Pars, Ntangu !
117 pages
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Pars, Ntangu ! , livre ebook

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Description

1998, Sierra Leone. Une bande armée fait irruption dans un village. Meurtres, viols, pillage. Onika voit sa fille sauvagement tuée sous ses yeux et son fils enlevé pour être enrôlé de force. Réussissant, par miracle, à survivre à cet assaut, la jeune mère n'aura de cesse de retrouver son fils, Ntangu, en sillonnant cette région d'Afrique où l'horreur et la détresse sont devenues quotidiennes. Son destin croisera celui de Béatrice, une travailleuse humanitaire, et du major Kent, un Casque bleu, deux Canadiens aimantés par ce continent meurtri.
Palpitant et bien documenté, Pars, Ntangu ! offre le portrait saisissant d'une Afrique complexe et sismique, où le débordement des camps de réfugiés et la prolifération des enfants-soldats contrastent avec l'indifférence croissante des pays du Nord et le cynisme ou la bureaucratie des relations internationales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 octobre 2011
Nombre de lectures 7
EAN13 9782895972433
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PARS, NTANGU!
DE LA MÊME AUTEURE
Nouvelles
La dernière allumette, Ottawa, Éditions David, 2011.
Le bonheur est une couleur , Ottawa, Éditions L’Interligne, 2008.
Obsessions , Ottawa, Éditions L’Interligne, 2005.
Les yeux de l’exil , Ottawa, Éditions Le Nordir, 2002.
Jeunesse
Les voleurs de couleurs , Ottawa, Éditions L’Interligne, 2010.
Histoires d’amitié (collectif), Ottawa, Éditions du Vermillon, 2009.
Contes de la rivière Severn , Ottawa, Éditions du Vermillon, 2005.
Poésie
Cendres de lune , Paris, L’Harmattan, 2010.
Haïti, je t’aime (collectif), Ottawa, Éditions du Vermillon, 2010.
Aurélie Resch
Pars, Ntangu!
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Resch, Aurélie, 1971-
Pars, Ntangu! / Aurélie Resch.

(Voix narratives)
ISBN 978-2-89597-204-4
I. Titre. II. Collection : Voix narratives
PS8585.E79P37 2011 C843’.6 C2011-906321-2

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa. En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
L’auteure remercie le Conseil des Arts de l’Ontario et le Conseil des Arts de la ville de Toronto pour leur soutien à l’écriture de ce roman et la Fondation Chalmers pour son aide à la recherche.

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3
www.editionsdavid.com

Téléphone : 613-830-3336
Télécopieur : 613-830-2819
info@editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 3 e trimestre 2011

