TOUT LECTEUR EST UN ENNEMI
106 pages
Français

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TOUT LECTEUR EST UN ENNEMI , livre ebook

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106 pages
Français

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Description

Je suis l'appel de ton souffle... J'ai peur. Tu enflammes en moi la pluie. Ma fraîcheur s'incline sur le sable, je veux m'enfoncer dans ta tyrannie... Comment peindre ta bouche sur ma langue qui brûle ? Tu as épuisé mes souvenirs, mon bien aimé, et le rire et le corps... Je suis une fleur, que d'autres ont cru cueillir, et elle n'a fait que se plier comme la vengeance, comme l'attente. J'ouvre ma porte ne t'arrête pas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juin 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296809413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tout lecteur est un ennemi
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan


Sami AL NASRAWI, Fissures dans les murailles de Bagdad, 2011.
Fouzia OUKAZI, L’Âge de la Révélation, 2011.
Rachida NACIRI, Nanna ou… les racines , 2011.
Abdelaaziz BEHRI, Moha en couleurs, couscous light et autres récits …, 2011.
Myriam JEBBOR, Des histoires de grands , 2011.
Moustapha BOUCHAREB, La troisième moitié de soi , 2011.
Ahmed-Habib LARABA, L’Ange de feu , 2011.
Mohamed DIOURI, Chroniques du quartier , 2011.
Nadia BEDOREH FAR, Les aléas de ma destinée , 2010.
Sami Al Nasrawi, L’autre rive , 2010.
Lahsen BOUGDAL, La petite bonne de Casablanca, 2010.
El Hassane AÏT MOH, Le Captif de Mabrouka, 2010.
Wajih RAYYAN, De Jordanie en Flandre. Ombres et lumières d’une vie ailleurs , 2010.
Mustapha KHARMOUDI, La Saison des Figues, 2010.
Haytam ANDALOUSSY, Le pain de l’amertume, 2010.
Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du père , 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français, 2010.
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit, 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge, 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent, 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés, 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70, 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes, 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir , 2009.

Dernières parutions dans la collection écritures arabes

N° 233 Rachid OULESBIR, Le rêve des momies, 2011.
N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n’a plus la même saveur, 2009.
Ridha Smine


Tout lecteur est un ennemi


L’H ARMATTAN
Du même auteur
Chez L’Harmattan
Les Volcans résignés , Paris, 1998
L’Œillet du désert , Paris, 2000

Chez d’autres éditeurs
Les Résidents des ténèbres, Beyrouth, 2002
Griffes de sable dans le cœur, Beyrouth, 2006
L’arène du Kairouan , Beyrouth, 2009


L’H ARMATTAN
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55008-7
EAN : 9782296550087

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Hanifa, une amitié sans faille
SOUFFRANCE DÉLOYALE
Quelque part entre Al Qayrawan – Paris

À Nolwenn


D e ce double, qui est l’homme et qui est son double ? Sans sombrer dans la folie en tentant de répondre.

Je me prénomme Najwa. Je sais ! Il y a des prénoms qui saignent comme une blessure. J’ai deux Amours, là aussi je sais, ce n’est pas bien, mais voilà. L’un vit la nuit, l’autre l’après-midi. Avec l’un je fais tout, sexe compris. Avec l’autre on discute langoureusement. L’un est Imam, l’autre est spirituel à sa façon. Aujourd’hui j’ai tiré sur l’un d’eux. En ce moment il respire encore. Mais avant de le signaler innocemment et avec ruse à la foule, je vais écrire mon histoire. Personne ne peut vivre sans histoire.

Je me suis présentée à lui en compagnie d’une amie, voilà déjà quelques mois, comme dans un jeu ! Un équilibre retrouvé, rompu, éphémère. Son visage d’une belle blancheur contrastait avec ses grands yeux noirs, très noirs, et une douceur dans sa parole invitait à la débauche… Un sourire impalpable comme une chambre sans fenêtre. Il s’appelle Nabil et son rire escrime avec les contraintes de la réalité. Par moments, son sourire m’est apparu dans la discussion au sujet de nos traditions comme un rictus exprimant la tension, le défoulement et la vengeance. Une vocation d’exorciste s’est emparée de moi à rebours.

Dans quel combat secret, dans quels souvenirs ce désir là est-il niché ? Pourquoi son visage me ramène t-il, chaque fois que je le vois, à tant de peines, de souffrances ravageuses et d’angoisses secrètes ? Une histoire de vie entre neurones, social et culture… réparer le passé toujours singulier. Mes ancêtres appellent ça l’apprentissage. Aimer au-delà des frustrations et des traumatismes serait-il impossible ? Plus que la personne elle-même, ce qui m’importe c’est l’enjeu de cette relation ? Quel grenier cache mes déchirements les plus vifs ? La famille, l’école, le travail, les amours, les bibliothèques, la rue ? Tout récit est une mémoire agissante. Mais en fait de quel désir veux-je parler : de l’irruption du douloureux dans l’heureux ? Au cœur du rituel se terre l’angoisse.

