SANS STELE FIXE ROMAN
181 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

SANS STELE FIXE ROMAN , livre ebook

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181 pages
Français

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Description

Dans un style bien frappé, Sans stèle fixe relate les aléas d'une vie. A grand renfort de rencontres, de moments fortuits, de cavales amoureuses, ce roman cadence les souvenirs, les carences et injecte de l'oxygène partout où il passe.ŠA poigne épurée, une poésie se distille dans ce parcours sur les contreforts de la vie. Ce livre organique vrille et pulse des bouffées de vie et se destine à tous ceux qui évitent la fatalité. Bien agiter avant de s'en servir…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296465350
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sans stèle fixe
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55190-9
EAN : 9782296551909

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Claude-Alain Planchon


Sans stèle fixe


Roman


L’Harmattan
« A travers les campagnes immenses du Temps,
L’Attente cheminait vers le palais de l’Occasion »
Baltasar Graciàn.
Cette chronique a été reconstituée à partir des notes du Docteur Olivier Kern, Médecin Biologiste des Hôpitaux et Professeur à la Faculté de Médecine de Paris.
Un séquestre sur succession en a été levé par Maître Grégoire Despréaux, Ancien Bâtonnier du Barreau de Paris. (NDLR)
En cas de mort suspecte, conformément à ses dispositions testamentaires, ce document peut être désormais divulgué. En accord avec sa fille Justine, légataire universelle, les bénéfices générés par les droits d’auteur seront reversés à l’association CHOIX VITAL : Parole & Cancer®.



www.vitaloptions.org/fr
http://choixvital.monsite.orange.fr
« J’ai toujours pris des notes – c’est une évidence, comme respirer, manger, boire, dormir. La recherche progresse se remet en cause – sans cesse. Il n’est pas à proprement parler de cheminement de la pensée scientifique.

Je suis resté cet enfant avide qui s’émerveille devant une vitrine à Noël. La vie est un four tout qui n’a rien à envier aux grands magasins. On dit – jamais un coup de dés n’abolira ce bazar ! Et pourtant, un prodigieux hasard nous observe de loin…
Nous croyons toujours garder la maîtrise des événements qui nous poussent – et, les banalités d’une épopée bucolique peuvent à tout instant basculer vers le réel. Ce matériau dur sur le quel on butte.
J’ai cette sensibilité exacerbée, cette faculté de s’émouvoir, de flairer l’air du temps, et je me suis lancé dans ce journal créatif. Témoignage balbutiant, partage… pour laisser une trace. Ainsi goûte-t-on un peu à l’immortalité. Quel goût a-t-elle d’ailleurs ? »


Olivier Kern.
A Selma, Julio et Ana…
Chapitre I Les Sources Claires ou La cruci-fiction
P age blanche
Je suis vide. Rien en moi ne filtre, ne bouge. Ne me souviens de rien.
Comment réapprendre à vivre ? – Stop.
Finalement, je suis embusqué au fond du parc. Instants fugaces.
Quand la surveillance se relâche, je m’y réfugie la nuit à l’abri des bois exotiques. En chien de fusil devant l’enclos des biches, un brin de lune dans leurs grands yeux. Rester ainsi, tapis, jusqu’au petit matin devant le bassin, dans la rumeur d’une source claire, seul témoin du cygne endormi. Se retrouver – juste être un peu avec soi. Reprendre un peu de soi. Goûter au calme, à la douce heure.
En moi, je pioche. Là, tout au fond. Je gratte tous les moyens pour me défendre. Ne plus être enfermé. Ne rien devoir. Ne penser à rien. Se tenir juste immobile, attentif au bal des paons arrogants, observer le jeu d’un canard branchu égaré parmi les colverts. Tout est tranquille au-dedans – tout vit, respire en surface.

Qu’est-ce donc que ce monde ? Qu’est-ce qui m’entoure exactement ? Pourquoi cette prison sans grille, sans mur d’enceinte et sans gardien ? Que sont ces lueurs du jour qui pointent où tout s’arrête et recommence ; elles m’enlèvent à moi-même et me privent de tout. Au baromètre illisible des choses, le mercure ralentit, ralentit, ralen, râle…
Quel crime horrible mérite ici un tel châtiment, et sans jugement ? Quel crime horrible mérite ainsi que tout demeure caché, que tout ici reste gâché ?
Près de la porte d’entrée, un grand massif d’hibiscus bleus m’attire constamment. Attracteur étrange… M’y fondre comme dans un rêve. Rêver enfin. Ecoulement. Ne pas mourir éveillé. Ecoulement. L’inconscient consume la mémoire. Tout est douloureux. La nature seule, comme un vase, reste emplie du parfum des choses. A l’intérieur du bosquet merveilleux, tout est intact. Je le sais. Des âmes anonymes m’y attendent. Plus tard peut-être. Pour l’instant, résister, résister encore. Au petit matin, rejoindre ma chambre.

