Passeport pour l insolite
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Passeport pour l'insolite , livre ebook

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Description

« Le vieux docteur monta dans le clocher de droite, accessible au public, et se rendit au plus haut niveau de ce monument qui mêle une façade néo-classique et un intérieur gothique, après s’être reposé un peu. Un bel arc-en-ciel s’allongeait majestueusement et créait une belle ouverture près de la rivière. Il plia sa lettre pour en faire un avion et la lança. Il la vit s’envoler, persuadé qu’elle se rendrait à destination. » (Le pacte de Pampelune)
Écrites par un médecin de famille à la retraite, ces histoires vous sont livrées sans prétention et peuvent être le point de départ d’une réflexion sur des sujets d’actualité, tels que les différentes formes de communication, le rôle du destin dans nos vies, l’immortalité et les bouleversements humains apportés par les changements technologiques.
Véritables tranches de vie, ces nouvelles vous surprendront et vous amèneront avec elles dans des situations insolites.
« Le vieux docteur monta dans le clocher de droite, accessible au public, et se rendit au plus haut niveau de ce monument qui mêle une façade néo-classique et un intérieur gothique, après s’être reposé un peu. Un bel arc-en-ciel s’allongeait majestueusement et créait une belle ouverture près de la rivière. Il plia sa lettre pour en faire un avion et la lança. Il la vit s’envoler, persuadé qu’elle se rendrait à destination. » (Le pacte de Pampelune)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 juin 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782897752484
Langue Français

Extrait

Passeport pour l’insolite
5 nouvelles
 
 
 
 
Jean-Jacques Légaré
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Lucille, Émilie,
Anne-Marie et Angèle
 
 
 
 
 
 
 
 
La vallée des Roy
 
 
 
 
 
 
 
« La vie éternelle est le rêve fou des mortels. Si nous étions immortels, nous rêverions de la mort. »
Alexandre Zimoviev
Va au Golgotha
 
Prologue
Octobre 2015
 
 
La famille de François Roy était réunie chez le notaire Dupré pour la lecture du testament. François avait calmement quitté les siens il y a deux semaines. Y assistaient ses deux filles jumelles, Claire et Josée, son garçon Jérôme, les conjoints des jumelles, eux aussi jumeaux, et Guylaine, l’épouse de Jérôme. Judith, la bien-aimée de François, ne se sentait pas assez en forme pour y assister. D’ailleurs, elle connaissait le contenu du testament.
Le notaire emprunta sa voix pour l’occasion, remplie de trémolo, et commença la lecture :
Mes bien chers enfants,
Je vous ai aimé plus que vous ne pouviez l’imaginer. Je pars en paix, content de ma vie.
Votre mère et moi avons décidé, d’un commun accord, de vous donner dès à présent la moitié des biens que je possède, en argent et en placement. L’autre portion reste à votre mère, ainsi que la ferme. Elle en disposera à sa guise après son décès.
Avant de récolter les montants prévus, j’aimerais que vous lisiez des extraits de mon journal, ceux écrits à l’encre rouge. Je ne pouvais les inclure dans le testament. Vous vous souvenez que, presque tous les jours, j’allais me reposer dans le bureau. J’en profitais pour écrire des notes et coucher sur papier mes impressions et mes sentiments sur les aléas de la vie.
Il y a une histoire que vous connaissez peu et qui a débuté en 1954 pour se terminer vingt ans plus tard. Elle s’est passée dans la vallée des Roy et je veux que vous la connaissiez bien. Elle renferme des leçons à tirer. Dans une semaine, vous reviendrez chercher vos dus, accumulés avec les années.
Et j’ai signé, devant témoins, le 23 octobre 1985,
François Roy
Les enfants étaient un peu surpris de la tenue de cette missive. Ils avaient vaguement entendu parler de cette histoire qui avait duré vingt ans. Quelle est donc cette saga, qui avait débuté soixante ans plus tôt ?
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Qui aurait prévu que cette nuit pluvieuse de juin 1954 ferait place à une magnifique journée ensoleillée ? L’humidité matinale avait imprégné les feuilles, le foin, le gazon et les fleurs. Des effluves de campagne se répandaient dans tout le canton. Cette petite vallée se glissait entre deux montagnes et laissait un petit ruisseau se frayer un chemin jusqu’à la vieille mine de niobium (qu’on appelle ici du columbium), qui n’était plus qu’un cratère montrant les entrailles de la Terre qui se remplissait d’eau selon les saisons. Cette mine avait été fermée par Duplessis lui-même, qui avait préféré subventionner la Côte-Nord.
Cette vallée située dans la région du Saguenay se glissait entre deux villages : Saint-Honoré au sud et Saint-David-de-Falardeau au nord. Arrivé à Saint-Honoré, il fallait tourner à gauche, pour voir au loin cette montagne de roche qui cachait derrière le lac artificiel, né après l’extraction du minerai. Pour les Saguenéens, cette cicatrice faite sur leurs terres leur rappelait l’importance de savoir bien utiliser les ressources souterraines. Mais c’était le passé.
Dans cette petite contrée vivaient environ cent cinquante personnes, incluant les enfants. Beaucoup venaient de la Beauce, habitués à travailler dans les mines d’amiante. Ils étaient ou parents ou amis et formaient une petite communauté qui vivait maintenant de l’agriculture. Faisaient-ils partie de Saint-David ou de Saint-Honoré ? Tout dépendait : la religion se passait à Sain t-David (messe dominicale, baptêmes, mariages, enterrements). Et les affaires se passaient à Saint-Honoré, où le magasin général et la forge avaient pignon sur rue. Le bureau de poste se situait à Saint-David, de même que l’hôtel et le meilleur restaurant.
Les Roy en Beauce étaient presque aussi nombreux que les Tremblay au Saguenay et la moitié de la populace dans la vallée portait ce nom. Ceci avait fait dire au député de Chicoutimi, lors d’un rassemblement de partisans, que le Lac-Saint-Jean avait aussi sa « Vallée Des Rois », devant une foule qui n’y avait rien compris, mais le nom était resté, au grand plaisir de cet élu du peuple de l’époque. Les nouvelles arrivaient avec une journée de retard. Pas bien grave pour ces petites gens qui vivaient tranquillement jour après jour en se souciant plus de la température que des annonces gouvernementales ou des faits divers venant de Québec ou Montréal. La province d’ailleurs était gérée depuis longtemps par Maurice Duplessis, qui la menait d’une main de maître, bien appuyé par le clergé, qui veillait au respect des règles et des lois en semant un règne de terreur et de punition aux dissidents. Tout fonctionnait sous la surveillance de la Police provinciale et de Dieu, et les punitions allaient de l’amende à l’enfer. Notre groupuscule de Québécois pure laine était loin de se douter de la tournure des évènements en cette belle journée de juin.
 