J’aime deux hommes ! Un double. L’un est le contraire de l’autre, son frère au sens spirituel et, dialectiquement, sa négation aussi. Lumière et contrées sombres, sage et démons. L’un d’eux me ressemble comme deux gouttes d’eau. Un jour il m’a envoyé un SMS : « Dans la même heure je peux aider un inconnu, un pauvre, et pisser dans la bouche d’une pute. Sans amour on ne peut pas être sexuellement satisfait. Remplir le vide avec des rencontres rapides ! Etre un tendre père de famille, un bon voisin, un patron respectueux et donner une fessée saignante à une amante. Scène éphémère vidée de toute émotion, cadavre d’un moment duquel l’amour s’est retiré. Faire mes ablutions, parler un langage raffiné, pudique en société et mettre en pratique scenarios et fantasmes des plus sordides. Une certaine incohérence de soi, qui garde en mémoire vive ses attentes et ses frayeurs. L’homme parle pour ne pas tuer, disait Freud, cela est vrai dans la famille et entre nations. J’essaye d’épargner ma famille des effets néfastes de mes soucis. Ma famille est un trésor à préserver, à protéger, elle mérite le meilleur de moi : un amour dépouillé de vertige. »

Un SMS de l’autre disait : « J’ai toujours navigué au-dessous des antagonismes politiques, des rivalités familiales, des conflits de visions, des méprises, des malentendus entre personnes, des intrigues féminines, des impostures et du sort. Ma passion du collectif, qui pourrait m’être fatale, flirte au quotidien avec l’individuel qui me dévore sans passion ni redondance. » Lors de nos premières conversations, ce visage auréolé d’interdits, de mythes et de tabous paraissait résister à mes attentes. Ce visage-là possède un souvenir qui paralyse.

Je me rappelle avoir reçu ces deux SMS le même jour. J’ai répondu à l’un et à l’autre : « seule importe la symbolique des choses. » Ils ont vu dans ma remarque une foule de signaux. J’avais lu dans Bataille que, « même s’il porte sur la femme que la plupart auraient choisi, ce qui joue est souvent un aspect insaisissable, non une qualité objective de cette femme ». Le sens domine les sens. Que cherchent-ils avec leurs visages et leurs parlers ? Quête de la tendresse, de l’estime de soi et de la reconnaissance des autres, fuir l’ennui, exprimer la rébellion, l’agressivité, la domination, la soumission à l’autre… Motifs obscurs. La sexualité, c’est une riposte contre le passé en se basant sur ses séquelles. J’ai voulu me heurter à leurs cordes sensibles, les confondre, affronter leurs frustrations et leurs traumatismes par mon histoire de vie. Séduire leur désir et leur passion pour les vaincre et soumettre leurs profondeurs. L’un dévoile mon corps, le prend, le plie et dans un choc brutal le couvre de honte. Cet animal vivant dans l’obscurité va glisser dans l’abîme, s’y noyer, jusqu’à la fusion dans la déchéance et les vagues… et ce cri âpre. Grognait des « salope ! » Je répondais avec des « oui ! ! Remplis-moi bien, je suis ta pute, prends-moi comme une chienne ! » Il m’offrait souffrance, gifles, morsures, jardins publics et coups de fouet ; me couvrait d’insultes et se moquait de ma douleur, de ma déchirure… don du mal pour s’offrir plus de jouissance.

L’amour est la rencontre de deux traumatismes. Il peut nous apporter les plus grandes joies comme il peut nous détruire. Quelque chose a décidé que j’aille vers le pire. On ne lutte pas à armes égales avec ses fantômes.

Qui va me sauver, moi, jeune bibliothécaire, des flammes ou des eaux ? Il m’a proposé à notre sixième rencontre de corps à corps, de remonter avec lui le fleuve du désir à travers des voies sinueuses et souterraines, de se mouvoir dans les connexions complexes de nos neurones, afin que je puisse répondre à mes questions. Comment remonter aux apprentissages fondateurs de mon être érotique ? Comment comprendre les enjeux de mes fantasmes et de mes scénarios sexuels ? Quel pouvoir puis-je détenir sur mon histoire et mes traumatismes ? Chaque après-midi il me libère à nouveau par la passion. Dans la bibliothèque de la mémoire, certains documents sont accessibles aisément, d’autres après d’insist

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