Mes derniers récits
224 pages
Français

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Mes derniers récits , livre ebook

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Description

Très jeune, j'ai griffonné mes souvenirs et... ceux des autres, sur des petits papiers, ornés de toutes sortes de dessins. Ce livre est une sélection de mes petits papiers. La guerre me poursuit. C'est normal. Même au milieu de souvenirs heureux, même un mot, un seul mot, me la rappelle. Vingt-cinq histoires "vraies" sur les années de guerre... et après. La "petite fille privilégiée" que je fus n'oublie rien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2009
Nombre de lectures 260
EAN13 9782336263113
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Graveurs de mémoire
Dernières parutions
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Bernard LETONDU, Fonctionnaire moyen , 2009. Claude-Alain SARRE, Un manager dans la France des Trente Glorieuses. Le plaisir d’être utile, 2009.
Robert WEINSTEIN et Stéphanie KRUG, Vent printanier. 39-45, la vérité qui dérange, 2009.
Alexandre TIKHOMIROFF, Une caserne au soleil. SP 88469 , 2009
Henri BARTOLI, La vie, dévoilement de la personne, foi profane, foi en Dieu personne , 2009.
Véronique KLAUSNER-AZOULAY, Le manuscrit de Rose , 2009.
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Jean-Baptiste ROSSI, Aventures vécues. Vie d’un itinérant en Afrique 1949-1987 , 2008.
Michèle MALDONADO, Les Beaux jours de l’Ecole Normale , 2008.
Claude CHAMINAS, Un Nîmois en banlieue rouge (Val-de-Marne 1987-1996) suivi de Retour à Nîmes (1996-1999), 2008.
Judith HEMMENDINGER, La vie d’une juive errante , 2008. Edouard BAILBY, Samambaia. Aventures latino-américaines , 2008.
Renée DAVID, Traces indélébiles. Mémoires incertaines , 2008. Jocelyne I. STRAUZ, Les Enfants de Lublin, 2008.
Jacques ARRIGNON, Des volcans malgaches aux oueds algériens , 2008.
André BROT, Des étoiles dans les yeux , 2008.
Joël DINE, Chroniques tchadiennes. Journal d’un coopérant (1974-1978) , 2008.
Noël LE COUTOUR, Le Trouville de la mère Ozerais , 2008. Gilles TCHERNIAK, Derrière la scène. Les chansons de la vie, 2008.
Mes derniers récits

