Prisonnier de vivre libre
77 pages
Français

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Prisonnier de vivre libre , livre ebook

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77 pages
Français

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Description

Désespéré de ne plus voir son fils, il décide de l'enlever à sa mère.

Un homme dont le divorce se déroule très mal, aux prises avec un beau-père qui a tout pouvoir et la main mise sur la ville, ne voit plus son fils. Et si l'ultime solution était pour lui d'enlever son enfant ?

Laissez-vous toucher par l'histoire d'un père qui n'a d'autre désir que de voir grandir son enfant.

EXTRAIT

Notre petit Ben avait maintenant quatre ans et cette justice qui brillait de par sa lenteur et de sa faculté à privilégier les gens aux portefeuilles bien garnis me faisait souffrir. Le ressenti d’un enfant avait moins de valeur que celui de l’argent et cela me révoltait. D’une garde alternée convenue au départ, j’en étais arrivé à ne presque plus le voir. Les parents de Joséphine usaient de leur pouvoir pour me faire passer pour un irresponsable, à la santé souffreteuse. Il est vrai que mon cœur était fragile, mais il ne battait pas plus fort à la seule vue de billets posés sur une table. Pour peu que l’on eût la chance d’avoir du sang bleu dans ses veines, tout pouvait s’acheter, même l’avenir d’un jeune garçon.
Aujourd’hui leur combat consistait à ce que je ne visse plus du tout mon petit Ben. Mais j’étais prêt à me battre jusqu’à mon dernier souffle. Rien ni personne ne pouvait m’enlever le droit de voir mon enfant, pas même les Lambardet ! À ce jour, et pour faire bonne figure, dixit mon avocat, je devais quémander le droit de lui rendre visite une fois tous les quinze jours, et ceci sous la surveillance d’une assistance sociale afin de leur prouver que j’avais les capacités physiques et psychologiques de m’occuper de mon fils.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Frot vit à Saint Fargeau près d’Auxerre dans l’Yonne. Il a été entraineur de boxe en parallèle de son métier de boulanger pâtissier. Il a participé à un championnat du monde au Mexique. Il a suivi des études littéraires et est un grand fan de Philippe Djian. Ce roman est son quatrième titre. Après Larguez les Amarres, un roman de road trip, L’optimiste triste, une réflexion psychologique et L’aigle rouge des frères jumeaux dans lequel il se révèle comme le romancier du malheur, il signe ici un véritable plaidoyer pour tous les pères séparés de leurs enfants.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2018
Nombre de lectures 4
EAN13 9782378772215
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Philippe Frot












Prisonnier de vivre libre
Roman





































© Lys Bleu Éditions—Philippe Frot
ISBN : 978-2-37877-221-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.





Introduction



Cette fois les dés étaient jetés, je n’attendais plus qu’une seule chose, que les gendarmes viennent me cueillir. Mon fils était aux anges, moi j’étais extrêmement malheureux. Sa joie n’était pas le fait de ma future arrestation, car il ne savait pas. Non son bonheur était ailleurs. J’avais tout fait pour le rendre heureux, mais j’étais bien obligé de me rendre à l’évidence que ma présence seule ne lui suffisait pas. Nous ne vivions pas comme des princes, mais il ne manquait de rien, il n’était ni chétif ni faible. De temps à autre nous lui achetions un jouet, ce qui lui rendait sa vie encore plus belle. Certes, il ne s’amusait pas avec des enfants de son âge, sa semi-captivité en était la cause. Tous les soins dont il avait besoin lui étaient prodigués et son hygiène corporelle n’avait rien à envier aux autres. Par chance il n’avait attrapé que des petits rhumes et je n’eus pas besoin de faire intervenir un médecin. Si tel eût été le cas, la situation se serait avérée beaucoup plus compliquée. En effet, il m’eût été difficile d’expliquer et de prouver à un toubib que cet enfant qui vivait avec nous au milieu de nulle part, dans une grotte, possédant un chauffage de fortune, un grand trou où l’on y mettait du bois, ne manquait de rien et était heureux. Cette vie marginale que je lui faisais mener l’aurait sans doute choqué et il aurait eu tôt fait d’alerter les forces de l’ordre ou les services sociaux. Grâce au Ciel, mon fils avait une bonne santé physique.
J’aurais voulu que cette planque ne s’achevât pas rapidement. Seuls nos corps étaient libres, nos esprits étaient quant à eux prisonniers d’un système qui nous obligeait à laisser nos sens en éveil permanent. Je comptais sans arrêt les jours qui passaient en me disant que c’était peut-être le dernier. Je ne me considérais pas comme un hors-la-loi et pourtant, j’étais recherché pour enlèvement d’enfant et les journaux qui parlaient de moi me présentaient comme un être abject. Ma cavale allait s’arrêter là, et cela me tiraillait le ventre. Blaise m’avait proposé d’emmener le petit avec lui, mais j’avais refusé. C’était avec moi qu’il s’était retrouvé là, nous devions en sortir ensemble. Il fut décidé que Blaise quitterait notre « » lieu de vie » » jusqu’à ce que les gendarmes aient accompli leur triste besogne. Je ne voulais en aucun cas qu’il fût mêlé à cette histoire, n’en étant qu’un pion privilégié. Je me sentais quelque peu honteux de le chasser de cet abri qui lui servait de maison depuis qu’il s’était retrouvé à la rue. Je pense qu’il avait assez payé et qu’il ne lui restait plus rien à régler sur l’addition des misères que la vie nous affligeait.
Il serra une dernière fois mon enfant dans ses bras et me donna une poignée de main virile. Puis sa silhouette se confondit dans l’horizon. Le petit s’approcha de moi et vint se blottir. Au loin, les premiers aboiements des chiens se firent entendre. La terrible sentence allait s’abattre sur moi, j’allais être séparé de mon fils ! J’avais désobéi à la loi, tout ceci parce que je n’acceptais pas ma position inique face aux puissants.
— Monsieur Martin Moreau, sortez avec votre fils sans faire d’histoires et tout ira bien, hurla une voix dans le mégaphone.
Avec mon enfant, main dans la main, j’avançai vers l’enfer.






