Superflus
188 pages
Français

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Superflus , livre ebook

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188 pages
Français

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Description

Victor Daller veut disparaître de sa vie, à l'aide d'une organisation qui lui propose une existence moins misérable. Ce n'est pas si compliqué. Les relations humaines sont devenues éphémères. Mais pour s'assurer que personne ne cherchera à le retrouver, il doit s'isoler pendant plusieurs mois dans un pays lointain. Après avoir vendu tout ce qu'il possédait, Victor commet l'erreur d'acheter un billet pour la Colombie. On l'avait prévenu : le seul risque, c'est de vouloir y rester.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2015
Nombre de lectures 39
EAN13 9782806108043
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Livres libres
collection dirigée par Marc Bailly
Une collection où vivent plaisir, liberté, imaginaire et qualité.
Le plaisir de la lecture. Trop souvent oublié dans un monde qui file à la vitesse du numérique, le plaisir de la lecture offre pourtant une fenêtre sans limite sur le monde qui nous entoure. Pour certains synonyme d’apprentissage, d’élitisme, de difficulté, la lecture plaisir a trouvé sa collection.
La liberté. De ton, de style, de genre, d’écriture. Une collection qui se veut sans barrière, sans limite, sans étiquette. Les auteurs seront libres de développer leur univers, d’exploiter leurs idées, de faire naître aux détours des pages, des galeries de personnages fascinants… Pour des lecteurs qui pourront, en toute liberté se plonger dans des récits riches, joyeux, tristes, dangereux, excitants, bondissants, drôle, terrifiants…
L’Imaginaire au pouvoir ! Qu’est-ce que l’Imaginaire ? Mais finalement, qu’est-ce qui n’est PAS Imaginaire. Une collection qui se permet tout, ne se refuse rien et qui ouvre grandes les portes d’une véritable aventure littéraire aux parfums exquis !
La qualité. Livres Libres se veut une collection de qualité et exigeante, qui ne publiera que le meilleur, au service d’une littérature de qualité (mais accessible), et d’un lectorat tout aussi exigeant…
Livres Libres propose des ouvrages inédits d’auteurs belges qui partagent une volonté tant de qualité que de divertissement.
Livres Libres, finalement n’est pas une collection ! C’est une expérience littéraire.
Titre
HUGO POLIART


