Louis Dumoulin
251 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Louis Dumoulin , livre ebook

-

251 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le Japon, la Chine, la Malaisie, l'Indochine, Madagascar, l'Afrique du Nord, les principaux pays que Louis Dumoulin parcourut constituent l'atlas artistique de ce peintre voyageur. Dans un contexte dominé au 19e siècle par la rivalité entre la France et la Grande-Bretagne dans leurs politiques d'expansion coloniale, il vécut sous ces horizons lointains des aventures tumultueuses. De retour à Paris, il retrouvait le calme des galeries pour exposer les paysages qu'il rapportait de ses périples.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 498
EAN13 9782296715738
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LOUIS DUMOULIN
 
Michel LOIRETTE
 
 
LOUIS DUMOULIN
 
Peintre des colonies
 
 
Du même auteur
 
 
La Boîte brisée, 1998, LOTRA.
 
Par les cornes de Belzébuth, 2000, LOTRA.
 
Cool ! Le lycée coule ! , 2003, OSMONDES.
 
Chambres d’hôtel, 2006, ENTRE DEUX RIVES.
 
Le Diable de l’île aux grenouilles, 2006, LOTRA.
 
Turbulences dans le ciel de Provence, 2008, © GALEN.
(Traduction de l’américain Real MOI Nina Galen)
 
La Légende des Grands Causses, 2009, LOTRA.
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@w.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13816-2
EAN: 9782296138162
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
C’était le type du parfait voyageur, dont l’estomac se resserre ou se dilate à volonté, dont les jambes s’allongent ou se rétrécissent suivant la couche improvisée, qui s’endort à toute heure du jour et se réveille à toute heure de la nuit.
Jules Verne
 
AVERTISSEMENT
 
 
C e livre est un roman. Si les lieux, les faits historiques sont véridiques, les voyages bien réels, les aventures de Louis Dumoulin doivent beaucoup à mon imagination. Très appréciée du vivant du peintre, son œuvre connut, après sa mort en 1924, un long purgatoire. De temps en temps, ses tableaux japonisants sont exposés au feu des enchères et obtiennent d’excellents résultats. Cependant, aucune étude ne lui fut jamais consacrée. Seule Lynn Thornton lui réserve quelques paragraphes dans son très bel ouvrage les Africanistes, peintres voyageurs . Il était difficile dans ces conditions de décrire avec une rigueur d’historien la vie de cet artiste méconnu.
Lorsque j’ai commencé mes recherches sur Louis Dumoulin, je voulais lui donner la place qu’il mérite d’occuper dans l’histoire de la peinture de la fin du 19e siècle et du début du 20e. Celle d’un postimpressionniste talentueux, témoin de son temps, qui rapporta de ses multiples voyages des tableaux d’un exotisme sagement contenu.
Le Japon, la Chine, la Malaisie, l’Indochine, Madagascar, l’Afrique du Nord, pour ne citer que les principaux pays qu’il parcourut pendant plus de trente ans, constituent l’atlas artistique de ce peintre voyageur. Lorsqu’il exposait dans les galeries d’Alexandre Bernheim, de Georges Petit, de Samuel Bing ou d’Ambroise Vollard, les visiteurs découvraient émerveillés ces rivages mythiques situés à des milliers de kilomètres de la France. C’était, toutes proportions gardées, un chasseur d’images comme le sont aujourd’hui les grands reporters des chaînes de télévision.
J’avais d’abord envisagé de publier un catalogue raisonné de son œuvre. Je me suis vite heurté à un obstacle quasi infranchissable : le recensement systématique de ses tableaux. En effet, si la consultation des dossiers le concernant aux Archives Nationales et de la France d'outre-mer m’a permis d’établir la liste officielle des achats effectués par l’État et les collectivités locales, il s’est révélé malaisé, sinon utopique, de retrouver la trace des peintures qui font partie de collections publiques. Elles avaient soit disparu, soit étaient dans un tel état qu’il était impossible de pouvoir les apprécier à leur juste valeur. Les plus belles œuvres de Louis Dumoulin se trouvent aujourd’hui au Musée de l’abbaye de Saint-Riquier, au Musée Guimet à Paris, ou au Musée du Quai Branly. Elles ne sont que rarement exposées et il faut la plupart du temps solliciter l’autorisation des conservateurs pour pouvoir les admirer. Seule exception, le Musée du Louvre qui présente à l’entresol une vue surprenante de la Place du Carrousel lors de la construction du monument à Gambetta. C’est une acquisition récente puisqu’elle ne fut effectuée qu'en 1999. L’amateur d’art pourra aussi découvrir la fresque qui orne le grand amphithéâtre de l’École des Chartes à Paris représentant l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés. L’œuvre la plus regardée se trouve en Belgique, plus précisément dans le panorama circulaire où elle est dédiée à la bataille de Water-loo. Des millions de visiteurs l’ont vue sans savoir qui en était l’auteur. Il existe bien sûr des tableaux dans des collections particulières, mais, malgré de nombreuses démarches de ma part, ils furent difficiles à recenser.
En revanche, j'ai pu collecter, grâce à ces recherches, une masse importante de renseignements sur Louis Dumoulin. Insuffisante probablement pour établir une biographie exhaustive de l’artiste, mais riche d’anecdotes qui m’ont permis d’évoquer les grands moments de son existence. Les actes de la vie privée souvent imaginés ont été replacés dans un contexte historique rigoureusement exact. C’est en ce sens que ce livre est une biographie, mais une biographie romancée.
Ce qui est éminemment vrai, c’est le rôle qu’il put jouer avec d’autres peintres, dans l'essor du colonialisme. Les militaires et les politiques ne furent pas les seuls à favoriser cette politique d’expansion. Le colonialisme nous paraît aujourd’hui comme une monstruosité du monde occidental, mais il ne faut pas oublier qu’il fut pendant très longtemps considéré comme un modèle d’humanisme. Le discours de Jules Ferry prononcé le 28 juillet 1885 et la réponse de Clemenceau résument à eux seuls le débat entre les tenants du colonialisme et ceux qui y étaient opposés.
J’en cite de larges extraits en annexe parce qu’ils constituent le contexte dans lequel Louis Dumoulin évoluera jusqu’à sa mort en 1924. N’oublions pas qu’il participa à la plupart des expositions coloniales, qu’il fut président de la société des peintres des colonies et qu’il créa un prix destiné à récompenser les peintres dont les œuvres valorisaient les possessions françaises d’Afrique et d’Asie.
 
