Rouge Carmin
201 pages
Français

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Rouge Carmin , livre ebook

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Description

Tout a basculé au printemps dernier; un réveil brutal, une respiration qui s'emballe au rythme des rafales et qui s'étouffe dans la mitraille des mensonges et des non-dits. Elle a suivi le labyrinthe de Thomas sans s'y perdre, s'est enfin libérée de sa dépendance et de leurs solitudes siamoises, ses yeux ont retrouvés la couleur de la mer.Š

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296470392
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55291-3
EAN : 9782296552913

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Rouge carmin
Solange Combe


Rouge carmin


Roman


L’Harmattan
«La vérité est rarement pure et jamais simple. »


Oscar W ILDE
L’ air est d’une fraicheur âpre et sauvage qui surprend pour un 14 juillet.
La mer au loin paraît inatteignable. Des chapelets d’algues brunes s’étirent entre les rochers et quelques rubans d’eau parcourent la baie ensablée.
Presque de la terre ferme, presque du sûr, jusqu’à la prochaine marée qui ne laissera apparente qu’une fine langue de plage.
Claire s’est emmitouflée dans un lainage couleur sable, mais de ces sables fauves, des pays plus au sud, en bordure des dunes.
Elle est là pour quelques jours à la recherche de sa respiration.
Elle avale l’air frais et se lance sur cette fausse plage que des pelleteuses d’algues viennent fouler avec assurance.
Une bonne paire de bottes et la voilà qui slalome entre les rochers, le nez fouillant les odeurs de varech sous l’œil jaloux des mouettes. Elle marchera jusqu’à l’eau qui scintille là-bas mais qui remonte déjà.
Le vent devient piquant, poivré.
Il faut s’arracher au présent pour retourner vers le rivage. L’heure avance, on l’attend pour dîner.
Faire semblant d’être disponible alors qu’elle plonge trop souvent dans des absences qui l’éloignent de tout.
Son sourire alors se fige, ses yeux nous lâchent.
D’ordinaire, ils appellent le contact, retiennent, capturent. Immenses, ils nous aspergent de leur éclat vert d’eau, nous bombardent de rayons d’or. On perd un peu le fil de la conversation, occupés qu’on est à suivre ces yeuxlà.
Lui, c’est un grain de beauté à l’oreille qui le rend différent : juchée sur le lobe droit, brun foncé, cette fantaisie attire le regard mais ne le retient pas. On évite cet accroc qui pourtant intrigue. De biais, alors, on y revient.
Curieusement, c’est parce qu’il possède cette tache ronde et bombée, sorte de boucle d’oreille, qu’on le remarque vraiment.
Car seule cette curiosité donne à Thomas un air original.
Le reste est rangé malgré une complexité qui le trouble parfois encore. Il s’accepte assez bien, ou du moins de mieux en mieux. Les soubresauts sont surtout difficiles pour ceux qui l’entourent.
Des points fixes et des règles de vie strictes laissent peu de place à l’inattendu. L’inhabituel dans la routine ou dans son organisation le dérange.
Son imagination a tous les droits, mais il n’y a que lui qui le sache.
« Drôle de type », disent certains.
Il est planté sur la plage, scrutant le large. Mais qu’est-ce qu’elle fout !
Il s’impatiente : elle va encore attendre le dernier moment pour rentrer, peut-être même qu’il va falloir aller la secourir !
Jamais ce n’est arrivé et jamais elle ne se plaint. Ses pieds sont au sec, la fraîcheur lui convient, mais c’est lui qui voudrait qu’elle rentre. Ça l’agace qu’elle soit téméraire, qu’elle parte ainsi sans lui. Lui ? Il ne viendrait pas de toute façon, mais ça l’agace quand même.
« Ça fait longtemps que tu m’attends ? »
Claire arrive calmement sur la plage au sec, le visage légèrement bruni, coloré par la lumière mordorée du jour qui tombe. Ses cheveux emmêlés lui donnent un air de jeune fille. Elle a ce sourire malicieux de l’adolescente qui se plait à contrarier.
« Fallait pas, je n’allais pas tarder. »
« Tout le monde t’attend. » Le reproche n’est pas loin, mais peu lui importe. Elle a décidé de prendre son temps, de vivre à son rythme pendant les quelques jours qui s’annoncent.
