Néné Salé
131 pages
Français

Néné Salé , livre ebook

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131 pages
Français

Description

C'est le récit de l'arrivée de Néné Salé, quatrième enfant de la narratrice, bébé prématuré dans un hôpital africain à Conakry (République de Guinée). Les conditions d'hygiène, le travail hospitalier y sont décrites, les rencontres aussi et le partage de l'amour maternel.

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Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 237
EAN13 9782296196230
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Néné Salé
JULIANADIALLO
Néné Salé Récit d’une naissance
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-05461-5 EAN : 9782296054615
Aux deux merveilleuses sœurs, la grande et la petite, qui sont mes enfants.
Mes remerciements sincères à Zekrulleh Kazemi qui, par ses conseils précieux, a large-ment contribué pour améliorer le récit.
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Au fur et à mesure que Néné Noumou grandissait, notre désir d’avoir encore un enfant devenait plus ardent. D’abord parce que nous avions réalisé que nos trois enfants représentaient pour nous la plus grande richesse et nous voulions obtenir un trésor de plus. Au-delà de nos relations très affectueuses avec chacun de nos enfants, notre vie de famille (bien que souvent agitée et parfois épuisante), nous procurait bien de la joie et de la quiétude. Nous avions de l’amour à partager et du bien-être à offrir.
Aussi, Néné Noumou nous demandait, depuis qu’elle était toute petite, une sœur (oui, elle parlait toujours d’une sœur). Toutefois, les années passèrent, et notre vœu d’avoir un quatrième enfant n’avait toujours pas été exaucé. Lorsque Néné Noumou a eu ses cinq ans, j’ai commencé à m’inquiéter. J’avançais en âge (le seuil de la quarantaine franchi) et je me demandais si j’étais encore en mesure de concevoir. Je me mis à consulter des mé-decins, à faire des examens, à prendre des médicaments. Envain. Mon désespoir grandissant, j’étais prête à aller plus loin, décidée de suivre des traitements au Sénégal tout à côté, ou plus loin, en Hongrie, dans mon pays natal. Toutefois, Moumini, mon cher mari, gardait sa sérénité habituelle et restait réticent face à mon ardeur : – Laissons la nature faire son travail ! Si cela doit arriver, çaviendra ! N’insistons pas là-dessus ! me rassurait-il.
C’estvers cette période que j’accompagnai mon amie Aïssatou rendrevisite à ses parents à Koyin, dans la préfecture de Tougué. Tout près duvillage, habitait un voyant d’une certaine renommée, recherché par des gens, paysans et cadres,venant de tout horizon, même des recoins éloignés de la Guinée. Le lendemain de notre arrivée, Aïssatou s’apprêtait à lui rendrevisite, apportant un sac de rizpour le remercier des services rendus. Je lui tenais donc compagnie pour découvrir les villages environnants, et surtout pour savourer la sérénité du paysage et l’ambiance de lavie paisible desvillageois qui m’attirait tant. Après une heure de piste à travers des bois et des herbages, nous avons garé lavoiture à la rentrée d’un tout petitvillage de quelques hameaux. Levoyant était parti au marché hebdomadaire et pendant la matinée que nous passions dans l’attente, Aïssatou m’a raconté son histoire avec levoyant.
En effet, directrice d’une agence commerciale, elle a été licenciée à tort. A sa fille désespérée, après des mois de chômage, son père, notable éminent de Koyin, a suggéré de consulter levoyant. Ce dernier a dissipé ses angoisses, la rassurant que son problème serait réglé en moins d’un mois, et a fait des gris-gris en guise de sacrifice. Peu après, non seulement sa situation a été rétablie sans qu’elle n’entreprenne la moindre démarche, mais elle a eu des promotions tout à fait inattendues. Alors, pas du tout surprenant qu’elle plaçât une grande confiance en lui. Malgré tout, moi, je restais sceptique. – Si jeveuxdemander quelque chose à Dieu, je m’adresse directement à lui. Pourquoi passer par un être humain ? Qu’est-ce qu’un homme peut faire pour moi ?
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D’ailleurs Dieu aura raison de se fâcher, si on place la confiance en un homme, et non pas en Lui ! – Oui, mais c’est un homme pas comme les autres. Il est très pieux. Il ne fait que prier ! Puis il a une sagesse et une foi qui dépasse les nôtres ! S’il est un érudit, pourquoi ne pourrait-il pas intervenir ? Il n’ya pas de mal dans cela !
Puis nous avons longuement échangé sur les phéno-mènes surhumains, sur Dieu et ses mystères. Après quelque temps, l’ovation joyeuse d’un nombre d’enfants annonçait l’arrivée du voyant. Sa relative jeunesse m’a surprise, je m’étais imaginée un vieillard barbu. Vu le groupe de gamins accourant pour l’accueillir, je me disais qu’il devait avoir au moins deux ou trois femmes. Il nous a reçues avec tout le respect qu’il se doit et a invité Aïssatou dans la case. Quant à moi, je l’attendais dehors. Je regardais les enfants s’amuser entre les cases, l’ardeur du soleil de midi ne les intimidait visiblement guère. Malgré la chaleur étouffante, les garçons poursuivaient leur cerceau à pied nu sur le sol embrasé, les filles mijotaient du sable dans des boîtes de tomate vides et leur rire retentissait de temps en temps à travers les prés. Au bout d’un long moment, Aïssatou est sortie en me disant : – Pour mon cas, çayest. Aussi, est-il prêt à parler avec toi. Profite donc de l’opportunité ! Puisque nous sommes venues de loin et nous sommes déjà là… – Laisse tomber ça. Tu connais mon point de vue.Et puis, que pourrais-je lui dire ? Demande-lui quelque chose ! – Demander quoi ?
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– Ce dont tu rêves ! Ce que tuveuxobtenir ! – Je n’ai rien à demander ! J’ai tout ! Plus qu’il me faut d’ailleurs. J’ai un mari merveilleux, des enfants, j’ai un bon travail, je suis en bonne santé. Rien ne me manque ! – Il doit y avoir quelque chose que tu pourrais demander ! Au moins, parle avec lui ! Ilvavoir s’il peut faire quelque chose pour toi ! Viens !
Elle m’a prise tendrement par le bras puis m’a faite entrer dans la case. Le jeune homme m’a fait asseoir, et après des échanges de regard courtois, il rompait le silence en me posant quelques questions courantes, celles que les gens m’adressent très souvent lorsqu’ils font ma connaissance. – Ton mari est-il guinéen ? D’où viens-tu ? – Depuis quandvis-tu en Guinée ? Combien d’enfants avez-vSont-ils là, lesous ? enfants ?
Derrière ses questions, j’ai senti la sincérité et la bien-veillance qu’il manifestait à mon égard et je lui répondais donc avec autant de sincérité et de bienveillance. Je restais à l’écoute, à la fois curieuse etvigilante pourvoir oùil voulait envenir. Puis, au bout d’un moment, il a tout simplement demandé : – Puis-jevous aider ? En fait, je suis là pour accompagner ma copine Aïssatou. Quant à moi, je n’ai pas de problème particulier àvous poser. Je suis à l’aise dans mavie. Rien ne me manque. Je ne peuxrienvous demander.
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