La position de Clemenceau hostile à la conception du colonialisme telle que la défendait Jules Ferry était très minoritaire à cette époque et une majorité écrasante de députés soutenait Jules Ferry. Seuls Jaurès et l’extrême gauche exprimèrent leur opposition au colonialisme. Il régnait à ce moment une sorte de consensus sur la nécessité d’une expansion coloniale. La France devait, après la défaite de 1870, prouver au monde qu’elle était toujours une grande nation et la conquête coloniale confirmait cette ambition. Il fallut attendre 1930 pour que, dans un tract violemment polémique, les Surréalistes dénoncent le colonialisme et exigent le boycott de l’Exposition coloniale qui se déroulait cette année-là.
De nombreux peintres voyageurs participèrent à cet engouement pour les colonies et appliquèrent la théorie selon laquelle les « nations supérieures devaient aider les peuples inférieurs ». C’est dans cet esprit que Louis Dumoulin créa le Musée de Madagascar. Il était persuadé qu’en présentant aux indigènes les œuvres de Renoir, de Monet, de Matisse, de Derain… ils seraient pénétrés par la culture occidentale. La démarche de Louis Dumoulin niait les traditions artistiques ancestrales de ce pays, parce qu’il les ignorait. Nous sommes encore bien loin de la prise de conscience de Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques .
Cruelle ironie de l’histoire, les œuvres inestimables de ces peintres célèbres que Louis Dumoulin choisit d’exposer à Antanarivo, brûlèrent toutes pendant la nuit du 6 novembre 1995 dans l’incendie du Palais de la Reine, le Rova Manjakamiadana.
 
PREMIÈRE PARTIE
 
DE PARIS À PORT-SAÏD
 
CHAPITRE 1
 
 
L ’homme qui descendit du train ce jeudi 24 août 1922 à Motteville, avec sa fine moustache, sa casquette à rabats et son pantalon de golf aurait pu être pris pour Sherlock Holmes. En réalité, Maurice Fre-miot qui venait de Paris était journaliste. Après un voyage harassant dans un wagon de 3e classe qui empestait la sueur et la chique à tabac, il redoutait de rester confiné plus de trois heures dans une diligence de campagne surchauffée, sous un ciel couleur d’encre qui lui faisait craindre l’imminence d’un orage. Il espérait arriver en milieu d’après-midi chez Louis Dumoulin, un peintre des colonies qu’il avait pour mission d’interviewer. C’était le rédacteur en chef du magazine L'Illustration , Monsieur Gaston Sorbets en personne, qui l’avait dépêché en plein mois d’août pour préparer le numéro spécial consacré aux artistes coloniaux.
L’orage ayant fini par éclater, c’est sous une pluie battante qu’il arriva à Veules-les-Roses. Il courut jusqu’à la grille du Puits-Fleuri , une villa habitée l’été par les Dumoulin et qui « croûtonnait au flanc de la falaise », aux dires de Léon-Paul Fargue, un poète ami de Dumoulin. Car ce n’était pas un effet du hasard si cet artiste avait été choisi pour ce numéro. Non seulement il était devenu célèbre grâce à son Tour du Monde de l’Exposition Universelle de 1900 et à son Panorama de la bataille de Waterloo , mais il s’était lié d’amitié avec les personnalités les plus diverses des arts et des lettres. Pierre Loti, le violoniste Paul Viardot avaient fait du Puits-Fleuri leur lieu de villégiature favori. Des marchands de tableaux et des antiquaires comme Ambroise Vollard, Georges Petit ou Samuel Bing s’y rencontrèrent parfois. Des hommes politiques aussi, comme le radical Georges Clemenceau ou le socialiste René Viviani. Et bien sûr, Ed-mond Lepelletier, célèbre pour ses dix-sept duels et ses romans.
Maurice Fremiot tira le cordon de la sonnette et attendit que l’on vînt lui ouvrir. Son expérience de journaliste était toute fraîche. Engagé quelques mois plus tôt par L’Illustration, grâce à un oncle, actionnaire principal du magazine, il n’avait exercé jusqu’alors que comme reporter au Petit Télégramme Dieppois , dans la rubrique des faits divers. Tâche peu valorisante pour quelqu’un qui avait d’autre ambition que d’être un simple échotier de province. Comme le portail restait fermé et qu’il pleuvait toujours autant, il tir

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents