Les vœux du larynx
73 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Quelles sont vos aspirations les plus essentielles ?

Il y a des promesses, il y a des souhaits, des envies et des besoins. Il y a aussi des prophéties. Mais de tous, les vœux sont ceux qui reflètent le mieux les aspirations d’un être, les désirs de tout un monde…

Suivez le narrateur dans ses observations et ses réflexions avisées sur l'âme humaine, avec ce roman qui explore les caractères, les espoirs, les craintes et les envies de ses personnages.

EXTRAIT

Mopila était aussi connu pour être sensible aux doléances des amateurs de l’autostop. Car il ramassait en toute impartialité l’un quelconque des voyageurs fauchés et présents sur son chemin. À l’occasion, le klaxon symbolisait l’acquiescement et l’amitié bantoue, la ligne directrice de cette humanité. Et en guise de réponse à ce grand geste de générosité, ces voyageurs esquichés les uns sur les autres, le temps d’un trajet, le starifiaient à l’arrivée. Mais lui n’en avait cure.
— du fait que l’Homme démuni manque quelquefois de courage, l’Homme généreux est celui dont les aptitudes sont exercées à déceler le non-dit pour assouvir les envies du petit. Je crois que l’Homme généreux a le cœur sur la main parce que l’Homme besogneux a la main sur le cœur. Il n’oublie pas que donner est le privilège des dieux ; mais ne piétine pas pour autant la dignité de celui qui reçoit, martelait-il. Et ses propos d’où transparaissait une bonne éducation me coûtaient le regret d’appartenir à une famille différente de la sienne.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jared Benjamin Mamouna est né à Brazzaville, en République du Congo. Il a vécu dans plusieurs capitales du Monde et parle dix langues. Les Vœux du Larynx est son troisième ouvrage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 août 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782851136657
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jared Benjamin Mamouna
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Les vœux du larynx
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Lys Bleu Éditions—Jared Benjamin Mamouna
ISBN : 978-2-85113-665-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Jacqueline et Lambert MAMOUNA, ma bien-pensance de bantou.
 
À
Messieurs Mawa Thomas et Moumbélé Jean-Claude : par-devers le participe passé !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour
Esther Nyacke Ntah et Zoila Epossi Kroll : surabondamment
 
Et parler de Chancelvy Mbama Kombo, pour les moyens techniques.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Lors, Julie et Prisca Kamdem, de par leurs noms de jeune fille, devront être louées pour l’indulgence et la grande patience dont nous sommes tous témoins
 
J’aurais voulu dire aux Sadducéens de
Rafistoler l’âme de Kaly Trésor Steve Bienvenu 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« La littérature se sert du procédé qu’emploie la peinture, qui, pour faire une belle figure, prend les mains de tel modèle, les pieds de tel autre, la poitrine de celui-ci, les épaules de celui-là. L’affaire du peintre est de donner la vie à ses membres choisis et de la rendre probable. »
Honoré de Balzac
 
 
 
 
 
 
Bec verseur
 
 
 
Je suis noir, mais pas nécessairement comme l’ardoise d’un écolier du cours préparatoire, à la surface de laquelle trônent des traits penchés, des traits couchés, des traits vrillés, architecturés à la craie blanche. Et ma tête, contrairement à celle d’autrui, ne laisse guère penser au contenu d’un tiroir renversé ; elle est faite de souvenirs positifs et d’histoires vues comme récits d’évènements antérieurs et de tous ces grands livres rencontrés au cours de mon parcours. Les Nourritures Terrestres d’André Gide ; le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ; l’Enfant Noir de Laye, pour n’énumérer que ceux qui viennent de me revenir à l’esprit.
 
Je suis nègre, pourtant je ne bâille pas forcément comme Léon. Est-ce que nous avons les mêmes zygomatiques ? Est-ce que les mêmes causes doivent produire essentiellement les mêmes effets ? Est-ce que les mêmes causes et les mêmes effets donneront inéluctablement les mêmes sensations ? Moi, je le connais, lui et son époque marquée par ce que l’on sait ou plutôt gangrénée par ce que l’on a voulu savoir et ce que les uns et les autres n’ont pas voulu voir. Mais moi et ma contemporanéité : qu’en sait-il vraiment ?
 
