Pile et face

Patricia Fontaine

Description

Clarisse est contrainte de fuir au Chili, à Santiago. Pour la première fois après quarante-deux ans d'exil, Marta retourne à Santiago. Au cœur de l'été austral, elles découvriront que celui qui les réunit, au seizième étage, sur le toit d'un des immeubles massifs de la capitale, est  « La Fouine brune ». De quel ennemi est-il question ? Comment vont-elles se retrouver à déterrer un pan, toujours à vif, de l'histoire récente du Chili, le golpe du 11 septembre 1973 ?

Sujets

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• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 21 septembre 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782806109798
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 7 Mo

Extrait

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Patricia Fontaine

Pile et Face Roman

Pile et Face

D/2018/4910/41

©Academia – L’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve

ISBN : 978-2-8061-0419-9

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be

Patricia Fontaine

Pile et Face

Roman

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Pour Hector et Aurore

SI CHAQUE JOUR... Si chaque jour tombe dans chaque nuit il existe un puits où la clarté se trouve enclose. Il faut s’asseoir sur la margelle du puits de l’ombre pour y pêcher avec patience la lumière qui s’y perdit. Pablo Neruda

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1. Le miroir renvoie un visage aux traits tirés, un teint livide. Les sourcils épais et sombres renforcent une image terne. Amélia se penche vers l’avant. De deux doigts, elle écarte ses paupières, ouvre grand son œil, pose délicatement, du bout de l’index, une lentille couleur gris souris. Gauche, droite, battements de paupières. Elle réajuste les cheveux, couleur brou de noix, maintenus en chignon bas dans la nuque. Amélia hésite entre les chemisiers étendus sur le lit. Le blanc ou le coquelicot ? L’un trop classique, l’autre trop vif pour l’humeur du jour, elle opte pour une tunique sable pliée dans l’armoire. Les dernières gouttes d’un violent orage ruissellent sur la fenêtre de toit de son studio. Le tonnerre et les éclairs déchirant le ciel dès l’aube ont cloué le bec aux coqs. Parapluie, sac en bandoulière, Amélia n’a plus le temps de rêvasser, l’autobus ne l’attendra pas. L’orage n’a pu chasser la chaleur moite de cette fin d’août. Les odeurs de terre mouillée après une longue sécheresse se mêlent à celles des pierres et de l’asphalte auréolé de traces humides. La somnolence des passagers du bus 34 témoigne d’une nuit écourtée, d’une canicule qui finit par épuiser les corps. D’une pression du coude, Amélia s’assure de la présence du précieux sésame dans son sac : son diplôme fraîchement acquis, sa lettre de convocation pour l’entretien d’embauche. Si Amélia ne doute pas de ses capacités à se vendre, qu’en sera-t-il de son pouvoir d’adaptation en terrain inconnu, au contact de personnes dont elle ne connaît le profil qu’à travers la théorie apprise aux cours ? En avance de plus de trois quarts d’heure au rendez-vous, Amélia observe, depuis l’arrêt de bus de l’autre côté de la chaussée, la bâtisse basse en briques foncées. En façade, de grosses lettres blanches accrochent le regard : Résidence Saint-Jacques. Des bustes aux épaules courbées, des visages fripés, des cheveux blancs, trônent en « vitrine ». Les fenêtres étant dépourvues de rideaux, la décoration des chambres s’offre à l’indiscrétion des passants. S’il le fallait encore,

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