Naissance d outre-tombe ou le complexe de Chateaubriand
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Naissance d'outre-tombe ou le complexe de Chateaubriand , livre ebook

-

106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Chateaubriand avait pour second prénom René. Re-naît. Prénom donné autrefois à celui ou celle qui venait après un disparu. Comme Chateaubriand et bien d'autres, la narratrice, également auteure et personnage principal du récit, est née dans une famille où ont régné le secret, les non-dits et le savoir insu. Comme pour tous les secrets, la filiation et la mort sont au coeur de ce livre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 19
EAN13 9782336365978
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Histoire de Vie et Formation
Histoire de Vie et Formation
Collection dirigée par Gaston Pineau
avec la collaboration de Pierre Dominicé (Un. de Genève), Martine Lani-Bayle (Un. de Nantes), José Gonzalez Monteagudo (Un. De Séville), Catherine Schmutz-Brun (Un. De Fribourg), André Vidricaire (Un. du Québec à Montréal), Guy de Villers (Un. de Louvain-la-Neuve).
Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la formation, en s’ouvrant aux productions qui cherchent à articuler « histoire de vie » et « formation ». Elle comporte deux volets correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet anthropologique.
Le volet Formation s’ouvre aux chercheurs sur la formation s’inspirant des nouvelles anthropologies pour comprendre l’inédit des histoires de vie. Le volet Histoire de vie , plus narratif, reflète l’expression directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en forme et en sens.
Dernières parutions
Volet : Histoire de vie
Marie BEAUCHESNE, Pouvoir devenir sujet. Un itinéraire de formation à la reliance , 2014.
Jean-Eudes BOURQUE , Une parole arrachée au silence. Vivre la paralysie cérébrale , 2014.
Micheline THOMAS-DESPLEBIN, Ruralité et soi féminin, Dialogues intimes au féminin , 2014.
Corinne CHAPUT-LE BARS, Traumatismes de guerre. Du raccommodement par l’écriture , 2014.
Corinne CHAPUT-LE BARS, Quand les appelés d’Algérie s’éveillent , 2014.
Jean-Pierre WEYLAND, Je voulais vous dire que je n’ai pas été sourd. Education active et promotion sociale , 2014.
Jean TIRELLI, Journal d’une vieille dame en maison de retraite (nouvelle édition), 2013.
Nelly LESELBAUM, Soleils d’Algérie. Je n’en suis pas encore revenue ! , 2013.
Philippe MENAUT, Cultive ton jardin, p’tit bigleux ! Du détour autobiographique d’un handicapé de la vue à une écologie de l’existence , 2013.
Titre
Corinne CHAPUT-LE BARS





Naissance d’outre-tombe ou le complexe de Chateaubriand
Postface de Martine Lani-Bayle
Copyright
Du même auteur
Traumatismes de guerre. Du raccommodement par l’écriture.
Paris : L’Harmattan. 2014.
Quand les appelés d’Algérie s’éveillent. Denis, Philippe, Paul et les autres…
Paris : L’Harmattan. 2014.






Illustration de couverture : Frédéric Joos




© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71608-4
Sommaire Couverture 4 e de couverture Histoire de Vie et Formation Titre Copyright Dédicace Chapitre 1 Ma mère Chapitre 2 Mon frère Chapitre 3 Mon père Chapitre 4 La petite Chapitre 5 L’enfant de plu(s) Epilogue Outre-tombe Liste des citations Postface de Martine Lani-Bayle Bibliographie Remerciements Adresse
Dédicace



A M.