Léon, quand tu racles violemment la gorge et ses allées comme s’il y avait de l’huile frelatée tu me gênes.
Léon, quand tu évacues malaisément les eaux usées de ton épithélium
à la moindre occasion
tu me gênes
Léon, quand tu bailles allusivement vêtu d’un torse nu tel un homme imbu de lui-même
tu me gênes
de toi, on ne peut obtenir que la même antienne
ces excentricités anciennes pour lesquelles soixante-huitard tu es
de toi à moi, il n’y a pas qu’un pas
il y a des passants, des pas sans empreintes
pardon, laisse-moi ici
 
 
Tout comme Burghardt, « je suis nègre et je me réjouis de ce nom ». C’est aussi celui de Madiba, la Légende du consensus. C’est également celui de Gandhi, l’apôtre du Règlement Alternatif des Conflits. Mais de là à être « fier du sang noir qui coule dans mes veines », ça alors ! Comme si celui qui anime l’âme des voisins n’est que pure contrefaçon. Comme si le rembobinage des pellicules de l’Histoire, insidieusement, inciterait quelques-uns à minorer l’humanité d’autrui et à suprémacier la leur…
 
J’y vois plutôt une forme de rancœur infertile. Une sorte de rancune stérile. Le genre d’altercation qui n’aboutit à aucun résultat probant, parce que, entaché d’esprit revanchard. Quand on pardonne, on oublie. Quand on pardonne, on doit oublier. Quand on a pardonné, il faut oublier. Il le faut. Autrement dit, cesser de juger l’autre en relation avec un aspect de son passé antérieur. Sinon, tu promèneras constamment une conscience troublée, recourbée et saillante, en grande partie par ta propre faute, exactement comme ces crachats qui te retombent à la figure à cause de vents contraires. Te souviens-tu seulement de Vian ?
 
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant Mercredi Soir
(…)
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer de pauvres gens
(…)
Je m’en vais déserter
Si vous me poursuivez*
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer
 
Moi je suis nègre et c’est là mon nom. C’est une réputation qui me colle à la peau depuis soixante ans, pratiquement. Et c’est pour faire genre que je me lave la peau avec le concours de l’hydroquinone. Non ? Ne dites pas que je vous rappelle Michael Jackson. Ne dites pas que je suis le prototype de l’aliénation culturelle. Aliénation culturelle par-ci, aliénation culturelle par-là. Qu’est-ce que c’est que l’aliénation culturelle ? Que vous clamez tout haut sur les toits de la République ? Une nouvelle forme de gouvernance ? Qu’est-ce donc que cette aliénation culturelle, ah ? Une sorte de confinement des mentalités ? Tant pis pour moi si me tatouer l’épiderme est synonyme de courtiser une femme occupée :
 
Tendre demoiselle,
toi, dont la beauté
est comme une phrase de violoncelle
comment te dire sans coup férir
que mon petit cœur
recherche une âme sœur ?
 
Tu me diras que nous sommes amis
je te répondrai que d’amis à amant
il n’y a qu’un pas
car l’amitié est une chenille
et l’amour, le papillon qu’elle pond
 
Je sais qu’il y a quelqu’un dans ta vie
mais tu sais qu’il n’y a aucun être
sur les parvis
de mon capital affectif
 
Je te fais donc cet aveu
dans l’espoir ultime
d’arracher, doucement, ton vœu
solennel, compassionnel et éternel ;
 
Écoutez, moi je suis conscient du fait suivant : mon nez restera, lui, épaté ; mes cheveux demeureront crépus, et le fond de mes yeux affichera toujours la même image, celle sculptée à l’origine par l’Ousmane Sow des Croyants. Même pas peur ! L’essentiel pour moi, c’est de mourir quant à ma physionomie générale habituelle et naître de nouveau. Car, on a beau naître noir comme du charbon, on peut renaître comme on l’entend. Je ne possède pas pour autant un moi profond qui transmigrerait dans un autre corps puis revivrait une ou plusieurs fois, sous une forme humaine ou animale, ainsi que l’enseigne Buka Lokuta, tous les dimanches matin, en la Cathédrale Ekoty ya Monseigneur. Avec sa longue robe d’ecclésiastique au col raide, il se la raconte devant un parterre de fidèles, nous traitant à demi-mots de transgres

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