Négropolitude

Josette Spartacus

Description

Béatrice est une Négropolitaine, c'est-à-dire née en Métropole de parents antillais. Après une ultime déconvenue amoureuse, elle s'interroge sur son statut en Négropolitude, mais s'enferme dans ses schémas mentaux. Elle est au bord de la folie. Ou de la lucidité… qui sait ? Une dernière rencontre surprenante et inattendue va cependant réorganiser le chaos dans lequel elle a sombré.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 février 2016
• Nombre de lectures: 9
• EAN13: 9782140000508
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

JosetteSpartacus

Négropolitude

Lettres des Caraïbes

Roman

Négropolitude

Lettres des Caraïbes Fondée par Maguy Albet, cette collection regroupe des œuvres littéraires issues des îles des Caraïbes (Grandes Antilles et Petites Antilles essentiellement). La collection accueille des œuvres directement rédigées en langue française ou des traductions. Prosper PLUMME,Des nouvelles de la solitude, 2016. René-Claude MINIDOQUE,Le champ des Picolettes, 2015. Vincent GODEAU,L’enfant imaginé, 2015. George LENO,Les illusions du sang, 2015. Dieurat CLERVOYANT,Haïti, Expositions sans gant, 2015. Daniel COISSY,Haïti, le soir autour du grand-père. Quatre contes merveilleux, 2014. Jacqueline Q. LOUISON,Le triomphe des crocodiles, 2014. Arthur RIDEN-SON,Le second fils de Dieu, 2014. Juan DEL PUNTO Y COMA,Soirée mondaine, 2014. Yvelise VETRAL,Racine ? Racines..., 2014. Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr

Josette S PARTACUS

Négropolitude

© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr [e-mail]

ISBN : 978-2-343-08157-1 EAN : 9782343081571

À Georges.

PREFACE Lorsque Mam est morte, il y a un an, nous ne savions pas quel sentiment éprouver. Aujourd’hui, nous savons très exactement. Le ménage a été rude. Elle gardait tout. Nos chaussons de naissance, nos premiers dessins, un bout de bambou offert par son père, le bouquet de fleurs séchées envoyé par sa mère le jour de ses 20 ans depuis la Martinique jusqu’en Ecosse, toutes les lettres de ses amants, un poster fabriqué par notre père avec ces simples mots : « je t’aime », et même un bout de bougie tout rabougri au fond d’une boîte pré- cieuse dont nous avons pensé comprendre l’importance qu’après la lecture de son manuscrit. Mais, aujourd’hui encore, aucune d’entre nous n’a le moindre souvenir de ce qu’elle relate à ce propos. Son ordinateur était sursaturé de cours qu’elle avait donné trente ans auparavant et qu’elle y avait soigneusement recopiés, de photos de champs de coquelicots, de courriels d’Amazon et de factures déjà payées pour des aquarelles, des huiles et des pastels. Mais il n’y avait aucune trace chez elle de ce qu’elle avait produit en termes de dessins, aquarelles, peintures. Cependant, même si elle gardait tout, sa maison était d’une ingénieuse netteté et d’une incroyable sérénité. C’est sous son lit, à la cave, dans son grenier, que l’épaisseur de sa douleur est apparue et, en même temps, la nôtre. Nous avons retrouvé les premiers chapitres de son manuscrit, qu’elle dit elle-même avoir scanné au chapitre 12 de la deuxième partie. Mais c’étaient en réalité des textes manuscrits, qu’elle avait retapés sur son ordinateur. Ils étaient insérés dans une enveloppe en papier kraft libellée

7

ainsi : « Premiers chapitres de mon roman à écrire sous forme de mail. » Nous les avons retrouvés dans ses dossiers word. Nous les avons intégrés avant ce qu’elle appelle le « Chapitre presque zéro ». Nous n’avons apporté aucune modification, si ce n’est le formatage habituel en vue d’une publication. La construction est étrange. Avec les rares éléments que notre mémoire possède, nous pensons qu’elle a dû écrire ce texte sur les trente ou quarante dernières années de sa vie. À notre insu. Reste un mystère. Tous les personnages de ce texte n’ont jamais existé sauf nous. Ceci nous a rendues perplexes pendant de longs mois. Nous avons fait des recherches dans ses courriers, ses lettres d’amoureux (dont nous ignorions l’existence) et ses documents divers, sans pouvoir sortir de ce questionnement : pourquoi ? Le mystère reste entier. Peut-être qu’un jour, un lecteur attentionné nous éclairera-t-il. C’est ce qui nous pousse à publier, ce que l’on peut vraiment appeler une fiction posthume, à partir d’un réel que nous connaissons mais que nous n’avons pas connu. Il y a eu une autre raison à notre décision. La vie avec Mam était un vrai roman d’aventure. Chaque minute était une virée vers l’inconnu. Et chaque virée nous donnait des ailes pour aller plus loin. Nous n’avons jamais eu la sensation, à l’instar du personnage principal de son roman, qu’elle était emprisonnée dans un jeu de rôle. Nous tenons à ce que ces deux personnages de fiction, notre mère que nous avons si mal connue, et Béatrice se mettent à vivre de nouveau. C’est finalement le sentiment ultime auquel nous nous sommes accrochées. Faire revivre le merveilleux qu’elle a créé autour de nous. Coûte que coûte. Il y a une troisième raison. Tout ce qui est abordé en terme de douleurs de femmes, qu’elles soient négropolitaines ou métropolitaines, ou femmes de n’importe où, nous a touchées dans notre tréfonds. C’est un testament qu’elle nous a livré (et ceci, en quelque sorte, résout le mystère),

8

cependant, le testament n’est pas le nôtre uniquement. Nos maris respectifs, qui l’ont connue, en ont fait le même constat. Ce sont eux aussi qui ont provoqué ce travail et cette publication. Justine et Marie, les vraies filles de Béatrice Lucrèce, qui n’a jamais été notre mère.

9