Talibé
149 pages
Français
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Description

Au Sénégal, chaque jour, des milliers d'enfants parcourent les rues des villes pour mendier de l'argent qu'ils donneront à leur marabout. Voici l'histoire de l'un d'eux, Ousmane. Il va fuir le darra où il a été envoyé par ses parents en compagnie d'Amine, un autre talibé. D'où viendra l'espoir lorsqu'ils seront seuls dans les rues de Dakar ?

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Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2019
Nombre de lectures 85
EAN13 9782140124792
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Grégory B
Talibé enfant des rues
Talibé, enfant des rues
Roman
collection Amarante
Amarante Cette collection est consacrée aux textes de création littéraire contemporaine francophone. Elle accueille les œuvres de fiction (romans et recueils de nouvelles) ainsi que des essais littéraires et quelques récits intimistes.
La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Grégory BERNARDTalibé enfant des rues Roman
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-17671-0 EAN : 9782343176710
Pour ma mère
Je m’imagine que tu es là. Il y a le soleil Et cet oiseau perdu au chant si étrange. Léopold Sédar Senghor
I
Je m’appelle Ousmane, je suis talibé, je mendie dans la rue. J’ai une jambe handicapée. Ma mère elle dit que j’ai un sourire grand comme le soleil. Chaque jour je parcours les rues de ce quartier de Dakar pour chercher de l’argent que je donnerai au marabout chez qui je vis. On est plein d’enfants dans une maison. On dort tous dans la grande cour qui sert aussi pour manger, pour prier, pour les cours de coran. Le marabout ne m’aime pas. Il me tape souvent. Plus je souris et plus il me tape. Il me tape tellement parfois que je me dis qu’il veut tordre mon autre jambe. Peut-être qu’il se dit que si je suis encore plus handicapé je lui ramènerai plus d’argent. Je n’y peux rien si je souris. Quand il me tape je crie : « Balma ! Balma ! » (ça veut dire pardonne moi) même si je n’ai rien fait. Je ne fais jamais rien de mal, je ne sais pas pourquoi il me tape. Le darra, ça veut dire l’école, est dans le quartier de Ouakam. Mais nous on va mendier au quartier des Mamelles, c’est un beau quartier, avec de belles maisons. C’est près de la mer. Parfois avec les autres on va s’amuser sur la plage. Je viens d’un village loin d’ici. Mes parents m’ont donné au marabout. Je crois que c’est parce qu’avec ma jambe ils savaient que je ne pourrais pas les aider aux champs, et là-bas le village c’est très pauvre. Il y a souvent la sécheresse. J’ai souvent vu ma mère pleurer. Ma mère me manque tellement. Oumou elle s’appelle. Elle est si gentille. Je me dis que je ne la reverrai jamais et je suis triste. Ou alors je rêve que quand je serai grand j’aurai plein d’argent et une belle voiture comme les gens de ce quartier et j’irai la voir
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avec ma voiture. Elle me reconnaîtra avec ma jambe boiteuse. Ou bien avec son cœur. Elle sera tellement heureuse. J’espère qu’elle ne sera pas morte. Je pense à elle chaque nuit. Et je pleure. Et je pense à elle quand je viens sur la plage et que je regarde la mer. Max, le baye fall qui a construit plein de choses sur la plage pour que les gens viennent se reposer et regarder la mer en buvant un verre, il est très gentil. Chaque fois il nous donne des boissons, parfois il nous donne à manger aussi, du poisson grillé ou des brochettes de viande, parfois de l’argent aussi. Les baye fall sont gentils, sauf certains quand ils sont trop drogués ou quand ils ont bu trop d’alcool, là ils me font peur. Les baye fall, m’a expliqué Amine, Amine c’est mon ami, mon grand frère, il me protège et il m’explique les choses de la vie, les choses qu’il faut savoir, Amine il m’a dit que les baye fall c’est comme des talibés aussi, les fils de Fall, Fall c’était l’ami de Cheick Amadou Bamba, tout le monde connaît Bamba, c’est comme un prophète, c’est le chef des mourides. Les baye fall parfois ils mendient en chantant fort dans la rue, mais normalement ils vont travailler dans les champs de leurs marabouts, mais quand ils ne travaillent pas parfois ils boivent et ils fument, ils ont le droit parce que s’ils travaillent pour leur marabout ça rachète les péchés, mais il y a beaucoup de faux baye fall qui ne travaillent pas trop mais qui boivent beaucoup et qui fument beaucoup, ceux là ils me font peur. Mais Max il est toujours gentil. Il y a une dame du quartier qui est très gentille aussi, elle s’appelle Fanta. Quand elle me regarde j’ai l’impression qu’elle est comme ma mère. Si elle pouvait je suis sûr qu’elle me prendrait chez elle dans sa maison et qu’elle serait gentille avec moi. Elle
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