Dans ce livre,
Rien n’est vrai, rien n’est faux,
Mais tout est parfaitement sincère.
Chapitre 1 Ma mère
L’autobiographie est encore le meilleur moyen qu’on ait trouvé Pour dire toute la vérité à propos des autres.
Pierre Daninos
Il y avait chez Mémère une photographie mystérieuse sur le buffet de la salle à manger. C’était un de ces buffets à l’ancienne composé de deux parties distinctes, la partie basse servant à ranger la vaisselle des grands jours : plats du dimanche, saucières, vinaigrier, salière, etc.
Quant à la partie haute, je me la rappelle moins large mais laissant une profondeur confortable pour y disposer des objets de décoration et des souvenirs sur ce qui me semblait être une plaque de marbre.
Peut-être y avait-il au fond un miroir mais, là encore, je n’en suis pas certaine. Comme je ne suis certaine d’aucun détail que je vais rapporter ici. Aucun détail, pas tout à fait. Car il y avait cette photo, ni toute petite ni vraiment grande, logée je crois dans un cadre en verre aux bords argentés.
On y voyait un bébé, apparemment une petite fille au vu de sa longue robe de dentelle blanche, assise sur ce qui pouvait être un épais coussin de satin ou de velours grenat.
C’est en tout état de cause ce que mon cerveau a voulu retenir. Ce que mon souvenir d’adulte a longuement construit au fil du temps, pas fabriqué non mais construit patiemment pour que mémoire demeure de ce petit espace et de ces petits moments où je m’arrêtais devant elle, intriguée et comme rendue muette par le halo de silence qui l’entourait.
Je crois avoir toutefois demandé à Mémère quelques fois qui était ce bébé, s’il s’agissait de moi peut-être mais je crois encore que je n’obtenais jamais de réponse. Ce qui ajoutait à ma perplexité et à mon malaise diffus.
Puis, j’ai dû finir par abandonner, par arrêter de demander et même par oublier qu’il était toujours possible de le faire. La loyauté des enfants est immense à l’égard de ceux qu’ils aiment. Quand ils perçoivent qu’ils peuvent blesser les adultes par leurs mots, ils se taisent et se construisent sur le sable mouvant du silence.
Mémère disait toujours de moi lorsque j’étais très jeune, s’adressant à ma mère : Ma fille, elle est moins en avance que son frère au même âge. Regarde comme elle parlera tard ! Ma mère essayait bien de prendre ma défense en répondant, sans grande force de persuasion toutefois : Mais je te jure qu’elle comprend tout !
Il faut dire, pour pardonner ma mère de son peu d’audience, que Mémère était autoritaire et ma mère d’un naturel soumis. Elle donnait son avis sur tout et surtout son avis, y compris sur ce qui concernait l’intimité de mes parents. Ainsi, lorsque ma mère lui apprit qu’elle attendait son deuxième enfant, Mémère lui rétorqua-t-elle, parlant de mon père : Ma parole, il va-t’en faire un tous les ans ! Une seule fois dans sa vie, toutefois, elle ne dit rien.
Et lorsque mon grand-père mourra, Mémère, qui avait adoré son mari et qui avait sans doute été plus épouse que mère, dira combien elle aimait à le retrouver en ma mère, dans ce qu’elle avait d’attentions pour elle (et d’obéissance). Ainsi la seconde ne faisait-elle pas le poids devant la première et ravalait-elle sa vexation, mais surtout, par procuration, la mienne.
Malgré son amour et sa volonté de croire en moi, ma mère devait tout compte fait avoir intériorisé quelque peu la sentence définitive de Mémère. Lorsqu’elle m’admit dans sa classe à l’âge de 4 ans et 9 mois parce que je commençais à m’ennuyer avec ma nounou, que j’appelais Balalle, elle m’installa au plus petit pupitre d’écolier dans un non moins petit coin et me donna quelques jeux afin de me distraire.
A sa décharge, j’étais à ce jour la plus jeune de ses élèves et je resterais, je pense, parmi les plus jeunes écoliers qu’il lui serait donné de recevoir durant toute sa carrière.
Institutrice dans une petite école de campagne de deux classes où elle avait succédé à ses parents, elle était l’adjointe du directeur qui n’était autre que mon père. La commune ne disposant pas d’école maternelle, elle était autorisée par l’Inspection Académique à accueillir en section enfantine les enfants âgés de 5 ans. Et cet âge s’entendait du 1 er janvier au 31 décembre de l’année scolaire où s’effectuait la rentrée desdits élèves.
Ayant eu le privilège (ou l’infortune, c’est selon) de naître un 16 décembre, je fus donc en toute légalité admise à faire partie des effectifs de la section enfantine dirigée d’une main ferme dans un gant de velours par ma propre mère. Mère qui, dans un premier temps, ne crut pas en mes chances de pouvoir faire de réelles acquisitions scolaires et se contenta, ce qui était louable en soi, de me stimuler et de m’amuser.
Or, il m’arriva sensiblement la même aventure qu’à Marcel Pagnol 1 . Comme lui, discrètement, j’observais ma mère donner aux élèves du Cours Préparatoire la leçon de lecture et écoutais les écoliers ânonner dans la rangée voisine de la mienne. Et ce qui devait arriver arriva. Comme toute petite fille, je jouais à la maîtresse. Sauf que, contre toute attente, je répétais avec précision les mots et les syllabes enseignés depuis le début de l’année. Autant vous dire

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents