Un bon jour, il va bien falloir faire quelque chose
134 pages
Français

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Description

« Les gens sont bien plus caves qu’à plaindre. Il ne leur vient même pas un début de soupçon qu’ils se font bourrer. Un bon jour, il va bien falloir que quelqu’un fasse quelque chose ! […]
La vie me fait des misères, tout le temps. Je ne demande pas grand-chose. La paix, un peu d’affection, la chance de laisser le monde tranquille. Pourquoi des tuiles à tout bout de champ ? Chaque fois que je sors la tête de l’eau, quelqu’un me renfonce, m’empêche de m’emplir les poumons et lancer un cri. J’avale, je tousse, je m’étouffe... Au Mazarin, j’étais peinard. Wasping débarque, je vois venir d’autres vagues. Un bon jour, je vais recracher tout ce que j’ai avalé de travers. Ça va faire un sacré dégât !»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2011
Nombre de lectures 11
EAN13 9782895972136
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN BON JOUR, IL VA BIEN FALLOIR FAIRE QUELQUE CHOSE
DU MÊME AUTEUR
Romans

Platebandes, L’instant même, 2004. Cavoure tapi, L’instant même, 2003. La petite Marie-Louise, L’instant même, 2001. Un mariage à trois, L’instant même, 1997. L’art discret de la filature, Québec/Amérique, 1994.
Alain Cavenne
Un bon jour, il va bien falloir faire quelque chose


ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Cavenne, Alain, 1952-
Un bon jour, il va bien falloir faire quelque chose / Alain Cavenne.
(Indociles) ISBN 978-2-89597-172-6
I. Titre. II. Collection : Indociles
PS8555.A875B66 2011 C843’.54 C2011-902409-8

ISBN format ePub : 978-2-89597-213-6

Les Éditions David
335-B, rue Cumberland
Ottawa (Ontario) K1N 7J3

Téléphone : 613-830-3336 / Télécopieur : 613-830-2819

info@editionsdavid.com
www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada.
Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2 e trimestre 2011

Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
À tante Simone À Danielle À Monique
Mentir, baiser, mourir.

Céline, Voyage au bout de la nuit



Je suis un évadé.
À ma naissance on m’a
En moi-même enfermé,
Ah, mais j’ai pris la fuite.

S’il est vrai qu’on se lasse
Du même endroit toujours,
Du même être après tout
Pourquoi pas se lasser ?

Mon âme me recherche
Mais je suis en cavale,
Pourvu qu’au grand jamais
Elle ne me retrouve !

Être un : une prison,
Être moi : ne pas être.
Je vivrai dans la fuite
Mais vivant pour de bon.

