Massa Djembéfola
251 pages
Français

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Massa Djembéfola , livre ebook

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Description

Bomassa, roi atypique, a la boulimie du pouvoir. Il règne depuis quarante-deux ans, contre toute attente, sur Torodougou, sans se soucier d'alternance. Un seul rêve l'obsède : entrer dans la légende. Ainsi s'est-il forgé un destin hors du commun. Borofata, un célèbre avocat, brise le tabou : il se lance à la conquête du trône en se présentant aux élections...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2008
Nombre de lectures 207
EAN13 9782336277134
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296059917
EAN : 9782296059917
Sommaire
Page de Copyright Encres Noires Page de titre Dedicace I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII XXIV XXV XXVI XXVII XXVIII XXIX XXX XXXI XXXII XXXIII XXXIV
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
N°307, Massamba DIADHIOU, Œdipe, le bâtard des deux mondes , 2008.
N°306, Barly LOUBOTA, Le Nid des corbeaux, 2008.
N°305, S.-P. MOUSSOUNDA, Le paradis de la griffure , 2008.
N°304, Bona MANGANGU, Carnets d’ailleurs, 2008.
N°303, Lottin WEKAPE, Chasse à l’étranger , 2008.
N°302, Sémou MaMa Diop, Thalès-le-fou , 2007.
N°301, Abdou Latif Coulibaly, La ressuscitée, 2007.
N°300, Marie Ange EVINDISSI, Les exilés de Douma . Tome 2, 2007.
N°299, LISS, Détonations et Folie , 2007.
N°298, Pierre-Claver ILBOUDO, Madame la ministre et moi , 2007.
N°297, Jean René OVONO, Le savant inutile , 2007.
N°296, Ali ZADA, La marche de l’esclave , 2007.
N°295, Honorine NGOU, Féminin interdit , 2007.
N°294, Bégong-Bodoli BETINA, Ama Africa , 2007.
N°293, Simon MOUGNOL, Cette soirée que la pluie avait rendue silencieuse , 2007.
N°292, Tchicaya U Tam’si, Arc musical , 2007.
N°291, Rachid HACHNI, L’enfant de Balbala , 2007.
N°290, AICHETOU, Elles sont parties , 2007
N°289, Donatien BAKA, Ne brûlez pas les sorciers ..., 2007.
N°288, Aurore COSTA, Nika l’Africaine , 2007.
N°287, Yamoussa SIDIBE, Saatè, la parole en pleurs , 2007.
N°286, Ousmane PARAYA BALDE, Basamba ou les ombres d’un rêve , 2006.
N°285, Abibatou TRAORÉ KEMGNÉ, Samba le fou , 2006.
N°284, Bourahima OUATTARA, Le cimetière sénégalais , 2006.
N°283, Hélène KAZIENDÉ, Aydia , 2006.
N°282, DIBAKANA MANKESSI, On m’appelait Ascension Férié , 2006.
N°281, ABANDA à Djèm, Á contre-courant , 2006.
N°280, Semou MaMa DIOP, Le dépositaire , 2006.
N°279, Jacques SOM, Diké , 2006.
N°278, Marie Ange EVINDISSI, Les exilés de Douma , 2006.
N°277, Assitou NDINGA, Les marchands du développement durable , 2006.
N°276, Dominique M’FOUILOU, Le mythe d’Ange , 2006.
N°275, Guy V. AMOU, L’hyène et l’orfraie , 2006.
N°274, Bona MANGANGU, Kinshasa. Carnets nomades , 2006.
Massa Djembéfola ou le Dictateur et le Djembé