ISBN format ePub : 978-2-89597-243-3
À Sylvain, Louis, Thalia.
Sachez que je serai là, pour vous. Toujours.
Partie 1
1
Afrique du Sud, 2005
Cet été-là est particulièrement chaud. À Cape Town, la vie semble tourner au ralenti. Seuls les rouleaux furieux de l’océan viennent se briser avec insistance sur les falaises, étrangers à la canicule incendiaire qui a déjà bien entamé ses ravages dans les forêts du Kwazulu-Natal.
L’homme court droit devant lui dans la touffeur de la nuit. Au-dessus de la ville, la Montagne de la Table déploie ses kilomètres de falaises de grès devant elle. C’est à peine s’il prête attention à la stridulation des grillons. Il lui faut fuir. Cette présence qu’il sent depuis quelque temps dans son dos devient pénible. Angoissante. Rompu aux combats et aux traquenards les plus vicieux, il sait cette fois encore le danger bien réel. Fatal. Traqué, il l’a été tellement souvent qu’il en a pris l’habitude. Il est toujours arrivé à se soustraire à ses prédateurs. Mais cette fois, c’est différent. Tout est différent. À commencer par ses poursuivants. Il n’arrive pas à savoir combien ils sont, combien ils savent. Ils sont rusés. Plus organisés. Depuis qu’il a quitté le sol angolais, il n’a pas eu une minute de répit. Avec un don d’ubiquité effrayant, ils le suivent — le devancent — partout, franchissant sans bruit ni problèmes les frontières administratives et celles, plus obscures, complices de ses transactions. Ses espoirs s’envolent un à un tandis que ses planques se raréfient et que ses contacts tombent. Systématiquement. Les uns après les autres.
Il bifurque sur sa droite et pénètre un peu plus profondément dans les ténèbres de la nuit. L’obscurité est son alliée. Elle le rend fort et invincible. Ses pas ne font aucun bruit sur le sol poussiéreux qu’il foule rapidement, de son allure régulière. Il a appris à être silencieux. C’est important pour survivre.
Il sait où il va. Aucune hésitation vers sa destination seulement connue de lui. Un monde qui lui appartient et dans lequel il serait hasardeux pour d’autres de s’aventurer. Il n’est pas essoufflé. Il peut tenir la distance des heures. Une autre force. Cela ne l’empêche pas d’être aux aguets. Davantage que son ouïe, son instinct l’informe du danger et de la distance qui les sépare. Il lui faut continuer. Aller encore plus loin dans la nuit. Plus vite, droit devant.
2
Sierra Leone 1998
Sur le miroir de l’eau, des barques de pêcheurs s’éparpillent. La saison est bonne et le poisson abonde. Les hommes jettent leurs nasses en silence. Tout à l’heure, ils rentreront avec leur prise et iront la vendre au marché. Ils donneront à leur femme un poisson qu’elle videra et écaillera avant de le griller et ils le mangeront avec leurs enfants. La nature est encore calme et le soleil se lève à peine. Bientôt, il fera chaud. Très chaud.
Sur la route qui mène à la rivière, Onika marche fièrement, toute droite dans son pagne vert et jaune. Elle est belle. Certainement l’une des plus belles femmes de son village. Avec ses pommettes hautes, ses yeux de biche aux cils recourbés, elle affiche un port de reine. Ses seins généreux et ses hanches en amphore témoignent de sa maternité autant qu’ils retiennent l’attention de nombreux hommes envieux. Personne ne sait qui a été son mari et le père de son fils et de sa fille, jumeaux. Onika, semble-t-il, a toujours habité seule. Elle est secrète et ne parle pas de sa vie. Ses enfants sont adorables et se mêlent volontiers aux autres gamins, tant dans les jeux que dans les travaux utiles aux habitants du village. Le jeune garçon marche devant. Il porte sur sa tête un gros sac de mil. Sa sœur Sema tient la main de sa mère. Onika est fière de ses deux enfants. Ils sont courageux et généreux. Travailleurs. Toujours prêts à rendre service. Bien qu’ils aient hérité de nombre de ses traits, Onika voit en eux la lumière de l’homme qu’elle a aimé et qui serait devenu leur père — un excellent père — s’il n’avait pas été fauché par une jeep militaire lancée à toute vitesse sur la piste. Un accident bête. Mais peut-être préférable aux supplices que les soldats du RUF 1 appliquent sans discernement à ceux qui ont le malheur de croiser leur route.
Le cœur d’Onika avait cessé de pleurer, mais ses yeux et son corps gardaient encore le souvenir de Ntangu. Il avait la stature de ses ancêtres angolais et le regard franc. Bravache presque. Des bras faits pour serrer, des mains pour caresser. Il irradiait une force tranquille qui vous faisait croire qu’avec lui, rien ne pourrait vous arriver. C’est ce sentiment de sécurité qui avait séduit Onika et qu’elle avait goûté chaque jour depuis leur première étreinte. Il aurait pu y en avoir plus…
Devant elle, son fils s’est mis à chanter et elle peut entendre sa fille l’accompagner dans un murmure avec un petit claquement de la langue. Ils sont sa force. Son héritage d’amour. Quand elle avait vu le corps de Ntangu écrasé après qu’elle eut marché plusieurs heures à sa recherche, elle était déjà enceinte de quatre mois de ses jumeaux. Elle pensait alors qu’elle commençait une grande famille. Ses parents, trop pauvres pour la nourrir, l’avaient envoyée chez une tante dans le sud du pays, mais cette dernière avait rapidement succombé à une attaque foudroyante de paludisme, la laissant seule et sans le sou. Onika avait dû travailler dur pour payer sa place dans la communauté et se faire accepter. Elle s’était dit qu’un jour, lorsqu’elle serait grande, elle fonderait une famille large et unie et ne serait plus jamais seule. Le ciel avait entendu ses prières et, quelques années plus tard, il avait mis Ntangu sur sa route.
En dépit des blessures que sa mort avait laissées, il continuait d’émaner de Ntangu une lumière qu’Onika s’était promis de garder intacte au fond d’elle et dont elle ferait cadeau à ses enfants. Aussi, quand seize semaines plus tard, elle mit au monde avec un mois d’avance deux petits êtres de chair et de sang à peine plus gros qu’un poing, Onika les baptisa Ntangu, qui veut dire soleil et sema, illuminer. C’étaient des prénoms d’origine angolaise, mais elle s’en moquait. Elle n’avait pas d’héritage autre à leur transmettre de son côté et elle voulait pour eux davantage que le sang de son homme coulant dans leurs veines. Son fils porterait tout naturellement le nom de son père. À peine remise de ses couches, la poitrine encore gonflée de lait, elle avait quitté sa case et son passé pour recommencer une nouvelle vie au bord de l’eau. Elle voulait voir la mer. Ses pas l’avaient amenée 

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