Rais Hamidou
224 pages
Français

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Rais Hamidou , livre ebook

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Description

Deux narrateurs racontent les cheminements de deux personnages dans une époque troublée de 1796 à 1815 en Méditerranée. Le premier est raïs Hamidou, corsaire barbaresque, héros légendaire, dont les aventures ont enflammé le peuple d'Alger. Le second personnage est une jeune fille italienne, seule et désemparée, faite prisonnière par le raïs Hamidou et qui devient son épouse. A travers les aventures de ces deux personnages, on découvre l'état de la Toscane sous la Révolution Française, la vie à Alger en cette période agitée...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2007
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296930346
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RAIS HAMIDOU


Le dernier corsaire barbaresque d’Alger
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-02808-1
EAN : 9782296028081

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Paul DESPRÈS


RAIS HAMIDOU


Le dernier corsaire barbaresque d’Alger


L’Harmattan
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet

Déjà parus

Claude DUMAS, Le crépuscule du chapultepec , 2006.
Danièle ROTH, L’année de fête, l’année de Lou , 2006.
Colette BURET, Le survivant : Baseure Adrien Jérôme Cornil , 2006.
Claude BOURGUIGON FRASSETO, Complots à l’île d’Elbe , 2006.
Jean MAUMY, La Valette , 2006.
Daniel GREVOZ, Tombouctou 1894 , 2006.
Claude LEIBENSON, Jonathan, des steppes d’Ukraine aux portes de Jérusalem, la cité bleue , 2006.
Annie CORSINI KARAGOUNI, L’Autre Minotaure , 2005.
Isabelle PAPIEAU, Les cloches de brume , 2005.
Pierre MEYNADIER, Le dernier totem. Le roman du Che , 2005.
Daniel BRIENNE, Gautier et le secret cathare , 2005.
Madeleine LASSÈRE, Le portrait double. Julie Candeille et Girodet , 2005.
Robert CARINI, L’archer de l’écuelle , 2005.
Luce STIERS, Et laisse-moi l’ivresse …, 2005.
Rabia ABDESSEMED, Wellâda, princesse andalouse , 2005.
Guido ARALDO, L’épouse de Toutânkhamon, papesse du soleil et les papyrus sacrés , 2005.
Loup d’OSORIO, Hypathia, arpenteur d’absolu , 2005.
Daniel BLERIOT, Galla Placidia. Otage et Reine , 2005.
Paul DELORME, Musa, esclave, reine et déesse , 2005.
Daniel VASSEUR (en collaboration avec Jean-Pierre POPELIER), Les soldats de mars , 2005.
Claude BÉGAT, Clotilde, reine pieuse , 2004.
Marcel BARAFFE, Poussière et santal. Chronique des années Ming. Roman , 2004
Rachida TEYMOUR, Mévan Khâné , 2004.
François LEBOUTEUX, Les tambours de l’an X , 2004.
René MAURY, Prodigieux Hannibal , 2004.
Paul DUNEZ, Les crépitements du diable , 2004.
Roselyne DUPRAT, Antinoüs et Hadrien : histoire d’une passion , 2004.
Christophe GROSDIDIER, Djoumbe Fatima, reine de Mohéli , 2004.
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
Boire l’allégresse
Avec sa maîtresse
Est de Mahomet la félicité .
Mais sur la montagne
Manger des châtaignes
Vaut mieux que l’amour sans la liberté.
Frédéric Mistral. Lis Isclo d’or.