Superflus
ROMAN
Copyright






D/2015/4910/45
EAN Epub : 978-2-8061-2054-0
© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 L OUVAIN-LA-NEUVE
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque proc é d é que ce soit, r é serv é s pour tous pays sans l’autorisation de l’ é diteur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
En mémoire de Georges et Béatrice Poliart-Sirault
« Le seul risque, c’est de vouloir y rester. »
Chapitre 43
Melbourne semblait particulièrement paisible ce jeudi matin-là. Victor avait aperçu cette grappe de buildings au loin, depuis l’avion qui effectuait son interminable descente sur la plus grande île du monde. Il pensait atterrir dans une métropole bruyante, au rythme infernal, une sorte de New York la tête à l’envers. Mais l’atmosphère était presque relaxante dans le centre de la ville. Était-ce la douceur de la température, la quasi-absence de vent ? Tout semblait même trop calme, mais comme personne autour de lui n’avait l’air de s’en étonner, Victor se dit qu’au fond, il ne connaissait pas cet endroit. Il avait entendu parler d’une certaine nonchalance dans le comportement de l’Australien de base, qui à ses yeux n’était qu’une sorte d’Anglais resté trop longtemps au soleil, mais il ne pouvait dire si le Melbourne de ce matin-là, c’était business as usual ou non, simplement parce que c’était la première fois qu’il y mettait les pieds. Peut-être, imaginait-il, que quelque chose de particulier, une fête officielle, un deuil national, expliquait ces scènes urbaines ressemblant à un décor de cinéma avant l’arrivée de l’équipe de tournage. Pourtant, nous étions bien jeudi en pleine semaine active et il était neuf heures vingt. La plupart des employés avaient probablement déjà rejoint leur tour de verre, profitant de l’air conditionné pour souffler un peu et faire sécher leurs costumes suintants à deux cents dollars, achetés par deux quelques mois plus tôt dans une boutique au coin d’Elizabeth Street, l’artère dans laquelle il s’était engagé pour rejoindre le lieu du rendez-vous.
« Quelle idée de travailler dans un bureau… », songeait-il en marchant. Sa pensée divagua quelques secondes, alors qu’il s’approchait lentement de sa destination :
« C’est vrai, quel est le con qui a inventé le travail de bureau ? Je veux dire, un type, un jour, a dû dire : Eh les mecs, en fait, l’air pur, ce n’est pas bon pour nous. Il faudrait qu’on aille s’enfermer toute la semaine dans un bâtiment avec des fenêtres qui ne s’ouvrent pas. Et là, on rédigerait des documents et on se les échangerait toute la journée. Et si on s’ennuie, si quelqu’un craque et se sent un peu seul, alors on organise une réunion et on fait des blagues ! Pas con, hein ?… »
– Don’t move !
Les réflexions intérieures de Victor furent stoppées net par un bras inconnu prolongé de la pointe d’un couteau qui, en un éclair, était venue se poser sur la peau blanche de son cou, avec cette légère pression qui fait songer que ce n’est pas vraiment douloureux, qu’on est juste en train de se faire chatouiller le dessous du menton par un objet pointu ; mais qu’à y regarder de plus près, on n’est quand même plus très loin de se faire trancher la gorge. Victor ne ressentit cependant ni le choc de la rapidité avec laquelle on l’avait immobilisé sur place, ni le stress typique d’une agression soudaine. Comme si son auteur était un virtuose, un artiste du vol à main armée, un orfèvre du sac-jacking. Une main était venue se placer sans violence sur son épaule, tandis que la pointe du couteau avançait avec légèreté, telle une danseuse, jusqu’à se poser exactement à l’endroit de la peau du cou où l’on peut sans trop d’effort entamer une dissection qui transforme un homme de trente-cinq ans plutôt bien fait et fort présentable, en un cochon d’abattoir hurlant et giclant le sang au visage de son bourreau. La suite de l’opération fut presque agréable. À son propre étonnement, Victor ne se sentit pas menacé. Il pensa seulement aux statistiques de criminalité et fut surpris d’être attaqué en plein cœur de Melbourne, une ville considérée comme une des plus sûres au monde. La main de l’agresseur était experte. Elle parcourut en quelques secondes toutes les poches et les endroits stratégiques d’un manteau puis d’un costume pour homme. Victor fut surpris, mais pas choqué, comme s’il était conditionné mentalement à ce genre de mésaventures. Ces derniers mois, il avait acquis un sang-froid presque infaillible. Il s’était préparé, petit à petit, à ce qu’il allait vivre. Les événements de sa vie passée l’y avaient encouragé. Son cœur battait toujours, mais c’était désormais son unique fonction. Il le maintenait en vie, mais ne lui permettait plus de s’émouvoir et encore moins d’être pris de panique. « C’est étrange de voler un téléphone portable, songea-t-il encore, alors qu’on en vend un peu plus bas dans la rue, pour deux dollars avec un abonnement », ce qui résumait bien le véritable niveau de stress provoqué par l’agression. Son auteur cagoulé s’éclipsa en un éclair vers une petite rue latérale et disparut dans le quadrillage urbain sans que Victorait même jamais envisagé de se mettre à ses trousses. Il soupira profondément, reprit ses esprits et regarda autour de lui, adossé à la façade d’un salon de coiffure chinois qui n’avait pas encore ouvert ses portes. Un peu plus loin sur l’avenue, trois blondes habillées de tailleurs sombres faisaient la file, les yeux rivés sur leur téléphone intelligent, pour se procurer un dernier café latte à emporter avant de rejoindre leur bureau. Un adolescent traversa la rue sur des patins à roulettes, les écouteurs dans les oreilles. Un Japonais s’était assis sur un banc, à l’ombre du préau qui protégeait les passants du soleil, après s’être acheté un magazine au kiosque du coin. Personne n’avait rien vu. Deux trams se croisèrent et firent tourner le regard de Victor vers l’horloge électronique qui s’affichait en devanture d’un magasin d’appareils photo. L’heure du rendez-vous approchait. Il ne fallait plus tarder maintenant.
L’entrée du bâtiment était a é roportuesq ue , pensa Victor. Il adorait les mots et prenait plaisir à en créer de nouveaux lorsqu’il trouvait que la réserve de la langue française était trop limitée pour assumer la diversité du monde qui l’entourait. L’entrée du bâtiment était donc a é roportuesq ue , c’est-à-dire qu’elle ressemblait à toutes les entrées de bâtiment de ce genre dans le monde. Qu’y avait-il de plus standardis&

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