La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 27 juillet 2018 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782378773373 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Millie
Amélie Romarin
Millie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Amélie Romarin
ISBN : 978-2-37877- 337-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je dédie cette histoire à toutes les personnes qui s’y reconnaîtront…
Chapitre 1
J’en peux plus de vivre ici. La saleté, les vêtements de seconde main, être maltraitée...
J’aimerais m’enfuir mais je ne sais pas vers qui me tourner, comment faire. Et j’ai peur que ma mère me retrouve. Comment vais-je finir si cela arrive ?
J’entends la clé dans la serrure. Je retiens mon souffle. Maman m’a encore attachée à la chaise et enfermée dans ma chambre. Tout ça parce que j’ai voulu nettoyer... Je me sens sale dans cette maison. Maman ne fait jamais le ménage...
La porte s’ouvre. C’est maman. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Des fois, elle me frappe encore, des fois elle me libère.
Là, elle s’accroupit devant moi.
— Tu as bien réfléchi à ce que tu as fait, Milena ?
Un frisson parcourt mon corps. Je déteste mon prénom parce que c’est elle qui me l’a donné, parce qu’elle ne m’appelle comme ça que pour faire semblant d’être gentille avec moi.
J’ai répondu en hochant la tête, même si, au fond, je comprends pas en quoi c’est mal de nettoyer. Mais si je lui pose la question, elle va encore s’énerver…
— C’est bien, Milena. Je vais te détacher.
Elle défait la corde qui relie mes mains à mes chevilles. Mon dos craque lorsque je me redresse et ça me fait mal. Je me frotte les poignets et je ressens que ma vessie est pleine. Cela faisait quelques
heures que j’étais attachée.
— Qu’est-ce que tu voudrais faire ? m’a demandé maman.
Je n’ai jamais compris sa mentalité. Elle peut être super douce et ensuite être complètement enragée. Et une fois que ses crises sont passées, je peux demander tout ce que je veux...
Mon père ? Il est... parti. Je n’ai jamais compris pourquoi. J’étais encore un embryon donc je ne le connais pas.
Je crois que ma mère a des remords quand elle est méchante avec moi : ça doit être pour ça qu’elle fait tous mes caprices après s’être comportée aussi cruellement...
La seule chose que je demande toujours après ça, c’est :
— On peut aller à la bibliothèque ?
— Encore ?
— J’aime bien y aller, et ça fait longtemps... En plus, j’ai déjà fini tous mes autres livres.
C’est pas vrai mais c’est le seul moyen de la convaincre.
— Très bien. Allons-y !
Maman ne m’a jamais lu d’histoire comme mes institutrices font en classe. Elle ne m’aide jamais à faire mes devoirs et j’ai dû apprendre à me débrouiller toute seule. C’est pour ça que j’aime aller à la bibliothèque.
J’empruntais des manuels pour m’aider en mathématiques, et je voulais apprendre à lire aussi. C’est Manon, la bibliothécaire, qui m’a appris. Elle est super gentille, même si je sens que les enfants, c’est pas trop son truc : elle est parfois maladroite avec moi mais je trouve ça drôle.
Manon s’occupe plutôt des adolescents. Elle m’a expliqué que son goût pour la lecture lui est apparu vers 13-14 ans et les ados se font rares en bibliothèque. Elle aimerait que ça change.
Je comprends pas pourquoi les ados ne viennent pas beaucoup. Moi, lire, ça me permet de vivre une autre vie. Je ne suis plus chez moi, dans cette maison que je déteste.
Mon livre préféré, c’est « Matilda » de Roald Dahl. Je me reconnais en elle et je rêve d’avoir ses pouvoirs ! Je pourrais faire en sorte que maman arrête de me frapper... ou me libérer de la chaise... C’est Manon qui m’en avait parlé. Elle avait bien aimé le film quand elle était petite.
Généralement, quand maman m’emmène en bibliothèque, elle part faire les courses. Je reste toujours trop longtemps à son goût alors ça l’énerve. Mais je le fais exprès parce que j’aime beaucoup cet endroit. Je préfère rester là. Tout est bon tant que je ne suis pas à la maison, en fait...
Mais j’appréhende toujours le moment où maman ne reviendra jamais me chercher. Parce que je sais que ça arrivera. Parce qu’elle ne m’a jamais aimée...
***
Le métier de bibliothécaire était peut-être une vocation cachée. J’avais un peu tourné en rond avant de découvrir ces études par hasard. Ce métier est tellement riche qu’il m’a tout de suite fascinée !
Je travaille à la bibliothèque publique de Louvain-la-Neuve, là où j’avais effectué mon premier stage.
La jeune Milena vient d’entrer avec sa mère. Cette petite me fait de la peine… Les gens les regardent toujours de travers parce qu’elles ne sentent pas toujours très bon. La mère n’a jamais l’air à l’aise quand elle vient ici…
Milena m’a plusieurs fois demandé de l’aider pour l’école. En math, principalement. J’ai toujours été très nulle dans cette matière alors je lui ai trouvé des manuels. Elle m’avait aussi demandé de lui apprendre à mieux lire, j’avais voulu lui présenter ma collègue qui s’y connaissait mieux que moi comme elle s’occupe des animations et des livres pour enfants mais Milena ne voulait que moi… Je n’ai jamais su pourquoi.
— La porcherie est de retour ! m’a chuchoté Jeanne.
— Dis ! Ce n’est pas sympa ! les ai-je défendues, révoltée.
— Avoue que ça empeste.
— Ce n’est pas une raison pour dire ça. Pense dans ta tête.
— Comment tu fais pour rester avec cette petite ?
— Non mais tu t’entends ?!
Je ne supporte pas ce genre de comportement. Les messes basses, les potins, tout ça… ce n’est vraiment pas mon truc.
— Milena n’y est pour rien. Ce sont ses parents qui doivent lui apprendre la vie.
— Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle est innocente ?
— T’as déjà demandé à quelqu’un d’autre que tes parents pour t’apprendre à mieux lire ?
Jeanne a eu l’air consternée par ma question. Elle devait seulement percuter l’affaire.
— C’est pour ça que tu restais toujours avec elle ?!
— Oui, Sherlock. Cette petite ne demande qu’à apprendre.
— Il faudrait faire quelque chose.
Ah, d’un coup elle compatit…
— Tu sais très bien qu’on ne peut rien faire… Ce serait intervenir dans leur vie privée.
Ma collègue a soupiré. Jeanne avait à peine 40 ans. Elle s’occupait de la section adultes. C’est une personne vraiment chouette mais nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout !
— Cela fait longtemps qu’on ne les avait plus vues, a-t-elle