Les voix des autres
358 pages
Français

Les voix des autres , livre ebook

-

358 pages
Français

Description

Ce roman nous entraîne dans une des périodes les plus noires de la fin de la guerre 39-45, celle de la grande épuration, avec ses débordements, ses exactions et ses meurtres. Il nous fait également pénétrer dans un laboratoire de recherche et partager le quotidien d'une équipe de scientifiques avec leurs incertituders, leurs doutes, leurs joies de découverte...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2011
Nombre de lectures 81
EAN13 9782296475885
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Image de couverture: à gauche: portrait au fusain, parGeneviève Maurel, à droite:
photo de neurones marqués par une sonde fluorescente de couleur verte, par: BV
Varga et al. Generation of diverse neuronal subtypes in cloned populations of
stemlikecells.
BMC Developmental Biology 2008, 8:89. (BioMed Central Ltd., London, United
Kingdom)
©L’Harmattan,2011
5-7,ruedel’Ecolepolytechnique,75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-56663-7
EAN: 9782296566637LesVoixdesAutresPatrickMaurel
LesVoixdesAutres
Roman
L’HarmattanÀ la mémoirede l’oncleLouis
À tanteEmma
ÀJeannettePrologue
autesCévennes, janvier 1944, 23 heures.C’est une nuit noire et froide.HUn homme avance à grands pas sur le chemin étroit et sinueux qui
monte au col de l’Ancise. Les bourrasques d’un vent glacial dévalant du Mont
Lozère enneigé, dont la silhouette sombre se découpe sur le fond étoilé du
ciel, se déchaînent par intermittence et font gronder et plier à se rompre les
branches des cèdres, hêtres et autres châtaigniers dans un vacarme
assourdissant. L’homme marche vite. Il n’est pas rassuré.De temps en temps,
il jette un regard furtif vers l’arrière, guettant toute lueur ou autre signe qui
révèlerait la présenced’un suiveur tropcurieux.Nul n’abesoindegravir le col
de l’Ancise à pareille heure. Aucune demeure, aucune ferme, sur des
kilomètres.Ce serait à coup sûr un de ces espions desFTP trop content de lui
mettre le grappin dessus. Mais non. Aucune lueur, aucun signe de présence
humaine. Et pourtant, il a le sentiment d’être suivi, observé, épié. Le vent
semble par moment l’enlacer, l’enserrer dans une tenaille puissante et cette
étreinte soudaine et glacée le fait frissonner, davantage de peur que de froid.
Toujours aux abois, toujours aux aguets, l’homme s’arrête, le souffle court. Le
contactde la milice nedevrait pasêtre loin.
Déjà unan qu’ilest leurinformateur.
Son recrutement s’était fait par l’intermédiaire d’Albert, pétainiste lui
aussi. Ça s’était passé très vite, dans un bistrot d’Alès à une heure de faible
affluence. Le “Commandant” était arrivé très en retard. Le visage froid et
inexpressif, un chapeau incliné sur les yeux, il avait parcouru la salle de brefs
coups d’œil circulaires, puis s'était assis sur le bord de la chaise, prêt à fuir.
Après que le serveur lui eut apporté son anis, il avait donné ses instructions à
voixbasse:
dAlors c’est d’accord. Tu nous livres un maximum d’informations sur
les mouvements des FTP dans le secteur et leurs objectifs. Ils vont encore10 LESVOIXDESAUTRES
tenter de cacher des STO, nous en sommes certains. Tu essaies également de
voir qui cache les juifs, où et comment.À chaque rencontre, tu auras le même
contact. Ne cherche pas à savoir son nom, ni à l’identifier! Il pourrait t’en
cuire.Tu lui livres tesinformationset tu t’éclipses.Un pointc’est tout.
Il s'était brièvement interrompu pour lancer quelques regards
méfiants dans le bistro. Tels des radars, ses yeux balayaient l'espace en
continu.Puis,ilavait repris sur le même ton:
d Nous devons nous méfier, les maquis sont de mieux en mieux
organisés et ils ont des espions partout.Dès que tu as une information, pas de
lettre, pas d'écrit, pas de téléphone. Tu passes par la voie habituelle,Albert. Il
te communiquera la date, l’heure, le lieu du contact et le mot de passe.C’est
biencompris ?
Le commandant s’était levé et était reparti aussi vite qu’il était venu. Il
n’avait même pas touchéà son verre.Il n’avait même pas regardéAlbert.
L’hommea repris sa marche.Malgré lefroid,ilcommenceà transpirer.Certes,
la montée est dure, surtout avec ce putain de vent contre lequel il faut lutter,