 
 
Chapitre 2
 
 
Durant la nuit du 13 juin 1954, vers 3 h 45, une explosion se produisit dans le cratère de la vieille mine, d’une telle intensité que toutes les vitres des petites maisons du secteur volèrent en éclats, à des kilomètres à la ronde. Plus d’électricité (fournie par la Shawinigan Water & Power), et la noirceur totale fit vite place, lors du lever du soleil, à un nuage de fumée rouge. Celui-ci enveloppa la plaine et s’infiltra même dans les maisons et les bâtiments.
Était-ce toxique ? Tout le monde fut debout très tôt. Ils se rassemblèrent dans la petite montée à la recherche de réconfort et de lumière. La densité du nuage demeura jusqu’au lendemain. Les premiers visiteurs à se présenter n’osèrent pas descendre dans ce hameau en voyant ce nuage écarlate qui cachait les petites maisons au loin. Les habitants avaient bien tenté d’appeler, mais aucune communication n’était possible. Ce n’est donc que le 14 juin que les différentes municipalités autour envoyèrent leurs pompiers volontaires pour tenter « d’éclaircir » ce mystère. Le vent avait transporté et dissipé cette masse rougeâtre vers l’est.
La populace locale s’était vite rendu compte que cet air coloré n’était pas dangereux ou menaçant. Au contraire, il s’en dégageait un certain parfum pas désagréable du tout. Et, bizarrement, les vieux bronchitiques n’avaient pas toussé de la journée. Un certain bien-être même avait été ressenti par tout le monde. Les bébés n’avaient pas pleuré, les animaux, gardés à l’intérieur préventivement, étaient aussi calmes qu’à l’habitude. Même Mémère Groulx ne s’était pas plainte de ses rhumatismes, et les fêtards de la veille n’avaient eu ni nausée ni céphalée. Bizarre !
Le vieux médecin, Dr Gélinas, supposément retraité, mais encore très actif malgré ses soixante-dix ans, fut le premier à se poser la question : « Qu’y a-t-il dans ce gaz, qui ne semble pas toxique ? La mine aurait-elle agi comme un volcan en laissant sortir des produits jusqu’alors inconnus, ayant des effets sur le cerveau ou tout le corps humain ? »
 
Journal de François Roy : 14 juin 1954.
Cher journal,
Quelle drôle de journée ! On s’est levés un peu plus tôt ce matin. Le vent a apporté un nuage rouge. Est-ce le présage d’un changement de gouvernement ? En tout cas, tout le monde s’est rassemblé près de la petite chapelle du rang. Ils avaient tous le visage en point d’interrogation. Il n’y a pas eu de panique. Bizarrement personne des autres villages n’est venu vo

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