Loro Mazono
A
Géneviève BOILEAU, Isabelle VILLETTE, Paul MASSART, ce dernier dont le parchemin m’est d’une grande utilité.
Aux ancêtres : Borompounè HiEN, Celestin HIEN, Agnima KAMA, Dongui KAMA, Yao KAMA et Yébié KAMA qui veillent sur nous et nous protègent.
I
L’époque à laquelle Bomassa avait accédé au trône remontait immédiatement au lendemain des indépendances. Les Torois issus de cette ancienne génération étaient aujourd’hui âgés de plus de quarante ans. Tous, devenus adultes, fondèrent des foyers et eurent de nombreuses descendances.
Bomassa avait une passion débridée pour le trône. Il s’y était agrippé comme un naufragé à une branche. Aveuglé par celui-ci, il ne pouvait percevoir cette réalité fort édifiante. Aussi fécondes que soient les idées d’un Conquérant, s’il s’éternise sur son trône, elles deviennent, à un certain moment, caduques. En règle générale, les hommes ont horreur de la monotonie, de la lassitude et de la routine. Car un « massa » (roi ou gouvernant) vertueux devrait toujours se soucier de changement, de relais, d’alternance. Il ferait honorablement valoir ses idées dans le seul intérêt de servir son pays. Ce sens aigu de la pondération, du goût du pouvoir, ferait de lui un homme respecté et somme toute un sage. Malheureusement, Bomassa, lui, avait une prédilection exacerbée pour le trône. Il se confinait dans une indifférence notoire. Il ressemblait à une personne frappée de surdité et de cécité. Il se moquait littéralement des critiques qui fusaient ça et là, sur la gestion scandaleuse du trône. Voulant s’exprimer, les Torois ne se lassaient pas de jeter des tracts aux abords des rues. Appréhendant la répression, ils gardaient l’anonymat.
Bomassa confiait très souvent à ses serviteurs : « Mon trône demeure un don de Dieu et personne ne doit le contester. » Ainsi lui vouaient-ils une fidélité hors du commun. Ils le traitaient comme une divinité digne de ce nom. La déification de son pouvoir, ajoutée à son caractère policier, faisait de lui un véritable Léviathan. Il incarnait un personnage mystique aux yeux de ses serviteurs. Il s’était affublé des noms ronflants de Conquérant et de Sa Majesté très redoutable.
L’idée de conquérir le trône pour que Bomassa tombe de son piédestal n’avait jamais effleuré les serviteurs. Qui dit d’ailleurs conquête, dit aussi aller au feu ; or personne ne voulait y aller, au risque de payer de sa vie. Ils avaient tous à l’esprit cette idée : « Si nous tentons un coup (entendez par coup, une candidature aux élections) et ne parvenons pas à le déchoir du trône, nous risquons notre vie. » En vérité, ils ressemblaient à des chiens apeurés qui rangent immédiatement leur queue entre les pattes, lorsqu’ils sont face à d’autres plus forts !
Bomassa n’avait de cesse de répéter, lors des Conseils de serviteurs : « Comptez les œufs plutôt que les poules. » C’était le fondement d’une idéologie funeste, donnant un parfait éclairage sur le personnage. Celle-ci justifiait son désir de faire du trône une affaire privée. Ces serviteurs étaient strictement des faire-valoir et des larbins. Ici résidait l’explication même de leur promptitude à l’obéissance et à la soumission totale. Ils recevaient des primes de bonne conduite comme des écoliers. Bomassa prenait tout seul les décisions qui touchaient le trône. Toute idée venant des serviteurs lui paraissait suspecte. Il pensait qu’elle pouvait provoquer sa chute. De toute façon, il ne cautionnait point des serviteurs trop bouillants et dynamiques, capables d’initiatives. Il félicitait pourtant ceux qui, très souvent, se référaient à lui quand ils avaient de brillantes idées en faveur du contrôle du trône. Lui seul décidait de leur convenance ou non. Cela le réconfortait et lui donnait l’illusion d’être important et irremplaçable.
Lors de sa première « intronisation », Bomassa envoya son coursier, le serviteur des affaires courantes, dans plusieurs pays où se trouvaient ses amis Conquérants. L’entraide était de mise : le serviteur devait leur demander des moyens financiers et des armes. Les premiers étaient utilisés pour l’organisation de l’« intronisation ». Les secondes, elles, servaient à mater littéralement les contestataires et les candidats irréductibles. Ainsi triomphait-il aisément faute de challenger. Il célébrait sa victoire, invitait comme à l’accoutumée d’autres « massa ». C’étaient des Conquérants qui lui ressemblaient, par leurs traits psychologiques. Tous avaient conquis le trône avec la brutalité d’un ouragan !
Ces invités n’étaient pas des gens ordinaires. Ils avaient des goûts très particuliers. Ils raffolaient de gros gibiers : phacochère, hippopotame, éléphant, buffle, lion ! Les « massa » adoraient manger la viande des animaux sauvages et féroces. Dire qu’ils étaient eux-mêmes des sauvages par leurs actes et leur comportement ! Tous préféraient provoquer une hécatombe ou un champ de cimetière plutôt que de voir le trône leur échapper. Ils se moquaient éperdument des qu’en dira-t-on.
Pour trouver ces gros gibiers, de grands chasseurs et le devin chasseur Djinaba infestaient les zones giboyeuses, à l’instigation de Bomassa. D’une habileté remarquable, ils abattaient beaucoup de gibier, de préférence mâle, en raison de leurs glandes génitales. Celles-ci, aux dires des conseillers sexuels des « massa », avaient des vertus aphrodisiaques et favorisaient la production des spermatozoïdes. Elles émoustillaient et accroissaient la virilité des Conquérants. Elles sécrétaient une substance qui, d’après certaines croyances, maintenait la verge longtemps en activité. Voilà pourquoi les « massa » en mangeaient quotidiennement. Ils s’en dopaient pour sortir victorieux lors des parties de « koukouta », aux prises avec de fougueuses vierges.
La fête d’« intronisation » était à la hauteur du désir des honorables Conquérants. De partout, on scandait la gloir

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