Depuis peu je me suis remis à lire. A l’intérieur de l’établissement, je viens de me procurer « Le Maître de Ballantrae » de Stevenson. Lisez avec moi : « L’inquiétude de mes esprits, les miaulements diaboliques du vent autour des poivrières, et la trépidation continuelle de la maçonnerie du château, m’empêchèrent absolument de dormir. Je restais devant mon bougeoir à contempler les ténébreux carreaux de la fenêtre, par où la tourmente paraissait devoir faire irruption à chaque instant… Voilà ce que je vis se peindre vivement sur l’obscurité ; et la clameur du vent paraissait railler mon impuissance. »
Ce matin, j’ose enfin me regarder dans la glace. Est-ce moi ? Cheveux hirsutes. Barbe blonde, yeux verts. Quoi de plus ? Visage émacié – autrefois, mes traits devaient paraître réguliers… ? Corps longiligne, amaigri, affaibli. Peau imberbe et sèche, entièrement sèche. Pâleur effrayante – parchemin. Me nourrit-on convenablement ? Me donne-ton suffisamment à boire ? MOI, JE… quelqu’un en moi ressemble à Dimitri Mychkine, cet Idiot Dostoïevskien, à la mystique naïve, incandescente. Je me regarde, m’observe, m’épie, m’admire. Pour un peu, je me trouverais beau. Enfin !

Je déambule dans une bâtisse majestueuse perchée sur les hauteurs du village. Position stratégique. Vue imprenable ! Fraîchement rénovée, tout signe d’opulence a été effacé. Cependant imposante, il en demeure un zeste de mauvais goût ! On dirait une douairière faussement assoupie sur une chaise à l’abri du soleil. Un œil fermé, l’autre ouvert regardant jalousement les profondeurs de la terre.
Là se perpétue lentement la vie d’autrefois. Lancinant et récurrent passé qui revient comme une douleur. Des riens se fanent sous les vitraux, l’âge se décolle derrière d’épaisses portes closes. De chaque côté du bâtiment principal, un réfectoire a été aménagé – sous le faux fard, tout ressemble à une salle de bal désertée. Les ailes secondaires moins vétustes réservées aux patients aisés et des dépendances pour le personnel qualifié – un enclos… où le mystère rampe avec soin. Les vies se tiennent là-dedans, à carreau, au carré, absorbées comme un buvard avaleur d’appareils à mesurer l’infini.

Les perfusions d’Anafranil ont été stoppées depuis deux jours. « ON » va venir me chercher – signe que je vais mieux. Qui est « ON »… ? Je ne me rappelle pas encore très bien… mais « ON » a le droit de m’amener au restaurant – ne suis plus dangereux ! Mais l’accès de la terrasse – toujours bouclé. Au loin l’orage. Le ciel se plombe. Il fait nuit au milieu du jour. La chaleur monte, implose – j’ai peur, là, dedans. A nouveau, la crainte, l’angoisse insupportable que rien ne peut guérir. L’écho du tonnerre me frôle, me traverse. Les éclairs criblent ma peur. L’ombre des grands arbres les morcelle, les débite violemment sous ce stroboscope. La peur remonte les viscères de la terre. Les bourrasques affolent, les branches lancent des cris, rongent, grincent. Vont-elles réussir à m’attraper ? La pluie est épaisse. L’eau gagne, gicle des ornières, les rivières débordent, dévalent les chemins abrupts. Après le torrent de boue, un fleuve de sang brunâtre rampe jusqu’au village. Mater furiosa.
Pourtant je me maîtrise. J’ai peur, mais je me maîtrise. Le goût – je recommence à ressentir le goût. Les aliments avaient une saveur, maintenant, je m’en souviens, elle me revient. J’ai commandé une douzaine d’escargots – à l’aide d’un instrument de torture complexe, j’en saisi un. Raffinée, barbare à la fois, la pince semble sortie tout droit d’un bloc opératoire. Véritable marque de fabrique ! La coquille d’escargot explose avec le claquement d’un coup de feu – giclée d’huile bouillante dans les yeux. J’implose de douleur suis aveugle. Je m’enfuis en hurlant. La salle de restaurant est hagarde.
A mi-chemin du domaine des Sources Claires, hors d’haleine, je m’écrase mollement contre un mur de ferme en terre battue détrempé – il s’écroule. Chute libre dans une ravine à l’abri d’un grand cèdre. Dans ma tête qui macère, des personnages ressurgissent – quand la nuit fait des grumeaux, elle regorge d’ectoplasmes – le corps inanimé d’une femme étendue sur le quai d’une gare, le gémissement d’un cocker noir au regard langoureux, une petite fille blonde aux yeux vert-de-gris, accroché

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