Mon amante, la femme de mon père
183 pages
Français

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Mon amante, la femme de mon père , livre ebook

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Français

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Description

La relation indécente qui existe entre la troisième épouse de Mendang et son fils empoisonne les rapports des habitants de Nko'o. De cet amour tumultueux naîtront trois enfants. Humilié, l'époux décide de confondre cette épouse récalcitrante, en recourant aux sorciers. Les amants triompheront-ils?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 965
EAN13 9782336256504
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon amante, la femme de mon père

Sylvie Ntsame
© L’Harmattan 2007
5-7 rue de l’École Polytechnique ; Paris 5 e www.librairiehanmattan.com harmattanl @wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296034556
EAN : 9782296034556
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII L’HARMATTAN, ITALIE
Je sais aimer. Je sais haïr. Comme certains attendent que je les haïsse pour m’avoir fait du mal, par mépris, je les aime. Parce que haïr, c’est faire honneur à celui qui ne le mérite pas.
A mes motivations : Ma mère, Philomène Mes enfants, Pascale, Amanda, Anthony et Phillys
Ce roman aurait dû paraître il y a plusieurs mois déjà, mais pour des raisons personnelles, je voulais qu’il paraisse en 2007.
Ce matin du 11 décembre 2006, lorsque Odile, son ancienne collaboratrice du Conseil National de la Communication, m’apprend que Pierre Marie est décédé, j’ai revu les bons moments passés ensemble avec cet artiste qui savait garder ses distances, tout en étant aimable. Lui seul avait ses blagues qui vous faisaient garder le sourire jusqu’à la fin du récit.
Pour moi, les morts ne sont jamais loin, ils sont tout juste derrière une baie vitrée teintée côté vie et claire pour l’invisible d’où ils nous observent.
Un jour, il me demanda si je n’avais pas encore écrit un autre roman. Je lui annonçai le titre de celui que vous tenez actuellement entre vos mains. Frappé par la tonalité de ce titre, il me répliqua sur un ton badin : « toi, tu as toujours des histoires bizarres ».
Ces « histoires bizarres », qu’il ne pourra malheureusement pas lire, je les lui dédie, lui, Pierre Marie DONG , Homme de culture et ministre d’Etat.
A tonton Pierre Marie, comme tu aimais que je t’appelle.
I
La nuit est tombée sur le village Nko’o depuis plusieurs heures. L’obscurité impose silence et calme aux habitants qui se sont barricadés dans leurs cases, avec le grand espoir d’un sommeil paisible jusqu’au petit matin. Nko’ o dont le patronyme signifie colline est situé à quelques kilomètres de la capitale Nkoum-ékieng. Il a la même configuration que l’ensemble des villages de cette province. Celui-ci est construit de part et d’autre de la route, avec deux rangées de cases. Les premières appelées nda fam(case de l’homme) sont strictement composées du salon et chambres à coucher ; quant aux secondes, appelées nda miniga (case de la femme), ce sont des cuisines, généralement construites à l’arrière des précédentes. Chaque femme a sa cuisine, c’est son patrimoine, cet espace dans lequel elle s’organise pour son épanouissement.
L’obscurité, opaque, qui enveloppe le village, lui donne un air sinistre, elle doit certainement les effrayer puisqu’il n’y a aucun signe de vie. C’est le calme plat, pas un seul son. Même les animaux domestiques : chèvres, porcs, poules et moutons qui sont couchés sous les vérandas et autres enclos sont aussi plongés dans un sommeil de mort.
Ouf ! Enfin ! Cocorico ! Le premier chant du coq.
Tiens ! Un bruit dans la cuisine d’Esong. Le crépitement du feu et un murmure constant confirment ce premier réveil.
- A ne yèh  ! Qu’est-ce qu’il y a ? demande Esong à Ngonetang, sa rivale.
- Je me sens mal. Je crois que je vais accoucher.
- Depuis combien de temps ?
- Un moment, maintenant les contractions s’accentuent. Aïe, j’ ai mal !
- Mbazogho, va vite appeler Obola, dit Esong, en réveillant la petite fille.
La fillette se lève promptement, empoigne une brindille de bois allumée en guise de torche pour s’éclairer. Courageuse, l’enfant affronte l’obscurité. Esseulée, sa silhouette traverse la cour.
Co! co! co! toc! toc! toc!
Song Obola, Song Obola ! Tante Obola
- Zalé! Qui est-ce? demande la vieille dame.
- Ma lé ! Mbazogho, ba ley wa, mema a nkouna abieng ! On t’appelle, maman est en train d’accoucher.

