Tsomo, l exilée tibétaine
113 pages
Français

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Tsomo, l'exilée tibétaine , livre ebook

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Description

Le Tibet se meurt sous la botte chinoise. Depuis son invasion, en 1950, par les troupes de Mao Tsê-tung, des milliers de Tibétains ont été déportés, torturés, massacrés. D'autres ont pris le chemin de l'exil. Beaucoup d'entre eux, comme leur chef spirituel le Dalaï-lama, se sont exilés en Inde. C'est dans ce pays qu'est née Tsomo Tsering, dont les parents s'étaient réfugiés à Leh, la capitale du Ladakh. Aujourd'hui âgée de quarante ans, elle exerce en tant que dentiste à l'hôpital du "Tibetan Children's Village", où l'auteur a recueilli ses premières confidences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2010
Nombre de lectures 250
EAN13 9782296251274
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tsomo, l’exilée tibétaine
Jean-Michel Auxiètre


Tsomo, l’exilée tibétaine

Récit de vie et témoignages


L’Harmattan
Du même auteur


Aux Editions Verso
De Creuse à Paris à pied

Avec le Comité des Jumelages de La Riche (I&L)
Des marcheurs au bout de leur rêve

A l’Université François Rabelais, Tours
Jacques Lanzmarm ou le sens de la marche
(Thèse de Doctorat en Lettres Modernes)

Aux Editions L’Harmattan
Par monts et par mots


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, me de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11385-5
EAN: 9782296113855

