Mémoire du vent
161 pages
Français

Mémoire du vent , livre ebook

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161 pages
Français

Description

Après la guerre du Golfe, les Kurdes voient dans l'affaiblissement de Saddam Hussein l'occasion d'obtenir leurs droits. Mais ce tournant sera source de violence ; la peur les oblige à fuir. Heureusement, la France a pu créer une zone de protection au nord de l'Irak. Un exilé kurde tente de rentrer à Kirkuk, mais son retour va tourner au cauchemar : sa famille a disparu. Il revient alors en France pour relater son parcours. Ce fut un périple déchirant et le rêve de retour se flétrit à jamais.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2013
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336331362
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ahmed MALA
Mémoire du vent Récit
Mémoire du vent
Lettres KurdesCollection fondée par Maguy Albet Déjà parus DOGAN Mustafa Zewal,Tahtalli, 2008. ALEXIE Sandrine,Kawa le Kurde, 2005. KHANÎ Ahmedê,Mem et Zîn,2001. HUSSAIN Fawaz,Chroniques boréales, 2000. GURGOZ Ali Ekber,La nuit de Diyarbakir, Être kurde en Turquie, 1997. SHÊRKO Bekes, Les petits miroirs (poèmes trad. par K. Maarof), préf. de Guillevic, 1995. DARWISH Ismael (recueil établi et traduit par), Nouvelles Kurdes, 1995. AHMAD Ibrahim,Mal du peuple(roman trad. par I. Darwish), 1994. YOUSIF Ephrem-Isa,Parfums d'enfance à Sanate. Un village chrétien au Kurdistan irakien, 1993. MALA Ahmad,Zardek(poèmes trad. par I. Darwish), 1993.
Ahmed MALAMémoire du vent
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01451-7 EAN : 9782343014517
Je tiens à remercier M. Shakour Bayez pour sa collaboration dans la réalisation de ce texte.
Préface
Le livre d’Ahmed Mala intituléMémoire du ventappartient apparemment au genre du récit autobiographique. Cela serait juste si l’expérience racontée par le narrateur avait été vécue aussi par l’auteur (pacte autobiographique). Mais même si l’expérience racontée correspond partiellement au domaine de la fiction, la voix du narrateur est réellement vivante et douée d’un pouvoir d’évocation fascinant. Cette voix raconte en première personne le retour du narrateur-personnage dans son pays (Kirkuk) onze ans après son départ pour l’exil. Ce retour va déclencher les souvenirs et la rêverie de la mémoire affective motivée par le contact avec les lieux où s’étaient déroulées l’enfance et l’adolescence du narrateur. Il y a donc, d’une part, l’activité de l’écriture récupératrice du JE-narrant (souvenirs, impressions, commentaires), et, d’autre part, le monde raconté du JE-narré. Ce monde est divisé en deux époques bien différentes : a) le monde de l’expérience vécue avant le départ dans l’exil ; b) le monde d’après ce départ et du moment du « retour». La récupération de l’équilibre entre ces mondes séparés est ressentie comme une nécessité par le JE-narrant qui a entrepris la quête de l’unité de son identité disjointe. Mais, à la fin de son parcours dans le labyrinthe des rues de Kirkuk cette récupération va s’avérer impossible parce que la cause de l’aliénation (le régime totalitaire qui étouffe le pays entier) demeure bien forte et les êtres chers ne sont plus là : « Je suis revenu pour bâtir une nouvelle relation, un nouveau pacte avec les arbres, les murs, les fenêtres et les trottoirs, mais on me tirait, avec une force extraordinaire, vers un autre exil». Malgré tout, l’effort
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pour essayer de récupérer l’identité perdue au milieu de l’oppression ne sera pas en vain, parce que cet effort a pris forme et signification dans la «langue», dans un récit littéraire particulier qui va pouvoir contribuer à illuminer la douleur déchirante de l’exil et les valeurs de la liberté et de la dignité: « On m’arrachait de mes racines et la seule chose me permettant de m’accrocher et de donner un sens à la vie, c’était la langue ». Le récit est ouvert à la rêverie, à l’évocation d’impressions intimes de la conscience du narrateur à travers des images qui donnent forme et couleur à l’espace heureux d’autrefois et à l’espace opprimédu présent. La narration des faits est accompagné aussi de certaines réflexions métaphysiques qui viennent illuminer la mystérieuse réalité de la vie, comme, par exemple, celle-ci : « Le temps est comme un torrent qui se brise sur les rochers, qui se propage, s’étend et s’évapore pour conquérir l’horizon […] le temps ne se mesure pas à la aune des jours et des années ; la vraie mesure du temps est une seconde qui ouvre les bras à l’éternité». Le livre est divisé en cinq chapitres ou étapes que nous allons commenter brièvement ici pour contribuer à éveiller l’intérêt du lecteur. «Les ombres de Qala» c’est le titre du premier chapitre. La voix du narrateur essaie de récupérer par l’écriture et par le souvenir ce qu’il appelle «le premier jour», un moment-clé dans la vie du Je-narré, «tissé de surprise et de confusion», quand à l’âge de sept ans il a dû quitter le village de Zardek avec ses parents pour s’installer dans le quartier de Qala, la citadelle de Kirkuk. Associée à ce « premier jour » apparaît la scène du «ganga», un oiseau sauvage que l’enfant avait enfermé dans une boîte et qu’il voulait apprivoiser, mais qui bientôt finira par s’envoler sans qu’il puisse le rattraper. La décevante disparition du ganga va motiver un rêve étrange et symbolique (le premier des rêves étranges de ce récit)
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dans lequel l’enfant retrouve son ganga qui volait dans le ciel. Alors il a voulu le rattraper «pour voler avec lui jusqu’à l’infini». Mais, quand ses pieds se sont accrochés aux «fils noueux» des cerfs-volants, il s’est senti essoufflé ayant perdu la capacité de voler. Les marches de Qala conduisent le narrateur devant l’école Al Mouhamadiya. Dans sa mémoire renaît la scène douloureuse du premier jour de son arrivée à l’école élémentaire : les autres élèves se sont moqués de lui parce qu’il était «le seul élève kurde de la classe», et il était habillé d’une manière différente. C’est à ce moment-là qu’il a connu pour la première fois un «fort sentiment d’exil». À l’école il va vivre une expérience de déracinement et de révolte : «L’école était devenue une prison et l’instituteur son gardien». En réalité, l’installation de la famille à Kirkuk signifiait déjà une espèce d’exil puisqu’il a fallu prendre la décision de quitter Zardek (où la vie de la famille avait été calme et tranquille) quand son père, qui était très apprécié par les gens de ce village, a été arrêté par les militaires et enfermé dans une prison pendant neuf mois. Pour le narrateur, l’emprisonnement de son père par les gardes nationaux constitue la «grande catastrophe», le «premier jour» de tous les malheurs qui vont se précipiter sur la famille et su le pays : «Le premier jour du premier jour a eu lieu au printemps, sous un ciel bleu et au sein d’une nature verte, mais il est à classer dans les jours sombres qui jettent le trouble sur ce récit ». Cette amère expérience et le déracinement subi à l’école, ont motivé peut-être chez l’enfant sa passion pour cultiver l’imagination et pour explorer les «choses cachées» méditant dans le sous-sol de sa maison de Kirkuk, où il avait réussi à installer une espèce de cinéma en se servant de la magie de deux
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