Mektoub

Antoine Duport

Description

Deux amis partent faire la guerre en Algérie pour tromper l'ennui. En sortiront-ils indemnes ? 

Deux amis d'enfance, las de leur adolescence vide et sans espérance, saisissent l'occasion que leur offre la guerre d'Algérie pour tenter l'aventure et s'engagent en devançant l'appel dans une unité combattante dans les Aurès au plus fort du conflit, entre 1959 et 1962.
Alain, qui veut ainsi échapper à sa médiocre condition parisienne, va se trouver plongé comme son ami dans les horreurs de cette guerre qui sont les horreurs de toutes les guerres, mais sa personnalité différente le conduira à un traumatisme psychologique et moral auquel il ne s'attendait pas, tandis que son ami, pour des raisons biens différentes, ira jusqu'au bout de ce chemin, sans états d'âme...

Découvrez ce roman poignant sur la Guerre d'Algérie, l'amitié et les traumatismes que laisse l'horreur des combats !

EXTRAIT

On ne montera qu’en sticks de huit hommes en raison de l’altitude que les appareils n’aiment pas beaucoup et puis il faut bien laisser de la place pour d’éventuels cadavres ou d’éventuels blessés.
Alain a passé deux heures sur le champ de tir situé derrière le camp pour se faire la main avec son A 52 ; il a fière allure avec ses bandes croisées sur la poitrine. Larbi lui sert d’assistant et guide les bandes vers la culasse comme s’il servait la messe. Premier contact vrai avec le monde arabe pour mon copain dont les préjugés qu’il a emportés avec lui vont se mettre à fondre comme neige au soleil. Comme les miens ont fondu aussi.
Il faut dire que Larbi est d’une gentillesse au repos et d’un courage exemplaire dans les combats. Toujours volontaire lorsque Téton en demande un, que ce soit pour avancer seul à découvert vers des mechtas qui devraient être vides vu leur position en zone interdite et qui ne le sont pas toujours ou pour fouiller un oued à la nuit tombée, véritable tranchée naturelle creusée par une rivière aujourd’hui disparue où peuvent être embusqués quelques fells.
Larbi semble avoir quinze ans. Il est petit et agile comme un singe, de grands yeux noirs lui dévorent le visage, brun comme un petit beurre et toujours souriant. Comme chez tous les autres chaouis, des lèvres charnues et comme gorgées de sang sur des dents étincelantes. Il suce en permanence un petit caillou blanc et brillant. Il raconte que c’est pour ne pas avoir soif !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Ancien avocat de Cour d’Assises, Antoine Duport prend sa retraite avec un lourd bagage de souvenirs et d’expériences à Rio de Janeiro où il devient définitivement écrivain après avoir déjà livré un roman en langue portugaise lors de l’un de ses voyages précédents.
Sportif de haut niveau (Championnat de France de chasse sous-marine et Championnat du monde de vitesse Windsurf), il poursuit ses activités nautiques avec la même passion que l’écriture.
Engagé dans une unité combattante pendant la guerre d’Algérie, il attendra près de cinquante ans avant de publier Mektoub outre une trentaine d’autres romans.

Sujets

• War
• Military
• War (disambiguation)
• Fiction
• Biographical
• Biography
• Guerre
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• Unité
• Traumatisme
• Combats
• Djebel
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• Algérie
• Histoires
• Histoire
• E-book
• Déserts
• Commandos
• Fictions
• Historical

Informations

• Publié par: Le Lys Bleu Éditions
• Date de parution: 24 juillet 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782378773540
• Langue: Français

Extrait

Antoine Duport
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mektoub
Une section d’intervention dans les Aurès
Entre 1959 et 1962
 
Récit
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Lys Bleu Éditions – Antoine Duport
ISBN : 9 782 378 773 540
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À Alain,
 
— Qu’est-ce que tu fais là ?
 
— Comme toi mon pote, je suis là pour faire la guerre… On m’a dit qu’ici il n’y a que des volontaires, des engagés par devancement d’appel et des Chaouis.
 
— Tu es arrivé quand ?
 
— Hier soir, par le train de Bône… On m’a voituré de Tébessa en 4/4 avec trois autres mecs qui, eux, ont été dirigés sur Guentis… Il paraît que là c’est des commandos de chasse… Gourkas noires comme vous… Comme nous.
 
— Ouais, c’est bien ça… Rien de plus que nous tu sais, nous on nous appelle la Section d’intervention du 470 -ème G.A.A… Comme tu dois le savoir.
 
… Pas de pétard dans le Gaga ?
 
— Quelques tirs au juger dans la lumière des phares et c’est tout.
 
— Vous avez eu du bol… À chaque fois que des troufions débarquent à Tébessa, c’est le même tabac : embuscade des fells dans le Col…
 
— Le sous-bite qui nous pilotait a donné l’ordre de ne pas tirer pour que le chauffeur puisse accélérer dans les lacets de la route… C’était selon lui la meilleure défense. Tous phares éteints, à la lumière des étoiles sans même les feux de position. Par contre, lui, il avait dégainé et tirait par la portière sans arrêter. En pure perte, tu penses bien, avec un pétard de neuf millimètres sur des cibles invisibles.
 