Fernando Pessoa , Pour un « cancioneiro »
ROMAN
Un
Aujourd’hui j’ai vaché comme une patate. Il aplu sans arrêt, je n’ai pas mis le nez dehors. J’aipris mes pilules, j’ai regardé la télévision. Je mesens coupable quand je regarde trop de télé. Je medemande pourquoi. Tous les soirs, les fenêtres desvoisins laissent filtrer des couleurs sautillantes,tout le monde regarde la télé. Et pas National Geographic ou des reportages sur les pays pauvres. Leschaînes s’en vantent, leurs niaiseries attirent unmillion de téléspectateurs un jour, un million etdemi le lendemain. « Téléspectateur » : qui regardela vie se passer à la télévision. Les gens regardentdes sottises, comme j’ai fait hier. Je me sens sali, jeregarde de la cochonnerie. Je ne devrais pas céderà ma paresse, je devrais avoir un but, un plan, uneraison de vivre qui me fouette, me mobilise. « Mobiliser » : arrêter l’immobilité. Je dis que je veux fairevivre l’héritage de maman et en même temps, jem’anesthésie toute la soirée devant la télévideavant d’aller au travail, trop engourdi pour trouverquelque chose d’instructif. Si au moins je regardaisde bons films. Non, j’en loue rarement, au hasard,je prends ce qui passe, je n’en demande pas plus.Maman n’aurait jamais toléré ma léthargie, elleaurait grimacé, n’aurait pas été fière de moi – et jene le suis pas non plus. Je sais, elle ne me regardeplus, n’empêche… Dans ma tête, elle continued’avoir des yeux et elle est déçue.
Il me faut un plan. Il faut que j’organise quelque chose, maman aurait honte de me voir coulercomme ça, après tout ce qu’elle a fait pour moi.
Deux
J’attendais l’autobus. J’en avais pour une quinzaine de minutes et je ruminais. Je peux prendredeux autobus pour rentrer à la maison, le 62 quime dépose au coin de la rue ou le 19 qui me déposeà trois minutes de marche de la maison. Du pareilau même, quoi. Les deux autobus partent de lamême station de métro, prennent des rues parallèles et vont dans la même direction. En journée, àpeu près aux trente minutes. Évidemment, il fauts’y attendre, les deux autobus partent aux mêmesheures et demi-heures, autrement ce serait beaucoup trop pratique pour les usagers. Si le 19 partà 14 h 02, le 62 part à 14 h 04. Si on rate le 62, ilfaut attendre le prochain 19 aussi longtemps quele prochain 62. En roulant sur des « si », on va viteencore ! C’est à ce sommet d’intelligence qu’ontabouti des millénaires d’évolution et des sièclesde progrès des modes de locomotion de l’humanité, de l’invention des skis il y a environ quatreou cinq mille ans avant Jésus-Christ aux navettesspatiales d’aujourd’hui. Dire que des bureaucratestouchent de gros salaires pour établir des horairesaussi aberrants ! Une chose est sûre, les cerveauxqui établissent les horaires se rendent au travailen voiture, ne prennent jamais l’autobus. Après, laSociété des transports de Montréal se plaint de lastagnation de ses revenus, de la clientèle !
Je me dis : les grands vizirs de la STM pourraient, si jamais ils trouvaient un moment deliberté entre deux récurages d’oreille, se penchersur les questions suivantes : si, aux vingt ou trenteminutes, le 62 part deux minutes après le 19 pouraller en parallèle, dans des rues à trois minutesde marche de distance l’une de l’autre, dans lamême direction tout le long du trajet, nos horairessont-ils optimaux ? N’y aurait-il pas moyen d’alterner les horaires ? La STM fait-elle réellementson possible pour rendre le transport en communattrayant et préférable ?
Je suis donc à l’arrêt et j’ai quinze minutes àtuer. Le temps est sans pitié pour qui veut le tuer.Je marche, pour m’occuper les jambes, pour passer… ma frustration, quoi. J’entends des voix, uneplainte. Je me tourne et j’aperçois un garçon etune fille en conciliabule près du mur de la station.Je continue à marcher, je m’éloigne, comme si jefaisais les cent pas (ce que je fais, en réalité), je meretourne et je reviens vers eux, lentement, et je lesobserve du coin de l’œil. Ils se chicanent. Ils sontdans la vingtaine, lui vingt-cinq ans ou quelque,elle un peu plus jeune. Ils sont bien habillés, elleporte un petit sac à dos, lui pas, et ils se disputent.Je poursuis mon chemin et l’édicule les cache dema vue. Peu après, je reviens sur mes pas et je merends un peu plus loin, afin de pouvoir les observer plus longtemps en revenant. Je tends l’oreille.Elle pleure. Très nettement, je l’entends sangloter,supplier. Quand je me retourne, je les regarde plusattentivement. Venant vers eux, je ne vois que ledos de la femme. Elle a une longue chevelure d’unmerveilleux brun-roux, généreuse, abondante.Elle porte des couleurs plus gaies que son cœur,une jupe verte, une blouse blanche ainsi qu’uneveste sans manches rayée à la verticale, vert, jauneet orange. Ses jambes sont admirables, bien formées, charnues, ses hanches sont joliment arrondies. Lui, je le vois de face. Il est beaucoup plusgrand qu’elle, qui appuie le front sur son épaule,il a une belle gueule, des traits tranchés, ses cheveux sont coupés ras, il porte un jean et une ceinture, une chemise blanche et un blouson de cuir,et il a l’air ennuyé comme ça ne se peut pas. Il lèvela tête par-dessus les cheveux de la jeune femme,manifeste une impatience qu’elle ne voit pas, toutecollée qu’elle est contre son homme. Je n’ai pasvraiment vu son visage à elle. Je passe, je continue, je reviens. Ils ont bougé, cette fois j’observela fille. Ma parole, elle est ravissante ! Elle frappedésespérément de ses petits poings la poitrine deson compagnon. Elle se lève sur le bout des pieds,l’enlace, ses talons sortent de ses chaussures et elleembrasse l’homme sur les joues, dans le cou, surla bouche. Lui recule, embarrassé, se raidit. Ellepleure, j’entends ses gémissements. Une disputed’amoureux. Sérieuse, et j’en suis témoin.
Je suis distrait par l’arrivée d’une femme qui presse le pas en traînant son fils de quatre ou cinq ans. Elle est furax, elle donne des coups secs sur le bras de son enfant comme elle tirerait sur la laisse d’un chien indocile. Je l’ai observé à maintes reprises, les femmes sont souvent méchantes avec les chiens, elles se vengent de je ne sais trop quoi. Enfin, je présume que c’est son fils, on n’oserait traiter ainsi un enfant qui n’est pas le sien. Le gamin chigne, pleurniche et court sur ses petites jambes. Pauvre bonhomme. Ils s’éloignent, l’enfant pleurnichant, portant à peine sur le sol, et sa mère décidée. Misère.
L’autobus approche. Le jeune homme reconduit la femme jusqu’à la porte. Il est 11 h 32 du matin ! Est-ce une heure pour une dispute ? Une rupture, qui sait ? Quelle nuit ont-ils vécue, qu’est-ce qui est arrivé ? Elle monte, s’assoit à quelques sièges de moi, le gars lui fait signe du trottoir et lui tourne le dos, la porte se ferme et l’autobus démarre. La jeune femme pleure en silence, passe un mouchoir sur son visage, touchante et digne malgré ses larmes. Soudain elle se lève, se précipite sur le

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