Lettres d’Harlad
40 pages
Français

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Lettres d’Harlad , livre ebook

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Description

Un homme seul choisit l'écriture pour communiquer avec les autres et se dévoiler...

Harlad souffre de solitude au milieu d’un asile. Il n’est guère en accord avec sa condition, c’est pourquoi il commence à écrire des lettres, tant pour s’adresser à ses proches et à celle qu’il aime que pour développer sa réflexion. Cela lui permettra, peut-être, de changer la façon dont on le considère.
De ses incertitudes à sa tendresse pour la folie, Harlad valse entre son cœur, son esprit et son destin qui se dévoile peu à peu…

Découvrez la correspondance fascinante d'Harald, seul au milieu d'un asile, s'adressant monde extérieur.

EXTRAIT DE Lettre XVIII à Margaux

Madame,
C’est un tendre chemin près d’un lac au rivage tranquille, un sentier beau que sait sentir la vie et où l’on cherche la finesse des promenades claires pour y trouver davantage. Une forêt parfaite enveloppe l’onde qui ne peut refuser cette verte caresse aux senteurs nouvelles. Le charme boisé berce l’eau de son accort regard, et la légèreté d’un vent de couleurs semble unir tous les domaines comme un humble messager. Une brèche dans les cieux laissa jadis y choir une inconcevable lumière, et lorsque l’oiseau dépose en ce lieu le rire frais d’un autre matin, c’est un hommage laissé à l’amour qui en compose toute l’affabilité. J’accorde ainsi mes pas à la longueur du chemin et, sans une blessure, je vis votre présence. Les fleurs d’ici me disent qu’une authentique main a dirigé l’orchestre des arbres par un éclat de confiance confiée, et que leurs pétales sont aigus de liesse par ce geste ; je ne sais où placer mon écoute, car le glissement de la rosée sous l’aube pousse bellement la nuit, quand l’éveil entier du lac réserve mon ouïe pour l’acuité de son sommeil mourant. Par le chant de cette nature, je comprends que l’instant de la sagesse n’est loisible qu’après un travail certain, cependant, quel est-il pour ne lui accorder d’audience immédiate ?  

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierre Vonin est un jeune écrivain qui a découvert l’écriture à l’âge de dix-huit ans, et il s’y consacre après l’étude des lettres classiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782378773663
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre Vonin
 
 
 
 
 
 
 
Lettres d’Harlad
Correspondance
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Lys Bleu Éditions—Pierre Vonin
ISBN : 9 782 378 773 663
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
… Non tantum scripturam relinquere non timeo, sed hae epistolae vita hominis sunt. O Harlade, cogitationes tuas scripsi, nam dementia mea tua est ! 1
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
I
À Margaux
 
 
Le 1 er mai
 
Madame,
 
Je ne sais où mener ma perdition, car c’est face à un chanteur miroir que mon âme a cessé sa quête ; c’est dès lors d’une plume ultime que je commencerai à mourir. Sans heurt, ma détresse se tisse en parfums et, lentement, se précise en aube pour glisser mieux sur ces mots achevés par la bonté de vos lèvres. La nuit de mon murmure s’éprend encore pour la clarté de votre geste car, en cela, vous faites vivre chaque syllabe noire pour l’étendre sous les rêveries sans fond de vos yeux. Le ciel de ma mémoire, envahi de votre image a tourné sa voûte émue vers de grands astres, lorsque le souvenir de votre chevelure intense a touché leurs rudes lumières pour les alentir de passion. Je me souviens encore de l’ivresse longue que prononçait la chaleur de l’aurore quand, d’un éternel instant, j’allais subir la caresse d’une épine. J’étais assourdi de sommeil et, délicieusement, vous vîntes interpréter une sonate fine à l’oreille de ma vie. Mes plaintes chantèrent un silence nouveau et votre prénom fut alors la chance de me laisser seul auprès d’un infini charmant. C’est en une tragique parade que j’ai pris congé de vos tendres rires ; face à votre élégance, j’ai admiré la beauté là où je ne savais y répondre, et je fis naître un manteau de brume afin de me couvrir des démesures du chagrin.
 
