchez
son frère aîné, où il vivait au pair. C’était une modeste case de
quatre pièces situéeaubord de la route,au quartierNsimeyong,
àYaoundé, près ducarrefourTamtam week-end(nom d’unbar).
En plus du séjour, il y avait deux chambres à l’intérieur: son
frère Makossa occupait l’une d’elle, avec son épouse Alima,
tandis que l’autre était occupée par leurs deux enfants, Amina,
l’aînée, et Ali, le cadet. La porte de la troisième chambre, celle
deMoussa, donnait sur l’extérieur.Makossa l’avait vouluainsi,
parce qu’il comptait la mettre en location. Effectivement, du
temps où Moussa était étudiant et vivait dans le campus
universitaire deNgoaEkellé, elle était occupée par un locataire.
Mais après qu’il eût obtenu son diplôme de licence, son frère
expulsa le locataire pour le loger, croyant que c’était pour
quelques temps.Mais voilà que dixannées s’étaient écoulées, et
Moussa n’arrivait toujours pasà trouver un emploi.
Ce soir-là, Moussa était pressé. Il avait hâte de voir
Tetkap, son meilleurami, pour lui demander quelquechose qui
semblait très important pour lui. Mais il était bloqué, car il ne
pouvait pas laisser les enfants seulsà la maison.Leur mère était
allée surfer dans un cybercafé et tardait à revenir. Moussa finit
par l’y rejoindre.
Au Cameroun, l’Internet était entré dans les mœurs,
même si la plupart d’internautes y allaient pour chercher l’âme
sœur. Dans le cybercafé, il yavait du monde et en majorité des
femmes.Chacune d’elle, mariée ou pas, explorait les sites roses
qui traitaient des rencontres matrimoniales. Elles recherchaient
principalement des Occidentaux, car toutes avaient en tête, le
désir d’aller en Occident. Et l’Internet semblait être le court
7chemin, bien entendu, après la loterie américaine que toutes
jouaient chaque année. Il suffisait d’écrire à des dizaines de
correspondants. Si, par hasard, l’un d’eux accrochai

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