Si le diable m étreint
118 pages
Français

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Si le diable m'étreint , livre ebook

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118 pages
Français

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Description


De quoi sont faits les hommes et les femmes ? De quelle définitive culpabilité ?




Ed Craven est un homme d'une quarantaine d'années qui vit seul dans un village de Savoie. Il a définitivement rompu avec un passé de violence, de trafics et de meurtres qui a failli le détruire. Il s'est reconstruit une existence presque sereine grâce à la peinture, à laquelle il se consacre avec succès. Mais ce passé si patiemment occulté resurgit un matin avec une insoutenable brutalité. Un message lui apprend que son fils Jason, qui vit aux États-Unis, a été enlevé et qu'il sera tué si Craven ne vient pas se livrer au kidnappeur.Quand il débarque aux États-Unis, il est immédiatement victime d'une succession de menaces et d'agressions d'autant plus terrifiantes qu'il ne connaît pas ses adversaires. Qui veut sa mort ? Pour le découvrir et pour sauver son fils, il ira jusqu'au bout de la passion, de l'angoisse et de la sauvagerie.



Avec ce second roman, Alain Claret laisse éclater un talent très rare dans la littérature française d'aujourd'hui. Servi par une écriture remarquable, il entre de plain-pied dans l'univers impitoyable des maîtres du roman noir.





– Touche mon cœur, lui dit-elle dans un souffle.La main de Craven glissa sur la fourrure qui le recouvrait, ses cheveux, l'or noir de sa tête qu'elle soignait comme une bête malade, toucha sa peau, caressa son sein. Elle gémit lorsqu'il écarta le tissu qui le couvrait et l'enferma dans sa paume. La pointe de son sein durcit comme une tige privée de fleur et son cœur s'apaisa.Elle lui demanda où était son hôtel et continua à conduire avec la main de l'homme sur son cœur, les cheveux défaits, la veste ouverte, comme une Furie échappée de son enfer personnel. Il fallait qu'elle arrive avant que sa rage ne la quitte. Elle voulait cet homme. Elle voulait qu'il la touche jusqu'à ce qu'elle demande grâce. Après elle pourrait réfléchir et peut-être lui parler, lui dire ce qu'elle avait sur le cœur.– Je sais que ça allait arriver, dit-elle. Je savais qu'il allait se passer quelque chose. Quand je t'ai vu entrer dans cette maison, quand Menendez et Kronski t'ont sauté dessus. Quand ils t'ont emmené devant moi, j'ai cru qu'ils t'avaient trouvé au milieu du désert. J'ai compris que tu étais différent de nous et qu'ils allaient essayer de te tuer! Dis quelque chose maintenant... Maintenant! dit-elle. Je t'aiderai à retrouver ton fils...Elle donna un brusque coup de volant et écrasa les freins. La voiture fit une embardée et s'arrêta en couinant le long du trottoir.– Que veux-tu? demanda Craven.– Ne me pose pas de question, dit-elle. Parle dans ma bouche.Il plaqua durement son visage contre le sien. Ses lèvres écrasèrent ses lèvres. Les dents de Janet heurtèrent les siennes. Il l'embrassa et elle s'accrocha à lui, le corps tendu comme une lame.– Tu est belle comme un démon, dit-il dans sa bouche.Elle rit, le mordit et suça sa blessure.– Avant oui, avant j'étais belle. Maintenant je suis un démon.– Qui donc es-tu? demanda Craven.– "Celle qui court avec les rivières", dit-elle, celle que tu attendais. Je vais retrouver ton fils. Je vais le sortir de la table du Diable.– Que veux-tu en échange?– Ne me trahis pas. Je te l'ai dit, je suis un démon! Si tu n'avais pas été derrière moi tout à l'heure, j'aurais descendu ce type avec son couteau! J'aurais attendu que les autres se ramènent et j'aurais tiré dans le tas! J'étais prête à mourir, cloîtrée dans la baraque, le revolver brûlant à la main...– Tu me fais peur, dit Craven.– C'est ma peur que tu sens. Si tu me trahis, ton fils mourra de leurs mains...Elle remit la voiture en route. Le désert avait disparu. Le monde où elle n'entendait que le bruit du vent et le cri des oiseaux s'était ouvert. Il y avait un être vivant près d'elle, il avait déchiré et tué ses fantômes. Elle sentait sa main sur son cœur et son odeur sur sa peau. Si elle commençait à lui parler, elle ne pourrait plus s'arrêter. Avant de lui parler, elle voulait savoir s'il était de chair et d'os.