 
 
 
II
À Margaux
 
 
Le 2 mai
 
Madame,
 
Le matin d’une autre lettre vous offre sa naissance par ce papier ; laissez-moi y ajouter longuement une suavité lacrymale, afin d’assouplir gaiement l’idée que vous avez de ma personne. Quelque fol attrait a porté ma main vers une plume aux reflets d’argent, et les sueurs accordées à celle-ci furent jalousées par une lune d’automne. Par le truchement d’un songe irisé, j’ai fait acte d’oubli quant à vous épargner, ce qu’une morale certaine conserverait soigneusement loin d’elle ; ce n’est ici guère l’éclat ordonné d’une encre simple et semblable à une rose aiguisée d’amour, puisque les présentes phrases ont une âcreté réelle, à l’aune de ce que je compose en moi ; ces mots, madame, sont peints de mon sang. Si votre imagination a su vous faire admettre que vous avez vécu la souffrance, ne me le dites jamais, car le fondement de mon dessein serait alors pris pour une perversion. Cette entreprise n’est véritable que lorsqu’on lui porte une juste considération ; ce n’est ainsi qu’une lointaine sérénade. Je ne tolérerai cependant une chose : que vous prononciez par un regard déplacé une trahison. Aussi, je vous prie de me lire chaque jour avec le sens que cela suppose.
 
 
 
 
III
À Richard de Valverne-Cantucle
 
 
Le 2 mai
 
Mon ami,
 
Dans la profondeur d’une amitié, l’on aime souvent se rassurer par une aimable oreille, afin de transmettre presque son chagrin, afin de partager ce qui semble troubler la tranquillité. Par conséquent, je ne vous ferai l’offense de consacrer l’amical lien que nous entretenons à mes préoccupations actuelles, car je souhaite profiter de notre liberté de tout nous confier en son sens le plus noble. L’amitié a l’art de mêler l’autre là où il ne peut pas grand-chose, et le simple fait de lui donner par avance la confiance attendue est sans doute une façon de fuir mieux le miroir d’une réalité intérieure. L’être le plus digne de confiance est d’abord soi-même, et je ne vous donnerais mes angoisses que si ces dernières étaient effrayantes ou incomprises, sans toutefois vous en faire vivre les heurts. Notre relation est aujourd’hui ainsi digne d’offrandes autres ; votre compagnie est une jouissance pour l’esprit, et le fait de convoquer nos souvenirs liés aux conversations d’idées me touche bien plus qu’autre chose. Ainsi, quelque souvenance m’approche d’une vitesse drôle ; durant notre jeunesse, je me rappelle votre imagination quant à me conter combien les oiseaux souffrent de ne voir sous la terre, étrangeté que vous m’expliquâtes de la belle sorte : « Avant l’envol, l’envieuse pie viole la vie d’un vil ver à terre que l’envie de véraces vers vole car il versifie son mol fil qui file quand la queue-de-pie au vent est vive ». Poétiquement, cette courte et plaisante fable illustre la vengeance de l’incapacité propre et l’insatisfaction sempiternelle de chacun. Je ne vous ferai ainsi souffrir mes tourments, et me retirerai avec un salut de précieuse considération.
 
 
 
 
IV
À Margaux
 
 
Le 3 mai
 
Madame,
 
Le temps désormais est compté pour mes appétences malades, car je souhaite donner un terme à mes désirs simples. Je ne souhaite grandir dans l’ombre de cet esclavage, car je n’y trouverai de paix. En revanche, je mets en exergue l’évidence faite par vous-même dans l’acte de me lire encore, sous la courbe inquiète que j’écris après vos lectures. Que souhaitez-vous apaiser parmi vos troubles, parmi ceux qui vous conduisent à toujours ouvrir ces courriers de forme pareille ? Je ne sais où signifier que je suis épris de votre tourment comme de vos cois sourires, et que la raison qui me fait poursuivre cette frénésie subtile n’est autre que ma volonté de partager avec vous la politesse d’un soupir amoureux. Je vous suggère cependant de ne vous laisser séduire par le simulacre de mon imagination torturée ; je n’éprouve que la lassitude face à l’impossibilité de ne vous connaître encore, chose que la poésie de mon sentiment semble faire croître par d’opalines pensées pour chuter sur des cendres et des ombres. Je ne suis autrement las que de vous savoir guérir nos communs souvenirs par la découverte du papier que j’abuse cent fois pour peindre mon ennui, et que je ruine de ma déraison pour tenter de réparer mon manque. J’accède à vos yeux depuis l’empreinte de mon geste musicien pour traduire mes élans de la belle sorte.
 
 
 
 
V
À Margaux
 
 
Le 4 mai
 
Madame,
 
Le fiacre de la folie tiré par d’imposants songes avance toujours dans les prairies de mon esprit, et je fais un accueil grandiose à ce dernier qui me comble des plus grands honneurs.

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