RDC un deuil sans fin
97 pages
Français

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RDC un deuil sans fin , livre ebook

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97 pages
Français

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Description

L'auteur relate à travers ce roman le conflit intérieur qui peut nous traverser entre la délibération juste et les obligations politiciennes, surtout dans les pays en quête de démocratie comme le Congo-Kinshasa. Comment à la fois obéir à sa conscience et servir un maître qui tient à tout prix à son pouvoir politique?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296696693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

R D C
un deuil sans fin
 
Simon KIANGANI LOTI
 
 
R D C
un deuil sans fin
 
 
roman
 
 
L'HARMATTAN
 
 
 
© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN: 978-2-296-11513-2
EAN: 9782296115132
 
Avertissement
 
 
Mon texte ne s’attaque à personne. C’est une œuvre d’imagination qui part de la société vers la société. C’est comme si j’écrivais ou je criais pour rappeler le monde au monde selon l’expression de l’illustre Sony Labou Tansi.
Une quelconque coïncidence avec les personnages de la vie réelle est un pur ou heureux hasard. En vous y retrouvant, vous guérirez certes, alors cette œuvre aura joué son rôle. L’ auteur .
 
Dédicace
 
 
A mon fils bien-aimé Sérapis Kiangani disparu au moment où mon cœur bouillonnait d’affection ; je dédie cette œuvre.
 
« Seuls les fous sont capables de grandes réalisations. Eux seuls peuvent se mettre en travers de la dérive de la société, la dénuder et se dénuder. Les gens lucides tiennent tant à leur épave physique, obstacle majeur à toute élévation . » (Auteur)
 
Nous nous éloignâmes à peine, marchant en toute hâte vers l’hôpital central où, croyait-on, notre carte d’ayant droit allait officiellement recouvrer sa cour. Très profonde était la nuit.
 
Une nuit noire à vous refroidir le sang ! On aurait cru que le grand peintre de l’univers, aidé de sa cohorte d’anges, s’était employé peu avant à y faire passer une nouvelle couche de peinture noire. Un silence morfal hantait l’atmosphère. Il était par moment ponctué toutes les 10 minutes de faibles cris d’enfants sous sommeil, des quintes de toux, des ronflements s’échappant des nids de poule bordant la rue et que l’on appelle, ici chez nous, maison.
 
Depuis près d’un quart de siècle, le chef du quartier, tombé à ce poste comme un cheveu dans la soupe, avait épuisé de tout son génie à supplier les autorités, à les implorer afin d’obtenir ne serait-ce que de l’éclairage public. On vécut d’espoir en espoir, jusqu’à ce jour Entre temps les paisibles citoyens qui tentèrent de leur gré d’éclairer leurs avenues par de petites cotisations se retrouvèrent en taule pour deux ans, trois ans, voire plus pour non respect de l’autorité de l’Etat et usurpation du pouvoir. Depuis, la peur élit domicile dans l’âme et l’esprit des gens qu’ils n’ont même plus le courage de balayer ou d’évacuer les immondices qui s’accumulent devant leurs maisons. Pour cette belle raison, et puisqu’il faut tout le temps aller se prosterner devant l’autorité, notre ville a aujourd’hui tout d’une poubelle. Pourtant qui ignore quoi dans ce pays ! Qui ne sait pas que les terres de nos ancêtres étaient scandaleusement riches et enrichissantes – je vous le souffle à l’oreille de toute façon : discrétion oblige ! Secret d’Etat, s’il vous plaît !
 
Le cœur lourd, l’esprit rivé sur l’enfant dont le sort n’était plus à deviner, l’escorte s’avançait. C’est alors qu’une voix qu’on eût prise pour celle d’un fauve à jeun depuis plusieurs lunes, sema la terreur dans nos rangs.
 
- Halte ! Vrombit-elle. Que personne ne tousse, ni ne bouge. Osez surtout aboyer un appel au secours .Il vous viendra certes, ce secours -avec un rire sardonique-de mon ami que voici, clôturait-il sa menace en présentant l’arme qu’il tenait à la main, et vous avez aisément votre visa pour l’au-delà, compris !
 
Juste le temps de ciller l’œil, une ceinture d’une dizaine d’éléments de la Division Spéciale du Chef suprême nous encercla. Qu’adviendrait-il tout à l’heure ? Ces hommes, difficiles à distinguer dans la nuit, semblaient armés des dents jusqu’au cœur ! Même en pleine journée, leur présence, racontait-on, était redoutable. Ils avaient raconté à la cité, la gâchette facile.
 
Et si la ceinture se refermait sur nous ! Pour sûr, elle n’allait pas tarder à nous étreindre, à nous étrangler. Entre-temps, une deuxième injonction s’échappa comme une balle. Pas le temps de savoir d’où elle partait.
 
- Tous, en position fixe ! Bras en l’air … Et toi, chacal, s’adressait-on particulièrement à la mère de l’enfant agonisant, qui hoquetait sourdement .Dépose ce colis à terre, vite …sinon…
 
Cherchant à exécuter l’ordre et à expliquer simultanément que c’était un enfant agonisant que l’on dépêchait à l’hôpital, et non un colis, la mère s’écroula sous un violent coup de crosse que lui asséna le mentor. Ah ! Comme elle eut du mal à se relever ! Elle aurait voulu même aussitôt ramasser l’enfant que le choc avait précipité dans la rigole immonde, mais elle se retint spontanément, électrocutée certainement par le regard du diable. Si elle avait pris le risque de se courber pour ramasser le colis, le second coup de crosse lui aurait sans doute fendu la maigre colonne vertébrale qui soutenait un dos presque décharnu. Nous eûmes un frisson cruel. Cette petite scène avait grièvement déchiré nos cœurs. Nous aurions sur-le-champ dû réagir, mais les narines de l’arme pointées sur notre direction nous imposaient le respect, la soumission et le silence. Que pouvaient, contre la gâchette, les mains, les biceps dodus des Judokas, des catcheurs qui gonflaient nos rangs ! La mère, cependant, tenta d’implorer, de balbutier quelque explication. Elle fut aussitôt brutalement interrompue. Elle tira sa propre conclusion.
 
- Pas de dialogue, crétin, salaupard, putain ! Sommes-nous tes amis ? C’est la sécurité ici, et rien de plus .Tu nous laisses remplir notre devoir. Tes gens et toi venez de violer un territoire sous notre contrôle pour la sécurité des biens et des personnes. Qu’as-tu à nous apprendre ? Votre chance à vous tous est d’être là et vous n’avez qu’un verbe : obéir.
 
Ces propos étaient scandés avec un strident crissement des dents qui en ajoutait à notre trouille, alors que nos bras demeurés levés pendant tout ce cirque, chatouillaient d’une douleur qui aurait même fait pleurer l’un de ces éléments s’il avait été à notre place. C’est alors que l’homme aux traits simiesques dévoila son vrai mobile :
 
- Premier, ordonna-t-il avec le même timbre vocal qu’auparavant, arrache tout ce qu’il y a de suspect sur ces sauvages.
 
Cet ordre fut exprimé dans un jargon qui ne fut décodé par nous que quand notre cerbère, le plus jeune de la pègre, se mit à l’ouvrage. Ses mains passèrent avec une dextérité étonnante sur nous. Sans vergogne, il les enfonça dans tous les orifices possibles de nos corps sans distinction de sexe ni d’âge, espérant en extraire quelque chose de précieux. Personne ne rechigna. Il était sage que nous nous laissions faire. Quelle lâcheté ! Non, c’était le plomb qui nous dictait cette attitude. Enfin de compte, même la petite somme qui allait servir aux premiers soins de l’enfant fut déclarée suspecte. Ils la gardèrent donc avec eux, en même temps qu’ils nous hurlaient un « allez –vous-en. » Nous disparûmes sans mot dire, sans daigner regarder d’où nous partions.
 
La suite du parcours se fit dans la peur et dans la désolation, le cœur lourd et méditatif, les pas plus qu’hésitants. Qui allait se mettre à la tête de la marche ? Qui allait accepter de se placer à la queue ? La crainte de nouvelles mauvaises rencontres dans ce noir qui burinait les intestins nous glaçait le sang. Chemin faisant, nous dûmes nous arrêter à tous les dix pas, sursautant parfois devant de simples piquets. Personne n’eut la présence d’esprit de ranimer la conversation ju

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