Réveillez les tambours
122 pages
Français

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Réveillez les tambours , livre ebook

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Description

Dans les années soixante-dix, pendant un voyage au Nigeria, un diplomate brésilien prend conscience de ses racines africaines. De retour au Brésil avec Marli, un nouvel amour qu'il a rencontré en France, il part à la recherche de ses parents lointains pour écouter leurs histoires et retrouver des documents à propos de ses ancêtres. Il découvre alors ses doubles racines, l'une provenant de l'aristocratie rurale, l'autre plongeant dans la multitude des esclaves qui l'ont servie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296685574
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Kateb Yacine
Nedjma
Charles Bonn


Kateb Yacine
Nedjma


L’Harmattan
PRINCIPALES PUBLICATIONS DU MÊME AUTEUR

La Littérature algérienne de langue française et ses lectures (Naaman, 1974).
Le Roman algérien de langue française (L’Harmattan, 1985). "Nedjma", de Kateb Yacine (PUF, 1990).
Anthologie de la littérature algérienne (Le Livre de poche, 1990).


1 ère édition : Paris, PUF, 1990


© L’H armattan, 2009
5-7, rue de l’EcoIe polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10153-1
EAN : 9782296101531

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avertissement
Cette réédition de mon livre publié en 1990 aux Presses universitaires de France, et depuis longtemps épuisé, le reproduit presque à l’identique. J’ai simplement actualisé des passages assez rares qui me semblaient trop datés, ou qui ne pouvaient pas encore, il y a vingt ans, tenir compte de quelques faits historiques ou littéraires survenus depuis. Et j’ai mis à jour la bibliographie sélective finale, tout en renvoyant pour qui désirera une bibliographie plus complète, à la base de données bibliographique tenue depuis vingt ans elle aussi, mais disponible depuis cette année seulement sur Internet, à l’adresse www.limag.com
Le contexte
La relation au réel
Le lecteur étranger à la réalité maghrébine qui ouvre pour la première fois un roman algérien y cherche le plus souvent un document sur une société qu’il ne connaît pas. Et quand ce roman a été comme Nedjma publié pendant la guerre d’Algérie, en 1956, il y cherche aussi un témoignage sur cette guerre dont les blessures de part et d’autre ne sont pas encore tout à fait refermées, et sur l’histoire de laquelle pèse cependant comme une chape de silence. Dans les deux cas il peut s’attendre à un récit linéaire, chronologique, et à des descriptions savoureuses ou cruelles, mais réalistes.
Un tel lecteur ne peut être que déconcerté par un roman où les descriptions sont rares, où les récits sont multiples et enchevêtrés, tout comme les points de vue narratifs, où les chronologies ne semblent pas respectées, où certains passages sont répétés. Et certes la description réaliste ou le récit linéaire ou chronologique ne sont pas les visées essentielles de Kateb Yacine, lequel ne nous raconte pas non plus la guerre d’Algérie, ne serait-ce que parce que l’essentiel du roman était rédigé avant le début de celle-ci. En en datant les fragments, Jacqueline Arnaud, dont la thèse constitue la référence essentielle sur Kateb Yacine, montre qu’ils ont été composés entre 1946 et 1955 : « Nedjma est un roman d’avant le 1 er novembre 1954 et le déclenchement de l’insurrection, puisque des passages importants sont déjà publiés en 1953. Comme le dit Kateb, on peut y lire la vie de l’Algérie "toute crue" des années 1920-1930 à 1946-1947. » {1}
Le tout est de savoir ce qu’on entend par « la vie de l’Algérie toute crue ». Les plus pittoresques parmi les rares descriptions, en première et en cinquième partie, portent essentiellement sur le petit monde des colons, plus que sur la société traditionnelle. Et les récits d’Histoire récente concernent la répression sanglante de la manifestation du 8 mai 1945 dans l’Est algérien {2} , telle qu’elle a été vécue par Lakhdar dans la deuxième partie, par Lakhdar et Mustapha dans la sixième. Quand on sait l’importance de la guerre qui va suivre et de la modification qu’elle apportera à la société algérienne, cette description de l’univers colonial encore triomphant peut paraître datée. Mais précisément les quatre héros du roman, Rachid, Mourad, Lakhdar et Mustapha, tout comme Nedjma elle-même, sont cette génération que Mustapha appelle la « patrouille sacrifiée qui rampe à la découverte des lignes, assumant l’erreur et le risque comme des pions raflés dans les tâtonnements, afin qu’un autre engage la partie » (p. 187) {3} . Génération condamnée à l’impuissance par les dissensions entre mouvements nationalistes autant que par la répression du 8 mai 1945 {4} . Les combattants pour l’Indépendance sont absents de Nedjma, même si le roman appelle cet engagement par sa structure plus que par sa signification explicite, et si le personnage de Nedjma peut être lu entre autres significations comme le symbole de la patrie à venir.