mais c’est surtout l’angoisse quienfle.Et si leurs plans avaient été découverts ?
Et si une vingtainedeFTP, lugerau poing, l’attendaient làhaut ?Àcoup sûril
passerait un sale quart d’heure, probablement son dernier quart d’heure. Et
cette pensée lui glace le sang. Par moments, il se dit qu’il aurait dû rester
tranquille, ne pas se mêler de ces histoires, laisser les choses se passer et
simplement les regarder de loin, en spectateur. C’était ce qu’il avait fait au
début de la guerre et après cette défaite militaire humiliante de juin 40. Et
puis, le Maréchal était arrivé et il avait fait les bons choix pour laFrance et les
Français.Mieux valaitavoir lesAllemandsavec nous quecontre nous.Mais les
communistes ne l’avaient pas entendu ainsi. Surtout depuis que leur ancien
allié nazi les avait lâchés. Staline et la Russie étaient alors entrés en guerre eux
aussi. Et les maquis s’étaient multipliés comme des larves. Ils se répandaient
partout et grouillaient sans cesse. Ils étaient bien armés et ils étaient nuisibles!
Leurs prétenduesactionshéroïques nefaisaient pasgrand malauxBoches.ParLESVOIXDESAUTRES 11
contre dans les représailles, pour chaque Allemand tué, dix bons Français
devaient laisser leur vie.Nuisibles!
Au détour d'un virage, à environ trois cents mètres devant lui, une
lueur blafarde crève la nuit. C’est le col. Le contact ne devrait pas être loin.
Toutàcoup, une voix sur sadroite:
dQuidonne l’Assaut ?
Etil s’entend répondre:
dLafranc-garde.
Le contact émerge du néant et s’avance. Il est grand et massif. Une
sorte de géant. Il est enveloppé d'un manteau noir. Un bonnet et un
cachenez, noirs aussi, masquent la majeure partie de son visage. Seule une ligne plus
claire ponctuée de deux orbites sombres est visible. L’échange est bref.
L’homme délivre son message. Comme le veut la procédure, il le répète une
foisencoreet repart sans se retourner.Lecontact n’a pas ouvert labouche.
Ce n’est qu’après quelques minutes que l’homme lance furtivement un
regard vers l’arrière. Le noir. Pas de trace du géant. Comment est-il venu,
comment est-il reparti ? Mystère. Mais l’homme s’en moque. Pour lui, la
mission est accomplie et sa tension retombe. Il a livré ses informations et la
milice va en faire bon usage. Demain, dans une semaine, dans un mois, on
apprendra telle ou telle arrestation, tel ou tel démantèlement d’un maquis ou
telle ou telle embuscade dans laquelle des FTP ou autres traîtres à Vichy
seront tombés.Alors, il prendra un air offusqué, s’insurgera même contre les
Boches, laGestapo et les collabos! Mais il sentira monter en lui ce sentiment
defiertéd’avoircontribuéàaider leMaréchal.
Queldommagede ne pouvoir partager toutcelaavec lesautres…Chapitre 1
Stanislas
Paris, mardi 10 juin 2003
a voie de l’hôtesse se mit à égrainer ses consignes: «Mesdames etLmessieurs en vue de notre proche atterrissage, veuillez regagner votre
siège et attacher votre ceinture. Le dossier de votre fauteuil doit maintenant
être redresséet votre tablette rangée.Ladiesandgentelmen...».
Stanislas était fourbu. Il avait essayé de dormir durant tout le voyage
depuis San Francisco, mais sans succès. L’inconfort des sièges touristes, le
repas médiocre arrosé d’unBordeaux blanc qui ne l’était pas moins, les films
proposés sur son écran individuel, les annonces continuelles des hôtesses
signalant l’entrée de l’avion dans des zones de turbulences - généralement au
moment précis où il en sortait - les multiples allers-retours des passagers qui
semblaient tuer le temps en visitant les toilettes, et pour finir le petit déjeuner
trop copieux avaient eu raison de son obstination à trouver le sommeil. Sur
son écran individuel il sélectionna les cartes et suivit la descente en direct.
Altitude: 4500 mètres, Vitesse 690 Km/h, Température -10°C.Altitude 2500
mètres, Vitesse: 450km/h, Température: -1°C. Altitude: 950 mètres,
Vitesse: 350km/h, Température: 7°C... L’avion se posa en douceur sur la
piste nordde RoissyCharlesdeGaule.Cinqheures 50.Ilsétaientà l’heure.Ils
avaient décollé de San Francisco International Airport 12 heures plus tôt et
1dans moinsde 6heuresilallait passer sonauditionà l’Inserm .
Passionné de science depuis l’âge de seize ans, il avait construit sa

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