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 avril 2013
Nombre de lectures 28
EAN13 9782221137826
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Clichy Section , Flammarion
Le marché aux voleurs , Parisiana.com
ALAIN CLARET
SI LE DIABLE M'ÉTREINT
COLLECTION BEST-SELLERS
Roman
© Jumpingsack / Fotolia.com
Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2002
ISBN 978-2-221-13782-6
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales
Aide-moi si le Diable m'étreint. Aime-moi. Car il est seul et nous sommes légion.
Jérémiah - A la table du Diable
1
Des innocents
Jason regardait Jérémiah, il était bouleversé. Elle sortait de son bain, assise dans la lumière, une serviette autour des hanches, elle regardait Jason en démêlant du bout de ses doigts ses cheveux mouillés. Elle aurait voulu dire à Jason qu'il l'intimidait en la regardant ainsi, mais elle n'osait pas. Jason était timide aussi, mais il avait du courage. Jérémiah, elle, n'avait pas de courage, juste de la timidité.
Quand Jason regardait Jérémiah, elle pouvait presque sentir l'espace, autour d'elle, bouger et s'agiter comme si des vagues venaient la frapper doucement. Elle n'était plus sûre de rien, sinon que le monde se transformait et lui faisait des signes, lui indiquait une place qu'elle n'avait pas imaginée, mais qui l'attirait et lui donnait le vertige. Jason lui donnait de la force mais cette force la faisait trembler.
Jason, lui, voyait le monde devenir dur et compact, comme un adversaire à la lutte, et il sentait ses propres forces l'abandonner. Il savait qu'il lui fallait trouver le courage d'affronter ce monde pour s'approcher de Jérémiah et retrouver sa place.
Il avait dix-sept ans, Jérémiah en avait seize.
La nuit précédente il avait rêvé de son père. Cela lui arrivait rarement. Dans son rêve, Jason pêchait sur un étang salé, dans une barque à fond plat, entouré d'échassiers ; des grues, des aigrettes, des ibis rouges qui se dressaient sur leurs longues pattes le long des rives. C'était l'aube, le ciel blanchissait derrière lui, et devant, par-dessus les roseaux, il semblait mélangé à la terre noire et à l'eau des marais qui s'étendaient à perte de vue. Jason pêchait en traînant ses lignes, remuant à peine l'eau sombre, glissant au milieu des oiseaux qui s'écartaient et reformaient leur cercle derrière lui.
Son père lui apparut à la pointe d'une île, au milieu des roseaux. Dans son rêve, Jason ne fut pas surpris de le voir parce que, dans sa vie, son père apparaissait et disparaissait sans prévenir et sans donner d'explication. Il vit sa silhouette haute et massive se découper sur le rideau mouvant des joncs. Il ressentit une grande joie car chaque jour son père lui manquait, puis peu à peu, alors qu'il s'approchait de lui, il distingua sur son visage une expression de colère et de tristesse qui le remplit de crainte.
Lorsqu'il fut à quelques dizaines de mètres, son père quitta la rive et marcha vers lui. Au début, Jason crut qu'il marchait sur l'eau puis il se rendit compte qu'à cet endroit le marais était peu profond et que son père avançait en laissant derrière lui un sillage d'écume et de boue qui clapotait comme la lave d'un volcan.
Les oiseaux s'envolèrent brusquement en poussant des cris de détresse. Ils furent entourés d'ailes battantes et Jason crut que la surface du marais se soulevait pour le séparer de son père. Mais l'homme continuait d'avancer sans prendre garde au vol bruyant qui passait entre eux. Quand son père fut près de lui, les oiseaux n'étaient plus qu'une masse agitée qui fuyait en direction du soleil. Son père attrapa la corde qui pendait dans le canot et dit :
— Jason, le monde est rempli d'animaux et d'êtres à l'esprit malfaisant. Ils fuiront devant toi mais prépare-toi à souffrir !
Puis il se retourna, la corde à la main, et se mit à avancer, tirant le canot.
Jason vit que les vêtements de son père étaient couverts de boue, ses bras et son visage griffés, ses mains noires comme s'il les avait sorties de la vase.
