Lueurs d un matin leurres du lendemain
113 pages
Français

Lueurs d'un matin leurres du lendemain , livre ebook

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113 pages
Français

Description

Il était déjà six heures passées de vingt minutes. L'aube s'était installée depuis longtemps. Dehors, la brume commençait à se dissiper petit à petit au profit des premières lueurs matinales...


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Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140046131
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lueursd’un matin  Amadou Tidiane Sow Leurres du lendemain
LUE UR S DUN MA T IN,L E UR R E S DE NDE MA INUN L
AMA DOUTIDIA NESOWLUE UR S DUN MA T IN,L E UR R E S DE NDE MA INUN L
© L ’HA R MA T T A N-SÉ NÉ GA L , 2017 10 V DN, Sicap A mitié3, L otissement C itéPolice, DA K A R http://www.harmattansenegal.com senharmattan@gmail.com senlibrairie@gmail.com ISBN : 978-2-343-12573-2 EA N : 9782343125732
Il était déjà six heures passées de vingt minutes. L ’aube s’était bien installée depuis longtemps. Dehors, la brume commençait à se dissiper petit à petit au profit des premiè res lueurs matinales. L e sable blanc et fin de cette lointaine banlieue de DA K A R perdait doucement et inexorablement de sa fraîcheur et de son humidité au goût de rosée. L e silence de la nuit écoulée avait fini de faire place aux sonorités discordantes d’une agglomération humaine qui s’éveillait sur l’espoir d’un matin prometteur d’une journée de labeur. Tout y passait. L es muezzi ns avaient lancéleurs appels sur toutes les tonalités à partir des mosquées environnantes. L es priè res communes avaient été dites à hautes voix selon le rituel convenu. L es interminables et répétitifs chants des coqs se faisaient encore entendre. D’un peu partout, les moteurs des premiers cars de transport commençaient leurs ronflements et leurs vrombissements de mise en train. Il y en avait jusqu’aux notes lancinantes sorties des cordes vocales des mendiantes les plus matinales. Pourtant, Momar qui était cloué sur sa couche, se tournait et se retournait dans tous les sens. Il ne se décidait toujours pas à décoller de son lit. En fait de lit, le frê le jeune homme de vingt-sept ans était couché sur un échafaudage bien équilibré. Il était fait de quatre barres en bois longitudinales soutenues transversalement par trois rangées de briques parallè les. Une planche de bois de contreplaqué rectangulaire recouvrait cette charpente. L e corps du garçon y était affalé de tout son long. Son dos était coll é à un minuscule matelas en mousse. Une couverture en laine d’un âge indéfini et d’une propreté douteuse lui tenait lieu de drap de lit. D’habitude, durant toutes ses années d’étude, il était le premier à se lever dans cette maison. A insi, une fois sorti du
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lit aux premiers appels du muezzin, il faisait sa toilette avant de se consacrer aux rites de dévotion à Dieu. Il accomplissait ses ablutions suivies de la priè re comme le lui avaient enseigné ses parents. E nsuite il mettait de l’ordre dans ses affaires. Il préparait ainsi ce qui lui était nécessaire pour la journée à l’université: les cours, les autres documents, le titre de transport et les vê tements qui convenaient pour la journée. Prévenant et dévoué, i l consacrait le reste du temps à suppléer sa tante pour les préparatifs du petit déjeuner. Il mettait le kinkél iba au feu pour le réchauffer pendant qu’il allait acheter le pain chez le boutiquier voisin. Il prenait alors tranquillement son petit déjeuner.
Malgré tout, il ne lui arrivait jamais d’ê tre pris à défaut par rapport à l’heure de départ pour l’université. Seuls les jours de congé constituaient des moments de relâche dans ce rituel. Sa tante ne lui avait jamais fait de reproche pour autant. Il y avait mê me des jours exceptionnels comme le vendredi, le jeudi et durant le mois de Ramadan. En ces occasions, l’activité matinale de Momar était fort remarquable. Mais, depuis plus d’un an et demi, il y avait eu comme un dérè glement dans la mécanique. L e sommeil était devenu plus pesant et le réveil beaucoup plus difficile.
Ce jour qui pointait était un jeudi. J eudi, un jour béni du milieu de la semaine. A utant dire un moment opportun que saisissent beaucoup de personnes en situation de besoins pour se lever aux aurores et soumettre leurs désirs au seigneur. Elles prennent un soin particulier pour se laver et accomplir convenablement leurs priè res rituelles et surérogatoires. A prè s quoi, elles formulent leurs attentes en s’adressant au Tout-Puissant pour leur accomplissement. Il est établi que les faveurs divines restent ouvertes à ces instants. Mais, qu’importe donc tout cela pour Momar aujourd’hui ? L e doute et le découragement étaient
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certainement passés par là pour que le jeune homme en arrive à ce stade. À vrai dire, il lui était complè tement indifférent qu’il se réveillât de bonne heure un lundi ou un samedi, car il n’en voyait nullement l’intérê t. Ce qu’il voyait, c’est que depuis deux ans, un sort implacable s’acharnait contre lui. Il vivait la situation peu enviable et pourtant généralisée d’un chômeur endurci. À l’horizon bouché. Pour générale que soit cette situation, notait-il avec amertume, ce n’était certainement pas le cas de Massaer, l’employé de commerce qui évoluait pourtant dans le secteur informel ? C’est un voisin du quartier qui le précédait toujours à l’arrê t du car. Momar en arrivait d’ailleurs à penser que c’est ce dernier qui réveillait le premier muezzin de la mosquée. L a situation se présentait également autrement pour Souleymane, un vague cousin retrouvé en ville en tant que compagnon de faculté. Pour celui-ci en effet, la question était d’un tout autre intérê t. Souleymane ou J ules comme on l’appelait savait quelle importance accorder à la succession des jours de la semaine. Il savait dissocier le début d’une semaine de sa fin, parce que ses activités commandent qu’il en soit ainsi. Quand il quitte son domicile le matin pour ne le regagner que le soir, tous les actes accomplis durant cette période ont un fondement, une finalitéet une dénomination commune qui se résument dans travail et occupations professionnelles. L orsque Souleymane voit défiler dans le temps, en les comptant, quatre lundis successifs, cela signifie pour lui que la fin du mois est arrivée. J ules avait réussi depuis à se trouver une activité professionnelle puisqu’il exerçait le métier fort envié d’avocat à l a cour. C’est la raison pour laquelle, chez lui, les jours se suivaient mais ne se ressemblaient pas. Un mardi ne pouvait pas ê tre pris pour un dimanche. Mê me les heures de la journée comptaient pour quelque chose, à fortiori les mois de l’année. Mor, qui n’était certes pas un envieux avéré,
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