RECOMPOSITIONS ROMAN
326 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

RECOMPOSITIONS ROMAN , livre ebook

-

326 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce roman nous plonge au coeur d'une famille sénégalaise comme on n'en voit pas tous les jours. Une famille recomposée par les vicissitudes de la vie où se meuvent une myriade de personnages, chacun avec son tempérament et sa manière de voir la vie. Une saga familiale où le drame, l'humour, mais surtout l'amour, se mêlent dans un ballet incessant et tourbillonnant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 78
EAN13 9782296464346
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RECOMPOSITIONS

roman
Oumar F AYE


RECOMPOSITIONS

roman
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54874-9
EAN : 9782296548749

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Mes remerciements les plus chaleureux aux membres de ma famille, mes frères Saliou et Nazir, mes sœurs Joséphine et Berthe, mais surtout ma mère, Marie Christine Soumah, car pour cette fois-ci, ce fut uniquement une affaire de famille.
Je vais aussi remercier Mamadou Diédhiou, Octavie Tendeng, mais surtout Marie Louise Roche Diatta pour la correction et sa participation prépondérante tout comme ma mère.
À toutes les personnes de bonne volonté du monde et particulièrement aux femmes qui sont l’alpha et l’oméga de la vie. Que ceci les inspire pour qu’elles sachent que le bonheur peut aussi se retrouver dans la recomposition et qu’elles ne désespèrent jamais de refaire leur vie dans la quête de lendemains meilleurs.
I
Ton père est mourant. Il te demande de venir d’urgence à son chevet. Abandonne tout ce que tu fais et rapplique tout de suite. C’est un ordre, mon fils. Je veux te voir avant le coucher du soleil, ce soir.
Mais ! ! !
Ce fut le clic du téléphone que l’on avait raccroché qui lui répondit, le laissant perplexe. En plus de trente-six ans de vie, elle n’avait jamais été aussi laconique avec lui. Il se retourna vers sa femme qui lui jetait un regard inquisiteur. La montre de chevet affichait 6 h 30 du matin.
C’est maman qui me demande de venir d’urgence au village, parce que mon père est mourant, et me demande à son chevet.
Il n’y a pas une minute à perdre, nous y allons ensemble. Le travail peut attendre un jour ou deux. Je vais téléphoner à mon service pour les aviser. Tu devrais en faire de même, toi aussi.
Abdallah hocha la tête avant de glisser hors du lit pour se diriger vers la salle de bains. Il maudit l’éloignement ; mais, surtout l’entêtement de son père à vouloir rester au village alors qu’il pouvait les prendre chez lui et leur assurer tout le confort nécessaire, et surtout agir avec promptitude devant cette situation qui le bouleversait totalement. Pendant qu’il était sous la douche, sa femme, en personne pragmatique, avait déjà commencé à mettre leurs affaires dans les sacs, tout en s’occupant de préparer le petit déjeuner pour eux deux et leurs deux enfants qu’elle avait réveillés et mis au courant de la situation. L’aîné, Boubacar ayant pris son petit frère Alioune sous son autorité, le poussait résolument sous la douche. Sa mère lui avait inculqué tout son sens de la responsabilité depuis son plus jeune âge, et le présentait comme le chef de famille en l’absence de son père. Un fait qu’il appréciait beaucoup en tenant son rôle avec honneur et fierté, malgré son jeune âge, sept ans tout juste. Son puîné venait avec trois ans et demi de retard sur lui. Heureusement que les vacances scolaires pour les fêtes de Noël et de fin d’année venaient d’être prises la veille. Toute la famille pouvait ainsi voyager ensemble. Abdallah s’était arrangé pour construire en dur la maison familiale, et avait même prévu un deux-pièces salon pour ses brèves visites avec sa petite famille, même si, elles se faisaient de plus en plus rares, à cause du temps. Il ne restait jamais plus de trois jours sans s’enquérir de l’état de santé de ses parents et leurs éventuels besoins. Comment son père pouvait-il être malade à ce point, en un aussi court temps, sans qu’il n’en soit avisé ? Sa mère avait dû lui cacher la vérité. Il venait de se rendre compte que lors de ses deux derniers coups de fil, celle-ci lui avait dit qu’il était sorti avec un de ses amis pour la première fois ; et qu’il s’était endormi pour la deuxième fois. Pourquoi ces mensonges ? Il fallait élucider cela. Sa mère n’était pas coutumière du fait, pour ne pas dire qu’il ne l’avait jamais prise en faute depuis qu’il se reconnaissait, c’est-à-dire depuis toujours. En sortant de la douche, il croisa sa femme qui revenait de la cuisine. Celle-ci essaya de le réconforter.