— C’est de bonne guerre ! C’est psycho ! Du bruit, de la vitesse et des éclairs dans la nuit… Juste pour impressionner l’ennemi ; sauf que l’ennemi, ici, rien de l’impressionne. Peut-être si quand même, les virées de la Légion dans les douars… Et encore…
 
— Il avait l’air d’avoir quinze ans le sous-bite !
 
— Comme la plupart dans le djebel, c’est un qui a fait l’école des officiers de réserve, un qui a voulu se mêler de cette guérilla. Comme nous, il devait se faire chier dans le Civil alors qu’on lui offrait une vraie guéguerre sur mesure…
 
… C’est bon pour après ces choses-là, tu penses bien : officier de réserve et héros de retour à la maison avec peut-être une ou deux décorations…
 
… Avec toi on sera donc quatorze mecs de Métropole ici en plus de soixante harkis… Tu as vu Téton ?
 
— Non. C’est qui ?
 
— C’est le juteux-chef qui commande ici. Pas de galons pour le reconnaître. Juste des demi-bottes de cuir rouge prélevées sur le cadavre d’un de ceux de la Wilaya Quatre qu’on a étrillés il y a près d’un an dans le Guibeur… Et une barbiche rousse à la Napoléon III… En opération, carabine US à l’épaule et un colt à la ceinture.
 
— Un ancien d’Indo c’est sûr. J’en ai entendu parler à Offenburg où j’ai fait mes classes. Un dur qui n’en a pas l’air.
 
— T’étais à Offenburg tout comme moi ! C’est pas vrai ! La forêt noire en Janvier, tu as été là-bas aussi ! Une vraie patinoire ce bled. Les doigts qui restaient collés sur le fût des batteries antiaériennes… Les pelles du paquetage qui ne faisaient qu’égratigner la terre, dure comme une chape de béton armé… Jamais personne n’a pu creuser son trou individuel ! Tu penses que je me souviens ! J’arrive pas à y croire que tu sois là et que tu aies été là-bas aussi... Le monde est petit, c’est bien vrai.
 
… Heureux quand même de te voir… Faut dire qu’avec tous mes petits courriers avant que tu ne partes pour Offenburg, tu ne pouvais pas me manquer ! La dernière fois qu’on s’est vu, c’était Rue Lecourbe au resto de tes vieux, il doit y avoir deux ans… Ouais, c’est ça : deux ans puisque moi je suis là depuis onze mois…
 
— « Au Grand Veneur » Répond Alain, tu habitais à cent mètres…
 
… J’en avais marre du graillon et du va-et-vient des clients, des odeurs de cuisine et du chef qui se prenait pour Vatel et qui ne cessait de tourner autour de ma mère dès que mon père avait le dos tourné… Sans parler des serveuses qui étaient plus moches les unes que les autres…
 
… Alors tu penses bien que quand tu m’as dit que tu allais à la Caserne de Vincennes pour te porter volontaire le jour de tes dix-huit ans, ça m’a fait un choc…
 
— Moi aussi j’en avais marre. Marre des études qui n’en finissaient pas, des études qui ne m’apprenaient rien de ce que j’aime, rien de ce que je voulais savoir… Des études qui me semblaient d’un autre temps… J’en avais marre de Paris et de mes balades sans but en bord de Seine, ne trouvant goût à rien si ce n’est aux bouquinistes et à quelques conquêtes à l’improviste nées d’un regard échangé dans le métro avec une femme à gros seins qui me montait chez elle du côté de la Bute… Mon avenir se résumait ainsi à butiner quelques chattes, sans entrain, désabusé et moqueur. Désir aussitôt épongé…
 
… Marre d’aligner des prénoms de filles aussitôt oubliés comme celui de celle-là, bien sage assise sur la banquette d’un Wimpy…
 
… Elle m’avait laissé glisser la main sous sa jupe alors que nous n’avions pas même échangé une parole. Pas de prénom, seulement une odeur poivre et sel sur mes doigts, une odeur aigre qui m’est restée, va savoir pourquoi… Marre de ces accouplements sans grandeur, à la va-vite, parce qu’obtenus sans gloire dans cette facilité qui engendre l’éjaculation précoce ou l’inappétence…
 
— C’est quoi cette bête-là ?
 
 
— C’est l’absence de désir.
 
— C’est vrai que toi tu es un littéraire. Tu connais des mots… Et comment tu as fait pour que tes vieux te laissent t’engager ? Il y avait la guerre en Algérie. Ils devaient être épouvantés… Vu ce qu’on disait dans les journaux sur ce qui se passe ici. Je n’arrive pas à comprendre comment ton père a pu te laisser faire ça.
 
— Mon père, il en avait marre de moi, de mes caprices, de mes aventures, de mes larcins et de ce qui aurait pu devenir des crimes de rue avec ces « emprunts » de scooter et ces vols de disques… Il devait se dire que c’était désormais à d’autres que lui d’assumer la resp