Chapitre 1



Une fois de plus, ou plutôt devrais-je dire une de trop, la confrontation avec ma femme devant le juge, accompagnés de nos avocats respectifs n’avait rien donné. Cela avait de nouveau tourné au pugilat. Chacun campait sur ses positions et aucun ne voulait céder face aux arguments ou requêtes de son adversaire. Nos défenseurs commençaient à s’arracher les cheveux, bien que cette lenteur dans cette procédure de divorce leur apportât une manne financière supplémentaire. Une chose les agaçait profondément, c’est que nous refusions de nous adresser la parole. Nous nous contentions de glisser des mots à l’oreille de nos avocats et chacun répétait les paroles de l’autre. Je pensais sincèrement que cette « » épreuve » » serait vite réglée et que j’aurais eu rapidement la joie de parler d’elle comme de mon ex et non comme de ma femme. Mais las, à chaque confrontation, elle en demandait toujours plus, persuadée sans doute que la lassitude de ces passages obligés dans le bureau de ce juge finirait par me faire céder. Elle avait partagé ma vie pendant quinze ans et pourtant elle me connaissait très mal. Je n’avais jamais rien consenti à quiconque dès l’instant que j’avais l’impression que celle-ci se moquait de moi et qu’elle me prenait juste pour un imbécile. Son petit sourire moqueur qu’elle me jetait en pleine face lorsque son avocat me faisait part de sa dernière exigence m’était devenu insupportable. J’usais de ma maîtrise pour ne pas me lever et lui balancer une énorme baffe que sa condition de petite fille gâtée eût alors toutes les peines du monde à digérer. Afin de satisfaire « » la petite princesse » », j’avais déjà cédé sur énormément de choses. Je lui avais laissé la maison, et lui avais fait grâce de toutes les parts. C’était elle qui s’installait derrière le volant de notre voiture flambante neuve, car, contrairement à elle, je n’éprouvais pas le besoin de posséder des objets brillants pour avoir la sensation d’exister. Les meubles étaient restés sur place à l’exception de mon bureau sur lequel je travaillais pour l’écriture de mon deuxième roman. C’était d’ailleurs l’un de ses sujets de moquerie favoris. Pour le premier, je n’en avais vendu qu’une petite centaine et ma seule richesse d’auteur était d’avoir eu des critiques encourageantes. Fort heureusement, je n’avais écrit qu’une dizaine de pages de mon second manuscrit lorsque je me rendis à son « » domicile » » pour récupérer ce meuble de travail. Mon cahier avait disparu ! J’eus envie de la propulser au milieu du salon. Le plus simplement du monde et avec une jouissance dans la voix, elle m’annonça que ce dernier avait fini par mégarde dans l’âtre de la cheminée pour alimenter le feu. Bien sûr, tout le monde savait cela ! Tout cahier entamé devait être brûlé sur-le-champ ! J’avalai ma colère et c’est la gorge serrée et un goût de cendre amère dans la bouche que je chargeai mon bureau dans une camionnette louée pour l’occasion.
Quant à mes vêtements, je dus entièrement refaire ma garde-robe, ces derniers ayant fait le bonheur d’un centre pour déshérités sans que je le susse. À mon insu, j’avais réalisé une noble action citoyenne, même si je m’en serais bien passé. Ainsi, dès le début de notre séparation, elle avait tout fait pour me briser, me réduire à néant. Mais tout ceci n’était que matériel, ses méchancetés les plus honteuses s’attaquaient à mo

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