La vieille dame, de petite taille au corps sec, se lève rapidement, ouvre la porte de sa cuisine et sort. Sans autre question, à l’allure d’une athlète, elle presse le pas. Elle marche tellement vite que la petite fille, pour la suivre, court derrière elle. En arrivant devant la cuisine d’Esong, elle pousse la porte et disparaît. L’envoyée, essoufflée, vient à son tour s’engouffrer à l’intérieur.
Ces mouvements, inhabituels en pareille heure, interrompent la tranquillité de la nuit et attirent l’attention du patriarche de la famille : Mendang, couché dans la chambre de sa deuxième épouse.
- A Mendang dzi alé! Qu’est-ce qu’il y a ? demande Bissap, réveillée par les gestes de son mari qui cherche son pagne.
- Ngonetang a nga bieyang ! La jeune Blanche est en train d’accoucher.
Aussitôt Bissap saute du lit et court déjà vers la cuisine. Quant à Mendang, de son côté, il va réveiller son frère et confident, Otouang.
- Awala ékuiyang ! L’heure a sonné, s’exclame Mendang.
Comme un code, Otouang sort de sa case, son maigre corps enveloppé dans une couverture. Boitillant, il se dirige vers le corps de garde, accompagné de Mendang. Ils s’installent l’un en face de l’autre, sur les deux lits en bambou. Ils entreprennent d’allumer le feu. Mendang, vieil homme svelte, très bel homme autrefois, et dont les multiples saisons sèches passées n’affectent en rien ce corps qui ne porte pas son âge. Tire derrière lui une boîte d’allumettes, pendant que Otouang place les rejets des noix de palme entre les bûches. Mendang gratte la tige d’allumette et allume le feu. Dès que le corps de garde s’illumine, quelques minutes après, voilà Odzibi, un autre vieillard, rabougri, qui les rejoint. Il se racle la gorge pour annoncer sa présence. Sans un mot, il prend place à côté de Mendang, l’heure est grave. Ces visages éclairés par les lueurs des flammes traduisent une complexité indéfinissable : tantôt anxieuse, tantôt terrifiée.
La gravité du moment embrouille les esprits, si bien que personne ne sait quoi dire. Les trois hommes gardent un mutisme incommodant. Chaque regard fixe un endroit opposé à celui des deux autres. Ils s’évitent. Seul le craquement des orteils de Mendang brise le silence. Stoïque, recroquevillé, bras croisés, entre les cuisses et le bas ventre. La tension fait battre son cœur à une fréquence vertigineuse.
- Qu’est-ce qu’on fait ? ose Otouang, rompant ainsi le silence.
- Faire quoi ? reprend Mendang.
- C’est le troisième enfant que ton fils fait avec ta femme, continue Odzibi.
- Je sais, coupe nerveusement Mendang.
- Tu as reconnu les deux premiers, vas-tu enfin le laisser reconnaître celui-là ? demande Otouang.
- Pas question, c’est ma femme.
- Nous le savons, confirme Odzibi.
- Alors pourquoi poser cette question ? renvoie Mendang.
- Parce que nous savons que c’est ton fils qui passe par là, rajoute Odzibi.
- Et puis ? Il a décidé de m’affronter en m’humiliant, moi je garde ce qui m’appartient et fais de ces “cabris” ce que je veux. Ce sont mes enfants, profère Mendang.
- Moidzang, Mendang, mbogue nkié! Mon frère Mendang, fais attention ! Ne deviens pas fou, en traitant tes enfants de brebis, conseille Otouang.
- Akié ! Fou, moi ? Nul n’est mon ami dans cette affaire. Toi, mon frère de sang, comment oses-tu me traiter de fou ?
- Ce n’est pas ce que je veux dire, dit Otouang en guise d’excuses.
- Je connais maintenant ta pensée, lâche furieusement Mendang.
La discussion est interrompue par les cris du nouveau-né qui annonce son arrivée.
- Akié ! Ah ! soupire Mendang frissonnant.
Les deux autres se regardent et posent simultanément leurs yeux sur lui.
Le deuxième chant du coq retentit. Il fait toujours nuit. Toujours aussi sombre qu’au premier chant.
Stoïque, Mendang fixe maintenant l’arrière du corps de garde. Ses yeux perçoivent-ils quelque chose ? Aucune ombre n’est visible par cette nuit douloureuse qui lui rappelle les deux autres naissances. Des instants terrifiants et gravés dans sa mémoire que cet accouchement ravive. Le craquement de porte indique que quelqu’un en sort. Cela est confirmé par le bruit des pas qui percent le silence sombre. A l’approche du corps de garde, la voix de Bissap tire son mari d’un monde lointain dans lequel il se bat avec ses idées noires. Bissap, petite femme au derrière bien arrondi par deux grosses fesses, que supportent mal ses deux fines jambes arquées. Sur sa poitrine, deux petits seins bien fermes de celle qui ne connaît pas la douleur de l’enfantement. Son front plat sur un nez épaté avec deux petits yeux bouillonnants de jalousie accrue.
- C’est un garçon, annonce-t-elle.
- Nonnnnn ! soupire Mendang.
- Je comprends, dit Bissap.
- Aïe ! Aïe ! crie Mendang.
- Que veux-tu ? Parle, mon bien-aimé. <

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