Et sans tourner la tête, sans cesser de tirer la barque qui glissait sur l'eau noire, son père lui dit :
— Jason, écoute-moi. Il faut que tu effaces de ta mémoire toutes les futilités de la jeunesse, tout ce que tu as lu dans les livres, toutes les paroles qu'on t'a dites avec amour. Il faut que tu comprennes qu'on peut sourire et sourire, et n'être qu'un traître...
Abandonnant la corde, son père se tourna vers lui.
— Ils te diront que j'ai tué ta mère et ils auront raison. Ils te diront que j'ai placé la souffrance et la mort dans le cœur de ceux que j'ai croisés et ils auront raison. Ils te diront qu'ils sont venus pour te sauver et ils mentiront !
Il vit son père pousser la barque et s'enfoncer dans le marais. L'eau atteignit sa poitrine. Le canot dépassa un bras de roseau et déboucha dans un chenal qui menait à la mer.
— Adieu, Jason ! C'est ta première journée qui se lève...
Le canot filait, emporté par le courant. Son père lui fit un signe et se retourna pour gagner le rivage. Jason entendait le bruit des vagues qui battaient derrière lui, il se dressa dans la barque. Le vent se leva, tordit les joncs et dessina des vaguelettes sur la surface du marais. Il vit son père écarter les roseaux et disparaître lorsqu'ils se refermèrent sur lui. Le bruit des vagues recouvrit le marais et il se réveilla.
La première chose que pensa Jason en ouvrant les yeux, c'était que ce rêve n'en était pas un, parce que la lumière argentée et le morceau de ciel qui se découpait par la fenêtre ouverte, étaient semblable à ceux du marais. Il réfléchit un instant, essayant de fixer les paroles incompréhensibles de son père, sentant qu'elles s'enfuyaient, comme si elles voulaient le rattraper au milieu des roseaux. Il entendit les oiseaux chanter dans le bois qui environnait la maison qu'il habitait avec son demi-frère et son beau-père. Il fixa son attention sur eux, ne voulant se souvenir de rien et cherchant à se rendormir. Il n'était pas effrayé par ce rêve mais il ne voulait pas penser à sa mère.
Il lui sembla que le rêve entrait avec lui lorsqu'il arriva chez Jérémiah. Puis il n'y pensa plus, il était bouleversé par la beauté de la jeune fille qui lissait ses cheveux sans oser le regarder.
Elle avait vu Jason s'approcher de la maison, passer dans les flaques de lumière et d'ombre, son corps mince ondoyant contre le vert brillant des eucalyptus. Pieds nus dans des sandales, un pantalon de coton pendu à ses hanches, les épaules aiguës pointant sous le tee-shirt. Elle ne l'attendait pas, elle sortait de son bain. Elle se couvrit de sa serviette et entrebâilla la porte par où il se glissa, lisse et doré comme le serpent des blés.
La serviette avait glissé sur ses hanches et elle se chauffait sous son regard. Jason aurait aimé la peindre. La regarder, la toucher même n'était pas suffisant. Lui parler de ce qu'il ressentait aurait été bien aussi, mais il n'y arrivait pas. Jason voulait être peintre, comme son père. Il dessinait et peignait dans un coin du garage que son beau-père lui laissait. Il travaillait sous la lumière crue d'un spot de 250 watts, accroché à une potence. Il ne travaillait jamais ailleurs, la lumière lui faisait peur. Les couleurs de la nature lui faisaient peur, les lignes jamais arrêtées de la vie lui faisaient peur. Tout lui faisait peur dans le travail de peintre, et Jason vivait dans l'angoisse et la peur. Personne ne s'en doutait, il n'en parlait jamais. Jason savait une chose : c'était que cette peur ne lui appartenait pas. Elle lui avait été mystérieusement léguée par son père.
Il avait sept ans quand son père avait quitté sa mère. Il ne conservait de cette époque que des souvenirs flous, des images, mais il était sûr que son père ne peignait pas à ce moment-là. Quelque temps avant le divorce, son père se mit à voyager pour son travail, il sillonnait les États-Unis et l'Europe, et Jason ne le voyait que de loin en loin. Après, sa mère s'était remariée, puis son demi-frère était né. Pendant

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