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Remerciements


Je remercie pour leur aide efficace les docteurs Pierre Beaudonnet et Jean Default, Marie Gasol, Michèle et Maurice Galut, ainsi que les personnes qui, de près ou de loin, se sont associées à la présente recherche. Sans leur concours il ne m’eût pas été possible de recueillir les éléments nécessaires à la réalisation de ce modeste ouvrage. J-M.A.
1 Une rencontre à Dharamsala
Durant l’été 2006, je fis un séjour de trois semaines en Inde du Nord, dans le cadre d’une mission humanitaire avec l’association "Regards sur l’Himalaya" animée par Didier Syre, un opticien de Grenoble. Nous avions transporté plusieurs sacs de lunettes et de vêtements collectés en France au "Tibetan Children’s Village" – TCV – de Dharamsala. Didier conseillait et aidait son confrère tibétain Namgyal Tsering, exerçant au "Health Centre" du TCV, clinique polyvalente sommaire où sont soignés des patients de tous âges.
Peu avant notre départ pour l’Inde, je reçus un e-mail de Philippe Eyraud, un ami défenseur de la cause tibétaine : " Quand tu seras à Dharamsala, m’écrivait-il, demande à rencontrer une connaissance de Michèle et Maurice Galut – des " parrains" très dévoués – qui est dentiste à l’hôpital du TCV. Elle s’appelle Tsering Tsomo. Elle est super-sympa. "
Super-sympa, Tsering Tsomo l’est en effet. En outre elle est jolie, avenante, intelligente et parle bien le français. Le courant passa d’emblée. Tsomo (elle préfère ce raccourci) recherchait justement quelqu’un avec qui elle pourrait entretenir et améliorer sa pratique de la langue française. Elle avait rédigé, à cette intention, une note qu’elle s’apprêtait à diffuser dans les hôtels et les commerces de Mac Leod Ganj.
Pour ma part, j’étais venu en Inde dans le but de présenter aux responsables du TCV un projet d’enseignement du français en liaison avec le GREF, "Groupement des Retraités Educateurs sans Frontières". Tout cela s’articulait donc parfaitement et nous sympathisâmes très vite. Je donnai à Tsomo un premier "cours" formel où il fut surtout question de grammaire, de conjugaison, de syntaxe, puis, au fil des échanges, elle évoqua des détails captivants de sa vie et de son parcours.
Mon réflexe de "psy" reprit le dessus. Pourquoi ne pas utiliser ces informations personnelles et édifiantes pour retracer l’histoire de Tsomo ? Elle accepta avec enthousiasme le projet d’écrire un livre qui serait sa propre biographie. Je sentais qu’elle avait besoin de se confier. Le naturel enjoué, souriant, optimiste des Tibétains n’exclut pas un certain degré de souffrance que la philosophie bouddhiste atténue et canalise, mais ne gomme pas entièrement. Parler la libérait, lui faisait du bien, écrire davantage encore…
Et c’est ainsi que Tsomo fit défiler ses souvenirs. Quand elle n’était pas sûre d’un mot, d’une expression, d’une tournure de phrase, j’intervenais, l’aidais à enrichir et à ordonner son texte, à utiliser, lorsqu’elle l’ignorait, le vocabulaire adéquat. Peu à peu, le récit prit corps et Tsomo appréciait le fait de pouvoir se raconter et de perfectionner son français en dehors des normes académiques.
Trois semaines passent très vite… A l’issue de rencontres quasi-quotidiennes, nous avions pu résumer l’essentiel mais, au moment où je dus partir, bon nombre d’éléments manquaient et le problème du suivi de la rédaction se posa. En tête-à-tête, par le biais d’un dialogue direct, c’était facile. De loin, et sans le secours de la parole, ça le serait beaucoup moins.
Nous décidâmes d’échanger par e-mail. Sachant que Tsomo aurait de la peine à rédiger seule la suite de son histoire, il me fallait rechercher les personnes qu’elle avait connues lors de ses séjours en France et qui l’avaient aidée dans sa formation. Leurs déclarations potentielles permettraient de compléter et de soutenir le récit engagé. Dans la mesure du possible, je m’efforcerais également de recueillir des interviews, par le biais de personnes en visite à Dharamsala et qui voudraient bien se charger de cette tâche. En réponse à des questions précises, Tsomo exposerait quelques détails de sa vie quotidienne, tant domestique que professionnelle, ainsi que sa conception des grands problèmes de l’existence. Un vaste et ambitieux programme qu’il ne fut pas facile de mener à bien.
Ce récit est donc constitué de tranches successives rapportées au gré des événements, un peu comme on construit une maison, patiemment, pierre après pierre. Aux propos de l’intéressée qui en constituent le socle se mêlent, dans une interaction permanente, différents apports extérieurs liés au contexte global qu’ils soutiennent, précisent et complètent : échanges de correspondance, déclarations d’amis et de familiers, éléments en rapport avec l’actualité. Apparaissent aussi quelques touches de mon expérience personnelle du fait de mon engagement militant, de mon implication dans ce travail de recherche, et de l’amitié que je porte à Tsomo. Mais cette narration est d’abord et avant tout un témoignage. Le témoignage d’une ressortissante d’un pays menacé de disparition, celui de Tsomo, l’exilée tibétaine…
Voici, dans un premier temps, ce qu’elle m’a confié à Dharamsala (Mac Leod Ganj) entre le 26 août et le 18 septembre 2006…
Tsomo, l’exilée tibétaine, se raconte…
Je m’appelle Tsering Tsomo, je suis Tibétaine mais suis née à Leh, au Ladakh, le 2 octobre 1970. Séparée de mon mari, j’élève seule mes deux enfants, actuellement scolarisés au "Tibetan Children’s Village" de Mac Leod Ganj, à Dharamsala : Tenzin Rigsang, douze ans, fréquente la classe six (qui correspond à la cinquième en France) et Tenzin Kunchok, onze ans, la classe cinq (l’équivalent de la sixième). Tous les deux obtiennent de bons résultats.
J’occupe avec eux un modeste appartement dans un bloc abritant de nombreux compatriotes, face au "Health Centre" du TCV, la clinique où j’exerce en tant que dentiste. Cette profession me plait beaucoup. Mes patients, que je reçois sur rendez-vous, sont des réfugiés tibétains, mais aussi des Indiens et des enfants de diverses écoles : Gobalpur, TCV de Dharamsala Lower, TCV de Mac Leod Ganj. J’accorde une priorité aux urgences telles que les pulpites (caries qui touchent le nerf) ou encore les abcès dentaires. Je soigne en moyenne quinze personnes dans la journée. C’est énorme. Le soir, je suis fourbue ! En outre, je supporte mal le climat de la région. Depuis l’année 2005, je souffre d’une toux persistante provoquée par la pluie, l’humidité et le brouillard, quasi incessants en période de mousson, c’est à dire durant près de quatre mois.
Enfance et jeunesse au Ladakh
Comment suis-je arrivée à Mac Leod Ganj ? C’est une longue histoire…
Originaires du Changthang, province située au sud-est du Tibet, mes parents se sont réfugiés au Ladakh dans des circonstances que je ne saurais préciser. J’imagine que c’est à cause de l’invasion et de l’occupation chinoises mais je n’ai gardé, de ma petite enfance, que des souvenirs assez flous. Je me revois seulement au moment où je suis entrée à l’école du village d’enfants tibétains de Choglamsar, non loin de Leh. J’avais alors neuf ans. J’ai intégré directement la classe de niveau un (on dirai

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