Nedjma n’est donc pas vraiment un document. Et n’est pas non plus ce récit plus ou moins autobiographique que l’on trouve souvent, à l’usage du lecteur européen et en contradiction avec le refus arabe de l’exhibition du moi, dans les premiers romans algériens, comme Le fils du pauvre (1950) de Mouloud Feraoun. Pourtant on aurait tort de sous-estimer l’ancrage référentiel du roman. Le réel y est transformé, y prend une dimension mythique, et ce en partie dans la rencontre entre le référent collectif et le référent biographique personnel de l’auteur. Les quatre amis, également protagonistes et supprimant de ce fait le héros central unique de narrations plus traditionnelles, confèrent au récit une dimension collective et épique : celle de toute une génération. Pourtant cette génération est aussi celle de l’auteur lui-même, qui tout en les peignant différents l’un de l’autre, leur attribue à chacun des éléments de son histoire personnelle, et projette dans la figure toujours mouvante que forme leur groupe changeant, non seulement l’histoire objective des tâtonnements du nationalisme, mais également l’histoire mythique de la tribu des Keblouti dont il est comme eux issu.
Si donc Nedjma ne peut être lu comme un document, le réel ne s’y retrouve pas moins dans l’intersection même des différentes narrations qui composent le roman, qui toutes en sont nourries. Une lecture dénotative cherchant la signification objective de chaque cellule narrative isolée ferait certainement fausse route : c’est dans l’interaction des différents récits qu’il nous faudra trouver le sens, et derrière le sens le réel objectif. Mais ce réel, historique, politique, biographique ou mythique est omniprésent dans la totalité du texte comme de ces différents niveaux.
Eléments de biographie et d’Histoire
On trouvera une biographie détaillée de l’auteur dans la thèse de Jacqueline Arnaud déjà citée5 {5} . On se contentera d’en privilégier ici les éléments qui affleurent dans Nedjma.
Né en 1929 à Constantine, haut lieu de culture traditionnelle et religieuse, et symbole de résistance aux conquêtes successives dont l’importance dans Nedjma est capitale, Kateb Yacine a suivi pendant toute son enfance les déplacements de son père, petit avocat musulman, dans l’Est algérien qui sera l’espace des parcours des héros du roman. Comme l’indique son patronyme (« Kateb » signifie écrivain en arabe), sa famille est la branche lettrée de la tribu. C’est ce que lui rappellera Si Tahar Ben Lounissi, le modèle de Si Mokhtar, rencontré en 1946 alors qu’il tente de vendre son premier recueil de poèmes, Soliloques, devant la Medersa de Constantine, dans le futur café « Nedjma » {6} . L’enfance est marquée par le passage de l’école coranique à l’école française, la « gueule du loup » dont parle la fin du Polygone étoilé, mais aussi par les jeux et les bagarres et par l’attachement à l’institutrice que l’on retrouve dans l’enfance de Mustapha (cinquième partie du roman). A dix ans, avec un camarade, il écrit un roman d’amour. A douze ans il entre comme pensionnaire au collège de Sétif où les conflits politiques se révèlent, débouchant sur la manifestation du 8 mai 1945 et l’expérience de la répression. Le jeune Kateb qui n’a pas encore seize ans est arrêté et torturé, comme Lakhdar et Mustapha dans le roman, lequel raconte d’ailleurs deux fois cette journée, du point de vue successif de chacun de ces deux personnages.
Selon Jacqueline Arnaud, cette expérience est centrale pour la découverte de lui-même par le jeune homme, qui y acquiert le sens politique et celui du collectif, et y découvre surtout sa véritable nature d’écrivain : « J’ai découvert alors les deux choses qui me sont les plus chères, la po

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