Ta mère doit jouer les alarmistes pour que tu viennes vite, mais je ne pense pas que cela soit si grave. Sinon, tu l’aurais su depuis longtemps, non ?
Abdallah esquissa un sourire plus que sceptique, et la dépassa. Ce n’était pas le genre de sa mère de dramatiser une situation. Le problème devait être très sérieux pour qu’elle le réveille aux aurores avec cet impératif à venir les rejoindre, manu militari. Roki, comme aimait à l’appeler son mari, le diminutif de Rokhaya, le suivit pour venir lui entourer le corps de ses bras et lui insuffler un peu de sa force et de sa certitude inébranlable. Elle aimait son mari et avait tout partagé avec lui depuis leur union devant Dieu et les hommes. Elle ne doutait pas une seconde d’être l’une des femmes les plus vernies de la terre, d’être tombée sur un homme aussi merveilleux, qui ne lui avait jamais fait le moindre tort depuis huit ans de mariage. C’était un homme juste qui recherchait toujours le consensus, sans cesser d’essayer de convaincre en toute objectivité et bonne conscience. Avec lui, tout n’avait été que bonheur et joie de vivre. Une heure plus tard, ils étaient sur la route en direction de la région du Saloum, à quelque deux-cents kilomètres de la capitale. Prenant l’effervescence de la ville qui se réveillait et les embouteillages pour la rejoindre à contre sens, ils pourraient arriver dans trois heures. Abdallah appuyait sur la pédale de l’accélérateur désespérément, et se faisait ramener à la raison par ses enfants et sa femme. Personne ne faisait attention au paysage qui défilait à folle allure. Même Alioune qui n’avait pas encore cinq ans avait saisi la solennité et la lourdeur enfiévrée du moment. Un silence de cathédrale régnait dans la cabine, où l’on pouvait entendre voler une mouche. Roki posa délicatement sa main sur celle de son mari qui se tourna un instant vers elle pour esquisser quelque chose qui pouvait ressembler à un sourire, mais le cœur n’y était pas. Abdallah était concentré sur sa conduite, et s’était enfermé dans un mutisme inaccoutumé vis-à-vis de sa femme et de ses enfants, la tête pleine de souvenirs. Son enfance avait rejailli avec une telle acuité qu’il serrait le volant jusqu’à se blanchir les phalanges. Une enfance heureuse, certes, mais avec beaucoup de points noirs et de zones d’ombre. Il savait que ses grands-parents étaient morts quelques années après sa naissance, et que son père avait un frère jumeau dont personne ne parlait. Autour de lui, c’était l’omerta. Lorsqu’ils arrivaient à parler de lui quelques rares fois, il suffisait qu’il essaye de s’approcher, ou de tendre l’oreille, pour qu’ils se ferment comme des huitres. Abdallah avait remué ciel et terre pour découvrir l’anguille sous la roche, mais peines perdues. De guerre lasse, il avait fini par ne plus s’en faire, et vivre avec. Il n’avait même pas pu remonter son passé, car ses grands-parents étaient originaires du village, certes, mais l’avaient quitté à la fleur de l’âge et n’étaient revenus qu’au bout de vingt-cinq ans avec leur mystère et leurs très lourds secrets, Abdallah n’en doutait pas une seconde. Il y avait quelque chose qui avait bouleversé leur vie de manière irrémédiable. Peut-être qu’à l’article de la mort, son père lui racontera toute l’histoire pour une fois. Il se rappelait comment son père pouvait entrer dans une colère noire et le rabrouer, lorsqu’il lui arrivait quelques fois d’être piqué par une curiosité et un besoin de remonter vers ses origines pour comprendre. Il n’arrivait pas alors à comprendre comment cet homme tendre, jusqu’à une assimilation de faiblesse, pouvait se métamorphoser ainsi en une personne dure et acariâtre. Il regrettait son attitude au bout d’un temps et se montrait cajoleur pour se faire pardonner, tout en restant intransigeant et presque obtus. Il n’y avait aucun doute que cette histoire lui pesait trop lourd sur l’âme. Tout s’était passé durant les vingt-neuf ans qu’il avait d’abord passés pour sa très grande partie dans la première capitale du pays, St Louis, et à Dakar, pour tout au plus les huit dernières années. Une fois dans la Capitale, d’abord pour ses études et ensuite pour son travail. Abdallah avait essayé de remonter le passé, mais s’était heurté à un mur infranchissable, un puits insondable ; comme si ses parents avaient vécu en reclus ou avaient brouillé sciemment toutes les pistes derrière eux. Aucun ami, aucune connaissance n’avaient pu l’éclaircir. Leur manque de volonté ou leur incurie ne faisait que le renforcer dans l’idée qu’un drame s’était passé bien avant sa naissance ou même bien après. L’importance du temps était tou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents