Tchicaya ou l éternelle quête de l humanité de l homme
239 pages
Français

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Tchicaya ou l'éternelle quête de l'humanité de l'homme , livre ebook

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Description

Voici plus d'une vingtaine d'années que celui qui s'est donné pour mission de redonner de l'humanité à l'humain, Tchicaya U Tam'si, nous a quittés. Le présent ouvrage se refuse à considérer l'oeuvre de Tchicaya comme ne concernant que le seul Congo. Il s'agit donc ici de reconnaître la dimension universelle de son oeuvre et de rendre hommage à la fois à la grandeur de l'écrivain et à la force de sa lutte autant qu'à celle de sa quête.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 63
EAN13 9782296230439
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tchicaya
ou l’éternelle quête de l’humanité de l’homme
Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

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Sous la direction de
Marie-Rose Abomo-Maurin


Tchicaya
ou l’éternelle quête de l’humanité de l’homme

L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09201-3
EAN : 9782296092013

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Introduction
Un nouvel ouvrage sur Tchicaya U Tam’si ? dira-t-on ! Que peut-on encore dire sur cet auteur qu’on a lu et relu à maintes reprises ?
Voici un peu plus de vingt ans que l’auteur nous a quittés, laissant un immense héritage littéraire composé de pièces de théâtre, de romans et de recueils de nouvelles et de poèmes. Cela fait vingt ans que celui qui s’est dévoué pour redonner de l’humanité à l’humain n’a cessé d’éclairer notre réflexion dès qu’il s’agit de statuer et de s’interroger sur le politique et le social.
Nous lui devons cet hommage. Celui-ci n’est possible qu’à travers la relecture de ses œuvres. Le présent ouvrage se refuse à considérer l’œuvre de Tchicaya réduit au seul Congo fût-il, depuis l’époque coloniale, divisé en deux entités. En effet, dès que la recherche de l’humanité de l’homme est au centre d’une œuvre, celle-ci acquiert aussitôt une dimension universelle
Notre hommage est donc au centre de ce livre dont le titre, Tchicaya ou l’éternelle quête de l’humanité de l’homme , évoque à la fois la grandeur de l’écrivain, la force de sa lutte autant que celle de sa quête. Il s’agit de montrer comment Tchicaya invite l’homme à se reconnaître en l’autre. Toute son écriture travaille à permettre cette identité humaine fondamentale qui amène également l’autre à s’identifier l’autre. Mais l’identification seule ne peut suffire à faire reconnaître cette humanité, elle doit s’accompagner de l’observation des valeurs qui fondent le monde.
À lire l’œuvre de Tchicaya, force est de constater à certains moments que l’homme inflige à son prochain le pire supplice : la réification. En effet, que peut-on dire d’autre lorsque les rues et les fossés de Kin ne servent plus qu’à canaliser des flux de sang ?
Dans sa composition, le présent ouvrage compte ainsi dix chapitres, comme autant de lectures et d’analyses que ses auteurs soumettent à la réflexion commune. La répartition des dix chapitres en trois grands centres d’intérêt, « Poétique, poésie, mots et signification », « Lutte et quête : l’itinéraire d’un combattant », « Genres oraux et écriture utamsienne », en souligne la convergence thématique ou générique.
La première partie de l’œuvre, « Poétique, poésie, mots et signification », s’ouvre sur le chapitre 1 intitulé : « L’énigme des fissures dans les mots. Tchicaya U Tam’si et son lecteur dans Ces Fruits si doux de l’arbre à Pain ». Martine Le Moigne-Euzenot, son auteur, montre le rôle du lecteur qui doit, à travers le vide et les fissures des mots, accéder à une signification cohérente du message. Le langage se pose en énigme qu’il faut décrypter, tandis que le roman déroule un monde à l’envers, opposé au référent dont il reste pourtant si proche. À l’instar des personnages torturés sur ordre des responsables de l’État, les mots à leur tour subissent le même sort par le recours permanent à l’hypotypose. Rien d’étonnant que Gaston Poaty tente d’opérer un retour aux sources, à ses origines, ce passé qui fonde la vérité et l’authenticité des valeurs universelles, afin de retrouver les principes fondamentaux qui structurent l’individu. C’est ainsi que chaque lecteur est appelé à se rendre à la source des mots pour goûter et saisir le message que livre Ces Fruits si doux de l’arbre à pain.
C’est encore autour des mots que s’articule le chapitre 2. Le titre, « Le ventre, le sang et Kin : construction sémantique et signification dans Le Ventre », propose une étude sémantique du recueil Le Ventre . Dans cette œuvre où les mots, les formules s’entrechoquent et laissent entendre les hurlements de la ville torturée, dépouillée de ses habitants, une ville aux rigoles de sang, Marie-Rose Abomo-Maurin retient l’idée d’une convergence sémantique à travers les trois sèmes « ventre », « sang » et « Kin ». Kin est victime du ventre, alors qu’exsangue elle se meurt, assassinée par ses enfants. La conjonction des isotopies résume, en ce sens, toute l’œuvre de Tchicaya où la fête n’est qu’orgie cannibale. La négativité des mots l’emporte sur leur possible positivité. Dès lors, ces maux que racontent les mots de Tchicaya cessent d’être uniquement ceux du Congo, dans la mesure où l’on assassine à travers les cinq continents, empêchant ainsi la femme, la terre-mère, de porter et de voir grandir ses enfants. Rien d’étonnant à ce moment que le sang versé engage l’écriture et l’action du poète.
« Mémoire, poésie et libération dans une nouvelle-poème de Tchicaya U Tam’si « Rémanence », tel est le titre du chapitre 3, dernier chapitre de triptyque qui compose la première partie. Michel Naumann y scrute, dans ce poème en prose, la mémoire du passé de l’auteur et de son pays. C’est dans ce passé que se conçoit l’origine de sa lutte, lui qui a toujours été, à l’instar de Jean-Paul Sartre, un écrivain « en situation ». L’auteur est au centre du passé et du présent afin de mieux envisager l’avenir. Le travail sur la mémoire auquel se livre le poète-romancier explore les zones de l’oubli pour dire la culpabilité ressentie à travers la claudication qui isole. À ce handicap qui consacre la solitude de l’auteur dans l’enfance viennent s’ajouter de nombreux temps d’exils, celui du poète lui-même autant que ceux des exilés embarqués sur les rives du Congo vers des destinations inconnues, dont ils ne sont plus jamais revenus. Le chantier à rebâtir est effroyablement immense. Il faut reconstruire en effet et le pays saccagé, et le peuple désarticulé, et l’homme déstructuré.
La deuxième partie, « Lutte et quête : l’itinéraire d’un combattant », introduit le lecteur dans l’itinéraire d’une quête que le chapitre 4 et les suivants se donnent pour mission de circonscrire. Dans « Engagement et quête de liberté dans Les Phalènes de Tchicaya U Tam’si », Simon Kilosho Kabale s’interroge sur la manière dont le roman témoignage d’une époque, rend compte de la suppression de l’indigénat et de la fin de la colonie, en même temps qu’il met en exergue les maux qui minent la société post-coloniale. Deux périodes se succèdent, mais sans qu’il y ait véritable rupture dans les pratiques. La recherche identitaire qui s’esquisse avec l’indigénat a pour but la renaissance du Noir régulièrement assimilé à un sous-homme. Ainsi, en dépit des références au texte de l’abolition de l’indigénat, malgré le devise de la France brandie, devise qui doit consolider les liens, force est de constater que seule la non violence que prône d’ailleurs le narrateur, peut mener à la liberté désirée. Rien de surprenant que l’engagement politique devienne le moyen d’instaurer la liberté et la dignité du peuple. Pour autant, les nouveaux maîtres du pays sont la cible du romancier qui voit dans leurs actes une manière plus pernicieuse de perpétuer l’indigénat. Il devient donc urgent d’entreprendre des actions qui peuvent permettre de « civiliser » les Noirs.
La dénonciation des abus des dirigeants africains s’inscrit d’emblée dans le chapitre 5, « Pouvoir politique et sorcellerie dans l’œuvre de Tchicaya U Tam’si » de Claver K. Mabana. Cette lecture qui associe pouvoir et sorcellerie n’est pas nouvelle. En effet, le pouvoir politique apparaît comme la conjonction de nombreux autres pouvoirs, entre autres, celui de la sorcellerie qui soumet paradoxalement les tenants du pouvoir politique à l’autorité des puissances occultes. C’est ainsi qu’à leur tour ils peuvent régner sur le peuple. La mythification personnelle apparaît comme un autre symbole du pouvoir étatique. Convoquant des rites sanguinaires, souvent cannibales, elle revendique une légitimé funeste par le meurtre d’enfants innocents. Le sacre du prince convoque l’occulte, alors que le pouvoir n’est finalement que démagogie, intimidation et imposture. La convocation des pratiques ancestrales change de nature dans l’exercice du pouvoir moderne. Ces usages traditionnels ne sont plus des gages de protection, de sérénité et de paix, mais des outils de tortionnair

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