Francine Christophe
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296078826
EAN : 9782296078826
Sommaire
Graveurs de mémoire Page de titre Page de Copyright Dedicace PRÉFACE 1 - A LA LOCANDA 2 - JOUR DE GRÈVE 3 - ANGÉLIQUE 4 - LE VOLEUR 5 - UNE AUTRE BONNE 6 - SABOTAGE 7 - DIEU, OÙ ÉTAIS-TU ? 8 - EN CAMION 9 - LE BLESSÉ ALLEMAND 10 - CHEZ MOZART 11 - UN MARIAGE 12 - UN VILLAGE 13 - LES COUSINS OU LA MAISON DE RETRAITE 14 - LA DANSEUSE A BERLIN 15 - LE MONUMENT 16 - VOL 17 - HÉLÈNE 18 - LE BUFFET 19 - QUELQUES JOURS D’HÔPITAL 20 - DEUX PETITES ÉTOILES 21 - LA MAUVAISE FILIÈRE 22 - UNE FERMIÈRE 23 - LOULOU 24 - LORETTA 25 - LE TABLEAUTIN Du même auteur
A Maud, Thibaut, Gaëlle et Benjamin.
J’ai tenté de vous enseigner l’Histoire à ma fàçon. Je crois vous avoir donné envie d’aller plus loin. ... et je suis sûre que vous saurez transmettre. Grand’mère
PRÉFACE
Très jeune, j’ai griffonné mes souvenirs et... ceux des autres, sur des petits papiers, ornés de toutes sortes de dessins, des théories de visages, de silhouettes ou d’entortillements qui ressemblaient à des points de broderie. Je n’ai jamais brodé.
Quelqu’un devant moi, un prof. peut-être, dit un jour que Molière se taisait en compagnie, puis notait tout ce qu’il avait entendu. Fort impressionnée, bien que je fus incapable de me taire en compagnie, je pris l’habitude de noter ce que j’écoutais.
Ce livre, comme tous mes livres, est une sélection de mes petits papiers. Certains sont souriants, d’autres carrément atroces. Qu’on m’en pardonne. En vieillissant, la mémoire immédiate nous joue des tours, et bien des histoires m’échappent que j’aurais archivées dans ma tête il y a seulement dix ans. D’où l’utilité de mes petits papiers.
La guerre me poursuit. C’est normal. Même au milieu des souvenirs heureux, il y a un petit mot, juste un mot, qui la rappelle. Il est si important pour l’avenir de ne rien oublier.
F.C. 2007
1 - A LA LOCANDA
Cela se passait en 57 - 1957. Après la décision de quitter mon entreprise, « le Printemps » et de me mettre « à mes croûtes », je décidai de batifoler quelques jours à Venise. C’était janvier. Je dis qu’il n’y a pas d’époque pour Venise. Cette légende de ville, ce conte sur l’eau, peut se visiter et se revisiter par tous les temps.
Je la connaissais bien, cette princesse humide pour m’y être arrêtée au moins cinq ou six fois, au retour de Grèce, de Yougoslavie ou bien pour elle toute seule, l’été.
Nous nous y rendions en train, à mon avis l’unique manière, parce qu’après une nuit de sommeil léger, on descend du wagon, et, d’un coup, on se trouve face au Grand Canal et on joue aux Contes et Légendes.
Nous logions presque toujours à la Pensione Accademia , qui, coincée entre deux canaux, n’était pas le gîte luxueux qu’elle est devenue. Lorsque nous trouvions le temps et les moyens de faire un vrai repas, nous nous rendions à la Antica Locanda da Montin . La pastaciutta et le foie de veau ne trouvaient pas d’égal, mais surtout, les deux fils de la maison, seize et dix-sept ans peut-être, cela change tous les ans ce truc là, semblaient sortis d’un Tintoret. On aurait mangé deux fois pour se faire resservir par eux. Le caffè stretto lui-même prenait la couleur de leurs yeux.
La locanda recevait tous les artistes de passage. Je m’y rendais avec mes collègues en Beaux-Arts. On y rencontrait César. Les murs exposaient des dizaines de tableaux ou de dessins laissés en souvenir par les rapins ou les génies. Plusieurs représentaient les deux fameux fils, jamais aussi beaux qu’en chair et en os, évidemment. L’été, on déjeunait dans le jardin, accueillis par des statues de lions. La locanda louait quatre ou cinq chambres, d’un confort mitigé, donc abordable.
C’est là que je me rendis en 57 — 1957. En janvier. A mon arrivée, le brouillard descendait à ras de l’eau. Du Ponte Rialto, on ne voyait pas la Salute . On ne voyait d’ailleurs rien du tout, nulle part, ce qui ne me gênait pas puisque je connaissais la place de chaque palais ; et que le fait d’apercevoir, au hasard du mouvement des nuées, une porte, un balcon, un bord de toit, me rendait la ville encore plus mythique. Mais non, mais non, ma fille, tu n’es pas dans ton rêve mais bien à Venise, la fée. J’en dansais...
Je descendis du vaporetto à la station Accademia , et cherchai mon Dorsoduro , puis ma Fondamenta . Je marchai vingt ou trente minutes en me perdant bien sûr, prenant un pont pour un autre, une calle pour une salizzada , confondant le rio ou la riva ; me souvenant d’un campo dans un autre sestiere ... Tant de mots, c’est usant, mais charmant. Je portais un duffle-coat, boutonné jusqu’au cou, capuche rabattue. Les courants d’air me jouaient des tours à chaque tournant, et c’est avec bonheur que j’entrai chez Montin dont la salle de restaurant était chauffée.
Mon cher ami Nino m’attendait, Vénitien bon teint, connaissant chaque pierre, chaque tuile, jamais lassé de faire découvrir, admirer, encenser son trésor. - Vous les Italiens, vous... - Pardon, je suis Vénitien.
Cela le résume. Il ajoutait : « D’ailleurs, je suis un dogettino  ! ». Si simplement.
J’en étais tout à fait sûre. Et un dogettino superbe, lui aussi.
On me conduisit à ma chambre. Le parquet ne craquait pas. Le lit possédait quatre couvertures puisqu’il n’y avait pas de chauffage ; et on m’assura que j’aurais probablement de l’eau chaude chaque matin.
Nino m’accompagna à l’étage ainsi que les deux garçons — si beaux, si beaux. La grand-mère rabougrie, les yeux perçants, d’emblée, me regarda d’un air rogue. Qu’est-ce que cette fille en âge de se marier vient faire toute seule à l’hôtel! Si elle s’attaque à mes petits-fils, elle va m’entendre ! J’entendais bien sans qu’elle prononce un mot, d’autant qu’elle ne parlait que vénitien; j’étais venue pour...elle n’aurait pas compris; tes petits-fils, vieille Macmiche, je les regarderai autant qu’il me plaira, parce qu’un beau garçon, une belle fille, cela se regarde comme une oeuvre d’art. De temps à autre, Dieu est un sacré Michel-Ange.
Je m’installai.
La locanda , dont le jardin fermait l’hiver, accueillait tout le jour ceux que le vent chassait des venelles. La salle de restaurant devenait une sorte de club. Chacun y apportait son tricot ou son canevas, ses souvenirs, ses idées, ses sujets de discussion, ses passions même. En plus de mon dogettino, qui passait chaque après-midi, je me liai particulièrement avec un couple d’une trentaine d’années (on disait que la jeune femme était la fille de Peggy Guggenheim), avec un merveilleux prof de français, surtout poète — beau lui aussi, tous les hommes sont beaux à Venise, du moins je les voyais tels — et un autre couple de Français plus âgés, la cinquantaine, donc très âgés pour moi. Mais les habitués ne dépassaient pas les vingt cinq, voire vingt huit ans.
Chaque matin, après une toilette difficile devant le lavabo dont l’eau coulait, allons, disons tiède, j’enfilais le duffle-coat et partais avec Nino à la découverte d’autres merveilles. Ce que je voulais visiter était en réparation : c’est constant à Venise. Cela ne fait rien, il y en a déjà t

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