Les mal-aimés
120 pages
Français

Les mal-aimés , livre ebook

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120 pages
Français

Description

Captivant, désinvolte, audacieux, ce récit déploie une série de vies et d'expériences humaines qui se succèdent vertigineusement en répétant, comme à l'époque des mythes, des événements semblables, de structure analogue. Les mal-aimés raconte le passé des personnages de la Fosse aux ours, publié en 2003. Cette oeuvre illustre un des traits de la postmodernité dans la littérature latino-américaine que constitue l'intertextualité et dans le cas d'Esteban Bedoya, l' auto-intertextualité.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 18
EAN13 9782296515710
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Esteban Bedoya
Les malaimés Traduit de l’espagnol (Paraguay) par Joël Dusuzeau et Éric Courthès
n a Rom
Les mal-aimés
L'Autre Amérique Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin  Cette collection de littérature latino-américaine, du Mexique et des Caraïbes au Brésil, à l’Argentine ou au Chili, a pour vocation de faire connaître en France des écrivains latino-américains de talent, poètes ou prosateurs, rarement ou jamais traduits en français. Elle accueille des textes en français ou bilingues, espagnol-français, portugais-français, langue-amérindienne-français. Dernières parutions OÑATE Iván,La hache enterrée, 2009. ALTAMIRANO Ignacio Manuel,Le Zarco, trad. Françoise Léziart, 2009. FINZI Alejandro,La peau ou la voie alternative du complément (théâtre), 2008. LABROUSSE Alain,La mort métisse. Récits fantastiques d’Amérique du Sud, 2008. ROA BASTOS Augusto,Métaphorismes, 2008. MIGUEL Salim,Brésil avril 1964. La dictature s’installe, trad . L. Wrege et J.-J. Mesguen, 2007. CAVALCANTI DE ALBUQUERQUE M. C.,Jean-Maurice de Nassau. Prince et corsaire.Roman historique, 2007. ROJAS BENAVENTE Lady,Étoile d’eau. Estrella de agua, 2006. BUSTAMANTE MÉJICO Catalina,Mot non dit. Poèmes bilingues espagnol (Pérou) – français, 2005.AGUIAR Cláudio,Complainte nocturne, 2005. DE FRANCISCO,Le nain et le trèfle. El enano y el trébol. Bilingue français-espagnol, trad. Michel Falempin, 2005.FIALLO Fabio Rafael,Fin de rêve à Saint-Domingue, 2004. LARBIN Mario,Rio tranquilo, histoires de Patagonie, 2004. MARTI José,Il est des affections d’une pudeur si délicate... lettres à Manuel Mercado, 2004.
Esteban Bedoya Les mal-aimésRoman Traduit de l'espagnol (Paraguay) parJoël Dusuzeau et d’Éric Courthès L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99823-0 EAN : 9782296998230
Préfaced’Éric Courthès
Ce livre d’Esteban Bedoya appartient sans aucun doute au réalisme magique latino-américain, dans un processus ressemblant à celui de 1 Rivera Letelier dans le savoureuxEl fantasista .Il parvient à perpétuer ce mouvement littéraire des années 70, en s’appuyant sur les figures de 2 plusieurs monstres , qui semblent tout droit sortis du “Peuple-Bêtes” 3 d’Adolfo Bioy Casares, dansL’Invention de Morel . Parmi tous ces hommes-animaux, il y en deux qui dominent : Bartolomeo Marietti et Miguel Podestá, arrière-petit-fils d’un dompteur d’ours gitan, qui est en réalité son double, puisqu’il est le petit-fils de Michelangelo Podesta, dont l’identité fut usurpée par Bartolomeo, dans le bateau qui les menait de Gênes à Buenos Aires… Miguel Podesta, c’est donc l’Homme-Ours, la figure de l’animal le poursuit partout et il finit son étrange course comme témoin du viol de Vivianne, une superbe étudiante suisse, par un ours assassin et pervers, 4 avant de se jeter évidemment dansLa fosse aux oursde Berne, afin de punir le supposé coupable… Cette œuvre démontre aussi clairement que l’un des fondements de la postmodernité dans la littérature latino-américaine, c’est l’intertextualité, et dans le cas d’Esteban – et en ceci il ressemble 5 beaucoup à Augusto Roa Bastos –, l’auto-intertextualité, que j’ai déjà 6 conceptualisée dans d’autres travaux comme endotextualité… « Le texte s’observe et se génère lui-même »,Les mal-aiméssont une répétition deLa Fosse aux ours,publié un an auparavant, cependant, celle-là raconte le passé des personnages de celle-ci… En réalité, tout le système narratif est duel, voire triple, comme chez Roa : Bartolomeo est dédoublé en Podesta par l’auteur mais il est
1. Editorial Punto de lectura, Santiago de Chile, 2008. 2. Esteban m’a avoué il y a peu sur Skype qu’il avait passé son enfance à dessiner des monstres… 3. Ediciones Colihue, Buenos Aires, 2008 (1940). 4. Arandurá Editorial, Asunción, 2003. 5. Le plus grand écrivain paraguayen, et sans doute l’un des plus grands de la planète, toutes générations confondues, auteur du roman le plus sémiotique e du XX siècle :Yo, el Supremo, Ediciones Siglo XXI, Buenos Aires, 1974. 6.Lo transtextual en Roa Bastos, Universidad Católica, C.E.A.D.U.C., Biblioteca de Estudios Paraguayos, vol. n° 67, Asunción, 2006.
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1 créé par son petit-fils Miguel , qui peut donc être considéré comme le double de l’auteur… Les limites entre réalité et fiction deviennent indicibles, et c’est le 2 3 Baron , l’un des mal-aimés de l’œuvre , qui en a l’intuition, avant d’être précipité dans un ravin par Bartolomeo Marietti… 4 Ensuite, ce qui fait l’universalisme et l’intérêt de l’œuvre, c’est le thème de l’errance, qui est rapporté à son contexte alémanique, à Nietzche et à Goethe ; on pense inévitablement aussi auParfumde Suskind;et bien entendu aussi à la thématique du mal, écho du Baudrillard le plus sanglant, inscrite dans la fusion séduction-5 destruction de l’Autre … De fait, dans cet ouvrage, comme dans toute toute l’œuvre d’Esteban, règne une immense frustration, les stratégies de séduction de Gregorio García avec Dolores et de Miguel Podesta avec Vivianne, échouent lamentablement ; la quête de l’autre, alors, ne peut plus se faire que dans son absorption, résolument zoophilique et 6 quasiment de type anthropophagique … 1.Cf.52 : « Il se voyait comme la partie essentielle d’une fiction au point p. de réinventer sa propre histoire familiale. » 2.Cf? Si toi et moi16 : . p. si tout ça n’était qu’un mensonge absurde « Et n’étions que des personnages de fiction ? » 3. On pourrait citer aussi Grigu García, Bartolomeo Marietti, Miguel Podestá, de fait, aucun de ses personnages ne découvre l’amour dans l’autre, ils sont rejetés soit à cause de leur banalité, soit à cause de leur monstruosité… 4. Esteban est architecte ; il adore donc multiplier les espaces, non seulement géographiques, de la Suisse et l’Italie vers l’Argentine et le Paraguay, mais aussi, narratifs… Alors que Roa, en partant seulement du local ou presque, atteint l’universel, Esteban s’y promène, car il a eu aussi la chance d’être chargé d’Affaires du Paraguay, en Suisse, et actuellement en Australie… 5.Cf. exergue de Jean Baudrillard, tiré deLa transparence du mal, p. 23 : « Tout un chacun est le destin de l’autre et, sans doute, le destin secret de tout un chacun est de détruire l’autre (ou de le séduire), non par malédiction ou du fait d’une quelconque pulsion de mort, mais parce que le destin de chacun est en relation d’interdépendance avec les autres. » 6.Cf. Victor Segalen,Les immémoriaux, Maori : une civilisation du Pacifique, Plon, Paris, 1982 (1956).«Tu es mon ennemi mais j’admire la force de tes jambes, donc je te tue et je les dévore… Tel était l’un des fondements du cannibalisme chez les Maoris, arracher à l’autre ce qu’il avait de meilleur, après l’avoir vaincu, bien souvent il s’agissait des yeux, et alors le vainqueur les arrachait et les avalait tout crus…»
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L’idée de karma ne doit pas être séparée de celle de renaissance. La question décisive est de savoir si le karma appartient en propre à une personne ou non. C.G. Jung
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