Il y avait dans leur relation toute récente une sorte de prise de possession assez émouvante qu’il n’avait jamais connue dans ses précédentes liaisons amoureuses. De nature taciturne en apparence, il était en fait très réceptif à toutes sortes d’affects. Capable d’observer longuement et d’écouter encore plus sans négliger aucun détail, jamais indifférent, les jeunes femmes reconnaissaient tout de suite en lui un compagnon assez original avec lequel on ne pouvait pas s’ennuyer. Cette relation d’une nature particulière établie avec la belle Yasmina l’incitait à la réflexion. Certes elle n’était pas envahissante, auquel cas il se serait braqué ; mais elle prenait possession de son univers en s’y intégrant sans à-coup, de façon tellement naturelle, désarmante, qu’il n’y avait bientôt plus rien à lui refuser. Elle était là, présente, ne demandant rien mais prenant tout, c’était ainsi.
Tout lui était instantanément familier, étrange pouvoir d’une belle jeune femme. Tout cela s’était fait insensiblement mais tellement vite. Une sorte de marée montante, silencieuse, enveloppante qui avait créé des habitudes puis des liens, des besoins. Il se demandait si ces pouvoirs lui avaient été légués en héritage par sa lointaine aïeule pour laquelle elle témoignait tant d’admiration. Au point de faire un pèlerinage sur des lieux qu’elle avait aimés et habités.
Tout en réfléchissant, il traçait sur le sable de la plage un visage féminin de profil avec un long nez grec, des lèvres saillantes, excessives et une chevelure nouée en chignonade compliquée qu’il finissait d’orner de coquillages. Pas tellement ressemblante, cette esquisse d’un portrait. Trois vaguelettes l’effacèrent. Plus loin sur la plage la mer avait planté des squelettes d’arbres déracinés, blanchis par le soleil, polis par les vagues, enterrés à demi dans le sable si fin. Des sculptures tellement tristes qu’ils avaient décidé de l’appeler la plage de la mort. Allongés côte à côte, ils se reposaient de leurs ébats amoureux. Aurélien admirait maintenant le corps de la jeune femme étendue à plat ventre : une jambe à demi pliée, ses fesses pommelées et la cambrure accentuée de ses reins. Sa tête reposait sur son avant-bras, elle avait remonté ses cheveux sur le haut de la tête pour sécher sa nuque. À son souffle régulier il supposa qu’elle dormait encore. Il fit quelques pas sur la plage, suivant la mince frange de l’écume qui le séparait du sable sec, évitant les vaguelettes mourantes. Son amie courut vers lui à grandes enjambées qui mettaient en valeur ses longues cuisses et se blottit dans ses bras, quémandant un baiser.

Un vieil homme au visage noble, coiffé d’une chéchia, les accueillit à l’entrée du musée. Il était déjà tard et ils étaient les seuls visiteurs. La musique agaçante des cigales qui avaient élu domicile dans les chênes verts du site archéologique les accompagna jusqu’à l’intérieur du musée. Le vieil homme avait envie de bavarder avec les jeunes gens et les accompagna. Son visage ratatiné comme une figue sèche riait du plaisir de cette compagnie et ses yeux pétillants de malice se fermaient presque complètement. Visage empreint de dignité sur lequel les émotions et les passions avaient creusé ces rides. Les peintres ont souvent représenté de beaux visages ravinés par le temps tandis que les sculpteurs se servent de la vieillesse seulement pour évoquer la fin de la vie, le passage vers la mort, l’oubli ou la déchéance.
Main dans la main, les jeunes gens commencèrent la visite, suivis du gardien qui boitait légèrement et prenait appui sur une grosse canne joliment sculptée : une vigne s’enroulait autour du corps de la cane dont la poignée figurait une volumineuse grappe de raisin. La main noueuse, sillonnée de gros vaisseaux du vieillard constituait un prolongement vivant de l’objet inanimé. Le chibani remarqua le regard de Yasmina qui détaillait cet objet.
« Elle est belle, c’est mon grand-père qui l’avait sculptée. Elle est patinée par les ans et je ne la quitte plus ».
« De l’olivier ? »
« Non, je crois que c’est du genévrier, peut-être du chêne. En tout cas, du solide »
Ils s’arrêtèrent devant des bustes romains, un bras avec sa main à laquelle manquaient deux doigts, un entassement de colonnes cassées en marbre blanc de Sicile.
« Je boite un peu. C’est une ancienne blessure de la guerre 14. Vous savez j’ai fait les tranchées de Verdun et je suis décoré de la croix de guerre. C’est pour cela qu’on m’a donné ce poste de gardien. Ça m’occupe, mes enfants sont loin et je me sens un peu seul. Qu’est-ce qui vous intéresse ? »
« Tout et rien », répondit la jeune femme. « Nous avions envie de visiter Cherchell. Du côté de ma mère nous avons une ancêtre qui a habité ici, une petite maison en bordure de ce site. Je pense qu’elle venait souvent ici et qu’elle a connu ces vestiges avant que le musée soit construit. Son mari venait la retrouver aussi souvent que possible car il avait, comme elle, la passion des chevaux. Ils adoraient galoper dans la campagne et pourtant, lui, était un marin. »
Le vieil homme sourit en observant la jeune fille.
« C’était le raïs Hamidou ? » demanda-t-il en arabe.
« Comment l’as-tu deviné ? »
« Oh ! tu sais, on en parle encore ici, on ne l’a pas oublié ! Le Rais était célèbre, le héros des mers, aussi connu que Keir Eddin. Plein de légendes et d’histoires courent encore. Sa maison de Cherchell était toute petite mais il avait un grand et magnifique palais à Alger. On dit que c’est sa femme qui se plaisait ici. Ils étaient les seuls à posséder des chevaux dans notre petite ville. La maison a été détruite, elle était placée à peu p

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