Elle se secoue comme un chiot, mais prend plaisir à laisser ses bottes engluées dans le sable et les algues. Elle se sent d’humeur mutine.
« Passe tes bottes sous la douche, dit-il en la guidant vers ce système de plage qui culmine près de la jetée.
– Elle ne fonctionne pas », répond-elle en partant dans l’autre direction.
Thomas ne comprend rien, ne voit rien, mais se sent irrité. Mais qu’est-ce qu’elle a ce soir !
Elle en a juste assez qu’il veuille tout diriger. Ici, c’est elle qui décide.
Claire regarde Thomas, son mari, s’éloigner. Il n’est plus mince, mais maigre. En short, il se montre noueux. Les mollets semblent s’être rétrécis, mais la démarche demeure vive et décidée. Elle le voit enfoncer ses talons dans le sable, la tête penchée en avant ; il fulmine, certainement contre elle, contre son indocilité.
Claire se dirige vers la maison en pierres grises qui fait rêver toutes les agences immobilières.
Bâtie au XVII e , flanquée d’une tourelle plus tardive et d’un lierre qui s’accroche déjà depuis des siècles, elle est merveilleusement située. La mer en contrebas s’offre sans trop de violence, s’étant épuisée sur d’autres obstacles. Les arbres centenaires à l’arrière font ressortir une pelouse d’un vert étincelant que des montagnes d’hortensias cramoisis viennent adoucir.
Avant même de pénétrer dans la maison, elle entend des voix joyeuses et des exclamations débridées. Chouette, c’est animé, comme elle aime. Elle entre dans le sas à bottes et à cirés. Il y en a déjà partout : un joli petit bazar qui sent bon le caoutchouc et l’humidité.
Marine, sa belle-sœur, vient de rentrer avec les petits. Toniques, ils sont précédés par leur exubérance qui fatigue un peu leur mère mais qui met en joie tous les autres.
Les enfants se jettent sur Claire ; elle est heureuse, tellement heureuse d’être là.
« Tu sais ce que j’ai trouvé ce matin sur la plage ? explose Adrien.
– Non, dis-moi.
– Une lettre. C’est difficile à lire, j’ai pas tout compris, mais elle est belle cette lettre, alors je l’ai gardée. Ce sera mon trésor.
– Il ne veut pas la montrer, dit Marine. C’est dommage car peut-être quelqu’un est malheureux de l’avoir perdue.
– Oh, elle a déjà pris la mer », t’inquiète pas maman, répond Adrien.
Il sent qu’il aiguise la curiosité et il la montrerait bien, mais il n’est pas encore prêt à partager.
« Tu me la montreras, à moi ? » dit Claire tout en se déchaussant.
Adrien a déjà filé.
Elle essaie de mettre de l’ordre dans sa coiffure, mais c’est impossible. Elle se précipite dans le salon : « J’arrive, j’en ai pour une minute !
– Prends ton temps, va te changer », lui lance son père.
Vêtue d’un joli chemisier vert et d’un pantalon blanc, les cheveux fraîchement brossés, elle est prête pour tout affronter.
Elle empêche sa mère maussade de commencer à geindre, en jetant à la ronde : « Quel bonheur d’être tous réunis ! » Aimée, l’amie de toujours de ses parents est là aussi, un peu plus frêle, mais pimpante. Elle l’encourage d’un sourire complice.
Les enfants sont à croquer et le grand dadais d’ado semble avoir pris de l’épaisseur.
« Alors mes loulous des Indes, vous avez pêché suffisamment pour qu’on ait de quoi dîner ce soir ?
– Ouais », crient-ils en cœur.
Une fois tout ce petit monde redevenu plus calme après un dîner d’été bien sucré pour les petits et bien arrosé pour les grands, Claire propose à Marine un petit tour sur la jetée.
« Comment ça va, je te trouve bien silencieuse.
– La fatigue tu sais, trop de boulot…
– Régis était bien exubérant, par contre.
– Il est content, ça marche fort pour lui. »
Claire n’en croit rien. Elle sent qu’il y a autre chose, quelque chose dont on ne dit rien le premier soir des retrouvailles. Elles s’entendent bien mais ne se voient pas si souvent.
« Et toi ? dit Marine, je te trouve différente, plus cool. Quelque chose de changé ?
– Les enfants, tu sais, je me fais moins de soucis pour eux : Cyril a trouvé un job et Juliette s’épanouit dans ses études. Ça me donne un peu de répit. »
La nuit est là et le vent est complètement tombé. Sur le por

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