Ruptures violentes
132 pages
Français

Ruptures violentes , livre ebook

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132 pages
Français

Description

Massélé est un jeune émigré qui perpétue le drame des exils. Laissant une mère souffrante et des soeurs démunies, il part pour l'Europe, convaincu qu'une fois là-bas sa bonne étoile sortirait de sa torpeur pour éclairer sa vie de pénombre. Sa vie bascule quand, une nuit, il rêve d'une femme qu'il rencontre le lendemain dans un restaurant. Un amour se dessine entre Alice et lui. Cependant, une découverte d'Alice renverse tous les pronostics et une alchimie dramatique ensanglante les roses et les rêves de Massélé.


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2016
Nombre de lectures 17
EAN13 9782140024405
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aliou Hanne Ruptures VioleRnomàNtes
Ruptures violentes
RV IOL E NT E SUPT UR E S
A liou Hanne RV IOL E NT E SUPT UR E S roman
© L ’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’É cole-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10026-5 EA N : 9782343100265
1.
L ’esprit ailleurs, Massélémarchait droit devant lui dans ce grand boulevard bordé de lampadaires équidistants qui rivalisaient en taille comme des blondes en exhibition sur un plateau de Miss. V ue de loin, cette artè re avait une configuration en pente, mais cette vision disparaissait au fur et à mesure que Massélé continuait à remonter cette route. L e climat parisien était trè s rigoureux pour un A fricain qui ne connaissait que le soleil, là-bas derriè re l’océan, au Sénégal, son pays natal. Mais qu’est-ce qui lui fait penser subitement à son pays ? L a nostalgie. Il vient de faire à peine quelques mois à Paris et déjà la chaleur familiale lui manque. « Pourtant, s’était-il dit intérieurement, j’ai toujours rê véde venir en France comme bon nombre de mes ami s ; mais une fois arrivé, j’ai voulu retourner chez moi ; mais pourquoi bon sang ! » Il avait parlétrè s fort cette fois ; les gens qu’il croisait vont croire qu’il est fou. Un couple l’a regardéet il esquissa un semblant de sourire pour masquer ses errements d’esprit. D’ailleurs, comme il vient de lui arriver, on peut parfois se mettre à dérailler. Un dérapage psychologique qui se manifeste soit par un monologue, soit par un geste gauche ou un écart de comportement que les autres interprè teront ironiquement. Sa mè re, maman Fatou comme l’appelaient les proches, s’était opposée à son départ pour l’aventure, car il était son unique fils. « T on pè re est mort depuis, lui avait-elle dit. T u es le seul homme de la famille, si tu nous quittes, qui va gérer la
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maison ? J e suis déjà vieille et il n’y a que tes sœ urs. » E lle ne pouvait plus retenir ses larmes. Des larmes qui ne pourront jamais rafraîchir ce visage émacié par l’â ge et l’effet du soleil sous lequel elle a souvent travai llé. E lle passa ses mains sur son visage pour étouffer la tri stesse qui l’avait envahie. E lle avait défait et refait son mouchoir de tê te comme elle en avait l’habitude, un geste qui révéla un bout de cheveux grisonnants. L a noirceur de son corps contrastait avec la blancheur et la rondeur de ses yeux, signes d’une beauté juvénile aujourd’hui fanée. Sa position assise montrait qu’elle était de taille moyenne. Maman Fatou leva les yeux vers son fils qui était assis en face d’elle, un regard de tendresse qu’elle avait toujours posé sur sa progéniture. Massélé sentit l’émotion v isible sur le visage de sa mè re l’envahir par un magnétisme insondable.
Masséléavait réussi à la convaincre en lui faisant croire qu’il fera fortune à l’étranger. Il aimait bien sa mè re qui, depuis le décè s de son pè re, se débrouillait avec son petit commerce pour nourrir la famille. Cet étal maigrement fourni, installédevant la maison, était leur seule source de revenu. Sa mè re se démenait chaque jour à l’améliorer pour y tirer un meilleur profit. E lle y passait presque toute la journée, somnolant sous le coup d’une fatigue récurrente.
Il avait vu des enfants du pays revenir de l’étranger, fortunés ; ce qui l’a poussé à vouloir tenter l’aventure. L a vie était devenue trè s difficile dans son pays, avec une économie moribonde.
L a veille de son départ, Massélé avait eu une conversation avec sa mè re. L es conseils et les priè res d’une maman sont toujours utiles pour un fils, espoir de la famille. Dans son pays, on a l’habitude de dire que l’enfant ne récolte que ce que sa mè re a semé au cours de sa vie conjugale. Dans la sociétéqui a vu Massélé grandir,
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l’échec d’un fils est souvent interprété comme la sanction divine infligée à une mè re qui n’a pas rempli convenablement ses devoirs conjugaux. L a dévotion et la fidélitéà son mari sont les maîtres mots qui caricaturent la femme modè le. Souvent, certains hommes profitent de cette situation pour oublier leurs devoirs et leurs obligations envers la famille. « Mon fils, tu vas chez autrui ; il faudra faire attention. L es Occidentaux ont une culture et des coutumes qui sont différentes des nôtres. L es cultures, c’est comme l’eau de mer et l’eau douce ; elles peuvent ê tre en contact mais elles ne se mélangeront jamais. L a culture, c’est tout pour un peuple ; elle contient son passé, représente son présent et détermine son avenir. Bafouer sa culture, c’est négliger ses origines. Une fois arrivé, il faudra te conformer aux lois en vigueur dans ce pays ; ê tre courageux, car l es exigences de la vie actuelle nécessitent un sacrifi ce pour réussir. De grâce, évite de te mê ler de ce qui ne te regarde pas. » Ces mots, jamais Massélé ne les oubliera ; ils étai ent comme gravés dans sa mémoire. L es civilisations ont connu des mutations qui ont transformé sur plusieurs générations les sociétés du monde. Mais en A frique noire, certaines pratiques occultes continuent d’ê tre exercées. Des croyances animistes gangrè nent encore une civilisation en velléité de transformation. Maman Fatou était allée consulter un marabout pour la réussite de son fils. E lle avait acheté un coq blanc, un pauvre gallinacé, toujours proposé pour les sacrifices, et une calebasse pour le bain rituel. L e sacrifice et le bain rituel avaient été ordonnés par le marabout Niokhor pour chasser les esprits maléfiques et assurer la protection contre les mauvaises langues. Maman Fatou avait accompagné son fils chez le marabout sept jours avant son départ pour l’étranger ; le choix du chif fre sept
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