MIAO
126 pages
Français

MIAO , livre ebook

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126 pages
Français

Description

Emma s'éteint d'une lente agonie. Une larve de papillon asiatique est condamnée au même destin funeste. Le passé de Lhami, jeune Tibétaine secrète et énigmatique, pose bien des questions. Quel lien établir entre ces trois histoires ? Charley signe un roman mystérieux, où secrets et étrangetés laisseront peu à peu disparaître leur voile...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 19
EAN13 9782336342344
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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o
Charley
Miăo
testament d’un printemps au Tibet
Un quadragénaire assiste, impuissant, à la lente agonie de Miăo
sa femme Emma. Les circonstances de sa mort présentent testament d’un printemps au Tibet
d’étranges similitudes avec le sort réservé à une larve de
papillon asiatique… Roman
Miăo, testament d’un printemps au Tibet, nous emmène sur
les traces de Lhami, jeune Tibétaine secrète et énigmatique.
Que révèle le passé de cette beauté des hauts plateaux ?
A-telle eu un rôle à jouer dans la mort d’Emma ?
« Les millions de drapeaux de prières, agités par le vent,
crépitent, ondoient en vagues colorées. Lhami dépasse les
deux tours carrées, franchit le col, descend vers le sanctuaire,
visage radieux, serein, Emma attelée à son bras. La prêtresse
règne sur ses terres, régit son fef. Rien ne saurait la faire
douter, personne ne saurait lui contester son droit naturel à
arpenter ainsi le lieu sacré. »
Charley Bournel-Bosson, professeur agrégé de musique, est aussi un
auteurcompositeur produit et édité. À ce titre, il participe à de nombreuses réalisations
artistiques où musique, danse, littérature et arts plastiques sont conviés.
Passionné par l’Orient, et en particulier par la langue et la culture chinoises, il nous
propose ici son deuxième roman.
Illustration de couverture : Claudia Angeli
ISBN : 978-2-343-02935-1
13,50 € 9 782343 029351
testament d’un printemps au Tibet
Charley
Mi






















Mi ăo, testament d’un
printemps au Tibet Du même auteur


Mi ăo ou le chant des chán, L’Harmattan, 2011.

























© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-02935-1
EAN : 9782343029351 Charley
Mi ăo, testament d’un
printemps au Tibet
Roman
L’Harmattan Pour mon frère Serge, en souvenir d’Honoré de Balzac Yartsa gunbu
1
mma m’a quitté le trois février au matin, un jour de E neige d’une grande tristesse. Sa peau collait à ses os
saillants. Son ventre était creux, tout son corps s’était vidé,
aspiré de l’intérieur. Paradoxalement, un sourire béat
fleurissait, illuminait, irradiait son visage.
Une agonie sereine, hiératique, tête droite, bras le long du
corps, jambes serrées, sans le moindre frémissement,
pétrifiée dans l’immobilité. Ses yeux d’un vert léger,
translucides, avaient papillonné. Elle s’était étonnée.
— Mon crâne se déchire !

Après un long silence, elle avait articulé lentement,
détachant chaque syllabe :
— Ce qui m’arrive est tellement banal !

Les infirmières, avec gentillesse, m’ont aidé à rassembler
ses affaires : quelques sous-vêtements, une robe de chambre,
un nécessaire de toilette, la petite fiole qui, jour et nuit,
hantait sa table de nuit.
Je ne sais même pas si nous étions dix le jour de
l’incinération : toi plus quelques autres, les derniers fidèles. 10
C’est en regardant le cercueil s’enfoncer dans le four de
crémation que je prends ma décision. Un besoin impérieux
de vérifier, d’en avoir le cœur net, une absolue nécessité.

Je passe la fin de l’hiver en préparatifs. Mi ăo m’aide à tout
organiser.

Au printemps, je débarque à Shàngh ăi, attrape de justesse
la correspondance pour X īníng, capitale de la province du
Q īngh ăi, à l’ouest de la Chine. J’y retrouve Mi ăo. Nous nous
marions, une formalité. Sans perdre une minute, nous
embarquons dans un quatre-quatre, en route pour le Pays
des neiges.
Deux jours plus tard, le chauffeur nous abandonne dans
la bourgade de Saya, à près de trois mille mètres d’altitude.
Mi ăo me présente aux indigènes. Nous arrivons juste à
temps. Les hommes s’apprêtent à partir en expédition à deux
journées de marche dans la montagne. Sans même prendre
de repos, nous nous joignons à eux. Lorsque nous arrivons à
destination, l’altimètre indique 4 800 mètres passés. J’ai le
souffle court. Végétation rase, air vif. Un manteau blanc,
épais, couvre les sommets alentour.

C’est là, au Tibet, que commence l’histoire de yartsa gunbu.
Une larve de papillon creuse des galeries dans le sol.
Insatiable, elle dévore tout sur son passage. Parfois, ce sont
les spores du cordyceps sinensis. La chenille grossit, mue
plusieurs fois. Au printemps, quand la température devient
plus clémente, elle se dresse sous la surface, impatiente de
percer la croûte de terre. C’est aussi le moment que choisit le
parasite pour passer à l’action. En quelques jours, le
mycélium envahit la larve, se nourrit de ses chairs, momifie
son corps. Une pointe perfore la tête de l’animal, darde son
extrémité violacée à travers le sol vers le soleil. Plus tard, le
champignon, à maturité, libérera des semences, qui se
11
répandront sur le sol, s’infiltreront dans la terre. Ainsi, le
cycle se perpétuera. Larve en hiver, végétal en été, telle est la
signification de son nom, telle est aussi son histoire.

J’avais tellement besoin de voir à quoi yartsa gunbu
ressemblait dans son milieu naturel, tellement besoin de
savoir si je trouverais dans l’herbe la réponse à mes
questions, que j’espérais un miracle.
Lorsqu’un villageois, fier de sa trouvaille, me montre la
première tige de la saison dépassant du sol, prémices de la
récolte, il ne se passe rien, rien du tout. Lorsqu’il déterre à
l’aide de sa binette le spécimen de quelques centimètres,
s’extasiant de sa belle taille, je ne ressens rien, rien du tout.
Ce que je cherche est donc ailleurs.
Je me tourne vers Mi ăo. Elle rayonne. Cette nuit-là, au
campement, sous la tente noire tissée de poils de yacks, je lui
fais l’amour avec une passion dévorante, pour exorciser les
angoisses qui me tenaillent, sans trouver de répit.

Et aujourd’hui, à l’heure où l’aurore dissipe à peine les
affres de nuits sans sommeil, je t’invite toi aussi à gravir, une
à une, de la première à la dernière chaque fois, les douze
marches d’un temple lumineux d’où, cognant à l’huis de mon
futur, je m’adresse à toi.

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